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Dominique Vittoz (Traducteur)
EAN : 9782246751113
240 pages
Grasset (10/03/2010)
3.13/5   47 notes
Résumé :
Italie, années 60. Deux mondes différents mais parallèles se font face. D’une part le Chantier, quartier des bas-fonds planté sur un sordide lopin de terre, où les habitants, des laissés pour compte, survivent tant bien que mal en marge du boum économique. C’est dans ce quartier miteux que Salvatore, enfant des rues échappé de l’orphelinat, trouvera refuge et fera la connaissance du vieil Omero, qui lui ouvre sa porte, de Rase-Mèche qui, à la mort du vieil homme, l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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C'est dans l'orphelinat des Chérubins où les bonnes soeurs ne se privent pas de « corriger » les enfants en les attachant à leur lit et en les frappant et où le père Spartacus, on ne peut plus « dérangé » et tyrannique que nous faisons connaissance de Salvatore, petit garçon d'une douzaine d'années qui n'a de rêve que de celui de s'échapper pour retrouver le Chantier. le Chantier est un quartier que l'on peut qualifier de bidonville où se retrouvent les déshérités, les plus démunis et où Oméro est prêt à l'accueillir. Tout au long de Terrain vague, nous passons de l'orphelinat au Chantier avec notre petit gavroche qui grandira et sera sous la protection de Rase-Mèche un proche d'Oméro.
Au cours du temps, Pampa, jeune garçon, lui aussi vivant dans la rue, se joindra à notre duo Rase-Mèche et Salvatore. Nous partageons avec eux leur vie, leurs trafics, leurs magouilles qui leur permettent de survivre, mais aussi les drames .
Sandro Veronesi dénonce ici l'église pervertie mais aussi la société qui génère les injustices, la misère humaine de l'Italie à la fin des années 60.
Entre la folie spirituelle et la misère humaine, Sandro Véronesi nous livre une fresque sociale dure et bouleversante et cela est d'autant plus poignant que en 2018, rien n'a changé !
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Il est difficile de conter l'histoire que raconte ce livre de Sandro Veronesi, (Auteur dont je n'avais jamais entendu parler auparavant). C'est difficile parce qu'il n'y a pas une histoire, mais plusieurs histoires parallèles concernant des êtres dont les destins se croisent à travers un dénominateur commun : Un orphelinat géré par un prédicateur un peu fou, pour ne pas dire dément, et des religieuses un peu allumées, qui réservent quelques surprises au lecteur. On peut ajouter à cela des pratiques pas très catholiques au sein de cet établissement, et le tableau est complet.

Dès le début, le contexte évoqué m'a rappelé le livre " Bohémian Flats" de Mary Relindes Ellis qui traite aussi d'une communauté marginale et illégalement constituée, mais qui vit plus ou moins en autarcie, sinon au dépend de qui s'en approche.

C'est l'occasion d'une très belle description de la notion d'abandon, mais aussi de solidarité, non pas au sens de l'aide financière mais par le fait que dans l'adversité, chacun est capable de prendre un déshérité sous son aile pour l'aider à grandir (Pas toujours dans le droit chemin !)

Tout au long de ce roman, on se régale avec des personnages attachant, et pourtant on côtoie les notions de secte, de folie, de délire mystique, de frénésie populaire, et aussi d'éloge du feu, de l'incendie ( criminel, accidentel, industriel, de broussailles...)

L'auteur a de plus un très grande capacité à traduire à l'écrit des ambiances sonores, que ce soit pour la retransmission d'un matche de foot, une foule en panique ou des chants en latin...

Vous pouvez l'imaginer à la lecture de cette critique un peu désordonnée, ce livre est une source de sujets multiples et passionnants.
Le moins que l'on puisse dire est que l'on ne s'ennuie jamais : Il se passe toujours quelque chose.

Je ne connais pas le reste de la production de cet auteur, mais l'originalité de ce récit me donne envie d'en découvrir plus.

