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EAN : 9782721010070
Editions des Femmes (23/02/2023)
3.85/5   10 notes
Résumé :
" Heureuses les femmes qui accomplissent leur unité, elles naissent à elles-mêmes et enfantent un monde rassemblé. Heureuses celles qui effacent les frontières, la Matrie est leur Terre, elles retrouvent leurs origines. Heureuses les femmes qui s'éloignent du rivage des Pères, elles jettent leurs filets en eaux paisibles, et font reculer la violence et la guerre. Malheureuses celles qui usent de leur séduction pour récolter les privilèges des Pères, elles confortent... >Voir plus
Que lire après Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
D'abord merci à Babelio pour ce livre offert dans le cadre de Masse Critique. Je ne connaissais pas cette sympathique figure du féminisme. Thérèse Clerc est née en 1927. Son père est employé et sa mère n'est "rien", ce qui signifie qu'elle ne travaille pas à l'extérieur et ne rapporte donc pas d'argent! Ses parents lui enseignent politesse, respect, bonté et générosité. Dans cette éducation, la religion joue un rôle incontournable, déterminant et oppressant: Dieu est omniprésent , omniscient et omnipotent alors il convient de ne jamais s'éloigner de ce que ce dernier attend d'une bonne chrétienne. Obéissance et soumission ! En effet " leur salut passe par le don, la gratuité, la douceur, le pardon." En plus d'être un pur produit de cette éducation traditionnelle,Thérèse n'aime pas l'école et en sort rapidement mais ce n'est pas grave car comme dit sa mère "Elle est tellement jolie! On la mariera!" Plus vite mariée, plus vite accompli son devoir procréer! Thérèse aura quatre enfants. Mais Thérèse se révolte: elle divorce et se lance corps et âme dans le long combat féministe, long combat car non seulement la majorité masculine comme féminine y est hostile mais aussi parce que ceux qui se présentent comme féministes et sont engagés dans le combat s'avèrent souvent très timides face à l'émancipation, révélant un machisme bien ancré comme lorsqu'à la fin des années 70 et à l'issue d'une exposition plutôt progressiste sur les femmes dans l'Eglise, elle lit dans le livre d'or: " Maintenant que vous avez si bien travaillé, les femmes, eh bien reprenez vos balais et balayer devant l'église!" Mais Thérèse continue à lutter. Elle passe sa vie à transformer le négatif en positif: elle interprète l'évangile comme un outil de libération, considère l'amour comme une exultation et non comme un acte de procréation et propose un projet de maisons de retraite original: Les Babayagas sont des lieux associatifs et solidaires loin du marché juteux de la vieillesse. Une lecture intéressante même si j'ai été un peu gênée par la construction non chronologique du livre avec ces incessants bons en avant et retours en arrière.
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Thérèse Clerc.
Voici une personne qu'on aimerait avoir pour mère, grand-mère, tante, soeur, amie, amante, voisine, bref, qu'on aimerait croiser dans sa vie tant sa personnalité est lumineuse et sa trajectoire inspirante.
Avec cette biographie très accessible, son amie Danielle Michel-Chich lui rend non seulement un émouvant hommage, mais nous permet aussi d'approcher cette femme d'exception, de pénétrer pour un petit moment son intimité exaltante, de traverser avec elle le XXème siècle et de partager quelques-uns de ses combats qui lui tenaient tant à coeur, comme l'un de ses derniers grands et beaux projets, la maison des Babayagas. Projet pour le moins innovant, cette maison inaugurée à Montreuil en 2013, a été pensée comme une sorte de maison anti-retraite dédiée aux femmes et devant leur permettre de vieillir sereinement, en continuant d'avoir une vie militante riche et remplie. Située en pleine ville et donc tournée vers la Vie et les autres elle permet aux femmes qui l'habitent de se prendre en charge et de s'entraider pour bien vieillir tout en continuant à avoir une vie militante, riche et remplie, notamment grâce à la présence en ses murs de l'Unisavie, sorte d'université populaire pour les vieux.
