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Séverine Quelet (Traducteur)
EAN : 9782265099050
400 pages
Fleuve Editions (27/08/2020)
3.63/5   92 notes
Résumé :
Regardez autour de vous. Qui détient le plus de pouvoir dans la pièce ? Est-ce celui qui parle le plus fort ou celui qui a le plus d’argent ?
Ou peut-être est-ce quelqu’un comme Christine Butcher : une figure douce et invisible, un témoin silencieux lorsque les informations sont partagées et les secrets murmurés.
Quelqu’un qui, tranquillement, parfois même sans le vouloir, accumule des connaissances sur ceux qu’elle est venue servir — ceux qui ne vont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Quand j'ai lu dans les petites annonces de Pôle Emploi que Babelio magazine était à la recherche d'un secrétaire, j'ai sauté sur l'occasion.
Travailler dans le milieu du livre a toujours été un rêve.
Je suis abonné à cette revue depuis plus de quatre ans maintenant, 227 de mes critiques y ont été publiées au fil du temps, et avec ma profonde expérience de lèche-cul je savais que j'avais toutes les qualités requises pour être le bon candidat.

C'est le président directeur général lui-même, Peter Krausse, qui m'a reçu. Un bien bel homme. Au premier regard j'ai senti son charisme, la passion qui l'animait. Il avait envie de propulser son magazine au-delà du million d'abonnés et je devais à tout prix le convaincre que c'était grâce à moi qu'il allait pouvoir y parvenir.
Il a jeté un oeil rapide à mon CV où il a lu en diagonale que j'avais une licence de lettres modernes, que j'avais de l'expérience dans la fiscalité, l'ouverture de barrières et la fabrication de lasagnes surgelées.
- Monsieur Antyryia, je ne vais pas y aller par quatre chemins. J'ai besoin d'un assistant de direction qui sera 24h sur 24 à ma disposition, 365 jours par an. Qui organisera les masses critiques, qui s'occupera de répondre aux courriers des lecteurs, qui assurera la promotion de nos éditeurs privilégiés, qui organisera des pique-niques, des rencontres entre lecteurs et auteurs, qui m'apportera un café noir tous les matins à sept heures pétantes sans sucre mais avec un nuage de lait, qui emmènera mes enfants à l'école. J'espère que le travail ne vous fait pas peur.
- Et pour la rémunération ?
- Vous commencerez en bas de l'échelle bien sûr mais si je suis content de vos services, je vous donnerai parfois un service presse, un livre en avant-première que vous pourrez dévorer avant le reste du commun des mortels.
J'ignore si c'est grâce à mon expérience ou parce que mon enthousiasme a été communicatif mais le lendemain même, un coursier me faisait savoir que j'avais le job.

La première journée s'est bien passée, à l'exception d'un fou furieux venu agresser mon nouveau patron préféré au sujet d'une critique qui avait été refusée par notre directeur éditorial ( voir le billet sur Mentor de Lee Matthew Goldberg publié sur le Darknet pour plus d'informations ).

Les grandes pontes se sont réunis dans l'après-midi. Tandis que je veillais à ce que chacun ait son bol de soupe, j'entendais sans le vouloir tout ce qui se disait.
"Je suis à l'arrière-plan, ombre granuleuse, à peine présente."
"J'étais là, au coeur des évènements, aussi discrète qu'une petite souris."
- On va s'associer aux éditions Michel Alban pour la sortie du nouveau Victor Hugo. Les misérables II : le retour de Jean Valjean.
- Mais ils ne sont pas morts tous les deux ? intervint un subalterne, Nathaniel Lévéché.
- Ce sont des points de détail intervint Peter Krausse, avec le charisme et l'autorité que je commençais à lui connaître. Dans Prison Break Michael Scofield est mort aussi mais il est quand même revenu pour une cinquième saison. le principal c'est que le livre va se vendre à des millions d'exemplaires et soit en lice pour le prix hors-Goncourt. Notre rôle de partenaire sera de faire de la publicité, de multiplier les fausses critiques à cinq étoiles et d'éliminer les autres.
- On pourrait aussi publier un entretien avec l'auteur ? suggérais-je, avide de me rendre utile.
- Merci de bien vouloir laisser les grandes personnes parler entre elles, répliqua mon chef vénéré d'un ton hostile, sous les rires de l'assemblée.

