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EAN : 9782382670385
208 pages
Mnémos (22/02/2023)
4.1/5   30 notes
Résumé :
... naissent et demeurent libres et égaux en droit.

À bord de leurs cargos aux soutes pleines d’hydrogène, les ulysses traversent les couloirs de navigation de l’espace connu pour le compte de la Fédération des quatre-vingt-quatre planètes sous l’égide de la France et de son patrimoine des Lumières.
Dans l’un d’eux, un capitaine, son apprenti et un chef mécanicien sillonnent l’ombre, visitant planètes arides, cités des plaisirs ou souks hauts e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre aurait pu ne pas être un roman de science-fiction. Il aurait raconté le même récit, porté la même recherche d'universalité. Tous des Hommes d'Emmanuel Brault est manifestement une oeuvre romantique adaptable à toute trame historique ou protagoniste. Il est une ode à l'altérité, à la lutte pour des valeurs qui devraient être universelles. Il est aussi une histoire d'amour que la société écrase mais aussi bon roman de suspense et de science-fiction avec un lore intéressant.

C'est l'histoire d'un amour imbriquée dans une course politique, elle-même mue par la quête d'une promesse universelle : celle contenue dans notre devise "Liberté, Égalité, Fraternité". le récit se déroule dans une Fédération galactique française composé de 84 planètes, de huit milliards d'habitants et disposant d'une technologie de "bond" permettant de se déplacer à haute vitesse. Sur le vaisseau Ulysse31, le capitaine Vangelis, son apprenti Astide et le mécano Alfred voyagent et réalisent des missions pour le compte de la Fédération. Sortes de missi dominici, les ulysses sont des navigateurs et agents spéciaux de l'État, chargés de protéger le système de tout péril.

Mais les choses ne sont pas simples : Alfred n'est pas un humain mais un être mi-homme, mi-cheval, fruit d'expériences génétiques, qu'on nomme Centaure. Il n'est pas unique, ce n'est pas un Wolverine ou une Poison Ivy. Son espèce est millions. Son peuple est traité comme du bétail, exploité sur les tarmacs des 84 planètes de la Fédération, maltraité par des propriétaires humains sans scrupules. Alfred, ayant bénéficié d'une instruction, est conscient des misérables conditions d'existence de son espèce. Lorsqu'il quitte brusquement le vaisseau, il émerge de l'ombre et se lance dans une exceptionnelle quête politique : représenter les Centaures au Parlement. le livre prend alors parfois des accents de thriller et de souvenirs de guérilla. Sûrement la partie palpitante du récit.

Le livre s'arrache pourtant à un manichéisme : tous les propriétaires ne se comportent pas mal, certains propriétaires autorisent même l'instruction des jeunes centaures, ce qui leur ouvre la porte à des métiers plus qualifiés. Mais... "tous les propriétaires ne se comportent pas mal"... ? Une phrase qui sonne mal, vous ne trouvez pas ? C'est dans cette position inconfortable du spectateur inactif que nous place le livre. Pire, lorsqu'on écoute le jeune Astide, on devient complice, comme lui et comme Vangelis, du système oppressif. D'ailleurs, on le voit, Astide n'arrive pas à comprendre pourquoi le Centaure se bat. Il se dit fréquemment qu'Alfred pourrait se contenter de quelques avancées sociales. Pourquoi défendre l'égalité entre les Centaures et les Hommes alors qu'ils pourraient obtenir un salaire minimum garanti ? J'ai trouvé cette approche du récit absolument réussie.

Cette lutte apparaît moins qu'une ambition politique que le combat suprême d'un peuple contre l'oppression sournoise d'une société. C'est aussi la revendication du droit d'affirmer ces valeurs si universelles de notre République. Quel tragique plaisir de suivre Alfred dans ce combat qui l'extrait des ténèbres vers la lumière avant de le renvoyer au coeur de la nuit. Ce récit m'a rappelé ces histoires de révoltes qui ne se finissent pas par une victoire. "Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n'empêcheront jamais le printemps" exortait Pablo Neruda.