Tout au long de la biographie, Danielle Michel-Chich nous livre le portrait d'une femme aux multiples facettes, car rien en effet ne prédestinait cette « Antigone aux cheveux blancs » issue d'un milieu petit-
bourgeois catholique à devenir cette militante féministe soixante-huitarde, sexuellement libérée, tellement active, tellement appréciée, aimée dans sa ville, que son prénom seul suffit à l'identifier :
Thérèse Clerc est devenue Thérèse de
Montreuil.
Dans la nouvelle édition augmentée,
Danielle Michel-Chich a aiouté un touchant
avant-propos intitulé « fragments d'absence » retraçant les derniers mois de
vie de celle qui nous invite à faire nôtre le précepte biblique « lève-toi et marche », c'est-à-dire « brise tes chaînes » et « deviens l'auteure de ta propre vie ».
Entourée de tous ses différents cercles d'amis et de ses enfants, de sa « famille composée », comme elle se plaisait à les nommer, Thérèse s'attachera à donner jusqu'au bout une vraie belle leçon de vie :
« c'est plus facile de mourir quand on a beaucoup joui»….
Thérèse Clerc, un nom que nous ne sommes pas prêts d'oublier...
Un grand merci à Babelio, ainsi qu'aux éditions « des femmes - Antoinette Fouque » pour m'avoir envoyé et fait découvrir cet ouvrage. qui permet, sur les traces de Thérèse Clerc et guidés par Danielle Michel-Chich, de traverser les bouleversements socioculturels et sexuels du XXe siècle, donnant envie de poursuivre le combat et de reprendre le flambeau.
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Nouveauté, les éditions de poche (l'édition que j'ai lue) s'enrichissent désormais de bonus, d'éditions augmentées, telles qu'ici, sur les derniers jours de la fondatrice de la Maison des Babayagas, l'ouvrage broché ayant été écrit et publié de son vivant. C'est une excellente idée éditoriale.

Issue de la petite bourgeoisie catholique au début du siècle dernier, Thérèse est élevée, éduquée, préparée à une vie d'épouse et mère, seul horizon des femmes de son époque et de sa classe sociale. Il lui a fallu des tas de rencontres iconoclastes pour devenir l'Antigone qu'on admirait. D'autant qu'elle était mauvaise à l'école où elle termine ses études avec un brevet élémentaire. Elle en sait bien assez pour être épouse et mère de famille, selon ses parents. Ces rencontres vont des Ames vaillantes et des Guides de France, aux curés ouvriers "rouges" des années 70 et 80. Marxistes, ils lui répondront quand elle parlera de son travail de mère au foyer exploitée dans le mariage (elle ouvre son compte en banque en 1965 dès que la loi le lui permet, afin d'y faire verser ses allocations familiales, se donnant ainsi les moyens de ne plus quémander à son mari l'argent de la rentrée ou des cadeaux d'anniversaires), que "oui, mais les femmes c'est pas pareil, la femme est la servante du Seigneur" ! Quatre enfants et la quarantaine bien sonnée quand advient mai 68, elle lit Wilhelm Reich et fréquente les milieux alternatifs et les femmes du MLF, tout en se préparant à divorcer d'un mari qui la trompe et qui lui est devenu indifférent. Elle se fera bien entendu escroquer par l'avoué dont elle paie les services pour divorcer, celui-ci ne lui expliquant même pas ses droits. Partie avec ses enfants sous le bras, vivant de ce qu'on appellerait aujourd'hui "petits boulots" intermittents, elle découvre l'amour et la jouissance entre femmes. Thérèse Clerc, femme solaire, est très créative, elle a mille idées à la minute. Plus artiste que théoricienne, elle est dans l'expérimentation et la réalisation de l'utopie féministe. Depuis toujours parisienne, elle s'installe ensuite à Montreuil où elle organise des dîners, d'abord entre amies féministes, dîners qui deviendront courus et qui aboutiront à la Maison des femmes de Montreuil, devenue désormais Maison des femmes Thérèse Clerc. Elle imaginera de la même manière, toujours dans une optique de solidarité féministe et en non-mixité, la Maison de Babayagas, où des "vieilles" économiquement faibles (ayant peu cotisé, Thérèse Clerc avait une petite retraite de mère de famille) vivent en mode béguinage, en s'entre-aidant dans les bons comme dans les mauvais jours. Biographie à lire donc, cette femme féministe demeure très inspirante.
