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EAN : 9782234085343
Stock (13/02/2019)
3.45/5   53 notes
Résumé :
« Nos lieux de naissance reviennent toujours. Ils sont notre moelle – ils sont inscrits en nous. Si on nous retournait la peau, leur carte apparaîtrait à l’envers de façon qu’on puisse toujours y revenir. Pourtant, incrusté à l’envers de ma peau, il n’y a ni canal, ni voie ferrée, ni bateau mais simplement : toi. »

Jusqu’à ses seize ans, Gretel a vécu avec sa mère, Sarah, sur une péniche le long des canaux de l’Oxfordshire. Puis un jour, Sarah a dispa... >Voir plus
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Une histoire originale et perturbante, qui ose revisiter le mythe d'Oedipe.

Il faut un certain temps pour se familiariser avec les personnages (même le nom et le sexe ne sont pas des certitudes), les décors, les époques. L'auteur brouille les pistes à un point que l'on pourrait être tenté de renoncer. Mais peu à peu, ces personnages atypiques vous accrochent, vous attendrissent et vous donnent envie d'en savoir plus. Il est donc nécessaire de se laisser happer par le brouillard initial pour distinguer peu à peu des trouées de lumière.

Le fil des événements que l'on reconstitue peu à peu finit par édifier une histoire forte où se mêlent drames et bonheur, larmes et sourires.

Les lieux sont vivants, évoluant pour leur propre compte en jouant avec le destin de ceux qui les hantent. La rivière, la forêt, allégories de nos lieux intimes?

Les personnages enfin, à la fois forts et faibles, denses et subtils, ballotés sur le courant de leur vie, suscitent une fascination puissante.



Mon estime pour le roman a donc évolué au cours de ma lecture, de la tentation d'abandon jusqu'à la séduction, celle ci liée à la force de l'histoire mais aussi à une écriture riche et poétique.

#ToutCeQuiNousSubmerge #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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«  Les mots étaient aussi pointus que des piques , aussi brûlants que des braises » .
Les enfants sont supposés quitter leurs parents, c'est comme ça que ça doit se passer .
Quand on devient parent , il faut accepter ça quoique cela implique. En revanche les parents ne sont pas censés quitter leurs enfants » .

Deux extraits significatifs de ce roman original, tout à fait singulier, à la belle écriture , source de réflexion mais aussi d'adaptation pour le lecteur tant pistes, époques , intrigues , et secrets se multiplient .

C' est l'histoire éternelle tournant autour de la relation mère- fille, exclusive suivie d'un changement radical de rapports inversés et brouillés à l'arrivée d'une maladie neuro dégénérative de Sarah, la mère .

Jusqu'à ses seize ans Gretel a vécu avec sa mère, Sarah, sur une péniche le long des canaux de l'Oxforddshire .
( L'intrigue se déroule de nos jours en Angleterre )
Leur univers est singulier , elle vivaient sur un bateau en marge de la société , le bruit que faisait la rivière en différentes saisons , parfois si tranquille , parfois qui démarrait d'un coup et se mettait à bouillonner les berçait ....
Puis un jour, Sarah a disparu.
Seize ans plus tard, un coup de fil ravive les questions qui n'ont jamais cessé de hanter Gretel.
Pourquoi Sarah l'a- t- elle abandonnée?
Qu'est devenu le garçon étrange , ce Marcus, qui vécut quelque temps avec elles sur leur bateau?
Et que s'est- il passé réellement sur la rivière , le fil continu de cette quête d'identité de Gretel à la recherche de son enfance?
L'auteure brouille les pistes et la chronologie des époques , surtout par la mise en scène d'identités fluctuantes du point de vue du genre —-, une femme dans le corps d'un homme——aussi bien que des prénoms : Marcus, Fiona, Charlie, Margot, Roger, Jennifer...
.Quels sont leurs rôles respectifs?
Elle décrit le féminin sous toutes ses formes, ( des individus changent de genre ) avec cet inlassable appel de l'eau, à l'odeur très particulière diffusée par cette rivière à la fois immensément maléfique ou / et attirante .