Enfin, sur le tout se greffe une histoire d'amour. Une histoire d'amour qui en rappelle bien d'autres, tellement elle casse les conventions sociales de cet univers. Alfred et Vangelis s'aiment. Mais un humain et un centaure ! S'aimer ? Quel est leur droit à s'aimer ? Où dans la société y aurait-il une place pour un tel amour ? C'est cette conquête-là la plus belle, celle qui traverse le récit, qui traverse la vie et la mort.

Le livre est drôlement bien fichu : il est truffé de référence à l'Histoire de France, à sa littérature, à ses personnalités, à son système politique et de valeurs. Les planètes et les rues portent les noms de personnages contemporains ou de notre gloire d'antan. C'est bizarre et satisfaisant à la fois (un peu cocorico celui-là sur le bord, oh la la). Après, ça reste quelque chose de dérangeant. Comme dans la saga du Dévoreur de Soleil, je ne suis jamais totalement convaincu par des univers loin dans le futur qui font autant référence à l'histoire très passée. Pour Tous des Hommes, ça va, on est dans le futur d'une centaine d'années.

Sous couvert de science-fiction, Emmanuel Brault brandit un livre humain qui nous rappelle nos quêtes de liberté, d'amour, notre regard extérieur sur ceux qui sont différents, et nos valeurs enchâssées dans notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

