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EAN : 9782358720472
363 pages
La Fabrique éditions (25/04/2013)
4.24/5   31 notes
Résumé :
«Oh, la belle cible ! J'essaierais de passer par l'arrière pour la mettre en plein dans le mille.» Ce n'est pas un sniper qui parle depuis un toit d'immeuble, c'est un personnage confortablement installé à la base de Creech, dans le Nevada. Il pilote un drone qui s'apprête à lancer un missile Hellfire sur un groupe suspect en Afghanistan.
Avec le drone armé, entre la gâchette sur laquelle on a le doigt et le canon d'où va sortir le projectile, ce sont des mil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un régime de violence militaire à prétention humanitaire

Ceci n'est pas un livre de science-fiction mais une réflexion philosophique, « le propos de ce livre est de soumettre le drone à un travail d'investigation philosophique », une réflexion sur la guerre, le combat, le tuer, l'humain. Grégoire Chamayou développe ses analyses autour des questions de géographie, d'éthique, de stratégie, de droit, de politique… « C'est d'abord de ces crises d'intelligibilité que je voudrais essayer de rendre compte en mettant au jour les contradictions qu'elles expriment. À la racine de toutes, il y a l'élimination, déjà rampante, mais ici absolument radicalisée, de tout rapport de réciprocité ».

Si « le peuple des drones ne se compose pas seulement d'objets volants », « Ce livre se focalise sur le cas des drones armés volants, ceux qui servent actuellement à mener les frappes dont la presse se fait régulièrement l'écho, ceux que l'on appelle les drones "chasseurs-tueurs" ». A partir des fonctionnalités de surveillance, d'un profil d'oeil, l'objet s'est métamorphosé en arme, d'où une définition proposée : « des caméscopes volants, de haute résolution, armés de missiles ».

Il s'agit comme le dit un militaire américain de « projeter du pouvoir sans projeter de vulnérabilité ». Cette façon de s'exprimer n'est qu'un euphémisme « qui recouvre le fait de blesser, de tuer, de détruire ». le drone n'est donc pas une arme comme une autre, des milliers de kilomètres peuvent s'intercaler entre le « tueur » et la victime, cet ennemi « réduit au statut de simple cible ». Les soldats commandant aux drones sont donc préservés, le drone permet le retrait « du corps vulnérable »,sa mise « hors de portée ».

Avec le drone armé, il y a un changement qualitatif, un passage à la limite : « pour qui fait usage d'une telle arme, il devient a priori impossible de mourir en tuant. La guerre, d'asymétrique qu'elle pouvait être, se fait absolument unilatérale. Ce qui pouvait encore se présenter comme un combat se convertit en simple campagne d'abattage. »

La croissance rapide des équipements en drone illustre un projet stratégique : « la dronisation à moyen terme d'une part grandissante des forces armées américaines » et ce projet pourrait se construire comme seule option praticable.

Grégoire Chamayou cite la philosophe Simone Weil et son incitation à « commencer par démonter le mécanisme de la violence » et interroge « ce que le choix de ces moyens, par lui-même, tend à imposer ».

Quelles mutations de définition des conflits et des conditions d'exercice du pouvoir de guerre leur utilisation entraîne-t-elle ? Quelles modifications sur les rapports à l'ennemi, sur les rapports entre l'État et les citoyen-ne-s ?

« Mon propos est ouvertement polémique : au-delà de ses éventuels apports analytiques, l'objectif de ce livre est de fournir, à celles et ceux qui voudront s'opposer à la politique dont le drone est l'instrument, des outils discursifs pour le faire ».