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Entre le bidonville appelé "Le Chantier" et un orphelinat tenu de main de fer par le Père Spartacus, un intégriste mystique, gagné au marketing de la foi : charity business et show très allumé, Salvatore n'hésite pas: il fuit l'orphelinat, ses prières et ses sévices, et rejoint ses... frères de misère dans le microcosme du Chantier, haut-lieu de la petite et de la grande truanderie...
Belle plume, personnages fous ou attachants. A découvrir!

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Contrairement au Clèves de Marie Darrieussecq que j'avais étiqueté :"Une ironie vitriolée qui fait mal", pensant, encore aujourd'hui, que cette agrégée surdouée, spécialiste de la princesse de Clèves, avait simplement dénigré un milieu pitoyable incapable d'accéder à ses (le ses de l'auteur bien sûr) propres capacités d'abstraction; Terrain Vague de Sandro Veronesi me paraît, lui, un vrai livre sur la délinquance, c'est pourquoi, revenue sur ma première note, je n'ai pas voulu sanctionner l'univers noir et désespéré décrit mais diffuser le message en filigrane qui devrait être lu par tous les parents ou enseignants perdus ou aveugles et bien sûr les futurs élus des futures élections (puisque statistiquement parlant, voir internet, 33,5/ de lycéens touchent à la drogue, qui pour moi est une forme de violence même s'il n'en est pas question dans ce livre): La violence entraîne la violence et plus on veut mâter une forte tête plus elle se renforce dans ses instincts les plus primaires ne craignant pas la mort, mieux vaut comprendre que contraindre et humilier car deux solutions aussi mauvaises l'une que l'autre:ou le gagnant est la victime de l'arène qui part avec un grand bras d'honneur démontrant par là même aux bons penseurs qu'ils sont des cons ou bien la victime devient bourreau à son tour devenant un méchant ce qui est l'inverse du but recherché.
L'histoire: dans l'Italie des années 60, dans ces quartiers plus pauvres que riches, tout est pourri. Contamination,engrenage, le virus passe de l'un à l'autre et dissémine tout ce qu'il touche.
D'un côté,"l'orphelinat des Chérubins"mené à la baguette, si ce n'est au cachot par le père Spartacus, "à la réputation de sainteté", dont le délire mystique va s'aggraver au fil du temps poussant les soeurs "dépassées par les évènements" à employer de pareilles méthodes (sinon pires), de l'autre les bas-fonds d'où viennent les bébés abandonnés recueillis dont les mères se prostituent, les pères boivent ou sont incestueux ou travaillent à l'usine et se retrouvent au chômage lorsque l'usine brûle pour que leur patron puisse toucher les indemnités incendie.
Terrain vague conte l'histoire de Salvatore, "chérubin", "monté sur un ressort", qui s'évade loin des sévices, devient "bon cambrioleur", se retrouve embrigadé dans des trafics par un Calabrais en mal de fils; l'histoire de Pampa éduqué par Salvatore qu'il admire, puis soumis à la tentation du feu et l'histoire de Gaetano,l'enfant débile, qui dessine sur les murs.
Trois exemples entre ruse, destruction et crétinisme qui crachent à la face du monde les ravages qu'entraînent le manque d'amour et l'obscurantisme.
La délinquance, manque d'amour,de père et de repères, Terrain vague dont toutes les figures parentales sont des exemples à ne pas suivre:
C'est un sujet qui m'a intéressée car, ayant travaillé dans une cité identique (à l'italienne décrite) je pourrais témoigner qu'il existe des enfants en manque d'amour capables de taper les murs de leurs poings,des femmes battues aux cheveux arrachés que l'enfant impuissant essaye de sauver à l'aide d'un canif ou des grands-pères appelant leur petite fille de cinq ans ma petite pute.
Ces enfants là, auxquels sont parfois confrontés les psychiatres lorsque les assistantes sociales signalent leurs cas, ne s'en sortent qu'en retrouvant les repères qui leur font défaut comme l'explique si bien le pédopsychiatre Marcel Rufo dont le futur pôle psychiatrique à Marseille permettra (par exemple) de les mettre en contact avec leurs vedettes de foot préférées et de s'identifier à leurs idoles.
