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EAN : 9782021063707
204 pages
Seuil (11/10/2012)
3.84/5   41 notes
Résumé :
L’époque est contemporaine, mais le lieu est imaginaire : un duché dont les habitants ont tous perdu un enfant et dont le chroniqueur, chargé de rendre compte au duc des faits et gestes de la population, sillonne les rues la nuit afin de consigner dans son carnet saynètes, émotions, paroles.
Ces parents endeuillés (la sage femme et son mari, le cordonnier, le vieux professeur de mathématiques, Centaure, mi-homme mi-table, devenu écrivain, la ravaudeuse de fil... >Voir plus
Que lire après Tombé hors du temps : Récit pour voixVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Le monde s'écroule, sans cesse, mais n'achève jamais de s'effondrer ; et ses fichus décombres, avant que d'avoir touché sol, sont déjà les semailles qui fertilisent sa prochaine hécatombe. C'est ainsi. L'empreinte du jour déclinant, au soir, devient cicatrice, puis esquisse des lendemains souriants. C'est qu'on ne finit plus de s'éteindre et de renaître en chaque instant, de laisser derrière soi, comme une peau de serpent morte après la mue, les reliefs de nos recommencements. Si le sourire, dit-on, est la plus belle des blessures, alors les blessures portent-elles les plus beaux sourires ?

David Grossmann, unanimement salué pour son roman «Une femme fuyant l'annonce» (prix Médicis étranger, entre autres récompenses), poursuit son deuil d'écrivain, celui d'un scribe dont la fièvre grave son oeuvre sur la tombe de son fils tombé au combat. «Tombé hors du Temps» (éditions du Seuil) raconte l'étrange histoire d'un homme qui se lève de table pour retrouver « là-bas » son fils mort.

Quel est ce «là-bas» ? le lieu de la mort du fils ? le lieu de son repos éternel ? le lieu de sa douleur de père ? «En toute vitesse ils ont tressé / Un filet serré, l'heure / Et la minute, l'endroit exact, / Et le filet avait un trou, tu / Comprends ? Dans le filet / Serré il y avait / Vraisemblablement un trou / Et notre fils / Est tombé / Dans un gouffre – /»

Et en quelques lignes, le lecteur sait que l'expérience sera inhabituelle. Car «Tombé hors du Temps» se veut un récit pour voix, c'est-à-dire un texte qui trouve toute son ampleur dans l'oralité, presque une pièce de théâtre. Avec une économie de moyens presque absolue, un rapport direct aux mots, une intimité, pudique, offerte avec simplicité, David Grossmann déroule une bobine dont on ne sait plus qui en tient le fil. Mais, certainement, ce fil ne se lâchera plus jusqu'à la dernière ligne, tout comme cet enfant mort auquel nul ne sait renoncer.

C'est que chaque personnage pleure ou une perte connue ou hurle un manque caché, mais toujours un enfant mort. Qu'ils soient couples, chroniqueur de village, duc, centaure-écrivain, cordonnier, sage-femme, tous parlent et marchent, hébétés, désorientés ; comme si, après le temps dont il s'est abstrait, le texte faisait également fi de l'espace. Grossmann dit-il que la mort de nos petits nous arrache, plus que leurs corps à embrasser, aux concepts préalables sur lesquels repose l'univers ? La mort d'un enfant assassine-t-elle nos trajectoires, dit-elle pour jamais l'incapacité à se situer, enfin, abolit-elle le passé, tout comme l'utérus de la femme s'est fermé à la vie, puisque la vie qu'il savait porter est désormais donnée pour morte ?

«Non soufflait / Sombre et froid / Des murs / Et ficelait mon corps / Fermait et scellait / Mon utérus : J'ai pensé / On mure / La maison / Qui était / Jadis / Moi.»

Au-delà des fulgurances du texte, dont le dépouillement même fait plus mal que la narration, ou, au contraire, en vient à la sublimer, il faut ajouter le génie formel de cette oeuvre. David Grossmann multiplie les retours à la ligne, et, ce qui ne pourrait être que prose – et pose, posture –, se révèle aussi vers : poésie, toute en rupture de respiration, remémorant tour à tour un certain théâtre de Paul Claudel (sa pièce «L'échange», par exemple) ou la rythmique de celui de Bernard-Marie Koltès (particulièrement «Combat de nègre et de chiens»).