Il y a des références mythologiques , un animal fantastique : le Bonak, préhistorique , rugueux , couvert de taches dorées . ....

Quête d'identité, abandon, faiblesse , oubli , aphasie, ce roman est aussi celui des mots virtuoses , savants ou impropres .
Les allers et retours dans le passé scandent ce récit , filiation, voyage initiatique , sénilité et mythe d'Oedipe revisité.
Gretel devient lexicographe et cherche sa mère disparue depuis seize ans .

La rivière ,la forêt , la nature hantent et peuplent l'ouvrage de bout en bout.

Le lecteur se perd un peu même si l'écriture est poétique , à cause des longueurs.
Histoire de famille, d'identité, de langage et d'amour, une espèce de conte surréaliste et intemporel marquant et frappant qui ne manque pas de charme , difficile à interpréter ....
Mais ce n'est que mon avis, bien sûr !
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C'est toujours une expérience intéressante de partir sur les traces d'une nouvelle pépite de la littérature. Finaliste du Man Booker Prize à même pas trente ans... Britannique en plus. J'ai donc ouvert ce premier roman avec une belle envie et je l'ai refermé avec une impression très mitigée. J'y ai trouvé une écriture élégante, une ambition, un sens indéniable de la description. Mais je me suis surprise à rattraper mon esprit qui avait tendance à s'échapper, un peu perdu dans les méandres et les circonvolutions d'une intrigue peut-être un peu trop délayée...

En même temps, c'est un livre liquide, dont le fil rouge est une rivière et dont le titre annonce la couleur. L'eau est omniprésente, c'est peut-être pour cela que j'ai parfois eu la sensation de me noyer. Jusqu'à l'âge de seize ans, Gretel a vécu avec sa mère, Sarah, sur une péniche. Et puis un jour, Sarah l'a abandonnée et s'est volatilisée.

"Les enfants sont supposés quitter leurs parents. C'est comme ça que ça doit se passer. Quand on devient parents, il faut accepter ça, quoi que ça implique. En revanche, les parents ne sont pas supposés quitter leurs enfants".

A trente-deux ans, Gretel est lexicographe, les mots figurent son quotidien mais ne répondent pas aux questions qui la taraudent. Alors, quand elle retrouve Sarah, elle tente de remplir les trous de sa mémoire, de trouver des explications à certaines images imprimées sur sa rétine. Sauf que l'esprit de Sarah se fait la malle et que ses douleurs semblent enfermées à jamais dans ce corps qui la lâche peu à peu... le lecteur est invité à plonger dans le passé par l'intermédiaire de chapitres qui alternent entre le récit de Gretel sur la traque qui l'a menée à Sarah et les souvenirs de Gretel sur le temps où elles vivaient sur la rivière ; et puis revient régulièrement au présent où se déroule le dernier face à face entre la mère et la fille. Des personnages apparaissent. Marcus, Fiona, Roger, Laura, Charlie, Margot. Reste à éclaircir leurs rôles et à trouver un sens à toute cette histoire dont la famille et l'identité semblent être au coeur.

Et pour être honnête, j'ai eu envie de comprendre, de remettre moi aussi de l'ordre dans les souvenirs de Gretel, d'élucider la source de la souffrance de Sarah et de les aider à combler les trous. Et j'ai trouvé, en arrivant au bout de cette histoire que l'auteure faisait effectivement preuve d'une belle maitrise dans la construction. Mais peut-être trop justement. Car je ne suis jamais entrée en empathie avec l'un ou l'autre des personnages, je n'ai pas été emportée, je suis restée sans émotion et l'emboîtement des pièces du puzzle n'a pas suffi à me satisfaire. Ce qui est donc très personnel. Mais peut-être tout simplement que l'univers singulier (car il y a un vrai univers, ça c'est sûr) que fait naître Daisy Johnson ne correspond pas à ma sensibilité.