I. Techniques et tactiques

1. Méthodologies de l'environnement hostile

2. Généalogie du Predator

3. Principes théoriques de la chasse à l'homme

4. Surveiller et anéantir

5. Analyse des formes de vie

6. Kill box

7. Contre-insurrection par les airs

8. Vulnérabilités

II.Ethos et psychè

1. Drones et kamikazes

2. « Que les autres meurent »

3. Crise dans l'ethos militaire

4. Psychopathologies du drone

5. Tuer à distance

III. Nécroéthique

1. L'immunité du combattant

2. L'arme humanitaire

3. Précisions

IV. Principes de la philosophie du droit de tuer

1. Les meurtriers indélicats

2. La guerre hors de combat

3. Licence to kill

V. Corps politiques

1. À la guerre comme à la paix

2. Militarisme démocratique

3. L'essence des combattants

4. La fabrique des automates politiques

Épilogue. de la guerre, à distance

Je ne présente que quelques éléments de cette riche argumentation.

Surveiller et anéantir. Les innovations introduites par les drones peuvent s'énoncer en termes de « principe de regard persistant ou de veille permanente », « principe de totalisation des perspectives ou de vue synoptique », de voir tout, tout le temps, « principe d'archivage total ou du films de toutes les vies », permettant une traçabilité rétrospective des itinéraires et l'invention de genèses, de fil de causalité à travers les années, « principe de fusion de données », « principe de schématisation des formes de vie » rendant possible la qualification, la classification de types de comportement en liaison avec la fabrication de profils déterminés, « principe de détection des anomalies et d'anticipation préventive » et donc possibles interventions avant que des actions soient réellement effectuées, soit une sorte de police du possible délit à venir, de prédiction et de répression de possibles, en non forcément plausibles, développements. Comme le note l'auteur l'effet de surveillance létale en permanence entraîne « un enfermement psychique, dont le périmètre n'est plus défini par des grilles, des barrières ou des murs, mais par des cercles invisibles que tracent au-dessus des têtes les tournoiements sans fin de miradors volants ».

Image et réalité. « L'image du molosse ressemble à celle du molosse, mais comment savoir avec certitude quel objet l'engendre, si l'on n'a accès qu'à son ombre portée ? ».

Kill box. La violence armée est aujourd'hui « indéfinie dans le temps, elle l'est aussi dans l'espace ». le drone permet une « continuité surplombante de l'air ». La zone de violence possible pour l'État-chasseur-tueur n'est plus une zone délimitée mais l'ensemble des territoires possibles de « l'ennemi-proie ». « Ce qui se dessine, c'est un pouvoir invasif se fondant moins sur une notion de droit de conquête que de droit de poursuite », un contrôle de l'espace par le haut, et la violation des espaces aériens d'États dont la souveraineté est ainsi limitée par l'impérialisme dominant. Kill box ou « zone autonome de tuerie temporaire ». Les drones vantés par leur précision servent à l'extension du champ de tir au monde entier. le pouvoir de police létale n'a plus de frontière. « En redéfinissant la notion de zone de conflit armé comme un lieu mobile rattaché à la personne de l'ennemi, on en arrive à revendiquer, sous couvert de droit des conflits armés, l'équivalent à l'exécution extrajudiciaire étendu au monde entier, même en zone de paix, contre tout suspect, hors procédure, y compris contre ses propres citoyens ». Cela est pour le moins une violation du droit de la guerre, qui délimite, circonscrit l'exercice licite de la violence.

Persistance du regard et précision dans le ciblage. Et pourtant les faits sont têtus et les « dégâts collatéraux » importants. Sans oublier que les stratégies de « contre-insurrection par les airs », cette redéfinition du « priver l'ennemi d'ennemi », cette idée de « combattre par la terreur » (les drones comme armes de terrorisme d'État) relèvent de la « dissolution de l'analyse politique dans les catégories de l'entendement policier », de la réduction des complexités à la binarité de bien et du mal. L'auteur souligne la pente de ce scénario, celle « d'une violence infinie, à l'issue impossible… ».

Envers du mirage, envers du mythe, le point de vulnérabilité, à commencer par ce « laps de temps incompressible» nécessaire entre le pressage du bouton et l'exécution, ou « l'irréductible porosité des frontières », sans oublier, si le personnel militaire devient hyper-protégé, c'est la division entre soldats exposés et civil-e-s préservé-e-s qui pourrait être compromise.