Le lecteur ignorant ces références ne souffrira pas de cette lacune très légère. Il n'aura qu'à lire le texte de David Grossmann à haute voix pour comprendre, en respectant les sauts à la ligne, les transformant en respirations, légères, et ce, même si la ligne ne consiste qu'en un mot unique.

Alors, qu'il ait confiance en l'auteur de cet article, il vivra l'expérience du déploiement total de «Tombé hors du Temps». Expérience charnelle, troublante, presque vertigineuse. Car, plus que le rythme du texte, c'est son sens qui en vient à changer. À la narration évidente, se superpose une couche, non concurrente, complémente, qui magnifie la modestie du projet.

Et si les 192 pages se lisent vite, elles méritent trois lectures.

La première demande de se contenter de lire cela comme prose, de coller à la narration, de la suivre docilement : émotion évidente tant le texte est riche.

La seconde exigera d'être vigilant et d'obéir aux multiples retours à la ligne : premier ébranlement, car, dans ce cas, poétiquement, le texte parle déjà à un ailleurs à nous-même.

La troisième lecture est la plus périlleuse. Elle implique de suivre à la fois le sens narratif et le sens poétique. C'est là que l'expérience commence, l'incarnation en nous-mêmes de cet ailleurs à nous-mêmes.

Qui s'y prêtera jusqu'à son terme découvrira que la littérature, plus que de divertir par de belles histoires, ou de nous étonner par de brillants exercices de style, touche, du bout du mot, le mystère de la douleur, et en fait, parfois, presque par hasard, l'inspiration consolatrice.

«Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée. J'avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! Je le pris dans les bras. Je le berçai. […] Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l'atteindre, où le rejoindre… C'est tellement mystérieux, le pays des larmes.»
(Antoine de Saint-Exupéry, le petit prince.)
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Tombé hors du temps

Pour s'immiscer dans l'intimité de cette plainte funèbre, il ne faut pas forcer la porte. Il faut laisser à l'entrée ses préjugés, comme l'on se déchausse aux abords d'un lieu sacré. Trois tentatives auront été nécessaires pour le comprendre.

Une fois admis au coeur de ce chant d'une infinie douleur, se laisser porter par les mots, en empathie bienveillante, comme on contemple une oeuvre d'art. Les voix se mêlent, contant une histoire singulière, qui donne à chacun une tonalité unique. La perte engendre des sanglots discordants, nourris au terreau de chaque histoire. Mais les questions sont les mêmes, éternellement ressassées. Et la lutte contre l'oubli se fait destructrice, tant il est douloureux à la fois de vivre avec le souvenir du malheur et de s'interdire de le laisser s'effacer :

L'homme
Parle-moi,
Parle-
Moi de nous
Cette nuit-là -

La femme
Je sens que quelque chose
Ne va pas : Tu déchires
Les bandages afin de
Pouvoir t'abreuver
De ton sang, provision
Pour le chemin qui mène
Là-bas


La tentation est grande de se laisser glisser vers des rivages mortifères, même si la raison sait que le chemin est vain.

A ce chant d'amour du fils perdu, s'unissent en contrepoint d'autres mélodies funèbres riveraines : les questions sont les mêmes, mais le deuil accomplit son oeuvre en singularisant ses effets :

Tu es devenue muette la première,
Puis se fut mon tour.
Le silence t'as fait
Du bien, et moi
Il m'a saisi
A la gorge. L'un
Après l'autre les mots
Ont expiré, et nous avons ressemblé
A une maison
Où petit à petit s'éteignent
Toutes les lumières, jusqu'à ce que tombe
Un silence obscur-

Les mots de la prière se font remèdes, dessinent le chemin de la rédemption et disent la réticence à laisser derrière soi les oripeaux de la souffrance
Le coeur me fend,
Mon trésor,
A la seule pensée
Que j'ai -
Peut-être -
Trouvé des mots
Pour le dire