Mais après des débuts difficiles, à force d'acharnement, j'ai fini par faire mes preuves et par devenir irremplaçable.
"Je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans vous."
A mi chemin entre l'amitié et la subordination, le lien qui nous unissait Peter et moi était indéfectible. Au-delà de la littérature, j'étais proche de sa famille, je savais quand il avait des problèmes intestinaux, je savais aussi qu'il était harcelé par des journalistes jaloux de sa réussite. J'avais accès à sa messagerie, à son emploi du temps de ministre, à ses comptes bancaires et à son courrier. Je voyais sur quels sites coquins il lui arrivait d'aller, quelles marques de vêtements il préférait, à quelle heure je devais le réveiller le matin.
Et je connaissais son credo : L'équité pour tous les éditeurs, petits ou grands.

Un soir en vidant les poubelles de monsieur Krausse à 2h00 du matin, j'ai malencontreusement fait tombé quelques feuilles. Malgré ma conscience professionnelle je n'ai pas pu m'empêcher de voir qu'il s'agissait en grande majorité de critiques de lecteurs qui n'avaient pas du tout aimé "Le retour de Jean Valjean". Certains criaient à l'usurpation, dénonçaient la supercherie. D'autres étaient étonnés de voir à quel point le style était médiocre. Les derniers critiquaient l'aspect surnaturel et la façon dont le héros était passé au vingt et unième siècle en tombant dans un trou noir. Dans la revue qui allait paraître le mois suivant, Les misérables 2 était pourtant acclamé à l'unanimité par les lecteurs abonnés qui avaient rendu des critiques quatre ou cinq étoiles.
Si je n'avais pas eu une confiance aveugle dans l'intégrité de mon boss, j'aurais presque pu penser qu'il avait sélectionné uniquement les avis mettant en valeur la nouveauté phare de Michel Alban en faisant fi des opinions négatives.
J'ai été surpris également de trouver parmi les déchets des courriers de petits éditeurs qui demandaient à promouvoir leur dernière trouvaille, demandant à faire partie d'une masse critique ou un simple encart publicitaire.
Pour être sûr que mon patron n'ait aucun souci à cause de ces documents qui auraient pu être mal interprétés par un tiers, j'ai tout passé à la déchiqueteuse.

- Vous êtes libre le week end prochain ? me demanda quelques semaines plus tard Peter.
- Hélas non, je vais me marier samedi. Tout est prévu depuis un an, les réservations sont faites et nos invitations envoyées.
- Ca tombe vraiment très mal. J'ai une partie de golf avec les éditeurs de Calmant Levi's et je dois aussi me rendre à Londres pour rencontrer Renée Knight qui vient d'écrire son second roman, "The secretary", qui sera bientôt publié sous le titre "La confidente" aux éditions des rivières pourpres. Et je vais vous confier un secret Antyryia, je n'ai pas le don d'ubiquité.
- J'aurais adoré pouvoir me rendre en Angleterre à votre place d'autant que j'avais beaucoup aimé "Révélée", le premier roman de Renée Knight, qui a également été un de mes tous premiers thrillers psychologiques.
Quand j'ose regarder Peter dans les yeux, je vois à quel point ma réponse le blesse, le répugne. Je ne lui inspire plus que du dégoût.
- Si vous préférez aller jouer les hypocrites à l'église, vous bourrer la gueule entre amis et danser comme un chimpanzé au rythme de chansons paillardes pour une histoire qui a 50 % de chance de mal de terminer plutôt que de rencontrer Renée Knight, je ne peux pas vous en empêcher.
"Ce serait vraiment dommage de vous perdre."
Je ne trouve pas les mots. Je culpabilise. Je suis en train de décevoir la seule personne qui m'ait jamais donné ma chance, qui m'a accordé toute sa confiance.
- Enfin sachez que si jamais vous changez d'avis, je pourrai vous remettre à votre retour un exemplaire des épreuves non corrigées des nouveaux romans de Jacques Expert et d'Olivier Norek.
"Loyale ? Idiote ? Naïve ? Influençable ?"
Inutile de vous dire que le mariage a été définitivement annulé.
Mais qui d'autre aurait agi autrement ?
Mon patron, mon boulot, c'était toute ma vie.
"Tu dois bien te rendre compte quand même que la famille devrait passer en premier ?"

