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EAN : 9782923896441
Marchand de feuilles (27/02/2015)
4/5   6 notes
Résumé :
Dans des forêts où les ancêtres appellent la poudrerie le souffle de la mort, une joaillière fabrique des bijoux avec des plumes d'oiseaux, un homme de 54 ans correspond avec celui qui a envoyé un message dans une bouteille jetée à la mer, un autre attend que l'orage éclate pour ouvrir la bouche et le boire en entier. La nature ouvre ses branchies, dans ce livre, où l'on demande et propose le pardon. Le Traité des peaux est rempli de talismans qui viennent de la ter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Traité des peaux » de Catherine Harton est un petit recueil de nouvelles (15, Marchand de Feuilles, Montréal, 176 p.).
Peu ou même pas (encore) connue en France, Catherine Harton, jeune poètesse québecoise d'une trentaine d'années, a déjà publiée trois recueils de poésie « Petite Fille brochée au ciel » (08), « Monomanies » (10) et « Francis Bacon apôtre » (12), tous 3 aux Editions Poétes de Brousse. Et pourtant le « Traité des Peaux » vient d'être finaliste du Prix des Cinq Continents de la Francophonie (16).
Divisé en trois parties, les textes traitent des problèmes de vie et surtout de survie des « Premières Nations » que ce soit les Inuits du Groenland, ceux du Nunavik (la région la plus au nord du Québec) ou les Amérindiens du Québec. Ce sont des peuples en pleine évolution, sous prétexte des soi-disant progrès de la civilisation. Ne pas confondre le Nunavik avec le Nunavut dont le nom signifie « notre terre » en inuktitut, qui est situé au nord de la Baie d'Hudson et qui comprend toutes les iles jusqu'à Ellesmere au cercle polaire. Pour remédier à cette ambiguïté, le gouvernement québécois a créé le Kativik, avec une Administration régionale spécifique. A signaler également que, au Canada, le terme « Esquimaux », est souvent considéré comme péjoratif. On lui préfère donc le terme d'Inuits ou Kalaallit en groenlandais.
On découvre des peuples dont le mode de vie est encore très proches de leurs coutumes ancestrales. Ce sont des amoureux très respectueux de la nature en particulier lorsque celle-ci est sous la neige et la glace. le livre un très bel hommage à ce qui constitue la majeure partie de leur vie, c'est à dire la chasse et la pèche pour assurer leur survie lors de températures polaires. Liés à la chasse, la complicité et le respect des chiens de traîneaux, ainsi que le traitement des peaux de phoques représentent la vie sociale.

