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EAN : 9782246158127
170 pages
Grasset (12/02/1997)
4.27/5   22 notes
Résumé :

Les habitants d'un village vaudois ressuscitent et regagnent leurs maisons, remises à neuf. Adèle, retrouve, son bâtard, qu'elle avait, dans une autre vie, noyé dans la rivière ; l'aveugle voit ; l'amputé marche. L'oppression, l'argent n'existent plus. Ramuz chante un monde rustique, idéal et transparent, d'où le temps s'est absenté... Mais comme il n'y plus de passé, plus d'avenir, il n'y a plus de souvenirs, plus de projets. Bientôt, l'ennui mord les â... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
On peut l'affirmer, à la suite de notre ami babeliote défricheur JimmyCz [dont nous relirons tous l'enthousiaste critique ci-dessous] : "Terre du Ciel" — ce dixième des 21 "romans-poèmes" ramuziens — est bien une véritable "Joie dans le Ciel" !

Hosannah au plus haut de Notre Terre...

"Joie dans le Ciel", certes... mais aussi sur cette belle et bonne vieille Terre. Soit le titre sous lequel - après une première publication artisanale à Lausanne (dans "Les Cahiers vaudois" dès novembre 1921, "édité par les soins de l'auteur") — Bernard Grasset décidera de le faire reparaître en 1925 à Paris pour un plus large public français...

Dix-sept courts chapitres d'une étonnante résurrection : le tout premier est un bref exposé d'un "Jour des Morts-Vivants", très solaire et vaudois... Les fronts donnent du menton pour resurgir intacts de la terre des cimetières. Résurrection des corps. Mais la ressemblance avec l'oeuvre cinématographique future de George A. ROMERO ("Night of the Living Dead", 1968 — & sequels...) s'arrêtera là.

Car les morts sont heureux de ressusciter. Ils ont tout simplement décidé d'être plus heureux, plus attentifs les uns aux autres, plus humains et sans tracas... La vie, d'ailleurs, leur semble infiniment plus douce qu' "avant"... Les saisons se ressemblent bien un peu toutes mais le climat est merveilleusement tempéré toute l'année... La vigne "donne" sans efforts — et sans mildiou ni grêlons... de l'aube au crépuscule, l'air est doux.

Adèle, la fille-mère infanticide voit l'enfant qu'elle a noyé revenir dans ses bras : elle va le mettre au lit et le bercer. Pierre Chemin, le charpentier-ébéniste, peint éternellement des gens heureux sur les portes d'armoires... Ou ce fossoyeur fabriquant les costumes de sapin, recyclant sans regret son ancienne activité... Pitôme et son alambic distillant inlassablement les racines de gentiane... Catherine retrouvant Jeanne sa petite-fille... Bé l'aveugle "dans la vie d'avant" retrouvant la vue dans l'Après-Vie... L'amoureux Augustin allant retrouver sa défunte Augustine aux belles tâches de rousseur... Tout un village mort se réanime...

La veille Thérèse, meneuse de chèvres, a sans doute partie liée avec le Cornu et montrera "le mauvais chemin" à la naïve Phémie...

Car l'envers du décor apparaîtra aux chapitres finaux : dans une certaine gorge, "là-haut", l'Enfer, ce double et faux-frère jumeau de ce Paradis, existe encore dans les entrailles de la Terre, où les mêmes habitants sont damnés et souffrent éternellement...

Damnés et jaloux du bonheur sans fin de ces "autres" eux-mêmes jouissant du grand soleil : ils seront réveillés de leur Enfer caché par le funeste sieur Bonvin, colporteur imprudent, vantard et décidément trop curieux...

Et si les deux Mondes se rencontraient ? Une certaine nuit rougeoyante viendra, hallucinante...

Un récit parfait. Des personnages nombreux, magnifiquement présents, et pour tout dire inoubliables. Un conte terrifiant, humain et merveilleux dans une langue poétique inimitable...

Bref, pour cette extraordinaire découverte [*], lâchons un peu — au moins un moment ! — "nos" mornes houellebecqueries & autres lectures tristasses 100 % conditionnées [**] ... Joie dans le Ciel !
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[*) "Terre du Ciel"/"Joie dans le Ciel" possède en 2019 — outre son titre prémonitoire, préfigurant le formidable "Terre de Fer, Ciel de Cuivre" ["Yer Demir, Gök Bakır", Istanbul, 1963] du grand Yachar KEMAL — des vertus bizarrement prophétiques : la confrontation finale évoque cette haine de classe "ressuscitant" dans notre petit pays toutes ces dernières semaines au travers de la crise sociale dite des "Gilets Jaunes"...

[**] ... presque "idéalement" dépressogènes, style nouille-plate, d'inspiration feignasse, sans âme ni la moindre surprise... :))
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Quel roman magnifique !