Mon rendez-vous outre-Manche s'est bien passé.
Ma tâche consistait à convaincre Renee Knight de venir rencontrer trente lecteurs dans les locaux de Babelio magazine et à la préparer à répondre à cinq questions, ou plus précisément cinq mots représentant un thème fort de "The secretary" ( j'utilise volontairement le titre anglais, bien plus approprié ) : Hiérarchie, Loyauté, Manipulation, Hypocrisie et Equité.
Elle me fit l'honneur d'accepter.

Le magazine n'a pas tardé à recevoir les premiers retours des lecteurs. Et c'est moi qui ai eu le privilège de les lire et de sélectionner celles qui seraient publiés.
La confiance de ma hiérarchie, et plus précisément de Peter, m'ont ému plus que je ne saurais l'exprimer.
- J'ai des actions chez Rivières pourpres. Alors Anty, je vous laisse seul juge des critiques qui seront ou non publiées dans notre mensuel de septembre. Mais inutile de vous dire que si le cours de la bourse baisse, je vous en tiendrai pour seul responsable, avec les conséquences financières et professionnelles que je vous laisse imaginer. Ah, et j'allais oublier ! J'ai plusieurs cartons chez moi contenant toute la collection des livres parus chez Sonate au clair de lune : Paul Cleave, Wendy Walker, RJ Ellory etc ... Venez donc prendre l'apéritif ce soir et comme je n'en n'ai plus l'utilité je vous en ferai cadeau, je vous dois bien ça !

