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EAN : 9782070768745
154 pages
Gallimard (27/02/2003)
3.33/5   3 notes
Résumé :

«Avec les policiers, Moussa il m'a confirmé de faire l'idiot. Surtout pas montrer qu'on sait parler français. Pas trop gâter l'affaire, donc fermer sa bouche. Ou pleurer pour pêcher la pitié des Français. Les Français de France sont plus gentils que les Français de là-bas, ça c'est pas Moussa qui l'a dit, je connais tout seul. J'ai stocké l'expérience. Bon je dis rien pace que Roissy c'est danger, on risque de dire ça c'est des emmerdements africains. J'ai r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« L'Afrique – qui fit – refit- et qui fera. » Michel LEIRIS

Les premiers livres publiés dans cette collection bénéficiaient d'une présentation de Jean Noël Schifano directeur de la collection. J'en extrait deux phrases emblématiques « Nous parions, ici, sur les Africains d'Afrique et d'ailleurs, de langue française et de toute langue écrite, parlée et sans doute pas écrite encore, nous parions sur l'écriture des continents noirs pour dégeler l'esprit romanesque et la langue française du nouveau siècle. Nous parions sur les fétiches en papier qui prennent le relais de fétiches en bois. ». le frontispice des premières parutions a disparu mais l'orientation éditoriale demeure.

C'est après avoir lu de nombreux auteurs, africains, antillais, publiés dans cette collection (et chez d'autres éditeurs), que j'ai souhaité, dans une note aux dimensions modestes, faire partager des plaisirs de lecture et peut-être vous entraîner dans ces espaces si proches et si peu connus. En ces temps d'éphémères, je choisis de puiser dans les premiers ouvrages publiés.

Laissez vous guider par les titres et leurs résonances, passez la porte des jaquettes tachées et entrez dans ces continents, vous y trouverez des écrivain-e-s passionné-e-s et passionnants.

Vous avez peur de l'inconnu, vous chercher des repères, pourquoi ne pas commencer par les deux livres de Boniface MONGO MBOUSSA « Désirs d'Afrique » et « L'indocilité » qui présentent un large panorama d'auteurs, odeurs classiques, fragrances modernes, ténèbres rwandaises, flamboyances congolaises, diaspora et casques coloniaux.

L'écriture des un-e-s vous enchantera, celle d'autres vous fera rire, leurs rêves vous sembleront proches et d'autres si lointain. Contes, récits épiques, aventures, livres accrochés à la vie.

Quelques idées, pour vous mettre l'eau à la bouche, espérances de lectures à venir.

Plongez vous dans la langue savoureuse de Abdourahman WABERI « Transit » qui de Roissy à Djibouti évoque la guerre et l'exil ou « Rift, routes, rails » variations au passé et au présent sur les déserts, les océans et les mythes. Choisissez la langue brutale de la martiniquaise Fabienne KANOR qui dans « D'eaux douces » raconte l'aliénation d'une femme au prise avec les questions identitaires.

Peut-être serez vous attiré par le titre « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » de Henri LOPES qui revient sur le mouvement de la négritude et s'interroge sur la création, la francophonie, le métissage à l'heure de la globalisation .

Choisissez l'un des romans de Ananda DEVI, originaire de l'île Maurice, par exemple « Soupir » et son premier paragraphe « La terre est enflée comme une langue qui n'a pas bu depuis longtemps. le sable coule aux pores. Les horizons et les regards sont scellés. Au dessus de nous, le ciel semble ouvert. Mais il n'y a rien d'ouvert, ici. Nous sommes nés enfermés. »

Suivez la quête d'amour de Maya, héroïne de Nathacha APPANAH-MOURIQUAND.

Vous n'aimez pas le foot, que cela ne vous rebute pas d'entrer dans « La divine colère » du camerounais Eugène EBODE, pour y partager sa critique de la compétition et des passions « transformant les stades en crachoir et en cratère de tous les exutoires ».

Que dire de « L'ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos TUTUOLA, qui fait figure d'ancêtre de ces littératures. La traduction de Raymond QUENEAU est un régal.

Allez à « Lisahohé » capitale imaginaire mais si réelle du togolais Théo ANANISSAH pour suivre et vous perdre dans une enquête où le narrateur même ne semble pas si innocent.

Rejoignez la tendresse de la gabonaise Justine MINTSA dans « L'histoire d'Awu » à moins que vous ne vouliez suivre le chemin du journaliste qui vous entraînera sur les traces de Lidia do Carmo Ferrerira poétesse dans « La saison des fous » de l'angolais José Eduardo AGUALUSA.

