Tout ira bien

Attention, quand Ira est dans les parages, ça va péter ! Schampoing aux petits pois à la cantine, clous dans les pneus des vélos, blouson découpé en lanières ou dentifrice dans le gâteau d'anniversaire d'un copain, depuis son plus jeune âge Ira déclenche des cataclysmes sur son passage. Gare aux profs ou aux camarades de classe sur lesquels elle a jeté son dévolu, ils vont souffrir...

Il faut dire que la vie ne lui a pas fait de cadeau au départ. Sa mère l'a mise au monde au bord d'une route au Nigéria, à l'âge de 15 ans. Et un peu plus tard, arrivée en France, elle sombre dans le crack et abandonne la petite qui va épuiser une série de familles d'accueil avant d'atterrir chez Christine Bouchard, qui tient le coup depuis quatre ans avec l'aide d'un éducateur dévoué. Tout au long des 100 pages de ce roman "Beau & court" (nom de la collection), Ira nous raconte sa rage, son envie d'en découdre avec la vie, mais aussi à travers des poèmes ou des citations détournées son admiration pour Louise Michel, Jacques Prévert ou Victor Hugo et Henri Salvador dont elle utilise les mots à sa façon émouvante.

Et puis au collège il y a Tess aussi, la fille parfaite, mais jamais niaise, celle qu'Ira déteste, mais qui l'attire inexplicablement. Tess qui finira par lui donner une clé précieuse pour transcender sa rage.

Ce roman fait lui aussi partie de la sélection du Prix Littéraire des Lycées Professionnels, et j'ai hâte de le mettre entre les mains de mes élèves qui participeront au jury final en avril-mai. Nous en ferons sans doute aussi une lecture à voix haute, et je gage que certains se retrouveront à travers cette jeune fille en révolte contre le monde entier !

Une belle découverte sur laquelle je suis tombée par hasard.

Tout ira bien (quoi que ce soit mal parti) dépeint l'adolescence dans toute sa colère et sa complexité. Une jeunesse explosive dont la violence est le moyen d'expression. Et pourtant... ça n'empêche pas lra, la jeune protagoniste, d'écrire des poèmes. J'ai bien aimé le mélange des tons : écrit du point de vue d'Ira, Tout ira bien réussi à être poétique tout en étant vulgaire.

Le roman met aussi les adultes - du moins nous, adultes lecteurs - face à leurs illusions et leurs prétentions. Ils veulent la sauver, ils s'en pensent capable, responsables mêmes. S'insurgent lorsqu'elles ne répond pas à leurs attentes aussi bienveillantes qu'oppressives.

Nous sommes frustrés, nous aussi, de voir qu'aucun dialogue n'est possible avec cette jeune fille à fleur de peau. Horrifiés, même, par certaines scènes où l'on sent qu'elle prend plaisir à dégrader les autres. Mais on comprend qu'elle recherche un exutoire : ne sachant que faire de cette violence contenue en elle, elle commet bêtise sur bêtise (et le mot est faible) jusqu'à ce qu'un déclic se fasse, de manière impromptue : c'est la vie, quoi. Sans aucun miracle, sans aucun sauveur sinon le hasard fortuit.

J'ai apprécié le fait que cette jeune fille soit - certes en colère ! certes violente ! - mais également forte. C'est une battante qui ne mâche pas des mots. Enfin, je souligne le fait qu'à travers elle l'autrice participe de la normalisation de certains tabous et en suis ravie : par exemple, Ira dessine une vulve sur le tableau (avec les petites et les grandes lèvres, svp), passe devant les Tampax au supermarché... La vie, quoi.

Troisième livre paru dans la collection Beau et court, aux éditions Sarbacane, Tout ira bien est un court roman écrit par Stéphanie Richard. Elle est notamment l'autrice d'albums jeunesse (la série des J'aime pas) et des Popy, toujours chez Sarbacane mais dans la collection Pépix.

Nous suivons Ira, jeune fille placée en famille d'accueil. Ira est en guerre contre l'école et les adultes autour d'elle. Depuis son plus jeune âge, elle ne trouve pas sa place et est en rébellion constante.

Il est toujours délicat de faire parler la jeunesse et d'utiliser un vocabulaire et une façon de parler en adéquation avec son temps. le contrat est en partie rempli même si on sent que l'autrice n'est pas allée assez loin. Quelques détails pourront faire soupirer certains habitués du système éducatif (Ira est en troisième mais a une proviseure par exemple).

Le livre est parsemé de poèmes ou citations correspondants à l'état d'esprit de l'héroïne, de Louise Michel à Victor Hugo en passant par Jacques Prévert. Ira n'est pourtant jamais montrée comme intéressée par la littérature et n'a aucune érudition particulière.