J'ai donc lu avec la plus grande attention les avis des lecteurs.
- Exceptionnel, magnifique, poignant, angoissant, La confidente sera mon livre de chevet pour les années à venir. Ok, je sélectionne.
- J'ai trouver l'histoire intéressante par moment mais un peu ennuyant aussi à d'autre mais en gros j'ai quand même passer un super moment et je le conseille aux fans des trillers physiologiques.
Je détourne légèrement ce commentaire maladroit de façon à le rendre plus dithyrambique : Histoire exceptionnelle d'un bout à l'autre qui plaira à tous les amateurs de thrillers psychologiques.
- Très différent de son premier roman, Révélée, Renée Knight nous fait vivre avec La confidente un étrange duel entre une célèbre femme d'affaire, Mina Appleton, et sa secrétaire Christine Butcher.
La première est exigeante et manipulatrice.
"Elle est vouée à vivre dans l'insatisfaction permanente. Les gens, les lieux, les choses ... ne sont jamais à la hauteur de ses espérances."
La seconde est d'une loyauté sans faille pour sa patronne, auprès de laquelle elle est tant une secrétaire dévouée qu'une confidente.
"Je me considérais comme sa protectrice."
L'intégralité du roman repose autour de cette relation ambiguë.
On sait qu'elle se terminera mal, mais comme on ignore le pourquoi du comment le lecteur se laisse totalement happer par ce curieux binôme afin de connaître le dernier mot de l'histoire, afin de comprendre comment la situation va dégénérer à ce point.
Deux personnages qui s'opposent autant qu'ils se complètent et dont chaque interaction fait toute la saveur de ce magnifique thriller psychologique qui sort des sentiers battus.
Pas mal ça, je valide !
- J'ai arrêté à la page 30. J'ai rien compris. Franchement inintéressant ! Aucune scène de sexe ça m'a gavé.
Hop, poubelle.
- Malgré toutes ses qualités et son duo magistral d'héroïnes, j'ai trouvé par moments leurs réactions quelque peu exagérées ou naïves pour y croire tout à fait. En outre, le milieu du commerce et l'aspect politico-social du livre mettant en concurrence les petits agriculteurs et les grandes industries agro alimentaires peuvent paraître très flous pour des lecteurs non initiés tels que moi.
Je ne retiens pas non plus cette critique, trois étoiles ça n'est pas assez.
- Peut-on acheter la loyauté d'une personne ? A quel prix ? Roman où hypocrisie et manipulation règnent en maîtres absolus, le lecteur peut se demander si Mina et sa secrétaire Christine ne se sont retrouvées parce qu'elles se ressemblent bien plus qu'on ne pourrait le penser de prime abord.
Roman qui paraît peu ambitieux au départ, les enjeux ne cessent pourtant de croître. La confidente parle de dévotion, de réputation à protéger, de complicité criminelle avec les histoires croisées de ces deux femmes prêtes à tout pour des causes différentes. Mais laquelle des deux aura finalement le dernier mot dans ce tourbillon de jalousie, d'asservissement et d'instinct protecteur ?
Bon celle-là je vais la garder aussi.

J'ai moi même lu le livre pour me faire ma propre opinion, et je peux en tout cas vous dire que je suis ravi pour ma part d'être tombé sur un PDG aussi conciliant que Peter Krausse.
Un homme brillant, droit, honnête, à qui je confierais ma vie.
Pas comme cette peste de Mina.

Tout en me réjouissant de la chance que j'ai eu de le rencontrer, satisfait par le travail accompli aujourd'hui encore, je me mets en route afin de le rejoindre chez lui pour prendre l'apéritif comme il me l'avait proposé.

J'arrive presque à bon port et je vois sa maison encerclée par des voitures de police.
J'ignore totalement ce qui se passe.
Mais je sais que je vais tout faire pour le sortir de ce malentendu.
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Ne vous laissez pas repousser par cette couverture affreuse , ne vous laissez pas abuser par ce titre qui ne correspond pas au contenu. "Confidente" nous pousse à imaginer deux amies intimes , ou une dame de compagnie, alors que Christine Butcher est " la secrétaire", (titre original), et même " première secrétaire", s'il vous plait ! Car sa patronne en a trois...

Entrée à vingt-cinq ans au service de Mina Appleton, "fille de".
Fille du patron, qui très vite prendra sa place. Christine va rester dix-huit ans à son service, jusqu'au moment où... jusqu'au jour où...
Dix -huit ans de bons et loyaux services. [ " Loyale ? Idiote ? Naïve ? Influençable ? "]
Un peu tout à la fois, mais aussi fidèle. Dix-huit ans à bosser "au service de", ça veut dire en dehors des heures de bureau parfois, quitte à sacrifier sa vie personnelle. Au bout de dix-huit ans, Christine n'a plus de vie personnelle. Sa vie, c'est Mina et l'entreprise.

C'est l'histoire d'une jeune femme éblouie, par une autre femme, par sa richesse, son assurance, la beauté des lieux, le raffinement, une autre classe sociale, les petites attentions, et qui, peu à peu, se laisse "bouffer", envahir, jusqu'au moment où...
Renee Knight prend le temps de nous raconter l'ascendant d'une personne sur une autre, la manipulation, crecendo.