Sandro Veronesi, écrivain italien contemporain, a obtenu le prix Campellio et le prix Viareggio 2000 pour La force du passé; le prix Strega 2006 et en France le Fémina et le prix Méditerranée 2008 pour Chaos calme (adapté au cinéma).
Il a mis, confie-t-il en prologue, vingt ans pour accoucher de Terrain vague,dont les personnages qui l'ont si longtemps habité sont à présent libres. Bravo, c'est souvent ça l'écriture:une levée de verrous!
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Je n'ignore pas qu'un résumé de 4e e couverture et une illustration de couverture ne constituent pas des critères fiables sur le contenu d'un livre. Je dois toutefois avouer que la belle photographie en noir et blanc de l'édition brochée et le rapprochement avec Pasolini n'ont pas été étrangers à mon choix de lecture.
Je suis ressorti très perplexe de cette lecture qui a pour elle d'être extrêmement atypique.
Une construction narrative en "montage parallèle", une géométrisation des principales unités d'action (le triangle formé par le croisement des voies de chemin de fer du Chantier et la localisation verticale de l'orphelinat).
Le personnage du prêtre Spartacus qui n'a de cesse de s'élever spirituellement avec ses montages ; les personnages du Chantier qui tentent de s'en sortir pour monter dans la société.
Tout cela révèle une construction narrative très cérébrale, mais à mes yeux de lecteur, cela n'a pas suffit à me rendre les personnages et l'histoire attachants pour autant.
J'ai passé la plupart de ma lecture à me demander où l'auteur voulait en venir, comme si le plaisir du récit au premier degré avait été mis en suspens au profit d'une construction hyper-charpentée.
Je ne pense pas avoir envie de lire d'autres écrits de cet auteur.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
(...) il passait dans la partie alimentation est volait de quoi manger. C'était un jeu d'enfant parce que dans cet endroit on se servait tout seul et qu'on partait payer à la caisse. C'est-à-dire, les cons ou les riches allaient payer : les gens comme lui ou Maddalena se dirigeaient droit vers la sortie, butin dans le slip et personne ne remarquait rien.
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(...) il n'y avait rien de sportif dans ses talents de footballeur qui se manifestaient au cours de leurs petits matches et que les gamins de bonnes familles lui enviaient, parce que, avec les mêmes talents, eux auraient pu entrer dans un club et commencer une grande carrière : pour lui, ce n'était qu'une façon d'exister - la seule qu'il connaissait.
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[il] proposa ensuite de participer, joua, se défoula et se donna en spectacle, renouant ainsi à taper dans le ballon, avec le plaisir inégalable de se sentir supérieur - seule véritable satisfaction qu'il eût jamais connue; et il lui sembla possible, mais oui, de continuer sa vie de résidu sans être obligé de renoncer à ces petits triomphes.
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" je n'ai pas envie de dire qu'on vit mieux ici qu'en Calabre.
_ Alors pourquoi tu restes ?
_ Parce qu'on vit mieux ici qu'en Calabre, s'esclaffait Rase-Meche. Sauf que je n'ai pas envie de le chanter sur les toits."
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Il ôta ses chaussures , étala une couche de gravier à l'intérieur, se rechaussa et se campa sur ses jambes de tout son quintal. Il sentit aussitôt une douleur aiguë. il fit deux ou trois pas , mais la douleur croissante le poussa à alléger d'instinct sa démarche, avec pour résultat qu'il semblait marcher sur des œufs. Alors il s'arrêta, prit une profonde inspiration et quand soudain il repartit, sans précaution, à grandes enjambées vigoureuses comme à son habitude, la douleur devint insupportable. "Je la supporterai " se dit le père Spartacus et il continua , se dirigeant vers le sanctuaire pour préparer l'office du matin.
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