Nous sommes à Tanger, en 1956. Déjà, les frémissements de l'indépendance sont palpables… Deux jeunes femmes, qui sont devenues amies lors de leurs études, se retrouvent. Hasard ?
En fait, Lucy débarque à l'appartement d'Alice qui vit dans cette ville avec son époux, John surtout intéressé par la rente qu'elle touche tous les mois, en attendant l'héritage pour ses vingt et un ans et qui traficote on ne sait trop quoi…
Autrefois Alice fut sous la coupe de Lucy, engluée dans une amitié envahissante pour ne pas dire toxique. Un secret les a séparées, la mort accidentelle de Tom, l'amoureux d'Alice qui ne s'en est jamais vraiment remise et a dû être internée pendant quelques mois.
On comprend très vite que la relation quasi-fusionnelle entre les deux amies, est toxique, pathologique, car Lucy ment tout le temps, manipule tout le monde et tient à garder à tout prix son emprise, quitte à démolir tout ce qui se met en travers de son chemin. Mais, Alice n'est pas très nette non plus, perdue entre le passé et le présent, dans les souvenirs qui remontent ou pas à la surface, avec ses hésitations, tergiversations…
« Je savais tout d'elle, qu'elle m'était si proche qu'il semblait parfois que nous étions une seule et même personne. »
Le malaise monte au fur et à mesure qu'on tourne les pages, on finit par ne plus savoir qui manipule qui, et cette sensation de confusion est entretenue par la manière dont
Christine Mangan a construit son récit, alternant les témoignages de Lucy et d'Alice ; je me suis même demandée à un moment si ce n'étaient pas deux avatars, une personnalité multiple, si on ne nageait pas en pleine psychose…
J'ai aimé suivre ses deux femmes, dans la chaleur étouffante de Tanger, les suivant dans les souks ou les bars bizarres, ou au contraire vers la plage, et les tombes… Tanger et ses couleurs bleu, rouge, jaune, et son thé à la menthe brûlant, Tanger et ses odeurs d'épices, Tanger et le contraste des cultures, Tanger et ses noms multiples : Tingis, Tangiers…
« Ce n'était pas une ville où l'on arrivait et où l'on pouvait se sentir immédiatement chez soi – non, il y avait un processus à l'oeuvre, une épreuve, une sorte d'initiation à laquelle seuls les plus courageux survivaient. Un endroit qui inspirait la rébellion, l'exigeait de ses habitants de ses citoyens… »
Les autres personnages sont intéressants également, notamment la Tante Maude, femme austère qui a pris Alice en charge à la mort de ses parents, si peu démonstrative qu'on en vient à la soupçonner aussi, ou encore Joseph alias Youssef, habitant mystérieux de la ville, peintre à ses heures et qui aime escroquer les touristes. Par contre, John, l'époux d'Alice est un peu terne…
Ce roman m'a plu par les thèmes abordés, la mémoire, l'amitié, entre autres, mais la sensation de malaise a persisté, même en le refermant, me laissant perplexe car la fin est déconcertante…
Je tiens à préciser qu'un élément perturbateur s'est glissé dans cette lecture : il s'agissait d'épreuves et la mise en page laissait à désirer avec des coquilles…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Harper-Collins qui m'ont permis de découvrir cette auteure dont c'est le premier roman, peut-être une auteure à suspense à suivre.
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