C'est fascinant, glaçant, intelligent, troublant, et comme le dit le Sunday Times, la fin pourrait être signée par Ruth Rendell (une autre reine du crime, anglaise ). J'ajoute que c'est trés bien écrit...
Le premier roman de l'auteur vaut lui aussi, le détour ( Révélée) ; et ,est en cours d'adaptation cinématographique.
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Christine Butcher est une secrétaire pleine d'avenir. Intérimaire pour six mois en remplacement de Jenny Haddown, la secrétaire personnelle de Lord Appleton - le PDG des supermarchés du même nom qui professe à qui veut l'entendre qu'il fait du commerce et pas des affaires en vantant sa relation équitable avec les producteurs – elle tape dans l'oeil de Mina Appleton, la fille du PDG appelée à le remplacer à court terme.
Pour elle et sa famille, c'est le jackpot. Elle frémit devant la fierté de son mari « Mike qui lisait les lignes sur la mutuelle privée et les frais de déplacement, ses yeux balayant les mots dans un sens puis dans l'autre. Lorsqu'ils sont tombés sur le salaire, ils se sont plissés, et ses cils blond roux ont frémi comme des antennes. Puis il m'a regardée et souri. »
Au début Christine n'est pas dans le déni, bien qu'elle établisse des parallèles entre elle et Mina, elle est consciente de sa position, du moins on l'imagine : « Nous avons prospéré ensemble, Mina et moi. Elle, sans conteste, l'espèce dominante. Moi, telle une plante des bois, capable de m'épanouir dans son ombre. On peut dire que je faisais un bon tapis de verdure. »
Très vite, les choses dégénèrent. Mina est omniprésente et omnipotente et Christine se plie à toutes ses exigences.
La force du roman est de montrer rétrospectivement comment Christine a basculé. L'histoire ménage le suspense, on entend Christine dire, « Mon pronostic est plus favorable. Chaque jour passé aux Lauriers est un pas de plus vers la guérison. ». le lecteur pense deviner où elle se trouve et l'écoute revenir en détail sur son passé.
Il comprend qu'elle a été victime d'une injustice, mais ignore laquelle. Il est placé par l'auteur dans la peau du personnage, progressant pas à pas et sans hésitation vers l'abime en se le dissimulant malgré les nombreux avertissements qu'elle reçoit et qu'elle ignore avec superbe.
Roman décrivant à merveille les relations du monde du travail, les rapports de domination et les demandes d'adhésion aux valeurs de l'employeur.
Il y a dans le récit des situations qui rappellent le roman de Jean-Marc Roberts, Affaires étrangères.
Le dominé se valorise en allant au-devant des demandes du dominant. En acceptant d'assumer les basses besognes, en y voyant des signes de reconnaissance là où il n'y a que mépris et indifférence.
La différence des échelles de valeur est le levier de l'emprise exercée par Mina sur Christine. Là où l'une agit en connaissance de cause et avec des objectifs précis et conscients, l'autre y voit un simple jeu de relations affectives, m'aime-t-elle, m'a-t-elle vue, me dit-elle bonjour ce matin en passant devant mon bureau ?
Un roman assumé à l'écriture simple et directe, aux personnages pleins, sans caricature, qu'il s'agisse des managers, du personnel domestique comme Margaret la gouvernante et David le chauffeur, des journalistes, des avocats et des conseillers financiers ou juridiques.
Le roman traite aussi de façon très documentée, de l'emprise que les grandes surfaces maintiennent sur les producteurs agricoles pour les contraindre à pratiquer des prix inférieurs à leurs coûts de production et de l'impuissance des états à contrer voire interdire ces pratiques. Question d'actualité !
Dans la première partie du roman, Christine la naïve, énamourée de sa patronne, subjuguée et totalement dépendante est dans le déni : « Par moments, j'avais l'impression de sortir de mon corps et d'observer des événements qui arrivaient à quelqu'un d'autre, pas à moi. »
Dans la deuxième partie du roman, Christine, la victime consentante rencontre la réalité, elle est dans le mur et personne n'est là pour l'aider : « Pour la première fois, mais pas la dernière, j'ai eu l'impression que le sol s'ouvrait sous mes pieds et que je tombais dans un monde où rien n'était tel que je le croyais, où je me débattais dans les airs, essayais de m'accrocher à quelque chose de solide qui s'évanouissait dès que je le touchais. »
Le livre nous éclaire sur la notion de culpabilité, la définition différente voire opposée qu'en donne la justice et la morale, son déni par les coupables et son acception par ceux qui en sont innocents.
« Suffisance et privilège. » pense Christine après le procès.
La Fontaine avait raison.
Mais la vengeance est un plat qui se mange froid nous suggère l'auteure dans une dernière partie aussi stupéfiante qu'inattendue.
A lire…