Lien : https://hypathie.blogspot.co..
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une belle découverte d'une femme engagée pour l'émancipation des femmes.
On suit son parcours de vie avec toutes ses péripéties y compris dans son couple. Son combat pour l'avortement retrace précisément l histoire qui a conduit à l'adoption de la loi. le récit est intéressant, il manque néanmoins de structure à mon goût, on revient sur certaines époques, cela se chevauche ce n'est pas toujours évident à suivre
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critiques presse (1)
Liberation
17 avril 2023
Le texte inédit de son amie Danielle Michel-Chich la fait apparaître comme une des fondatrices du mouvement MeToo.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
- Heureuses les femmes qui accomplissent leur unité, elles naissent à elles-mêmes et enfantent un monde rassemblé.
- Heureuses celles qui effacent les frontières, la Matrie est leur Terre, elles retrouvent leurs origines.
- Heureuses les femmes qui s'éloignent du rivage des Pères, elles jettent leurs filets en eaux paisibles, et font reculer la violence et la guerre.
- Malheureuses celles qui usent de leur séduction pour récolter les privilèges des Pères, elles confortent leur désordre, celui qui génère la hiérarchie et la concurrence des femmes.
- Bienheureuses les femmes qui font émerger leur continent noir, une nouvelle Terre apparaît et elles la fécondent.
- Heureuses celles qui crient leur espérance dans un désert de mort, la multitude ne les entend guère, mais elles font sourdre les sources de la vie.
- Malheureuses les femmes qui se taisent et se soumettent pour avoir la paix, elles préparent la guerre.
- Heureuses celles qui rompent les mots et les partagent, sous la cascade du rire germent d'autres grains pour d'autres terres.

- Bienheureuses les femmes qui subvertissent le
Verbe, elles font naître la Parole.
- Heureuses celles qui font passer leur rêve dans le quotidien, elles font taire la fureur du monde.
- Heureuses les femmes qui se construisent dans la multitude et se forgent dans la solitude, leur force est la pierre angulaire du nouvel édifice.
Il Heureuses celles qui ont conscience de la pau-vreté, elles ménagent les ressources de la planète et préparent un monde de partage.
- Bienheureuses les femmes qui savent s'aimer ensemble, fille et mère se reconnaissent et la Loi change de visage.
Bienheureuses celles qui annoncent l'Utopie,
l'Histoire se souvient des Prophétesses. »
Un cri du cœur spontané et un credo longuement élaboré, que Thérèse revendique toujours.

(P. 75).
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Les Babayagas rêvent d'être les béguines du XXI° siècle ! Car - et c'est ce dernier point qui pose encore problème pour les quelques institutions réfractaires - leur maison prévoit la non-mixité dans ses statuts. « Il n'y aura pas d'hommes parce qu'à nos âges, ils sont morts! » dit Thérèse avec un rire un brin vengeur...
Mais elle a aussi de bonnes justifications : « Les femmes sont beaucoup plus démunies financièrement que les hommes. Notre projet permet à toutes d'y participer en fonction de leurs moyens. Et puis, nous les femmes, nous avons beaucoup donné... À nos enfants, à nos maris... Nous ne voulons plus pouponner. Alors, maintenant, nous avons envie d'un petit coin à nous. Les hommes et les couples seraient comme un kyste dans un milieu homogène. Par ailleurs, le projet implique une solidarité dans les soins du corps. A-t-on envie d'aider un homme à faire sa toilette? »
Au-delà de la boutade et de la provocation, Thérèse observe que, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les femmes vont avoir une période non féconde plus longue que leur période de fécondité.