Immunité du combattant et suppression d'une distinction. La distance induite par le drone soustrait le combattant à la confrontation avec l'autre, construit une « immunité du combattant impérial », c'est une révision des principes « de l'éthique et du droits des conflits armés ». C'est aussi l'implacable violence froide et « une éviscération des principes du droit international par un nationalisme de l'autopréservation vitale ». La distinction entre civil-e-s et combattants se dissout et émerge une stricte hiérarchisation entre la/le national-e et l'étranger-e, la vie des premier-e-s restant seule à prendre en compte. Dans le même temps est aussi aboli « la différence entre combattants et non combattants ». Grégoire Chamayou souligne le passage insidieux de « combattants » à celle de « militants présumés » : « On assiste alors à une militantisation et à une probalisation technico-juridique du statut du combattant ». Je complète par un plus long extrait : « J'ai essayé de montrer en quoi la thèse de la précision-distinction repose sur des confusions et des sophismes en cascade, qui peuvent et qui doivent être d'abord contestés sur le principe. Contrairement à la légende si répandue, le drone s'apparente en réalité à une arme non discriminante d'un nouveau genre : en supprimant la possibilité même d'une différenciation manifeste entre combattants et non-combattants ».

Comme nous le rappelle l'auteur, « La guerre est l'une de ces rares activités où l'on peut tuer sans crime ». Les drones renforcent l'asymétrie dans la guerre, qui « dégénère en mise à mort » d'êtres humains privés du « droit de combattre tout court » et pour le dire autrement « La verticalisation de la violence armée implique tendanciellement l'hostilisation politico-jurique absolue de l'ennemi. Comme celui-ci n'est plus situé, à aucun sens du terme, sur le même plan que soi ».

Des êtres humains et des machines, travail vivant et capital. « Ce qui se joue dans la tendance à la substitution du capital au travail militaire, ce n'est pas seulement une perturbation des conditions du calcul politique du souverain démocratique, mais aussi, et plus fondamentalement, une autonomisation sociale accrue de l'appareil d'État ».

J'ai particulièrement apprécié les chapitres sur « L'essence des combattants », dont les formes de remise en cause des nous natio-institutionnalisé ; « La fabrique des automates politiques » dont la fabrique de l'irresponsabilité et cette terrible phrase « le crime le plus substantiel ne réside pas dans une transgression ouverte de la loi, mais dans les replis de son application souveraine ».

Une remarquable étude, un prolongement de certaines analyses sur les corps vils et les chasses à l'homme. Les drones ne sont pas qu'une question d'armement, qu'une question technique mais bien une question politique qui pourrait avoir des prolongements hors du périmètre de la « guerre » du nouvel État-drone.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Comment le drone «chasseur-tueur» remet en cause la guerre en supprimant le combat.

Paru en 2013 aux éditions La Fabrique, cet essai du philosophe Grégoire Chamayou (également traducteur de l’excellent essai de Jonathan Crary «24/7, Le capitalisme à l’assaut du sommeil») a pour ambition de soumettre les drones armés volants, engins de surveillance volants transformés en «chasseurs-tueurs», à un travail d’investigation philosophique, car ces engins utilisés de plus en plus massivement par les États-Unis depuis la fin des années 2000, pour des chasses à l’homme militarisées essentiellement préventives, ont transformé la guerre, souvent asymétrique, en un combat absolument unilatéral, où l’ennemi, menace potentielle frappée en général sur la base d’agissements observés et apparaissant comme déviants et hostiles (pour des individus dont on ne connaît pas toujours l’identité), est réduit avec cette nouvelle arme au statut de simple cible.

Au-delà des arguments éthiques, Grégoire Chamayou explore les conséquences historiques, politiques, juridiques qu’impliquent l’utilisation de ces drones, les failles d’une arme qui peuvent se retourner contre ses concepteurs, et les effets contre-productifs de cette forme de combat qu’on ne peut plus appeler guerre, car elle rompt avec les modèles, catégories et notions connues de la guerre, et s’effectue hors de tout cadre du droit international.