Lien : https://camalonga.wordpress...
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Histoire d'emprises.
D'une femme d'affaires aux dents longues et sans scrupules (pléonasme ?) sur ses employés et sur ses fournisseurs.
.
Le titre original est 'The Secretary', il me semble plus adapté, car ce que cette assistante zélée (Christine) sait de son impitoyable patronne (Mina) ne lui est pas "confié" : elle l'observe.
Mina Appleton est trop préoccupée par sa carrière et son image pour prendre le temps de voir ses employés comme des humains. Ils sont à son service, corvéables à merci - et Christine, en tout cas, entre dans le jeu, se considère comme indispensable, de plus en plus, au détriment de sa vie de mère et d'épouse.
.
L'intrigue est habilement construite, quoiqu'un peu longue ? (j'ai sans doute lu ce thriller trop lentement).
Eviter de lire la quatrième de couverture, trompeuse et/ou qui dévoile des surprises qui ne prennent sens qu'après certains événements. Laissons l'auteur nous promener à son rythme !
.
NB : renouveler l'expérience 'Renee Knight' avec 'Révélée'.
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Ce roman m'intrigue depuis sa sortie, en début d'année, et je suis ravie de l'avoir découvert car il s'agit d'un véritable coup de coeur. Renee Knight signe ici un excellent thriller et je vais suivre cette auteure, de près, car j'ai vraiment apprécié son style et sa façon de captiver ses lecteurs. Je n'ai pas encore lu Révélée, son premier roman traduit en français (ou Disclaimer en anglais), mais je ne vais pas tarder car je suis maintenant très curieuse de la retrouver avec une autre intrigue.

On fait la connaissance de Christine, un personnage mystérieux. Elle a aujourd'hui la quarantaine et tente de prendre un nouveau départ. On sait qu'elle a vécu quelque chose de difficile par le passé, au début de sa carrière, alors qu'elle était secrétaire pour Mina, PDG d'une grande chaine de supermarché anglais. Que s'est-il passé ? On va l'apprendre progressivement au fil de ses confidences.

Renee Knight nous mène par le bout du nez, et pendant tout le roman, je me suis demandée si Christine était juste naïve et avez commis tout ça car elle ne savait pas dire non ou si elle était prête à tout et sans scrupule. La fin du roman, surprenante et inattendue, nous donne quelques éléments de réponses. le personnage de Mina est lui, incroyablement bien construit et travailler. Cette femme est ambitieuse et manipulatrice à souhait et Christine devient le parfait « partner in crime ». Nous avons ici un portrait de femmes fortes qui changent des personnages féminins fragiles que l'on peut croisait parfois dans la littérature.

On découvre aussi, l'envers du décor des grosses industries et entreprises, où les dirigeants sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Secrets, mensonges, trahisons, manipulation, tout est bon pour faire du profit. C'est un milieu sans scrupule où tous les coups sont permis et où il n'y a aucune humanité. Cela donne une image très sombre mais sans doute très proche de la réalité du monde du travail.