Mais peut-être serez vous plus sensible à la confrontation entre modernité et privilèges ancestraux dans « La révolte du Komo » du malien Aly DIALLO, au récit du congolais Mambou Aimée GNALI et son « Beto na beto, le poids de la tribu » ou au destin de l'aveugle Doumé dans le roman « le cri que tu pousses ne réveillera personne » du camerounais Gaston-Paul EFFA .

Admirez le portrait dressé de l'île Maurice par Amal SEWTOHUL dans « Histoire d'Ashok et d'autres personnages de moindre importance », ou parcourez l'effacement de la société traditionnelle dans le système colonial de Donato NDONGO dans « Les ténèbres de ta mémoire ».

Je ne veux ni vous lasser si substituer mes propres découvertes à vos possibles lectures.

J'ai gardé pour la fin la mosaïque de Sylvie KANDE « Lagon, Lagunes » et la petite postface si belle de Edouard GLISSANT qui se termine par cette invitation « Je voulais seulement, à cette place, partager avec vous l'insondable et l'imprévisible. Écrire est une divination. Lire ce qui fut écrit, c'est déchiffrer l'énigme. »
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous avons quitté une nuit (ou était-ce en plein jour ?) le pays qui existait si profondément en nous, sauvant ce qui nous restait, c'est-à-dire notre propre carcasse. D'emblée, nous sentions la tombe. Un pays où l'on brasse la vie et la mort dans le même creuset, où l'on passe d'éclipse en chute, le corps gelé, l'âme pétrifiée. Un pays où le rythme n'a que deux accents, et quels accents sublimissimes -- le chaud et l'humide, la lumière et l'ombre, le jour et la nuit. [...] Un pays où, enfin, il devenait de plus en plus urgent de retracer la généalogie tribale. Un pays où les avenues de la capitale recouvertes d'eaux d'égout dégagent une odeur insupportable que les pompes du soleil n'arrivent pas à évacuer. Ici, toutes les routes mènent à la préfecture. Nous sommes à présent en sursis sur cette terre sans promesse autre que celle de l'humiliation, en compagnie de tous les autres rebuts de la planète, à la fois bourreau, victimes et témoins.
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Quand à nous, on se décrit comme des absents présents, des quidams flageolants qui ont beaucoup de choses à raconter sur leur vie d'avant mais que l'embouteillage de mots dans la gorge rend plus taiseux qu'un régiment de moines bouddhistes. Nous restons prisonniers du fleuve des mots qui s'enchaînent en méandres -- dans quelle langue allumer le feu de la confession ? Ce que nous aurions à vous dire vous aurait enlevé à coup sûr le goût du sommeil, l'envie de vous engraisser de désœuvrement à domicile. Ce que nous aurions à vous dire en appelle autant au cœur qu'à la conscience. Désormais sourds-muets, nous trimballons nos silhouettes miniatures en silence, perdus de solitude jusqu'à ne plus pouvoir ou savoir parler. Nous sommes et restons en définitive des grains de sable échoués dans le désert d'un autre. Personne à notre poursuite et pas un signe d'hospitalité en vue. Nous n'avons même plus nos nattes sur lesquelles nous dormions une fois soulevé le petit pagne qui sert de cloison entre le coin des enfants et celui des parents. Nous avons laissé dernière nous nos histoires, nos mélodies, nos grimoires et nos ancêtres. Le danger qui guette est celui-ci : si l'on vit uniquement dans le présent, on risque d'être enseveli avec le présent.
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Nous sommes quelques-uns à nous recroqueviller dans le fond des banquettes pour nous soustraire à l'onde visqueuse des flots de voyageurs
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Je suis né d'hier, je dis hier comme ça, enfin je veux dire que je suis né il n'y a pas très longtemps, et même à l'échelle de ce pays poussin je suis pas trop cassé quoi
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Soleil couleur réglisse la nuit, couleur cuivre les après-midi
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Vidéo de Abdourahman A. Waberi
Alain Mabanckou a quant à lui co-signé avec l'historien Pascal Blanchard, et l'écrivain Abdourahman Waberi, "Notre France Noire, de A à Z". Un abécédaire qui porte la vision d'une France que beaucoup ont oublié, aimeraient effacer ou se refusent à voir, une vision de la France que nous n'avons pas l'habitude de voir dans nos manuels scolaires. Quatre siècles d'une histoire aussi violente que fructueuse entre la France et les populations noires, entre domination et révolte, rencontres et échanges. Les auteurs signent une célébration et réhabilitation de la mémoire et de l'histoire des populations noires dans la France d'hier et d'aujourd'hui. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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