Merci à Babelio et aux éditions Mnémos pour cette superbe découverte.
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Trois hommes, enfin presque car l'un d'eux est considéré comme un animal, statut imposé par la Fédération. Voici Vangelis, Maître Icare, le narrateur Astide, son assistant et Alfred, du statut de bête à mécanicien sur le vaisseau Ulysse 31.
Un univers, une nouvelle organisation des peuples dans une Fédération qui regroupe des centaines de planètes colonisées qui ont permis à l'humanité de survivre en paix.
Un combat pour la Liberté, l' Egalité et la Fraternité s'engage contre le pouvoir invisible de la Fédération.
Alfred sera le semeur de grain, qui deviendra une plante et enfin un champ de blé.
Ce livre narre une histoire qui entremêle avec brio les sentiments d'amitié, d'amour, de loyauté à une intrigue qui peu à peu nous révèle sa tragédie. L'originalité est dans ce fil conducteur qui nous fait parcourir notre culture révolutionnaire sur le fil de cette naissante révolution. On y trouve beaucoup de référence littéraires introduites avec beaucoup d'esprit.
J'ai dévoré cette histoire en 48h, ce fut un vrai plaisir de lecture tant pour l'histoire de nos trois compères que pour l'univers-monde si bien construit et l'intelligence de ce récit qui nous fait revenir à l'essentiel: "tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".
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Haut les coeurs !
Écoutez voir Emmanuel Brault !
« Je suis né le jour où je me suis opposé au contremaître », répétait-il à l'envi ».
« Tous les hommes »
Un triptyque inouïe. Un socle qui dépasse tous les entendements. L'imaginaire au garde-à-vous, le double cornélien de notre civilisation. Ce roman macrocosme est la galaxie des fraternités.
Les gravités silencieuses et salutaires, les lucidités affranchies, vitales et salvatrices. D'ombre et de lumière, une mappemonde futuriste qui rayonne de symboles forts. Une transposition riche d'inventivités stylistiques si douées, qu'on pressent notre présent et ses alarmes, ses sursauts dans une symbiose de science-fiction à petites touches subtiles.
Trois protagonistes qu'on aime de toutes nos forces. Gouvernails d'une des plus belles histoires d'amour universel.
Vangélis, le maître, Astide son apprenti et narrateur, et Alfred un animal au vu de la loi, un centaure parabolique, la pièce maîtresse de ce récit bleu-nuit, dont l'intelligence aiguë est une gageure.
« Lorsqu'il se préparait le matin, il avait tous les attributs d'un être humain. Il se maquillait et n'omettait jamais de se parfumer ».
Alfred est intuitif, convaincu et éveillé. Il n'est pas libre. Mais chaque matin, acclame la liberté et entonne « tous les hommes naissent libres et égaux en droit ».
Il vit sur Ulysse 31, un vaisseau où il est mécano et sous les ordres de Vangélis le maître. On ressent les paraboles comme des étoiles. Les textes fondateurs sont lois. Astide entre eux deux est un néophyte. Il apprend ce langage et « les humains constituaient le fondement de notre formation. C'est à terre que vous aurez le plus à craindre ». Vangélis est subjugué par Alfred. On ressent une relation ambiguë, une attirance comme une effluve. Ce qui ne se nomme pas, mais se pressent. La volupté des connivences, un viatique.
« Alfred est devenu un astre ». La passion, ici, est une lumière tamisée. L'amour, une étoile filante qui ne s'échappe pas. Alfred vendu et soumis depuis l'enfance, acheté par Vangélis, le côté face de nos sociétés cannibales et dévoratrices de l'autre, l'étrange (er).
« Le centaure avait-il un statut d'être humain, un statut d'animal pensant, relativement autonome ou un statut de meuble…. C'est devenu notre affaire Dreyfus mettant au prise les partisans, les opposants, les indécis. La Fédération est menacée ».
Alfred veut s'émanciper. Devenir le symbole de la liberté. Contrer les diktats politiques. Remettre d'équerre l'égalité entre les centaures et les hommes. Devenir député sur la terre ferme malgré les dangers et la perte de ses amis chers : Vangélis et le jeune Astide. Malgré les douleurs infinies de ne plus les voir, surtout Vange le maître. Il va briser ses chaînes mentales. Et emmener avec lui, le secret des intimités avouées en silence avec Vangélis. Ils seront toujours là pour lui quoiqu'il arrive.
Entre les galaxies, des Ulysses, et Alfred le centaure fronton des républiques du coeur, il y a l'exemplarité de la constance qui est une des plus belles qualités humaines. La valeureuse amitié particulière. « Notre dame des fleurs de Jean Genet, souffla mon maître… La Fédération ne laissera pas faire. Alfred, en as-tu conscience ? Poursuivit-il d'une voix douce, presque peinée. Oui, j'imagine. J'irai jusqu'au bout de mes forces. Comment dites-vous ? Advienne que pourra ».
Ce roman qui rassemble l'épars, dévorant d'intégrité est une fusion entre le désir d'égalité, de justice et d'équité. le charme fou de ce récit construit à mille mille de toutes terres habitées, dans ce hors temps où pourtant règne notre vaste humanité. Sa dimension est la pierre angulaire d'un chef-d'oeuvre né dans le passage d'un récit qui façonne la noblesse et la droiture des vraies loyautés.
Politique, révolutionnaire, ivre d'amour, tant on ressent le charnel et sa sensualité, l'authenticité de la pureté. La constance des sentiments. Engagé, doux, pétri d'humanité, spéculatif, ce livre de salut est fascinant. C'est une révélation, une épopée intime et inter-galactique. Une satire à voix-basse qui engage le changement même de notre planète. le sacre de renom. Un livre qui rend libre et qui vous métamorphosera. Que dire de ces mains soudées en première de couverture, corde à noeuds, masculines et magnétiques, immensément expressives et fidèles. Elles symbolisent la déclaration universelle des droits de l'Homme et ce qui résistera toujours : le combat pour que chacun puisse être frère ou soeur en humanité. La solidité, la force, et l'altérité. Elles expriment à elles seules la grandeur de ce texte immense et cette chance éditoriale hors norme. Un livre d'amour inestimable. Merci Emmanuel Brault ! Publié par les majeures Éditions Mu.
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Je reprends mes petites notes afin de rédiger cette chronique. Car j'ai eu la chance de pouvoir lire en avant-première les épreuves non corrigées de ce roman en novembre dernier. Je remercie énormément Davy de @label_mu pour sa confiance et l'envoi de cette petite pépite en avance de phase. Vous savez tous que j'affectionne beaucoup les textes empreints de spiritualité du label (tout comme @lia_livres et @lencredelamagie). Je ne vous fais pas patienter plus longtemps, ce fut une excellente lecture, une histoire d'amour hors du commun ! Une chronique en trois points, comme vous les aimez:

- Ce qui fait la richesse de ce roman, ce sont ses personnages et plus particulièrement l'équipage d'un vaisseau de transport. Cet équipage est composé seulement de trois personnes et non des moindres: Vangelis, le capitaine du vaisseau; Alfred, le mécanicien centaure et pour finir Astide, l'élève apprenant le métier auprès de Vangelis. Ce qui est remarquable, ce sont les liens qui les unissent, cet amour plus ou moins impossible et tragique entre le capitaine et le centaure, cette amitié sans faille et innocente entre Astide et Alfred, cette complicité entre le maître et l'apprenant. Vous serez traversés par de nombreuses émotions tout au long de votre lecture et je ne peux que vous conseiller de vous laisser porter. « Moi qui n'avais jamais connu l'amour, j'étais le témoin privilégié d'une passion pour laquelle ces deux êtres abandonnaient tout ce qu'ils avaient été. »

- La plume de l'auteur porte magnifique ment de nombreux messages. A l'instar des autres romans, cette lecture est toujours une manière pour moi (et pour le lecteur) de prendre du recul et de s'interroger sur notre rapport au quotidien (le travail notamment à travers celui de Vangelis) et le sens de notre vie, sur ce qui représente l'essentiel. La représentation des minorités (vous vous en doutez celle d'Alfred) est au coeur du texte et de l'intrigue mais je ne vous en dis pas plus. L'auteur réussit le tour de force de retranscrire admirablement bien une grande tragédie romantique dans un univers de science-fiction. La progression dans le vocabulaire employé pour la description d'Alfred est remarquable passant progressivement de l'animal à l'égal d'un homme. « Ulysse31 (le vaisseau) devient un tombeau, là où il était le berceau d'un amour unique ».

- Mention spéciale pour le world-building qui vous immerge tout de suite dans l'aventure. Imaginez que les empires ne se limitent plus à la seule planète Terre mais à tout l'univers. L'empire français dispose désormais de 84 planètes aux noms que vous aurez plaisir à retrouver (Charlemagne, Germinal). Les français sont maintenant huit milliards à être disséminés dans tout l'univers au sein de la Fédération. le corps des Ulysses a quant à lui la responsabilité de transporter une ressource précieuse pour chaque planète l'hydrogène qui alimente, les usines, les transports… Rien n'est laissé au hasard et l'auteur réussit à nous embarquer dans un univers immersif sur un volume de pages assez mince. J'ai particulièrement adoré les petits détails liés à la progression des membres d'équipage des ulysses.

Encore une très belle découverte que je vous invite à découvrir rapidement. Une incroyable douceur dans ce roman qui démontre une nouvelle fois que les histoires d'amour sont universelles.

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Comme il est dur de rendre justice à un livre pareil. Tout ce que je peux vous dire pour vous convaincre c'est qu'on ne sort pas indemne de cette lecture. Et quand je parle de lecture, c'est bien plus que de simples phrases lues. C'est vivre ce que l'on lit et le ressentir comme si on y était. C'est connaître de la tristesse, de la colère et de l'impuissance.

Si j'aime parler de l'intrigue en général au début de mes avis, ce n'est pas ce que je ferais ici. Il me faut vous parler surtout de mon ressenti. Un ressenti viscéral qui nous tient en haleine et nous fait aimer nos personnages.

Les personnages sont atypiques. Ils ont chacun un sens de la moral et un caractère bien à eux qui d'ailleurs n'échappe pas à leur rôle dans l'histoire. Vangelis est un Ulysse, il est chargé du maintien de son cargo et du transport de l'hélium pour la fédération. Avec lui, le fameux Astide, narrateur du roman. Il l'est apprenti loyal. Et enfin Alfred, celui qui fait que sans lui, cette histoire et mon ressenti ne seraient pas.