Me restent une belle écriture, une puissance d'évocation et l'impression d'avoir rencontré une vraie plume avec laquelle je ne serais pas contre retenter l'aventure à l'avenir.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Si "nous sommes déterminés par le paysage, notre vie est tracée en fonction des collines, des rivières et des arbres." et plus particulièrement ici par la rivière, sur laquelle ont vécu dans un bateau, la narratrice et sa mère, s'y créant un univers bien à elles, doté d'expressions singulières,empreintes de références mythologiques, et où rôdait un animal fantastique, englobant toutes les peurs : le Bonak.
Quand le roman commence la narratrice, Gretel, a retrouvé sa mère, Sarah, quasi aphasique, au comportement frôlant la folie après une disparition de seize ans. Seize ans, c'est aussi l'âge auquel Sarah a abandonné sa fille.
Dans ce roman, il est en effet beaucoup question d'abandons, ressentis comme nécessaires, de "traque", de liens familiaux particuliers.
Daisy Johnson brouille les pistes, via la chronologie des différents épisodes, mais aussi par le biais des identités fluctuantes, tant du point de vue des prénoms que du genre. Elle revisite ainsi de manière originale le mythe d'oedipe, se penche sur les souvenirs et le pouvoir des mots. Ce n'est ainsi pas un hasard si Gretel, exclue du groupe par son langage particulier, devient lexicographe, pour mieux maîtriser les mots.
Il se dégage de ce roman une atmosphère particulière, irriguée jusque dans l'espace entre les os par la rivière, à la fois maléfique et attirante , créant un univers à la frontière du fantastique. Un roman fascinant qui perd parfois son lecteur mais, en dépit de quelques longueurs, parvient toujours à le garder captif, tant l'écriture est poétique , au plus proche de la nature , des émotions.
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Une histoire tournant autour d'une relation Mère/Fille exclusive suivi d'un changement radical des rapports avec l'arrivée d'une maladie neurodégénérative.
Je voulais lire ce livre, il était fait pour moi !

Ce n'était finalement pas du tout ce à quoi je m'attendais. C'était beaucoup mieux !
• Plusieurs intrigues
• Plusieurs époques
• Plusieurs secrets
Que s'est-il passé ?

Au début du roman, nous découvrons Gretel et ses souvenirs. Alors que sa mère, elle présente la maladie d'Alzheimer (Miroir ?).
Jusqu'à ses 13 ans, elle a vécu avec Sarah et Marcus (L'homme qui n'était pas son père) sur une péniche. Puis, près de la rivière, il s'est passé quelque chose dont la narratrice n'a pas eu connaissance ou dont elle ne se souvient pas. Elle s'est ensuite installée avec sa mère dans un centre d'équitation, puis Sarah l'a abandonnée. Elle a disparu, jusqu'à aujourd'hui.
Avec le temps, les souvenirs de la narratrice sont devenus confus ; ils se sont transformés.

Nous découvrons également la jeune Margot dans un autre chapitre, qui s'est enfuie de chez elle et erre dans la forêt avant d'être recueillie par un pêcheur. Nous ne savons pas à quel moment cela se produit, ni pourquoi elle est partie.

Autour de ces personnages, il y a le Bonak qui semble signifier tout ce qui leur fait peur ou plutôt, tout ce qui les submerge...

« Tu finiras par oublier, je te dis. Mais j'en doute.
Mon nom et le tien, les objets du quotidien, les chiffres, les semaines, le jour et la nuit, la lumière et l'obscurité ; Tout ça, à un moment ou à un autre tu l'oublie. Mais l'histoire de Margot et l'homme qui était son père, le Bonak et sa provenance, ça, tu ne l'oublieras pas même un instant. »

Sarah a tout oublié mais pas ces histoires, pas même un instant. le lecteur, comme Gretel, les découvre peu à peu.

Vous l'aurez compris, il y a dans ce livre énormément de questions qui se multiplient au fil du récit. On trépigne d'en savoir plus, d'autant que vous le comprendrez vite, cet ouvrage est une réécriture moderne d'un mythe bien connu.
Le fil de l'histoire se tient du début à la fin. On a pas le temps de s'ennuyer.
Pour ce qui est de la plume, le traducteur a réellement fait un travail remarquable. On savoure.