Un des effets contre-productifs du combat « dronisé » (rendu, dans toute la complexité des conflits dans lesquels il s’inscrit, dans le «Pukhtu Primo» de DOA) est l’exaspération et la haine, qui peuvent conduire les populations menacées ou frappées par les drones vers des groupes extrémistes apparaissant comme «moins odieux qu’un ennemi sans visage qui fait la guerre à distance et tue souvent plus de civils que de militants». En négligeant sciemment l’opinion des populations locales, la lutte antiterroriste exclut tout traitement politique du conflit, et laisse entrevoir, avec cette forme de combat qui forme un surprenant miroir de l’horreur au terrorisme, la menace d’une violence sans fin, car sans résolution.

Peu évoqués en France, les drones font l’objet de débats intenses aux Etats-Unis, et les stratèges américains, avec les marchands d’armes, cherchent à justifier leur utilisation en les présentant (au-delà de leur faible coût, qui induit un risque de prolifération) comme une arme humanitaire, car ils sauvent des vies, et en particulier celles des militaires américains, qui de fait selon cet argument valent (beaucoup) plus que celles des civils d’un autre pays.

Un livre hautement stimulant, et même indispensable pour quiconque s’intéresse à l’art de la guerre, à l’actualité internationale et bien au-delà.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/12/28/note-de-lecture-theorie-du-drone-gregoire-chamayou/

Pour commander et acheter ce livre à la librairie Charybde, sur place ou par correspondance, c'est par là :
http://www.charybde.fr/gregoire-chamayou/theorie-du-drone
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La guerre des drones a soulevé de profondes questions éthiques et constitutionnelles à la fois dans les couloirs du Congrès et dans le public américain. Depuis les débats sur la guerre nucléaire, la stratégie militaire américaine n'a jamais fait l'objet de discussions dans les salons, les salles de classe et les lieux de culte. Pourtant, comme le montre ce nouveau travail, toutes les implications des drones ont à peine été abordées dans la récente tempête médiatique.
Dans une vision unique d'un sujet qui fait la une des journaux et consomme des milliards de dollars des contribuables chaque année, le philosophe Grégoire Chamayou applique le prisme de la philosophie à notre compréhension de la façon dont les drones changent notre monde. Pour la première fois dans l'histoire, un État a revendiqué le droit de faire la guerre sur un champ de bataille mobile qui s'étend potentiellement sur le globe. Selon lui, les armes volantes télécommandées nous emmènent bien au-delà même de la justification de George W. Bush pour la guerre contre le terrorisme.
Nous assistons à une transformation fondamentale des lois de la guerre qui ont défini le conflit militaire comme entre combattants. Alors que de plus en plus de drones sont lancés au combat, la guerre a désormais le potentiel de se transformer en un royaume d'assassinats secrets et ciblés, au-delà de la vue et du contrôle non seulement des ennemis potentiels mais aussi des citoyens des démocraties eux-mêmes. Bien plus qu'une simple technologie, montre Chamayou, les drones influencent profondément ce que cela signifie pour une démocratie de faire la guerre. Une théorie du drone sera une lecture essentielle pour tous ceux qui se soucient de cette question importante.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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On pourrait facilement voir les drones comme la méthode pour régler des guerres rapidement, avec le moins de victimes possible. Mais la chose n'est pas si simple…

Théorie du drone n'est pas un roman. C'est un essai qui philosophe sur les drones tueurs. Mais c'est pourtant un livre effrayant. Parceque l'auteur a clairement étudié le sujet dans ses moindres détails. Que ce soit en le prenant par le côté moral, éthique, politique ou encore juridique. Et su tout les points, il y a de sacrés zones d'ombres. le drone est un appareil de mort qu'on ne sait pas vraiment définir. Et si on en est incapable aujourd'hui, il y a de grandes chances que les évolutions technologiques futurs le soient encore moins. Et que les zones d'ombres s'agrandissent, risquant de rendre le concept même de guerre totalement insaisissable.