Le point fort du livre est la capacité de l'autrice à nous faire rentrer dans la tête d'Ira. Nous comprenons ses pensées et même si ses actes sont extrêmes, ils reflètent son cheminement intérieur. L'arrivée de Tess ouvre de nouvelles possibilités (même si la mise en place du personnage de la jeune fille parfaite qui va “sauver” la fille noire en perdition est questionnable).

C'est donc une lecture en demi-teinte. Même si le format court empêche le récit de se développer, certains lecteurs et certaines lectrices trouveront leur compte dans ce portrait touchant d'une jeune fille qui ne demande qu'à être sauvée.
Lien : https://www.litteraturesadol..

"Avec Ira rien ne marche" écrit son éducateur. Et effectivement, elle passe de famille d'accueil en famille d'accueil depuis sa plus tendre enfance mais personne ne sait résister à sa colère et à sa violence, surtout maintenant qu'elle est adolescente.
Elle a envie de tout casser. Pourtant dans sa classe, une jeune fille a retenu son attention...

"Tout ira bien" appartient à la collection Beau et court de Sarbacane. C'est toujours une gageure de travailler un texte court (115 pages) puissant mais qui arrive à nous toucher ou à nous faire réfléchir.
C'est bien ce que réussit à faire Stéphanie Richard! Si la colère autodestructrice de cette adolescente est remarquablement décrite , on peut également ressentir bien cachée la sensibilité, la tristesse infinie et poétique, de cette enfant perdue qui refuse avec cruauté parfois d'être secourue et aimée.
L'auteure nous montre également les limites des adultes qui, pétris de bonnes intentions, tentent de créer du lien avec l'enfant en difficulté mais se heurtent à sa froideur, à sa violence encore et encore. Adultes qui, niés dans leurs efforts, lâchent prise et classent le jeune dans la catégorie "irrécupérable".

C'est une lecture rapide, assez brutale. J'ai été débordée par la violence d'Ira, je me suis demandée comment j'aurais géré ce type de situation sans vraiment trouver. Je me suis sentie vraiment dépassée par cette ado.

Il y a quand même quelques bémols pour cette lecture.
Si le thème est bien développé, je trouve que les personnages secondaires ne sont pas aboutis. On voudrait en apprendre plus sur eux et sur leurs interactions avec Ira mais le format court ne le permet pas.

De plus, Ira ne ressent pas vraiment de remords par rapport aux actes passablement dangereux qu'elle commet, elle reste égocentrée, cela me la rend assez antipathique et j'ai beaucoup de difficulté à me lier à ce personnage.
Si l'auteure a voulu jouer la carte du caractère ado rebelle, égoïste , inconséquent jusqu'au bout, c'est bien joué.

Waouh quel roman !! J'allais écrire Quel coup de poing ce roman, mais j'ai réalisé que ce serait un (très) mauvais jeu de mots !
Je viens de dévorer d'un trait ce livre, comme j'avais dévoré le précédent de Stéphanie Richard, Jeux jaloux.
Pourtant un sujet difficile pour moi.
Difficile de me trouver "face" à une adolescente en train de gâcher sa vie par trop de colère. Sans qu'on n'arrive à trouver la faille qui permettrait de l'atteindre, de l'aider, et de renverser la situation pour que sa vive intelligence lui permette enfin de se construire, pas de se détruire.
Difficile en tant qu'ancien professeur, on se sent tellement démuni face à cette violence. Et difficile en tant que grand-parent. Si ça arrivait à mes petits, comment s'y prendre.

J'ai donc eu forcément une lecture d'adulte, pas d'ado, mais ce roman est superbe pour tous.
Cent pages de colère et de tristesse, mais pourtant l'espoir est là. Il trouve bien sa place dans la collection Beau & Court.

Ira est née au Nigeria, d'une mère adolescente qui l'a abandonnée sitôt arrivée en France. Désespoir et colère la tiennent debout, d'une famille d'accueil à l'autre. Personne n'arrive à se rapprocher d'elle. Seuls les écrits de Louise Michel trouvent grâce à ses yeux.
Mais souvent, sa hargne se transforme en poésie, et Victor Hugo ou Salvador ainsi transformés en sont encore plus beaux.
Il est temps qu'elle trouve un exutoire à sa colère avant de se détruire.

Des passages en poésie percutante, et un texte qui sonne tellement juste.

Cette collection Beau & Court porte bien son nom !!
Des romans vite lus, dans le quart d'heure lecture au lycée (ou au collège), dans le bus scolaire. Mais qui ne s'oublient pas de sitôt.
Tous les ados vont s'y reconnaître, les plus sages comme les plus rebelles.
Bibliothèques : ressortez vos écrits de Louise Michel, il va y avoir une forte demande après cette lecture !
Lien : https://livresjeunessejangel..