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Nino S. Dufour (Traducteur)Alejandra Soto chacon (Traducteur)
EAN : 9782366247183
200 pages
Cambourakis (12/10/2022)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Voici enfin traduit en français Borderlands/La Frontera, le chef-d'oeuvre de la féministe chicana Gloria Anzaldúa, le livre fondateur de la pensée queer décoloniale étatsunienne.

Ce livre hybride mêle les genres (essai et poésie) et les langues (anglais, différentes formes d'espagnol et quelques touches de langue indigène aztèque), pour mieux évoquer l'existence méconnue et précaire de celleux qui vivent entre deux mondes, à la frontière entre les cul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Découvrons aujourd'hui cette féministe chicana qui a participé à la pensée queer décoloniale aux USA. Les chicanas sont les femmes d'origine mexicaine vivant aux USA. Notre autrice est née au Texas, elle fait partie de la 6è génération de sa famille naissant sur la terre états-unienne, néanmoins socialement elle est toujours considérée comme hispanique.
Ce livre publié en 1987 (2022 en France) se veut métissé comme son autrice : impossible de lui attribuer un genre précis, ni une seule langue. Il mêle essai, poésie, récit autobiographique ; mais aussi anglais, espagnol, tex mex (espagnol des chicanos et chicanas), nahuatl (langue indigène aztèque)... les traducteur•rices ont fait un sacré boulot ! Et selon les souhaits de l'autrice, la langue reste bigarrée (tout n'est pas traduit en français.)
Femme lesbienne qui se revendique queer of color, Gloria Anzaldúa s'intéresse à la fois au genre, aux théories décoloniales, à l'occultisme... et dépeint l'écrivain•e (et donc elle-même) comme chaman•e.
Elle restaure la vision du monde ethnopoétique des amérindien•nes, qui réunissent art, religion et société, contre l'esthétique de la virtuosité européenne qui se met en scène dans les musées et se coupe de la vie quotidienne.

Cette femme de frontière brasse les langues et les cultures mexicaines aux influences aztèques, avec les cultures anglo-saxonnes. En tant que "mestiza" (qu'on pourrait traduire par métisse), elle n'a pas de pays propre; en tant que lesbienne, elle est rejetée par tous les peuples; et en tant que féministe, elle n'adhère pleinement à aucune culture, elle doit chercher son propre système de valeurs.

Autrice de l'ambiguïté et du brassage, elle appelle à une alliance entre les peuples, accepte de faire la médiatrice. Partager son histoire et sa culture lui semble nécessaire pour obtenir reconnaissance voire réparation. J'ai adoré autant les passages politiques (elle raconte comment elle aide des immigré•es sans papier à être payé•es alors qu'un employeur abusif allait les arnaquer, les sachant sans recours) que les passages intimes (extraordinaire description de Leyla, esprit prenant chair et devenant sa compagne).
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le travail de la conscience mestiza est de dissoudre la dualité sujet-objet qui la tient prisonnière et de montrer comment transcender la dualité, aussi bien dans sa chair qu'à travers ses images et son travail. Résoudre le problème entre les races blanche et colored, entre les hommes et les femmes, consiste à soigner la blessure qui s'ouvre au fondement même de notre vie, de notre culture, de nos langues, de nos pensées. Déraciner massivement la pensée dualiste de la conscience individuelle et collective marque le début d'une longue lutte, une lutte qui pourrait pourtant - c'est notre plus grand espoir - mettre fin au viol, à la violence, à la guerre. (P. 155)
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Je n’ai pas vendu les miens, c’est eux qui m’ont vendue. C’est pourquoi, bien que ce « chez moi » imprègne chaque tendon et chaque cartilage de mon corps, j’ai peur, moi aussi, de rentrer chez moi. Quoique je suis prête à défendre ma race et ma culture quand elles sont attaquées par des non-mexicanos, conosco el malestar de mi cultura. J’abhorre certains usages de ma culture, la façon dont elle mutile ses femmes, como burras, nos forces retournées contre nous, modestes burras qui portent leur humilité avec dignité. (…) Non, je n’avale pas tous les mythes de la tribu qui m’a vu naître. Je peux comprendre pourquoi, plus mes sœurs colored et colorless sont teintées de sang anglo, plus elles glorifient avec intransigeance les valeurs de leur culture colored – pour compenser son extrême dévaluation par la culture blanche. C’est une réaction légitime. Mais je ne glorifierai pas les aspects de ma culture qui m’ont meurtrie, et qui m’ont meurtrie au nom de ma protection. (p. 80)
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La culture façonne nos croyances. C’est elle qui nous renvoie la version de la réalité que nous percevons. Les paradigmes dominants, les concepts prédéfinis dont l’existence ne peut être ni questionnée ni contestée nous sont transmis par la culture. La culture est produite par ceux qui sont au pouvoir : les hommes. Les hommes élaborent les règles et les lois ; les femmes les transmettent. Combien de fois ai-e entendu mères et belles-mères dire à leur fils de battre leurs femmes parce qu’elles n’obéissent pas, parce qu’elles sont hociconas (grandes gueules), parce qu’elles sont callejeras (elles traînent avec les voisines pour papoter), parce qu’elles demandent à leur mari de les aider à s’occuper des enfants et des tâches domestiques, parce qu’elles veulent être autre chose que des femmes au foyer ? (p. 73)
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Il ne suffit pas
de décider de s’ouvrir.
Tu dois plonger les doigts
dans ton nombril, des deux mains
te fendre et t’ouvrir
répandre les lézards et les crapauds cornus
les orchidées et les tournesols,
retourner le dédale.
Le secouer.
(…)
Il n’y a personne
pour nourri ton désir profond.
C’est comme ça. Tu devras
faire, le faire toi-même.
Et tout autour un vaste terrain.
Seule. Toi et la nuit.
Tu devrais devenir amie de l’obscurité si
tu veux dormir la nuit.
(p. 244, « Lâcher prise »)
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L’espagnol chicano naît de notre besoin de nous identifier comme un peuple distinct. (…) Voici quelques unes des langues que nous parlons : l’anglais standard, l’anglais populaire et argotique, l’espagnol standard, l’espagnol mexicain standard, le dialecte espagnol du Mexique septentrional, l’espagnol chicano (avec des variations régionales au Texas, au Nouveau-Mexique, en Arizona et en Californie), le tex-mex, le pachuco (appelé calo). (p. 124)
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