Ces notes sont très incomplètes car il faudrait de nombreuses pages pour aborder les multiples facettes de ce récit. Elles représentent ce qui m'a le plus touché et probablement ce qu'il en restera après l'oubli
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Dans beaucoup de langues, il n'existe pas de mots pour qualifier ceux qui ont perdu un enfant. Parce que ce n'est pas dicible?Le mot existe en hébreu, mais qu'est-ce qu'un simple mot pour faire-part du tsunami d'émotions qui nous noie à un instant donné, et dont les vagues ne cesseront jamais de nous submerger au fil du temps ( eux sont " tombés hors du temps, très belle image) jusqu'à notre propre mort, même si leur violence diminue.
David Grossman a donc perdu son fils, Uri, pendant qu'il écrivait un livre au titre prémonitoire, Une femme fuyant l'annonce.
Il est resté longtemps, tel le centaure-écrivain du texte, à chercher " les mots pour le dire".
Est ce que ces mots existent?
Il existe en tout cas une imposante littérature du deuil . Et dans celle-ci, beaucoup de livres , tous dignes d'intérêts, témoignant de la perte d'un enfant. Des parents qui ont cherché aussi à communiquer leur immense douleur.
Victor Hugo avait aussi écrit de la poésie , Demain dès l'aube, pour sa fille Léopoldine.
Un musicien s'exprimera par la musique , tel Mahler dans ses déchirants Kindertotenlieder.
Un écrivain cherchera les mots, d'autres ont creusé encore et encore dans toute leur oeuvre , et je pense à Philippe Forest, l'incompréhension devant cette injustice suprême qu'est la mort d'un enfant.
Et puis il y a beaucoup de témoignages. David Grossman a reçu beaucoup de lettres de témoignages , et c'est peut être l'origine de ce conte tragique ," récit pour voix".

Un duché, avec son Duc et sa duchesse, un chroniqueur, la voix off, chargé de rapporter au Duc les actions des habitants.
Et puis un homme et sa femme. Cinq ans se sont écoulés depuis la mort du fils. Et, soudain, l'homme se lève et se met à marcher. Parce qu'il le faut.
La femme ne le suit pas, elle semble, elle, avoir parcouru pendant ces cinq ans, le chemin du deuil et ses étapes:
"Mais nous nous le sommes promis
Nous en avons fait le serment
Nous serons, nous aurons le mal
De lui, il nous manquera
Et nous vivrons.
Alors que se passe-t-il, maintenant,
Que s'est-il passé tout d'un coup
Pour que tu déchires tout
Comme ça?"

Mais, à la suite de l'homme, d'autres voix se lèvent d'un peu partout dans ce Duché ( même celle du Duc, de sa femme et du chroniqueur de la ville..) et on s'aperçoit que ce lieu ne regroupe que des parents en deuil. Ils sont tous différents, s'expriment de manière différente ( tout n'est pas poésie, dans le texte) et ont chacun leur histoire. Dont ils n'ont pas pu parler. Et la parole d'un homme libère la leur, et cela devient un choeur, très dissonant au départ, mais comme dans tous les choeurs, leurs voix vont se rejoindre et se répondre, chacun trouvant à sa manière les mots pour le dire.

En fait, on retrouve très bien les cinq étapes du deuil , telles que décrites cliniquement:
La sidération, ou le déni: pendant 5 ans ( plus pour d'autres), ils n'en ont pas parlé.
La colère: l'homme se lève et part, le " ce n'est pas possible"
Le marchandage: les revoir, une fois..
La dépression: ici, la muraille à laquelle ils se heurtent
L'acceptation et la parole possible qui implique de réaliser .

"Je veux apprendre à séparer
La mémoire
De la douleur. du moins en partie,
Autant que possible, afin que tout le passé
Ne soit pas à ce point imprégné de douleur."

Il faut accepter de se laisser porter par ce texte , déconcertant au départ, de l'arrêter, d'y revenir, il est vraiment déchirant. Et magnifique.

