Un recueil de quatre courtes nouvelles de Ryû Murakami, toutes racontant les déboires de jeunes prostituées japonaises SM. Le ton est extrêmement cru (comme en témoigne les deux citations que j'ai choisies, il me semblait important d'illustrer pour prévenir les âmes sensibles). Bondage, fétichisme et autres pratiques scabreuses sont passées en revue, mais le plaisir n'y est jamais vraiment. Ces femmes, et les personnages en général ont le sexe bien triste. L'atmosphère est assez dépressive et déprimante, ces filles ne sont pas bien dans leur peau, ont parfois des petits copains mais sans véritable amour et leur vie paraît vide, livrée à la perversion des clients.
Une vision assez glaçante (et heureusement pas généralisée) du sort de la femme dans la société japonaise, et aussi la traduction du désarroi d'une jeunesse nippone en pleine perte de repères.
Ce recueil dérangeant vaut surtout pour cela, mais ne laisse pas un souvenir impérissable.
Commenter  J’apprécie         180
Déçu.
Quatre nouvelles ultra courte qui font que le lecteur n' a pas le temps de se familiariser avec les personnages et d'en connaître leur fonctionnement. Aussitôt lu, aussitôt oublié et c'est bien dommage car j'aime beaucoup la plume de Murakami.
Commenter  J’apprécie         10
Toru tolérait que je continue à travailler dans le club SM parce que dans ce genre de boulot, il n'était pas nécessaire de coucher avec le client. Et puis, il pensait que respecter la liberté d'une femme c'était faire preuve de largesse d'esprit chez un homme. Lorsqu'on passait du temps ensemble, je faisais en sorte de ne jamais lui parler de mon boulot, mais un jour j'ai pas pu m'empêcher de lui raconter comment un type genre nain venait de m'enculer pour cent mille yens. Ca se passait à l'hôtel. Le type s'était fait faire des implants de billes de silicone sur la bite pour en augmenter le volume. Il avait vidé trois tubes de Baby Oil pour lubrifier mon trou du cul si bien que la literie était visqueuse jusqu'aux ressorts. Moi, j'avais l'anus aussi poisseux que lorsque mon karatéka me l'avait badigeonnée de savon Lux démaquillant. Avec sa bite siliconée, le type s'était enfoncé et retiré de mon cul un nombre incalculable de fois. Il m'avait travaillé la chatte avec un vibromasseur et versé de la cire fondue sur le corps en guettant les moments où je jouissais. J'avais joui très fort, mais le type m'avait déchiré l'anus, je pissais le sang, et mon cul me faisait mal. Ce jour-là donc, on mangeait des spaghettis et Toru m'a demandé ce que j'avais. Je voulais pas répondre bien sûr mais comme il insistait j'ai fini par tout lui raconter. Il a vomi sur la table les spaghettis à la napolitaine qu'il venait de manger. Mais, malgré cela, Toru s'est occupé de mon anus. J'avais le trou du cul encore gorgé du sperme du type siliconé et ça suintait. Toru trouvait ça dégueulasse. Moi, j'aimais bien l'odeur du sperme et j'ai dit à Toru que ça, ça valait cent mille yens. Le lendemain, Toru a disparu en me laissant un petit mot. Il a fallu six jours à ma blessure au cul pour cicatriser.
Extrait de "La fille au nez tordu"
La séance avec Yamagishi a duré environ quatre heures, il m'a fait jouir un nombre incalculable de fois. Yamagishi a éjaculé deux fois dans ma bouche. Entre la première et la seconde fois, on a regardé ensemble un film hongrois sur une vidéo minuscule que Yamagishi avait sorti de son attaché-case, un court métrage sur l'histoire d'un jeune garçon qui aimait anormalement les pigeons.
Avant que Yamagishi éjacule une seconde fois dans ma bouche, il m'a demandé de composer un numéro de téléphone à Kyoto, le numéro d'un snack ou d'un bar qu'il fréquentait. Et dans la baignoire, en m'obligeant à faire coulisser le vibromasseur dans mon anus d'où s'écoulait les quatre cents centilitres du lavement, il m'a demandé tout en le suçant de dire à la femme que de la merde ruisselait de mon cul ou que le vibromasseur, c'était vraiment super bon. La femme avait une voix étrange au téléphone et l'air réellement excitée, elle riait en me répétant : Ah oui ? Comme c'est dégoûtant ! Avale bien tout ! Quand il a éjaculé dans ma bouche, Yamagishi s'est emparé de l'appareil et a crié à plusieurs reprises le prénom de la femme qui, d'une voix d'enfant, lui répondait : Je t'aime, je t'aime, je t'aime...
Extrait du récit : "Topaze"
Payot - Marque Page - Ryù Murakami - Chansons populaires de l'ère Showa