Considèré par la société comme un animal, il agira comme tel. Uriner, fracasser, montrer les dents... Tout ce que pourrait faire un chien, il l'a déjà fait. Mais grâce à l'amour de ses deux compagnons, il connaît aussi la lecture, l'écriture, les bonnes manières... Et alors survient une question primaire : n'est-ce pas en traitant les autres comme des sous-espèces qu'ils deviennent alors l'image qu'on voulait se faire d'eux ?

Au fil de l'histoire, on nous apprend que la réponse est très probablement oui. Après une énième action à l'encontre de certains principes, Alfred sera rejeté par l'être qu'il aimait d'un amour inconditionnel. Loin de ceux qu'il considérait comme sa famille, il va donc se questionner sur son horrible condition et celle de ses compaires Centaures. Une situation qui d'ailleurs nous prend aux tripes, nous maintient en haleine et va même jusqu'à nous faire serrer les dents de colère, trépigner d'injustice et pleurer de tristesse.

Car si Emmanuel Brault est doué pour une chose c'est bien sa plume et la force de ses mots. Il sait nous faire ressentir tous les malheurs d'une telle situation. Il nous fait prendre part à cette révolte et nous donne nous aussi envie de crier à l'injustice.

En dépit de cette ode à l'amour et à la révolte, grâce à sa plume absolument incroyable et bien maîtrisée, Emmanuel Brault nous dépeint également un background de sf vraiment très intéressant. La France a fondé la fédération, cette entité à la tête de tout ce transport mais aussi de tout ce malheur autour des centaures. Critique d'une société hypocrite ? Reflet d'un vécu Afro-American ? Tout ce que je peux dire c'est qu'il y a certaines similitudes entre notre monde et le leur et que ça paraît criant de vérité et de douleur.

Pourtant, il réussi à nous montrer que derrière cette impuissance se cache aussi le plus beau sentiment qui existe : L'amour indéfectible entre un trio d'hommes qui ne se comprend pas toujours mais dont le sentiment reste intarissable.