Un grand bravo aussi au traducteur, Emmanuel Moses.
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"On dit de celui qui est mort/ A la guerre qu'il est "tombé"./Ainsi de toi:Tu es tombé/Hors du temps,le temps/Dans lequel je demeure/Passe...." gémit L'homme qui marche, endeuillé d'un fils.
L'homme, après avoir marché, "autour de sa femme" est parti marcher seul "autour de la ville". Devenu l'homme qui marche il a été suivi d'autres parents en manque d'enfants. Il gémit .....et gémit, sans doute, à sa suite David Grossman qui a perdu un fils "aux dernières heures du sud-Liban" (ainsi qu'il l'avouait dans son bouleversant roman-cri Une femme fuyant l'annonce qui a reçu le prix Médicis étranger 2011).
Tombé hors du temps est un récit polyphonique émouvant (dans lequel souffrent, tour à tour,le chroniqueur de la ville qui observe, la femme,l'homme qui marche,la sage-femme,le cordonnier,la remandeuse de filets,le centaure,le duc,le professeur de mathématiques..) car il aborde le deuil impossible à faire suite à la perte d'un enfant.
J'avoue avoir eu du mal à entrer dans ce livre (dont je qualifierais l'écriture d'exutoire) dont le débit (parfois) haché traduit l'angoisse de ces pères et mères, en souffrance, brisés; dont les personnages sont pleins de débris intérieurs (ex:le duc n'est "que tessons éparpillés",la femme qui dit: "j'ai diminué comme une bougie"..). L'atmosphère de destruction est fort bien rendue par les images fortes ("squelettes de barques", "poulailler vide", "buée brisée"..).
David Grossman interpelle le lecteur en s'interrogeant sur l'au-delà, sur l'oubli impossible,sur la culpabilité,sur les souvenirs que l'enfant mort laisse dans son sillage et qu'on a du mal à jeter. Il insiste sur le fait que quelque soit le milieu social, duc ou cordonnier, la douleur est la même.
La marche vers "l'incandescence" à plusieurs (où le je devient nous incantatoire) permet de surmonter sa propre souffrance et de comprendre que même si l'enfant est mort...."sa mort n'est pas morte et que le "centaure" "mi-écrivain mi-bureau" peut, alors, l'écrire pour se reconstruire en retrouvant son statut d'écrivain à part entière.
David Grossman évoque ici le mythe d'Orphée car ne faut-il pas mourir à soi-même pour enfin renaitre? le lecteur, touché, ne peut qu'éprouver de la compassion face à ces voix qui s'unissent en un chant qui saigne et sanglote!
Tombé hors du temps, fort émouvant, m'a évoqué l'excellent L'amour commence en hiver de Simon van Booy qui aborde les différents positionnements face à un deuil d'enfant insurmontable.
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Voilà un auteur que je ne connaissais absolument pas. Né en 1954 à Jérusalem, David Grossman est pourtant considéré comme l'écrivain israélien le plus doué de sa génération ; il a écrit un certain nombre de romans primés, des essais engagés.
J'ai découvert par hasard Tombé hors du temps, récit pour voix grâce à un podcast France-Culture dans le cadre des enregistrements du Festival d'Avignon.

Un homme quitte soudain la table du dîner, fait ses adieux à sa femme. Après avoir gardé pendant cinq ans le silence sur des faits survenues lors d'une nuit terrible qui les a marqués à vie, il se met en route à la recherche de son fils porté disparu. de jour en jour, sa marche autour de la ville se fait plus obstinée. D'autres parents qui ont aussi perdu un enfant le suivent. Parmi eux, un cordonnier, une sage-femme, un centaure écrivain, une ramendeuse de filets… Ensemble, ils tentent d'accepter l'absence de ceux qu'ils pleurent.
Nous assistons à une véritable polyphonie autour de la perte et du deuil d'un enfant, cette absence sans nom, du moins en français. C'est hallucinatoire, surréaliste, crié, gémi, tû aussi.
Un étrange chroniqueur les suit et prend des notes pour en référer au Duc ; fasciné mais distant, il fait figure de spectateur intra-diégétique, sorte de relai entre le texte et les lecteurs. Sa posture suggère une forme de réception distanciée un peu dérangeante.
L'homme du début crée un mouvement, une onde qui électrise toutes celles et ceux qui connaissent la même douleur. Peu à peu, cette douleur diffractée n'en fait plus qu'une, universelle et cathartique.
C'est envoûtant, poétique et fantasmé…
La parole devient cri puis chant funèbre. Il y a tout un travail sur le langage, l'oralité, la voix perdue et retrouvée ; certains personnages n'arrivent pas à mettre en mots ce qu'ils ressentent, d'autres sont mutiques… C'est musical, respiré, haleté…
L'espace et le lieu sont imprécis ; l'enfant mort est « tombé hors du temps »… L'auteur a sans doute voulu prendre du recul car il a lui-même perdu son fils, mort au combat au Liban.

J'ai écouté ce texte plusieurs fois, le trouvant très intéressant… Pourtant, je n'ai pas ressenti l'émotion que je pensais y trouver.
Un rendez-vous manqué, une alchimie imparfaite…
J'aimerais beaucoup avoir d'autres avis.