Les 4 premières nouvelles se situent au Groenland.
« La mémoire des habiles » où l'on retrouve la poudrerie, cet espace de neige qui est constamment balayé par le vent, que les ancêtres appelaient « le souffle de la mort ». Pavia est dehors dans la poudrerie, il essaye de se souvenir de ses années plus jeunes, lorsqu'il y avait encore de quoi manger en abondance. « Pavia aime entendre souffler le vent, le sentir se frayer un passage à travers les lattes de bois, le cadrage des fenêtres ; il aime son hurlement, sa longue plainte, sa dramaturgie. Il aime sentir la nature gronder, elle rappelle les gens à l'ordre, impose sa force. »
Et puis la nature se réveille dans « Il faut toucher l'oiseau au coeur ». Enfin. La joie revient dans les familles, entre Joseph et Ana.
Puis la faim à nouveau dans « Ulu, couteau de femme ». « On finira bien par manger tôt ou tard », c'est que Simon revient finalement avec un phoque. « Tout y est : les os, les cartilages, la graisse chaude. Une odeur de fer, de vie s'échappe de l'animal. Enfin, l'envie d'habiter les lieux, l'envie d'y être »
Et la nouvelle qui donne le titre du livre « Petit traité de la peau ». Fari est déprime, la tannerie de son village va fermer, ce n'est qu'une question de jours. Avec elle disparait la seule source de revenus de la communauté. Après, que va-t-il se passer ? « [L]'entrepreneur […] savait que s'il incluait les Premières Nations à son plan de démolition, le chef du conseil de bande ne pourrait qu'acquiescer ; aucun chef ne souhaite voir son peuple s'étioler davantage »
On retrouve ce thème de la faim tout au long du recueil, sous diverses formes, mais avec toujours la même obsession. Il faut absolument trouver à manger pour que la famille puisse subsister, et tuer un ours ou des phoques n'est pas détruire la chaine alimentaire de la banquise. C'est du moins la position des peuples qui vivent de la chasse et de la pèche.
Pour le Nunavik, les nouvelles sont plus centrées sur la vie quotidienne, les chiens, la chasse et la pêche. « Uri, le chien et les fusils » et « Les baleines sont les doigts de la mer » « Avant, ils étaient libres, libres de pêcher sans permis, sans quota, ils pouvaient encore s'approvisionner à partir de la mer ». Et puis cette nouvelle sur Issi, chienne de traineau, en fait la chienne maitresse, celle qui voyait et sentait avant les autres chiens. Et en face, la réglementation stupide de la police gouvernementale qui fait abattre les chiens errants (ou soi disant errants). Uri, octogénaire ne se remettra surement pas de cette décision inepte. Une nouvelle très poignante. de la poésie en prose.
Quant aux nouvelles du Québec, ce sont déjà les signes de grand déclin de ces peuples. Dans « Boire l'orage entier » et « le bois majeur » on est déjà dans le monde moderne. La chasse dans les bois d'épinette, c'est une activité réservée aux plus anciens, qui connaissent encore les techniques de chasse et de pistage du gibier. Il n'y en a plus beaucoup qui savent.
Avec « Une chapelle de chagrin » et « Les mains jointes », il est déjà trop tard. Dans le premier cas, la vie moderne a déjà eu raison d'un vieil homme de la réserve, asocial et donc en prison. Dans le second c'est le souvenir du pensionnat. « Les religieuses distribuent facilement les coups » et « l'énergie brutale que les deux religieuses déploient pour la savonner ».
Très belle écriture que ce petit livre acheté un peu au hasard, avec une couverture assez surprenante de jeune femme recouverte dune peau de bison. J'ai découvert ce petit livre à Montréal, chez Archambault, le grand libraire de la rue Sainte Catherine. C'était après que la Maison de la Presse Internationale de Toronto ait définitivement fermé. C'est dommage, c'était un des rares endroits de Toronto, ou plutôt de Yorkville, le quartier chic (aux loyers également chics), où l'on trouvait des livres québecois (et aussi le Canard Enchainé, avec un peu de retard, mais bon…). Il y a aussi dans cette même rue (Yorkville Street) au nord de Bloor Street, Grigorian, un (LE) magasin, l'un des derniers, de musique et de disques, tant classique que jazz. Que de bonnes choses dans la même rue.
C'est sans compter les autres trouvailles que l'on peut faire à Toronto. le marché Saint Lawrence par exemple qui compte pour ce qui est des poissons et autres choses qui sortent de la mer. Parmi ces poissons, les saumons, ceux de l'atlantique, roses, tout comme ceux élevés en Norvège ou en Finlande. Saumon Atlantique (de son vrai nom Salmo salar) rose et gras, au gout de buvard souvent. Et puis le Saumon du Pacifique (Oncorhynchus keta cette fois) ou Saumon rouge (Oncorhynchus nerka) qui comme leurs noms l'indiquent sont beaucoup plus rouge, et surtout moins gras, car souvent ils sont sauvages. C'est le saumon Saumon sockeye que l'on retrouve sur la cote ouest des USA et Canada. Et puis le saumon de l'Arctique, qui en fait est un Omble chevalier (Salvelinus alpinus), à la chair jaune.
Des huitres aussi que l'on peut déguster sur place en demandant gentiment au marchand de les ouvrir (et il se fera un plaisir d'y joindre un flacon de ketchup). Mieux vaut pour cela aller sur les bords du lac Ontario, ou mieux dans quelques petits Oyster Bars en ville. Là on pourra déguster des huitres de terroirs différents, Atlantique et Maine, Prince Edward Island (PEI), Provinces Maritimes comme la Malpeque ou la Caraquet (Crassostrea Virginica) ou même de la cote ouest Pacifique comme la Kumamoto (Crassostrea Sikaema), toute petite – et plus chère). Cela vaut largement les portugaises et autres Marennes-Oléron, voire les Cancale. Sans parler des huitres plates (Ostrea Edulis) du Maine ou de PEI, qui sont un peu plus grandes – et aussi chères que les Belons. Mais je reste convaincu que les petits mareyeurs, tels ceux de PEI, à l'ouest de la partie centrale de l'ile vers Malpeque, sont la quintessence de l'huitre. Par contre, et c'est une des meilleurs adresses que je connaisse, le Grand Central Oyster Bar, au sous sol de la gare de Grand Central Station à New York City, vaut réellement le déplacement. Tous les jours ce sont environ 30-40 terroirs différents d'huitres qui sont proposés (compter tout de même environ 1 USD par huitre). On peut donc aisément composer son assiette à la demande, déguster, comparer, chose que j'ai eu du mal à faire concevoir, puis accepter à un de mes amis, poissonnier-mareyeur (mais je ne désespère pas d'y arriver).
Et pour terminer cet épisode bassement culinaire, ne pas oublier la saison du homard, en été, où dans les meilleurs restaurants de Toronto (et du Canada ou du Maine) on vous servira un homard bouilli. Une chose prodigieuse et une expérience inoubliable – et pour cause. Tout d'abord, la cérémonie du tablier, à vrai dire il vaut mieux. Puis, si non précisé avant, on vous apporte la bête bouillie. le fait de casser la pince fait d'ailleurs jaillir un impressionnant jet d'eau chaude (d'où l'importance du tablier). Dans l'assiette, on peut alors contempler un modèle réduit de la pince sous forme de chair de homard, globalement à l'échelle 1/3, et à la texture variant du caoutchouc mou à celle du papier buvard durci. Un summum, je vous l'avais dit. Les petits restaurants de la Belle Province, que ce soit en Gaspésie ou dans les Provinces Maritimes, sont tout de même plus fréquentables. On y sert des homards grillés, convenables.
A noter aussi la chowder, chaudrée d'après l'origine charentaise du plat au Québec, faite de poissons et fruits de mer en soupe. Un régal. Idem, ce plat est aussi à déguster à New York, voir l'adresse plus haut ou sur toute la cote est, y compris à Boston où on sert indifféremment des clam ou des oyster chowders. Dans ce dernier cas, les huitres, souvent de bonne taille, sont pochées dans la soupe à la crème, ce qui procure des textures et des gouts variés. Un régal, je vous l'avais dit.

