Quelques mois après l'évasion miraculeuse de Titania, Jan, Mytho et cette dernière se retrouvent définitivement Hors-Réseau, voués à une existence de misère.
Nous suivons ici les héros du premier tome, dont les objectifs vont évoluer au fil du récit. Ce n'est plus Titania qu'il s'agit de sauver, mais la ville entière. Éveiller les consciences, révéler au plus grand nombre les manigances du gouvernement et les zones d'ombres d'affaires non-élucidées, voilà le rôle que se donnent nos trois héros.
Grâce aux connaissances de Titania sur le Réseau, le groupuscule Debout dans le Temps se fait un nom, et s'attire des soutiens des plus inattendus…
Sans temps morts, ce second tome prend le temps d'approfondir les relations entre les trois personnages, de développer cet univers si particulier et de nous en apprendre plus sur les raisons qui ont éloigné Titania de sa propre mère, au point de perdre l'envie de vivre…
Mention particulière à la scène du procès, magistrale et grinçante à souhait !
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Leur table, dissimulée au reste de la salle par une rangée d’arbustes en pots, donnait directement sur la Seine, et ils admirèrent un instant la vue. Ainsi le voulait le code social qu’ils respectaient tous deux avec une exactitude scrupuleuse : ils admireraient la vue, puis ils choisiraient leur repas ; ensuite, ils échangeraient quelques réflexions générales sur la vie : enfin, seulement, ils en viendraient au fait. Aucun contrat, aucune alliance, aucune déclaration de guerre ne se signait jamais autrement.
Blandion, comme à son habitude, n’accorda pas un regard à la très vieille femme qui s’occupait du vestiaire. Le vieil âge, ainsi porté, lui paraissait aussi indécent qu’un vêtement sale ou une maladie de peau non soignée. Comment les gens pouvaient-ils se supporter dans cette décrépitude ? C’était inconcevable, effarant. Il avait donné l’ordre de ne recruter que des libertons d’apparence jeune, mais il y avait de plus en plus, sur le marché de l’emploi, de ces vieillards titubants et édentés
La rue, Jan et Titania durent y dormir plusieurs soirs de suite, et si Mytho, le jeune HR, n’avait pas été là pour égayer leur quotidien et leur faire profiter de ses innombrables combines, nul doute qu’ils eussent sombré dans le désespoir. Jan écrivait beaucoup – buvant sa muse du regard, dans la réalité comme à travers les écrans, amoureux de chaque parcelle d’elle, profitant de ses apparitions avec la même intensité que s’il était destiné à la perdre.
Regenville adorait qu’elle lui parlât ainsi ; il en éprouvait à chaque fois un ineffable frisson d’excitation. La peur de lui déplaire aiguillonnait son désir, et il devenait un instrument tendu, une arme docile et mortelle dans les mains de sa patronne.
Loquart songeait que cet art de la mise en scène était vraiment magistral. Titania ne voulait pas seulement intimider son adversaire, elle l’humiliait littéralement, en exposant son désir, puis sa peur, au regard de tous, sans le moindre filtre.
Conférence Paris est une fête ? Oui mais... Parfois salement dystopique ! enregistrée aux Imaginales 2018.
Avec Pauline Pucciano, Aliette de Bodard et Karim Berrouka.