L'auteur reconnait se poser dans le camp de l'attaque, pas celui de la défense des drones. Evidemment, ses arguments ne convaincront que ceux qui sont réceptifs à son point de vue. Et pour cela, autant dire qu'ils sont sacrément convaincants. On pourra toujours leur trouver des failles, et il est incontestable que le drone, plus évolué, plus maitrisé, pourrait avoir des applications positives. Mais en l'état, à aujourd'hui, ce livre dresse un état des lieux assez effrayant qu'il est difficile de nier…

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Un écrit que je voulais débuter depuis un moment.
C'est un essai riche et dense en terme de citation et de réflexions. Néanmoins je trouve que l'auteur développe a de trop nombreuses reprises le même avis sur l'utilisation du drone. La théorie du chasseur/chassé revient très souvent.

Mais c'est un bon ouvrage, qui permet d'ouvrir les yeux sur l'impact de cette technologie dans notre rapport à l'héroïsme.

Le livre traite essentiellement le cas des États-Unis, j'aurai voulu en savoir peut-être un peu plus sur l'état psychologique des « ennemies » traqués sans cesse par les drones de certains états.
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critiques presse (2)
LaViedesIdees
05 décembre 2013
Le drone pose des problèmes stratégiques, éthiques et juridiques complexes qui occupent de nombreux chercheurs. En l’instrumentalisant ainsi à des fins militantes, en le réduisant à une arme capitaliste permettant aux Américains d’exporter leur impérialisme et d’opprimer les peuples, le risque était certes de plaire à un certain lectorat, d’ailleurs convaincu d’avance, mais aussi de décevoir voire énerver les spécialistes, et ça n’a pas manqué.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Bibliobs
24 juillet 2013
S'emparant du bijou technologique de l'armée américaine, Grégoire Chamayou met au jour ses entrailles métaphysiques.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
-- Le drone c'est l'arme d'Obama . Comment comprendre cela ?
-- Un drone , ça ne fait pas de prisonnier . C'est l'instrument de la doctrine anti-terroriste officieuse du président : " Tuer plutôt que capturer " . Predator plutôt que Guantanamo . Le ministère français de la défense est aujourd'hui en pourparlers avec les États-Unis pour l'achat de drones Reaper . Si l'entourage du ministre Jean-Yves Le Drian avait annoncé qu'il envisageait d'importer en France les méthodes de torture de la CIA , il aurait sans doute soulevé un tollé . Mais la nouvelle ( de l'achat de drones ) est parue dans un silence assourdissant . L'opinion française est mal informée sur la question des drones .
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En redéfinissant la notion de zone de conflit armé comme un lieu mobile rattaché à la personne de l’ennemi, on en arrive à revendiquer, sous couvert de droit des conflits armés, l’équivalent à l’exécution extrajudiciaire étendu au monde entier, même en zone de paix, contre tout suspect, hors procédure, y compris contre ses propres citoyens
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J’ai essayé de montrer en quoi la thèse de la précision-distinction repose sur des confusions et des sophismes en cascade, qui peuvent et qui doivent être d’abord contestés sur le principe. Contrairement à la légende si répandue, le drone s’apparente en réalité à une arme non discriminante d’un nouveau genre : en supprimant la possibilité même d’une différenciation manifeste entre combattants et non-combattants
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Pour dire les choses clairement, selon cette hiérarchisation des devoirs étatiques, dans une situation de guerre, minimiser les risques pour un soldat israélien l’emporte sans discussion sur le devoir de minimiser les « risques collatéraux » pour un enfant de Gaza. La vie du premier, fût-il armé jusqu’aux dents, l’emporte de façon normativement absolue sur celle du second. Et cela est dorénavant philosophiquement fondé, c’est-à-dire implacablement, je veux dire avec ce style de violence froide propre à ce genre de discours "éthique" mimant la rigueur formelle de la philosophie analytique.
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le crime le plus substantiel ne réside pas dans une transgression ouverte de la loi, mais dans les replis de son application souveraine
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