Lien vers le podcast France Culture :
https://www.franceculture.fr/emissions/avignon-fictions/tombe-hors-du-temps-de-david-grossman

https://www.facebook.com/piratedespal/
https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/
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critiques presse (7)
LaPresse
04 février 2013
Ce n'est pas de son fils que Grossman nous parle, c'est d'une douleur universelle, celle du vide que laisse la perte de ceux que l'on aime.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaPresse
31 janvier 2013
Ce n'est pas de son fils que Grossman nous parle, c'est d'une douleur universelle, celle du vide que laisse la perte de ceux que l'on aime.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
11 janvier 2013
Dans Tombé hors du temps, David Grossman tisse le lien d'un père avec son enfant disparu et livre un hymne à la vie bouleversant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
19 décembre 2012
Ceux qui ont perdu un enfant, avance en chœur dans ce poème polyphonique qui brasse les souvenirs et les chimères, les regrets et les colères, et trouve un refuge suprême : la langue.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
27 novembre 2012
Une écriture singulière qui s’incarne peu à peu, qui émerge et disparaît, à lire pas à pas, pour évoquer l’énigme qui parle en elle.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
20 novembre 2012
Un bouleversant livre de sagesse où prose et poésie se mêlent
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
23 octobre 2012
David Grossman n'a pas écrit un roman, cette fois, mais "un récit pour voix". "Le chant / Est la langue / De mon deuil". Chant bouleversant qui ramène chacun à sa condition d'homme ou de femme, et où se rejoignent dans un long et sublime poème les interrogations de l'humanité toute entière.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Je n'en continue pas moins
D'essayer : Je ranime, je réveille,
Je clone continuellement
Celles de tes cellules
Qui vivent en moi, les dernières empreintes
D'être qui ne sont pas encore dissoutes
Aux extrémités de mes sens -
Le contact de ta peau d'enfant,
Ta voix encore frêle
Et clandestine, et pourtant cinglante
D'ironie caustique, le dessin
Du mouvement de ton dos,
Furtif,
Rapide (j'étais tellement heureux
Quand on m'a dit que tu avais
La même démarche que moi) -,
Le doute
Léger et vif qui fuse
Dans l'étirement de tes lèvres -
Je continue, je garde
Je conserve
Et ressuscite, l'enfant
Que tu étais, l'homme
Que tu ne seras pas -
Tu ris peut-être : Tu fais quoi,
Papa, une expérience
Humaine ?
Je hausse les épaules : Non,
L'oeuvre
D'une vie.

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J'ai pensé aux enfants
De la terre près de moi. J'ai pensé
A mon fils. La terre
S'est quelque peu réchauffée au contact de mon corps.
Je lui ai parlé intérieurement
Nous nous sommes au moins quittés sans colère-
Lui ai-je dit-
Et sans rancoeur.
Tu nous as aimés, et tu étais aimé.
Et tu savais
Que tu l'étais.
Les étoiles scintillaient au dessus de ma tête. Je lui ai dit: Puis-je
Te demander une faveur?
Je veux apprendre à séparer
La mémoire
De la douleur. Du moins en partie,
Autant que possible, afin que tout le passé
Ne soit pas à ce point imprégné de douleur.
De la sorte, je pourrai aussi me souvenir de toi davantage,
Tu comprends: Je n'aurai plus à craindre chaque fois
La brûlure du souvenir.
Et je lui ai dit aussi: Je dois
M'éloigner de toi.
Comprends-moi bien ( j'ai réellement ressenti
Dans ma chair
La douleur fulgurante qui le traversait)-m'éloigner
A une distance
Qui permette à ma poitrine de se dilater
Pour une
Respiration
Entière
Une seule
Pas plus.

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L’homme qui marche» : «Quelqu’un / Qui habitait un pays lointain m’a raconté / Un jour que dans sa langue / On dit de celui qui est mort / A la guerre qu’il est "tombé". / Ainsi de toi : Tu es tombé / Hors du temps, le temps / Dans lequel je demeure / Passe / Devant toi : Une silhouette seule / Sur un débarcadère / Par une nuit / Dont le noir / S’est échappé / Jusqu’à la dernière goutte.
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L'homme qui marche:

Il est mort-
Je comprends presque
Le sens
Des sons: L'enfant
Est mort,
Je reconnais
Qu'il y a du vrai
Dans ces mots.Il est mort,
Il est
Mort.
Mais
Sa mort,

Sa mort
N'est pas morte.
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Le coeur me fend,
Mon trésor,
A la seule pensée
Que j’ai -
Peut-être -
Trouvé des mots
Pour le dire
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Wajdi Mouawad interprète le rôle du juge Avishai dans le texte de David Grossman, Un cheval entre... .Wajdi Mouawad interprète le rôle du juge Avishai dans le texte de David Grossman, Un cheval dans un bar. Une fiction enregistrée au musée Calvet d'Avignon, à retrouver ici : http://bit.ly/2uiEaiS
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