À travers cette évidence qu'elle est la première à formuler avec une telle clarté, parmi tous les chiffres et les statistiques que les sociologues et les démographes alignent, on comprend bien que Thérèse veut, avec la Maison des Babayagas, montrer comment une période stérile peut encore être féconde. Pour elle qui a eu quatre enfants, porter un projet aussi novateur, révolutionnaire et jubilatoire est un extraordinaire pied de nez à la dictature des ovaires. À quatre-vingts ans, elle se bat pour bâtir sa maison avec la vigueur instinctive de la chatte qui défend ses petits !

(P. 133)
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En 1972, Andrée Michel, qu'elle a connue dans les groupes contestataires de l'Eglise, l'appelle ans jour pour lui dire que la première cellule du MLAC (Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception) se crée à Montreuil. Comme il n'y en a pas non plus dans son quartier à Paris, et que l'envie de rejoindre ce combat la taraude, Thérèse accepte immédiatement de se joindre à cette cellule.[…]
Elle ne sait pas encore que « Thérèse de Montreuil » vient de naître.
C'est chez elle que les femmes avorteront désormais. Les hommes bricolent le matériel - toujours le même partage des tâches, aux hommes le bricolage, aux femmes le sang et le reste ! Ils achètent aux puces un vieux moteur de réfrigérateur pour la somme de 85 francs, le rafistolent pour en faire une sorte d'aspirateur Karman, et y branchent même un manomètre pour que les aspirations puissent se faire en douceur.
L'avortement n'est jamais un moment facile pour une femme, même lorsqu'il la libère d'une grossesse qu'elle ne peut pas du tout assumer, et il se cache presque toujours une histoire douloureuse derrière cette décision.
Les militantes s'arrangent pour que tout se passe dans une atmosphère de grande tendresse. Une fois l'intervention terminée, elles entourent la femme de leurs caresses, mettent de la musique douce et lui font un café... Un moment intense de douleur, mais aussi de chaleur partagée.
(P. 69)
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Lorsque les jeunes femmes qui partagent avec Thérèse ses diverses activités militantes veulent spontanément lui éviter des efforts physiques, sa réponse est implacable : « Mes enfants ! Ne me rendez pas vieille ! Laissez-moi demander de l'aide quand j'en aurai besoin ! »
Elle préfère parler de la vieillesse en évoquant la liberté qu'elle donne et enfin, la puissance de rêve qu'elle développe à l'infini. Femme de plein vent toute sa vie, elle veut encore et encore se laisser porter par le souffle et bâtir des cathédrales jusque dans le vieil âge...
Elle réécrit chaque jour Cicéron sans même l'avoir étudié sur les bancs de l'école : « La vieillesse est noble lorsqu'elle se défend elle-même, garde ses droits, ne se vend à personne et jusqu'à son dernier souffle, domine sur les siens », et fait surtout sien ce précepte du De Senectute :
« Ne pas faire de sa vie ce que ferait un poète qui aurait construit une très belle tragédie mais qui bâclerait le dernier acte. »
(P. 127)
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La vie n'est pas toujours facile à la maison. Jean-Marie, le fils aîné, choisit d'aller faire son service militaire très loin, en Nouvelle-Calédonie. Les trois autres sont des adolescents, avec les inévitables écueils de cette phase de la vie. Avec la petite pension alimentaire et les 1 200 francs de salaire de Thérèse, la famille connaît des périodes de vaches maigres et mange souvent des salades de riz et des pâtes; ils font souvent des soirées crêpes, « parce que les crêpes, ça nourrit, c'est gai et ça se partage dans la convivialité ». Thérèse se plaît à dire qu'elle prend alors conscience que « la diminution de l'avoir est une augmentation de l'être ». La maison est toujours pleine de monde. Après les dernières années d'une vie conjugale et familiale faite de tensions et de tristesse, on y rit et on y fait beaucoup la fête. Les quatre enfants évoquent cette période en disant que c'était le bonheur.
(P. 63)
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