De la fantasy “certifiée sans elfes ni dragons” (pour reprendre les propos de l'auteure
Jo Ann von Haff) ? Comment est-ce possible, me demanderez-vous. C'est possible, c'est tout.
Bienvenue dans l'univers de
la Treizième Concubine, premier tome de la trilogie Tarandes et Sakranim.
— Sais-tu pourquoi je te veux, Kris ?
Ses doigts suivirent la ligne du menton. Son pouce caressa dangereusement la trachée. Fiha trembla. Elle sentait sa pulsation battre contre la paume de Mirȫ.
— Ce sont pour toutes les choses que tes yeux disent, mais pas tes lèvres. J'espérais entendre ta voix, mais le silence est tellement mieux.
Il la lâcha, quitta la chambre. Fiha ferma les yeux. Elle était perdue.
Ceci n'est qu'une mise en bouche. Ce livre recèle de petites pépites, qu'elles soient attendrissantes, cruelles ou manipulatrices. Chaque personnage est charismatique à sa manière, profond. On sent beaucoup de travail en amont de la part de l'auteure. Des années de travail. Rien que ça. L'univers est cohérent, approfondi jusqu'aux menus, jusqu'à la couleur des uniformes de combat en fonction du grade. Les tenues sont enrichies de petits détails comme la couleur des broches dans les cheveux. Et il y a une quantité impressionnante de fleurs au noms charmants. Normal, Fiha - l'héroïne à qui rien ne sourit - est guérisseuse. Guérisseuse du camp adverse de celui de Mirȫ. le destin de chacun est en marche. Un roi sadique, cruel, violent. La soeur d'un roi qui craint de ne jamais se réveiller. Une épouse qui cherche à sauver son royaume. Et une déesse, Asîa, en laquelle Fiha a cessé de croire depuis la mort de sa famille.
322 pages de plaisir à l'état brut, tantôt à crapahuter en plein combat, tantôt à voir du pays à bord d'un transbordeur. Fiha évolue de manière surprenante (et, au vu des résumés de la suite, ce n'est pas prêt de changer). Montagnarde pure souche qui ne sait ni lire ni écrire, muette depuis qu'on l'a arrachée à sa vallée, il émane d'elle une force destructrice. Celle-ci ne réside pas dans ses mots mais dans le bébé qu'elle porte. Pour lui, elle survivra. Mais peut-on vraiment survivre à Mirȫ ?