En conclusion, c'est à lire absolument !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
«  Je venais d’avoir seize ans.
On se disputait souvent, parfois tu me frappais, parfois c’était moi.
On était entre le marteau et l’enclume. Peut- être que c’est à cause de ça que tu es partie . Je pense que pour toi, une famille n’a jamais constitué un lien capable de retenir les gens. Je ne savais pas ce qui allait se passer , même si j’aurais sans doute dû. Tu y faisais allusion depuis des semaines , tu parlais des hommes et de leur engin en riant » .....
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Comment s'appelle le chien ? demandait la petite fille. Elle avait les cheveux rassemblés en quatre ou cinq couettes au sommet du crâne. Sur sa robe, il y avait un dessin de mouton à l'air confus.
Il n'a pas de nom, ai-je répondu en cherchant désespérément de quoi un adulte pouvait bien discuter avec un jeune enfant. Comment aimerais-tu l'appeler ?
Elle a paru accablée par cette responsabilité, et s'est trouvée dans l'incapacité de répondre. Les autres ont proposé des noms en criant tous plus fort les uns que les autres. Roger était à la fenêtre, il guettait la rue. Ses cheveux étaient un peu trop longs sur la nuque. Je n'avais jamais su y faire avec les enfants, ce qu'ils semblaient toujours sentir, et par conséquent s'intéresseraient particulièrement à moi. Ils ont fait la liste de ce qu'ils disaient être juste les meilleures propositions. La liste était en réalité très longue, surtout constituée de noms d'autres animaux : Dodo, Chaton, Cochon. J'ai essayé de me débarrasser d'eux en m'agitant dans la pièce. Il y avait des jouets partout aux endroits où on rangeait en général des bouteilles d'alcool. Des verrous à chaque placard, mais rien à cacher. Une fillette m'a pris par la main et l'a serrée avec une poigne de fer quand j'ai discrètement tenté de me dégager. Et Otarie, a-t-elle dit, qu'est-ce que tu penses d'Otarie ?
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«  Nos lieux de naissance nous reviennent toujours .
Déguisés en mots , trous de mémoire ou cauchemars, maux de ventre ou insomnies » .
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Dans la nuit, la rivière enfla, apportant des poissons morts dont le ventre argenté dépassait de l’eau boueuse, le pont d’un bateau brisé par le courant, des tourbillons de feuilles d’automne en provenance d’endroits où les saisons étaient en retard, l’hiver tout juste arrivé, des embruns de sel et de sable qui venaient de la mer. Il y avait dans l’eau plus de Bonak qu’on pouvait les dénombrer : des corps dont les fantômes risquaient de se perdre dans l’ancre, des troncs assez gros pour emporter le bateau, le voleur du canal qui s’élevait, hésitant, du ventre de chaque vague.
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Que nous reste-t-il de cette rivière sinueuse perdue depuis si longtemps, cette colonne vertébrale au centre du paysage ? Qu’étions-nous, là-bas ? Une sauvageonne avec sa mère qui l’était encore plus, deux démones qui vivaient comme des bêtes dans un endroit où personne ne pouvait les trouver. Regardez-nous, maintenant. Rabougries, misérables, avec une tendance prononcée à la destruction, voire à l’auto-destruction, à nous houspiller sans cesse dans une maison trop petite pour nous deux.
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Sous les feux de la critique cette semaine, deux romans :
"Les enfants sont rois" de Delphine de Vigan (Gallimard), une plongée glaçante dans un monde où tout s'expose et se vend, jusqu'au bonheur familial.
"Soeurs" de Daisy Johnson (Stock), une exploration de la fureur adolescente.
Pour en parler aux côtés de Lucile Commeaux : Elisabeth Philippe, journaliste et critique littéraire à L'Obs, Philippe Chevilley, chef du service culture aux Echos.
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