Des personnages avec une psychologie d'une finesse remarquable, des descriptions de paysages faites de ravissantes métaphores, des sentiments qui prennent au coeur, des dialogues touchants, des sentiments exprimés avec une humanité si rare que l'on en ressent un vertige, une histoire d'une beauté et d'une mélancolie renversante.
Lisez ce livre ! Ce n'est ni un ordre ni une injonction mais un conseil vital.

il se rajoute à mon top des livres que je conserverais toute ma vie, île déserte ou non.
Le style de Ramuz est si poétique, si simple, si authentique, si vrai, si beau... Sa narration d'une clarté cristalline.

C'est un coup de foudre littéraire et littéral et un message philosophique à diffuser partout dans les écoles comprises.
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A la suite de notre ami babeliote défricheur JimmyCz [dont nous relirons l'enthousiaste critique du 29 novembre 2017 à propos de "Joie dans le Ciel" de RAMUZ], affirmons-le ici encore : "Terre du Ciel" — ce dixième des 21 "romans-poèmes" ramuziens — est une véritable "Joie dans le Ciel" (qui est son second titre) ! Hosannah au plus haut de Notre Terre (à si bien préserver)...

"Joie dans le Ciel", certes... mais d'abord sur cette bonne vieille Terre. Soit le titre sous lequel - après une première publication artisanale à Lausanne (dans "Les Cahiers vaudois" dès novembre 1921, "édité par les soins de l'auteur") — Bernard Grasset décidera de le faire reparaître en 1925 à Paris pour un plus large public français...

Dix-sept courts chapitres d'une étonnante résurrection : le tout premier est un bref exposé d'un "Jour des Morts-Vivants", très solaire et vaudois... Les fronts donnent du menton pour resurgir intacts de la terre des cimetières. Résurrection des corps. Mais la ressemblance avec l'oeuvre cinématographique future de George A. ROMERO ("Night of the Living Dead", 1968 — & sequels...) s'arrêtera là.

Car les morts sont heureux de ressusciter. Ils ont tout simplement décidé d'être plus heureux, plus attentifs les uns aux autres, plus humains et sans tracas... La vie, d'ailleurs, leur semble infiniment plus douce qu' "avant"... Les saisons se ressemblent bien un peu toutes mais le climat est merveilleusement tempéré toute l'année... La vigne "donne" sans efforts — et sans mildiou ni grêlons... de l'aube au crépuscule, l'air est doux.
Adèle, la fille-mère infanticide voit l'enfant qu'elle a noyé revenir dans ses bras : elle va le mettre au lit et le bercer. Pierre Chemin, le charpentier-ébéniste, peint éternellement des gens heureux sur les portes d'armoires... Ou ce fossoyeur fabriquant les costumes de sapin, recyclant sans regret son ancienne activité... Pitôme et son alambic distillant inlassablement les racines de gentiane... Catherine retrouvant Jeanne sa petite-fille... Bé l'aveugle "dans la vie d'avant" retrouvant la vue dans l'Après-Vie... L'amoureux Augustin allant retrouver sa défunte Augustine aux belles tâches de rousseur... Tout un village mort se réanime...
La veille Thérèse, meneuse de chèvres, a sans doute partie liée avec le Cornu et montrera "le mauvais chemin" à la naïve Phémie...
Car l'envers du décor apparaîtra aux chapitres finaux : dans une certaine gorge, "là-haut", l'Enfer, ce double et faux-frère jumeau de ce Paradis, existe encore dans les entrailles de la Terre, où les mêmes habitants sont damnés et souffrent éternellement...
Damnés et jaloux du bonheur sans fin de ces "autres" eux-mêmes jouissant du grand soleil : ils seront réveillés de leur Enfer caché par le funeste sieur Bonvin, colporteur imprudent, vantard et décidément trop curieux...
Et si les deux Mondes se rencontraient ? Une certaine nuit rougeoyante viendra, hallucinante...
Un récit parfait. Des personnages nombreux, magnifiquement présents, et pour tout dire inoubliables. Un conte terrifiant, humain et merveilleux dans une langue poétique inimitable...

Bref, serinons-le à l'occasion de cette extraordinaire découverte : "Joie dans le Ciel" de nos LIBRES lectures (strictement non téléguidées) !
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[*] "Terre du Ciel"/"Joie dans le Ciel" possède en 2019 — outre son titre prémonitoire, préfigurant le formidable "Terre de Fer, Ciel de Cuivre" ["Yer Demir, Gök Bakır", Istanbul, 1963] du grand Yachar KEMAL — des vertus bizarrement prophétiques : la confrontation finale évoque cette haine de classe "ressuscitant" dans notre petit pays toutes ces dernières semaines au travers de la crise sociale dite des "Gilets Jaunes"... sans compter notre "grand défi climatique" et sa fournaise finale contre laquelle veut nous faire agir la jeune Greta THUNBERG, sachant même tenir tête à ses tristes dénieurs, démagogues et fascistoïdes (vaste pléonasme)... avec tant d'humour paisible ! :-)
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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"Joie dans le ciel" est une oeuvre magistrale. Il s'agit d'un conte symbolique, et plus que cela : initiatique.