Le suspense et tension montent progressivement, les détails de l'intrigue arrivent au fil de la confession de Christine, on peut dire que la construction du roman est vraiment efficace et tient en haleine. Une fois commencé, impossible de le lâcher tant le roman est addictif.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
J’ai senti l’ancienne Mina revenir dans la pièce. Pleine d’assurance, confiante, hardie. 
— Vous savez que je ne vous demanderais pas cela s’il y avait quoi que ce soit d’illégal dans ces cartons. Un autre ? 
Elle a pris mon verre et l’a rempli. 
— Au fait, je voulais vous dire que la maison en Italie est disponible une partie du mois d’août. Vous aimeriez peut-être y passer une semaine. Avec Angelica. Elle va adorer. 
J’avais vu des photos de la maison de Mina en Italie et je savais combien elle y tenait. Seuls la famille et les amis proches y étaient autorisés. C’était vraiment gentil de sa part, et pourtant, j’ai hésité ; je doutais qu’Angelica veuille passer du temps seule avec moi. 
— Vous paraissez soucieuse, Christine. Je comprends. Les adolescentes peuvent se montrer difficiles. Peut-être qu’Angelica aimerait emmener des amis ? 
Elle a posé sa main sur mon bras. 
— Dites-lui donc que je vous ai proposé la maison, mais que vous ne pouvez pas y aller, et suggérez-lui de s’y rendre avec une amie à la place. Je suis sûre qu’elle sera ravie de l’occasion. Et assurez-lui que c’est votre idée. 
Elle a cogné son verre contre le mien et a bu une lampée de whisky. J’ai entendu le son d’un glaçon qu’elle croquait. 
— Merci, Mina. Si vous êtes sûre… 
— Absolument. Vous êtes de la famille, pour moi, Christine, vous le savez. 
Elle s’est levée et a attrapé son manteau. J’ai terminé mon verre et me suis apprêtée à partir. 
— Vous savez quoi, Christine ? Plus j’y pense et plus je me dis que ce serait aussi bien si vous vous débarrassiez carrément de ces dossiers. 
Elle a prononcé ces mots comme si l’idée venait seulement de la traverser, d’une voix douce, comme si nous discutions encore de son invitation en Italie. 
— Je ne souhaite rien garder de ce qu’il y a dedans, et ainsi, je n’aurais plus à m’en soucier. Vous pourriez peut-être tout jeter en rentrant chez vous ? Là où vous pensez que c’est le mieux. Je vous laisse décider. Voyez cela comme un brin de ménage.
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Je ne servais à rien. J'aurais dû passer mon bras autour de ses épaules, m'asseoir avec elle et écouter sa musique ; au lieu de quoi j'ai battu en retraite vers la porte. Je me sentais gauche, ici. Il n'y avait pas de directives à suivre, pas de contrat de travail auquel se référer. J'ai toujours été meilleure secrétaire que mère.
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Après ça, le bureau et la maison sont devenus deux continents séparés par un océan, qui s'éloignaient inexorablement l'un de l'autre. Pendant un temps, j'ai réussi à garder un pied sur chaque, mais à la fin je sautais de l'un à l'autre. Ce n'était pas un choix conscient, pourtant j'ai laissé mon foyer partir à la dérive, et je n'ai rien remarqué avant qu'il ait disparu.
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Being a secretary back then was, it seems, not so different to now. That ability to make oneself invisible. It is astounding the number of conversations carried on in front of us, as if we don't exist. The silent witness is a role I'm quite used to. Watching, listening - as quiet as a mouse, at the heart of events - my loyalty and discretion never in question. And yet, loyalty and direction are qualities for which I have paid a heavy price.
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Nous étions toutes les deux Balance, Mina et moi, et je nous vois comme les deux extrémités d'une planche à bascule. La balance penchait toujours légérement de son côté, bien-sûr, mais chaque fois qu'elle faiblissait, les poids s'équilibraient et je devenais plus forte.
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