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Bonjour!

Traité des peaux de Catherine Harton publié par les Éditions Marchand de feuilles (cette maison d'édition semble toujours proposer au public des livres très beaux) est un recueil de nouvelles fort intéressant! Cette écrivaine au début de la trentaine fait paraître ce recueil en 2015 et elle devient finaliste pour le prix du Gouverneur général du Canada dans la catégorie Roman et nouvelles. Elle n'est pas une inconnue du milieu littéraire car elle remporte en 2013 le prix Félix-Antoine-Savard en poésie.

Ce livre est divisé en trois parties : Groenland, Nunavik et Québec et il est composé de 10 nouvelles. le lecteur retrouve des thématiques faisant partie de l'imaginaire collectif comme le lien unissant l'autochtone à la nature (la faune et la flore). L'écrivaine traite aussi des drames que les membres des Premières nations ont vécus depuis l'arrivée des Occidentaux sur leurs territoires. D'ailleurs, un des personnages de la nouvelle «Uri, le chien et les fusils» mentionne :

“[…]; ce sol ne nous appartient pas, un jour l'homme blanc prendra possession de nos âmes, l'homme n'a jamais dominé la nature, il la subit, s'il croit faire corps avec elle c'est qu'il ne l'a pas encore comprise. (p. 80)”

Le lecteur est entraîné au fil des pages sur le territoire du Grand Nord à travers diverses époques… L'écrivaine brosse un portrait très beau avec des descriptions du paysage sublimes. de plus, elle amène son lecteur à réaliser la dualité dans laquelle semble plonger les habitants de ce territoire nordique. En ce sens, la nature apparaît magnifique mais en même temps, elle s'avère meurtrière.

“Elle apprivoise le soleil de l'après-midi, son tapage intérieur. Un peu comme si le jour faisait violence. Les glaciers, comme des cathédrales de glace, sont au centre de l'immensité, un désert blanc, magnifique, mais aussi ravageur lors des tempêtes. Elle a l'habitude de ce paysage et de ses faiblesses, elle a mis des années à apprivoiser la lame du froid, à parfaire son rôle. Bientôt, les nuits noires sans fin s'étendront sur le paysage, les étoiles seules serviront de guides ou d'astérisques fragiles à l'existence. (p. 46)”

La relation entre l'autochtone et les animaux est aussi ancrée dans une dualité. L'homme doit se protéger des ours blancs qui peuvent le tuer, le blesser. de plus, les animaux permettent aux autochtones de combler leurs besoins de base. Sans la pêche et sans la chasse, ces êtres humains ne peuvent survivre. Ces activités font partie de leur mode de vie, de leurs traditions. de plus, les autochtones dans le Nord du Canada doivent posséder des chiens pour se déplacer, pour surveiller la maison ou pour avertir qu'un intrus se profile.

