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EAN : 9782848767000
536 pages
Philippe Rey (04/10/2018)
3.61/5   19 notes
Résumé :
Joyce Carol Oates nous revient avec un recueil de treize nouvelles dérangeantes et hypnotiques qui tentent de cartographier l'étrange noirceur en chacun d'entre nous ainsi que la peur, la douleur et l'incertitude qui rôdent aux pourtours des vies ordinaires, souvent menacées par l'abandon et la trahison.
Les femmes d'âge mûr ayant des relations complexes et ambivalentes avec le sexe opposé y sont omniprésentes. Dans Mastiff, Mariella voit un homme avec lequel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Avec ce dernier recueil de nouvelles paru, Trahison, Joyce Carol Oates poursuit son exploration en profondeur de la psyché humaine et de ses zones parfois sombres et malsaines.

Treize récits dans des styles et des narrations variés viennent souvent surprendre le lecteur. Certaines chutes sont complètement ahurissantes, comme dans "Trahison". D'autres offrent un peu de lumière après la pénombre, ou même l'obscurité, comme dans "Patricide".

Ce qu'on retrouve dans chaque histoire, ainsi que dans d'autres, romans ou nouvelles, de l'auteure, c'est cette difficulté à être soi, à communiquer avec autrui, même des très proches parents ou amis. Il y a une profonde mélancolie dans ses personnages majoritairement féminins face à l'amour et, plus généralement, face à la relation avec les hommes, qu'ils soient amants, maris, pères...

Je remarque aussi ici un accent mis sur la minceur poussée quelquefois jusqu'à la maigreur, chez ces femmes. Les proportions de la silhouette semblent s'inscrire comme une valeur intrinsèque de la personne. Ainsi, Lou, dans "Patricide", se déconsidère elle-même sous l'angle de la féminité car trop massive et costaude (son père, pour génial écrivain qu'il soit, n'a pas aidé non plus).

Treize nouvelles d'une grande qualité, comme toujours avec Mme Oates, qui laissent également une sensation de malaise pour la plupart d'entre elles. Je n'envie pas les destinées de ses personnages trop souvent comme pris dans la toile d'araignée de leur psychisme. Mais en tant que lectrice, cette plongée toujours renouvelée et surprenante dans les vies intérieures aussi bien que matérielles de ses personnages est un bonheur indubitable.
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Un recueil de treize nouvelles de Joyce Carol Oates, je vous recommanderai avec enthousiasme pour les trois dernières, mais moins pour les autres, dont j'ai trouvé le niveau assez inégal.

De Joyce Carol Oates, j'avais lu « Blonde », il y a 20 ans. Je cherchais alors une biographie de Marylin et c'était donc le thème plus que l'auteur qui m'avait attiré. En entendant certaines et certains chanter les louanges de Joyce Carol Oates, je l'ai gardée sur ma pile et je me suis laissé tenter par « Trahison », au hasard d'une brocante, sans me demander si c'était le meilleur choix.

Il s'agit d'un recueil de treize nouvelles. « Trahison » est le titre de l'une d'entre elles, tandis qu'en version originale, le recueil a reçu le titre d'une autre nouvelle, « Lovely. Dark. Deep » (« Beaux, sombres, profonds »). Ces choix sont cohérents avec mes impressions de lectures: ce sont les deux textes que j'ai préférés. « Trahison » dresse le portrait d'un jeune homme qui se découvre une passion pour les bonobos, passion qui atteindra un excès surprenant, et dans « Beaux, sombres, profonds », on assiste à l'interview d'un grand écrivain par une jeune femme, où la jeune femme d'abord effacée et dominée par l'écrivain, prend peu à peu le dessus d'une manière inattendue.

Dans ces deux textes, j'ai retrouvé les qualités que j'apprécie dans les nouvelles: une langue précise, ciselée, soutenant un récit rythmé, qui maintient l'attention du lecteur, jusqu'à un dénouement qui culmine comme une cerise sur un gâteau de plaisir de lecture. Excellent !

J'ai retrouvé ces qualités dans la dernière nouvelle, « Patricide » dans laquelle une femme se dévoue à servir d'assistante à son père, écrivain nobélisé mais aussi grand coureur de jupons, qui entamera une relation avec une jeunette qui finira par bouleverser la vie de sa fille. L'étude psychologique de ce texte-là est remarquable, surpassant les deux nouvelles que j'ai citées plus haut. Néanmoins, le texte était un poil trop long par rapport à mes attentes lorsque je lis une nouvelle; je n'ai pas retrouvé la fine pièce d'orfèvrerie à la langue efficace que j'apprécie chez d'autres auteurs de nouvelles.