Je tiens vraiment à remercier Mnemos et leur collection Mu de m'avoir fait confiance et de m'avoir permi de lire ce magnifique livre. J'espère qu'il saura vous happer et vous transporter. Vous faire ressentir autant voir plus que ce que j'ai ressenti en le lisant. J'espère que vous l'aimerez et que vous serez séduits par l'incroyable plume d'Emmanuel Brault. Pour dire j'ai jamais autant noté des citations que pendant cette lecture !
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critiques presse (1)
Syfantasy
21 mars 2023
L’univers décrit est certes attirant mais la relation entre les trois hommes efface tout le reste : Alfred, le héros de cette histoire, Vangelis, son maître et amant et enfin Astide, l’apprentie Ulysse qui rêve de se brûler les ailes comme Icare. L’amour efface les craintes et les peurs, permet des bonds en avant et incite à la sagesse de la patience car le temps est père de vérité.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le Nez de Cyrano était une excroissance de Rabelais sur sa partie est, correspondant à peu près à un nez, délimité à l’ouest, par la rue Ferdinand, et finissant en beauté aux limites est de la ville, avec la place de l’Éternité, allusion au poème de Rimbaud dont je récitai aussitôt la première strophe :
Elle est retrouvée
Quoi ? – L’Éternité,
C’est la mer allée
avec le soleil
C’était un truc que m’avait donné mon maître, dont j’use chaque fois que j’en ai besoin : « Si tu as peur, récite-toi un poème, tu retrouveras le souffle nécessaire pour continuer. »
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Le corps des ulysses avait été fondé par une Terrienne de souche, tout comme moi, la bien nommée Jeanne Bateau, un nom prédestiné. Elle en instigua ses grands principes, et créa la Poupe, le nom de notre école tiré d’un poème de Mallarmé, intitulé « Salut », pour les enseigner :
Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe,
Vous l’avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d’hivers ;
Les humanités constituaient le fondement de notre formation. J’ai déjà nommé les grands voyageurs, mais il y avait aussi les Grecs, les poètes, les romanciers, les scientifiques, les sociologues, les essayistes, tous jusqu’aux Gigolos, nos derniers poètes, juste avant l’avènement de l’ombre. Les humanités étaient la seule arme valable – et néanmoins dérisoire – pour faire face au quotidien du voyageur, fait d’ombre à perte de vue, de solitude et de quelques moments d’éclats, tout aussi dangereux que le reste. « C’est à terre que vous aurez le plus à craindre », aimait à rappeler Jeanne Bateau. Calculer l’harmonie d’une courbe dans la trajectoire d’un vaisseau, se familiariser avec la mécanique des moteurs à hydrogène, à connaître les quatre-vingt-quatre planètes de la Fédération, leur topographie, leur système politique, leur population, constituaient un socle nécessaire, mais qui n’armaient pas contre les rigueurs d’une vie d’ulysse. « Je ne forme pas des légions d’insectes, je forme des citoyens qui détiendront, entre leurs mains, le destin de notre Fédération. » La devise de la Poupe, autre allusion à « Salut », le poème de Mallarmé, était, « Voyager sur la Poupe, Porter debout le salut. »
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Ma vie était un huis clos : le quotidien se répétait, monotone, avec deux êtres que j’aimais, mais qui n’avaient ni mon âge ni mon histoire. Mon maître jouait son rôle, affable, sévère parfois, maintenant la même distance depuis mon tout premier jour. Et Alfred, hé bien Alfred, c’était Alfred. Nous nous amusions bien, mais il était si différent que je ne pouvais être aussi proche de lui que je le souhaitais. Le dernier incident sur Harar l’avait prouvé. J’avais lu un peu de Verlaine pour me remonter le moral. Ses vers étaient propices à la rêverie, et à une forme de joie. Ses poèmes étaient aussi légers qu’une feuille flottant dans le vent : Verlaine ? Il est caché dans l’herbe, Verlaine.
Renoncer à mes rêves de rencontres interplanétaires, à l’amour, et à quoi d’autre ? La vie d’ulysse était-elle un éternel renoncement ? Ou était-ce notre lot à tous, dans l’espace comme sur Terre ? Nous entamions la traversée de la spirale, et glissions doucement de l’endroit vers l’envers, de l’envers vers l’endroit, dansant la valse avec les ombres. Emmanuel Latrub raconta qu’il eut une révélation en lisant les dernières phrases de Molloy, un roman de Samuel Beckett, dans son jardin, à l’ombre d’un figuier : « Alors je rentrai dans la maison et j’écrivis, Il est minuit. La pluie fouette les vitres. Il n’était pas minuit. Il ne pleuvait pas. » L’Univers n’était qu’un trompe-l’œil : il était infini disait-on, un mot commode pour dire qu’on ne le comprenait pas.
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Mon maître privilégiait les questions aux réponses. Il disait qu’elles étaient presque toujours mal posées : « Méfie-toi de tous ceux qui prétendent avoir des réponses. Ce sont des charlatans ou des imbéciles. Consacre ta vie aux questions et tu obtiendras tes réponses. »
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Notre Fédération, dont le contrat social reposait sur l’autonomie des planètes, sur l’énergie à bas coût, sur les castes innervant les quatre-vingt-quatre planètes, sur tant d’autres équilibres subtils en tenant qu’à un fil, n’avait pas vu venir ce problème : les centaures avaient toujours constitué un angle mort dont le poids n’avait fait que croître. Nous les avions manipulés, déplacés, utilisés comme de vulgaires objets. Et l’un d’entre eux avait choisi de dire non, menaçant les fondements de notre communauté. Les coups de fouet ne suffiraient plus à les mater. Les propriétaires de Protos remettaient en cause l’instruction qui leur avait donné de mauvaises idées. L’ignorance était le meilleur des antidotes contre la révolte.
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18 juil. 2020 Découvrez l'enregistrement de la rencontre avec Emmanuel Brault le 9 juillet 2020 à la librairie La Virevolte à Lyon. L'auteur nous présente son roman, Walter Kurtz était à pied, paru chez Mu Editions.
Emmanuel Brault a reçu le prix Transfuge pour son premier roman, Les Peaux rouges, paru chez Grasset.
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