“Il fait le tour de sa maison à la recherche de ses chiens. Six molosses aux yeux grands froids. Il comble ses protecteurs, lance des morceaux de viande découpés à la hâte. Il sait que ses chiens sont une partie insécable de son existence. Sans les chiens, l'hiver n'aurait été que plus pénible, interminable. (p. 25)”

Aussi, les animaux fournissent aux autochtones un espoir, une lumière, une paix, un sentiment de liberté. Dans «Les baleines sont les doigts de la mer», Pauline, mère alcoolique, révoltée contre la perte des traditions, amène sa fille en bateau afin qu'elle puisse retrouver le souffle du temps ancestral… Les mammifères marins lui confèrent une quiétude, lui ouvrent les portes d'un paradis perdu…

“Puis, elle aperçoit une nageoire dorsale, de la vapeur qui sort d'un évent au ralentit, les baleines s'étirent au soleil, majestueuses, elles font gronder la mer. Leena s'imprègne de chacune des images, l'eau salée et le balancement du bateau amendent la magnificence du moment. Elle s'agrippe à une des poignées, pas de doute ce bateau est un signe de liberté.
Leena se dit que les baleines sont là pour ralentir le temps. le moment est libéré de toute peines et doutes, le moment qu'elles viennent quêter de l'air à la surface. (p.105)”

Dans ce recueil, l'écrivaine traite également d'éléments sombres qui ont marqué l'histoire canadienne. Ainsi, elle soulève le drame entourant les pensionnats dirigés par des membres de l'église catholique (frères, curés, soeurs). Les enfants autochtones ont été arrachés à leur famille et envoyés dans des pensionnats afin de les convertir, de les purifier, de les éduquer selon le modèle occidental. Beaucoup d'entre eux ont été battus, violés, humiliés… Dans la dernière nouvelle «Les mains jointes», l'écrivaine entraîne son lecteur dans cet univers. Ainsi, un adulte ayant été abusé sexuellement enfant à l'intérieur d'un pensionnat s'ôte la vie. La soeur du personnage termine en relevant ceci :

“Elle l'imagine à sa table, jouant aux cartes avec son mari; le rire franc, une bière fraîche à la main. Elle ouvre le journal, le parcourt rapidement, un article attire son attention : Enfants autochtones maltraités dans les pensionnats canadiens; le pape regrette mais ne s'excuse pas. Elle ne lira pas l'article, elle se demande seulement quand l'Église finira par tomber. (p. 171)”

Par ailleurs, dans une entrevue accordée à Josée Lapointe, Catherine Harton aborde son processus d'écriture pour Traité des peaux. L'écrivaine mentionne :

“J'ai lu beaucoup de témoignages, regardé des documentaires, des reportages et je me suis servie de ça pour construire cet univers. En même temps, quand on aime quelque chose, ce n'est pas difficile d'embarquer et de se laisser porter. Avant toute chose, le but de ces nouvelles était de rendre hommage, de décrire les beautés nordiques. Je suis partie avec l'idée de rencontrer ces lieux magnifiques.”

De plus, Harton, grâce à ce recueil, semble exposer les traditions des autochtones pour tenter de les comprendre, de créer un lien avec eux, de les découvrir, de dénoncer les pratiques occidentales… Elle relève ainsi cette différence, voire intolérance de l'homme blanc envers l'autochtone et son mode de vie…

J'aime beaucoup la littérature ayant comme personnages principaux des autochtones… Je cherche et je crois bien que c'est le seul ouvrage rédigé par une femme mettant en scène des figures autochtones que j'ai lu. Je lève mon chapeau à l'écrivaine d'avoir réussi à nous partager sa vision tout en sensibilité… Il y a beaucoup d'humanisme caché dans chacune des nouvelles du recueil…

Au plaisir!
https://madamelit.wordpress.com/
Lien : https://madamelit.wordpress...
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Groenland, Nunavik, Québec. Trois régions où tentent de survivre les Premières Nations.
Ce recueil de nouvelles nous conte la vie de ces autochtones qui s'accrochent désespérément à leur passé, leurs traditions. Se battre contre la nature, ils savaient faire, ils en avaient l'habitude. Mais se battre contre l'administration, contre les Blancs au pouvoir, ils ne savent pas.
Comment continuer à vivre de la pêche ou de la tannerie des peaux dans cet univers mondialisé ? Comment s'alimenter et se vêtir comme on l'a toujours fait quand les lois universelles fixent des quotas de pêche, des interdictions de tuer les phoques pourtant en surnombre ? Comment vivre de manière ancestrale quand les lois des Blancs de la ville obligent les propriétaires de chiens (de chasse ou de traineaux) à les attacher sous peine d'être abattus ? Comment survivre simplement dans des régions dépourvues de tout service ?