Cette tendance à la longueur m'a d'ailleurs déçu dans la plupart des autres textes du recueil, dont j'ai trouvé le niveau inégal. Incontestablement, Joyce Carol Oats est une auteure dont la réputation n'est pas surfaite, mais plusieurs nouvelles m'ont laissé un sentiment de textes « alimentaires » écrits par une plume dont l'expérience lui permet d'appliquer des recettes qui assureront un certain succès au produit, mais dans lesquels je n'ai senti ni génie, ni émotions qui sortiraient des tripes et pas du cerveau (cela me fais songer à « Ada » d'Antoine Bello; voyez le commentaire que j'ai posté le 12 avril 2017). Je pense par exemple aux nouvelles dont la chute est que l'un des personnages a rêvé tout ou partie de l'histoire.

Les bonnes pages, dont je me suis véritablement régalé, m'incitent à garder Joyce Carole Oates sur ma pile, mais j'attends vos suggestions sur l'un ou l'autre titre qui ne risque pas de me décevoir !
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Récits tout en retenue sur les épreuves cruelles et silencieuses que nous inflige parfois la vie : tout est recouvert du voile gris et triste de la réalité, d'une certaine réalité que nous connaissons bien et contre laquelle il n'y a aucun recours. Le diable se cache sous les détails d'une banalité impitoyable qui fait mal sans qu'il soit possible de se révolter contre elle ou d'en accuser quiconque : il n'y a ni criminels, ni armes du crime, seulement des victimes auxquelles sont assénées les petites mesquineries ou les grandes vacheries dont est tissée l'existence.
Subtil et agréable à lire.
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Treize nouvelles pour ce livre, différentes, étranges pour certaines, inventives, dérangeantes parfois, peut-être un peu inégales cependant. Sur la 4ème de couverture une citation d'un hebdomadaire parle de la noirceur des âmes et de la complexité des sentiments. Que dire de plus ? C'est une belle définition rapide de cette oeuvre de Joyce Carol Oates qui au final laisse un sentiment mitigé entre chapeau bas et un peu de lassitude.
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La douleur quotidienne des petites vies ordinaires, la signature de Joyce. Finesse d'écriture.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
En privé, la dépression nerveuse, c'est une maladie. En public, cela peut devenir une carrière.

"Le chasseur"
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Si le mariage est une masquarade, il existe un danger bien réel que les masques tombent.

"La disparition"
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Par téléphone signifiait aussi téléphone fixe. Ou, terme plus rassurant, téléphone du domicile.Quant au téléphone portable, il peut être défini comme un mode de communication instantanée (quoique pas universellement fiable) entre formes de vie monocellulaires. J’étais effectivement en possession d’un téléphone portable à cette époque, dans l’une des premières années du XXIe siècle, parce que j’aimais à me considérer comme une personne quelque peu en avance sur son temps, mais ce fut le téléphone de mon domicile que je décrochai pour recevoir ce que je classifierais ensuite comme le premier volet en apparence innocent d’une série de très mauvaises nouvelles.
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Malgré tout, c’était une femme attirante. Dans son petit cercle d’amis, elle était très populaire, admirée. Elle s’habillait avec élégance. Elle pratiquait beaucoup d’activités sociales. Elle avait investi à bon escient dans une galerie d’art. En dépit de tout cela, l’essentiel de sa vie mentale restait centré sur la façon dont elle apparaissait aux autres. Ce n’est qu’au prix de gros efforts qu’elle arrivait à contempler son reflet dans le miroir : loin d’être belle, pas même jolie, un visage trop petit, en forme de cœur, un menton trop étroit, des yeux trop grands et très enfoncés. Elle détestait être si petite. Elle aurait aimé mesurer un mètre quatre-vingts, avancer d’une démarche de femme conquérante, emplie de confiance en soi en matière sexuelle. Avec son mètre soixante, elle n’avait d’autre choix que d’être la destinataire, le réceptacle incarné du désir d’un homme.
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L’homme avait donné de l’eau à boire à la femme. Même si elle avait prétendu ne pas avoir soif, il avait insisté. On risque de se déshydrater après un effort physique, avait-il expliqué. Parlant d’un ton sévère, comme un parent à qui on ne peut raisonnablement pas s’opposer.
L’homme s’exprimait avec la confiance de quelqu’un qui est rarement contredit. À certains moments, la femme aimait plutôt son air d’autorité, mais à d’autres, elle en éprouvait de la rancune. L’homme semblait toujours la considérer avec l’expression perplexe d’un scientifique confronté à un curieux spécimen. Elle n’avait pas envie de penser (tout en le pensant compulsivement) qu’il devait la comparer aux autres femmes qu’il avait connues, et qu’il la trouvait déficiente.
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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