Il est merveilleusement écrit, sans fioritures, avec des mots dont la limpidité et le trébuchement tendre vont droit au coeur et y laissent leur empreinte.

Son commencement est fort et emporte l'adhésion complète avec une entrée dans un merveilleux sublime au point d'en être inquiétant (et sur ce dernier point, l'attente du lecteur ne sera pas trompée).

Pourquoi faut-il que la chute m'ait semblé un peu précipitée ?

Mais peut-on critiquer le génial Ramuz quand on ne lui arrive pas à la cheville ?

Cette réserve, minuscule étant faite, je ne peux que souscrire à l'enthousiasme des autres commentateurs : ce court roman mériterait d'être lu par tous, sans exception * : on y plonge directement dans le coeur d'une humanité déchirée entre les forces obscures et la lumière.

La leçon est claire et celui qui nous indique la direction à prendre du bout de son pinceau ne porte-t-il pas le nom de "Chemin" ? Seule la recherche de la sagesse nous sauvera. le "chemin" est compliqué, la voie aride : mais c'est la seule.
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* Quand j'écris "mériterait d'être lu par tous, sans exception", je fais bien sûr allusion à toute cette littérature pour ados et jeunes adultes qui prolifère depuis trente ans, parfois dans l'excellent, mais souvent aussi dans la médiocrité et le convenu... Alors que la bonne littérature n'a pas d'âge.
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La Chair et le Verbe

Joie dans le ciel” est un véritable morceau d'aube naissante tout juste cueilli aux flancs du ciel.

Dans ce petit livre admirable et lumineux, Ramuz ressuscite les corps en réveillant le Verbe. Sa langue est un torrent d'alpage dont l'eau vive court sur les galets de la douleur pour enfin ranimer la Joie.

À l'heure où bon nombre de prétendus écrivains tendent vers le simplisme et l'absence totale de style en donnant au lecteur à boire des phrases au goût d'eau morte, le verbe de Ramuz, quant à lui, est une eau-de-vie qui ravive en nous le sentiment du beau, de l'ineffable et de l'insondable mystère.
C'est une langue qui s'incarne, qui prend littéralement corps devant nos yeux.

© Thibault Marconnet
le 02 février 2014
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'était sous un ciel ennemi de nous et jaloux, c'était contre toute la nature. C'était contre la terre fâchée qu'on la touchât, contre la plante ayant ses idées. Contre les animaux, contre les hommes, tous ennemis aussi les uns des autres, jaloux les uns des autres et en guerre toujours. Et l'homme ennemi des animaux, les animaux ennemis des animaux,et la plante ennemie de la plante. Et partout la destruction d'une chose par sa voisine, de sorte qu'on devait tout le temps réparer, tout le temps se défendre, et on passait son temps à s'empêcher d'être détruit...
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Videos de Charles-Ferdinand Ramuz (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles-Ferdinand Ramuz
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Farinet ou la fausse monnaie de Charles Ferdinand Ramuz enregistré le 20 juillet 2023 en présence de Gérard Comby (membre de l'Office tourisme de Saillon & de la Commission du Patrimoine)
Résumé : Un généreux Robin des bois, roi de l'évasion, porté par la plume de C. F. Ramuz.
Farinet, c'est un fameux faux-monnayeur, roi de l'évasion et Robin des bois qui vécut entre Val d'Aoste, Savoie et Valais au XIXe siècle. Arrêté pour avoir fabriqué de fausses pièces qu'il distribuait généreusement dans les villages de montagne, il s'évade à de nombreuses reprises. Ce héros populaire à la vie romanesque et rocambolesque meurt à 35 ans, en 1880. Cinquante ans plus tard, Ramuz s'empare du personnage et en fait le héros d'un récit classique, haletant comme un roman d'aventure, mais porté par son style unique : irruption du présent au milieu d'une phrase, mélange des temps qui rend le présent dense et incandescent, langue vaudoise aux accents paysans transfigurée par une écriture singulière, moderniste, au confluent des révolutions artistiques du XXe siècle (il est passionné par Cézanne et Stravinsky). Farinet se serait caché un temps au fond de la vallée de Chamonix, dans une grotte au-dessus de Vallorcine. Un petit mémorial y est installé. Ce roman est paru pour la première fois en 1932.
Bio de l'auteur :
Ed Douglas, journaliste et écrivain passionné par l'Himalaya, a publié une douzaine de livres, dont plusieurs ont reçu des prix. Deux ont été traduits en français : de l'autre côté du miroir (Éditions du Mont-Blanc, 2018), Himalaya, une histoire humaine (Nevicata, 2022). Il publie des articles de référence dans The Observer et The Guardian. Il est rédacteur en chef de l'Alpine Journal et vit à Sheffield, en Angleterre.

#paulsen #guerin #livres #farinet #ramuz #saillon
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