Avec des descriptions aussi fortes que simples, Catherine Harton nous plonge en immersion totale dans ces milieux en mutation et nous dépeint des paysages grandioses où la rudesse du climat n'a d'égal que celle des hommes. Quelle poésie et quelle force dans ces descriptions ! Chaque élément semble posséder une âme. Etre à la fois source de vie et vecteur de mort. Quelle émotion dans ces tableaux du quotidien !

Déterminé, battant, rêveur... chaque homme dont elle nous parle est une allégorie. Une lutte permanente contre la nature qui peut se montrer si hostile et une lutte inégale contre le pillage des ressources. Et par là même contre leur anéantissement. Ces peuples en pleine mutation forcée ont-ils une chance de survivre aux « progrès » de la civilisation ? Peuvent-ils s'adapter sans y perdre leur âme ?

Telle une fable, ce recueil nous dépeint le quotidien des Nations Autochtones. La plume poétique de l'auteur joue sur l'exotisme de ces contrées en sublimant la nature dans ce qu'elle a de plus beau. Images de rêve qui nourrissent nos fantasmes de pureté quand aucun touriste ne s'aventure là-bas.

Un bel hommage pudique et poétique à tous ces hommes et ces femmes des Premières Nations ; à leurs rêves, leurs espoirs, leurs désillusions. Une indignation digne pour ces gens qu'on a forcé à changer de vie alors qu'ils ne dérangeaient personne en vivant en harmonie avec la nature.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après une heure, Leena est frigorifiée, elle chiale, sa mère lui demande de patienter encore quelques instants. Puis, elle aperçoit une nageoire dorsale, de la vapeur qui sort d’un évent au ralenti, les baleines s’étirent au soleil, majestueuses, elles font gronder la mer. Leena s’imprègne de chacune des images, l’eau salée et le balancement du bateau amendent la magnificence du moment. Elle s’agrippe à une des poignées, pas de doute ce bateau est un signe de liberté
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La nature ouvre ses branchies, son ventre : les magnifiques grappes de verdure, l’apparition des collets, les fontes promises, quelques pousses sèches et un reflet argenté sur l’eau. L’odeur des lieux monte à la tête, trop de parfums doux et incisifs à la fois, le sel, la marée montante, le corps réparé. La température a monté en flèche, quinze degrés. Le soleil accapare chaque pli d’humanité, les glaciers luisent ; c’est un spectacle rare.
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Elle apprivoise le soleil de l’après-midi, son tapage intérieur. Un peu comme si le jour faisait violence. Les glaciers, comme des cathédrales de glace, sont au centre de l’immensité, un désert blanc, magnifique, mais aussi ravageur lors des tempêtes. Elle a l’habitude de ce paysage et de ses faiblesses, elle a mis des années à apprivoiser la lame du froid, à parfaire son rôle. Bientôt, les nuits noires sans fin s’étendront sur le paysage, les étoiles seules serviront de guides ou d’astérisques fragiles à l’existence. (p. 46)
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Pavia aime entendre souffler le vent, le sentir se frayer un passage à travers les lattes de bois, le cadrage des fenêtres ; il aime son hurlement, sa longue plainte, sa dramaturgie. Il aime sentir la nature gronder, elle rappelle les gens à l’ordre, impose sa force.
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Puis, elle aperçoit une nageoire dorsale, de la vapeur qui sort d’un évent au ralentit, les baleines s’étirent au soleil, majestueuses, elles font gronder la mer. Leena s’imprègne de chacune des images, l’eau salée et le balancement du bateau amendent la magnificence du moment. Elle s’agrippe à une des poignées, pas de doute ce bateau est un signe de liberté.
Leena se dit que les baleines sont là pour ralentir le temps. Le moment est libéré de toute peines et doutes, le moment qu’elles viennent quêter de l’air à la surface.
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