Quand j'ai dit autour de moi que je lisais le livre de Monsieur Winter, certains se sont demandés quelle mouche avait piqué le papa de la chanteuse pour écrire un livre sur la transmission (et quel insecte m'avait attaqué moi pour que je le lise) puisque finalement, la foi, Ophélie, c'est Dieu qui le lui a donnée (oui, je sais, elle était facile; et de là à dire que son père et Dieu c'est kif-kif, c'est un raccourci que je ne me permettrais pas compte tenu de la psychologie de comptoir qu'il représente).
Jean-Pierre Winter n'a pas, que je sache, de lien de parenté avec la belle blonde. C'est un psychanalyste, ne bridant pas sa pilosité, que vous avez vu sur les plateaux de télé notamment aux côtés de
Maïtena Biraben. Il est connu pour son opposition à l'homoparentalité, mais ce n'est pas le sujet abordé ici.
Dans ce livre, il a compilé les textes de 3 de ses conférences ayant un thème commun :
transmettre (ou pas).
J'ai réellement bien accroché aux deux premières ayant pour prisme la lecture et la famille. Je suis en revanche restée hermétique à la troisième, abordant la religion, sans doute car je suis athée voire carrément agnostique. Inculte, en tout cas, dans ce domaine.
Concernant la lecture, d'abord, je vous le demande : vous souvenez-vous du jour où vous avez cessé d'annoner des syllabes, du jour où vous les avez déchiffrées en même temps que vous vous êtes représentés ce que vous lisiez ? Non, n'est ce pas ?! Il faut dire que cela s'est sans doute fait en un éclair. Normal, selon
Freud, embryon vous saviez déjà, si, si ! Il suffisait du coup de pouce d'un enseignant pour vous le rappeler. Mais
Lacan nous dit : pas n'importe quel enseignant ! Un enseignant qui laisse émerger votre savoir sans l'excès de pédagogie qui empêche le miracle d'arriver.
Enseignants ne vous découragez pas, cela prend parfois du temps et le retour n'est pas nécessairement immédiat mais vous transmettez bien plus que vous ne le croyez lorsque vous n'êtes pas trop sclérosant. Si vous ne remplissez pas les crânes à ras bord mais laissez la curiosité de chacun émerger, alors c'est gagné !
Monsieur Winter est quant à lui partisan du compagnonnage. Non pas un enseignement vertical, de maître à élève, mais horizontal, entre élèves avec la référence à un maître. Il voit ça comme un travail en binôme pour favoriser l'échange avec l'autre et la passion de la recherche.
Concernant la famille, comme moi, vous avez sans doute un sac à dos plus ou moins bien rempli (ou vous traînez des casseroles selon le point de vue culinaire ou bagagistique) et vous ne savez pas toujours par qui et comment il l'a été (quel est donc celui qui vous a attaché autant de boulets ? Franchement ?).
Vos parents ont essayé de vous transmettre, de manière tout à fait consciente, des valeurs et des principes. Ils ont parfois fait leur possible pour vous insuffler confiance en vous et vous donner beaucoup d'amour. Mais dans le package, vous avez également reçu leurs angoisses, leurs regrets, leurs secrets ou ceux des générations qui les ont précédées puisque vos parents eux-même les ont reçus en héritage (et n'ont pas su s'en défaire).
Pour
Freud, la véritable transmission est indépendante de notre volonté et ne suit pas forcément l'ordre des générations. Ce qui explique que nos comportements soient parfois guidés, sans que nous ayons pleine conscience, par un passé dont nous ignorons tous les détails. Couper ses racines, les étouffer ? Non, M. Winter vous invite à les laisser agir mais à choisir.
On peut se décoller de son histoire familiale, rebattre les cartes et décider des atouts avec lesquels on va jouer. A l'adolescence, classiquement, on se bat contre ce qui nous a été transmis. Mais on peut le faire à nouveau ensuite, à tout moment. J'adhère complètement à ce genre de message. Rien n'est prédeterminé, on peut toujours agir. Choisir, décider.
Dans ce livre, donc,
Jean-Pierre Winter apporte son éclairage en s'appuyant sur les ténors de la
psychanalyse (
Freud,
Lacan et Dolto). le constat aurait pu être effrayant pour qui aime tout contrôler, puisque
Freud nous dit en substance : nous ne savons quasiment rien de ce que nous transmettons ni de ce que nous absorbons puisque cela passe de surmoi en surmoi. On capte donc sans distinction, ni filtrage, le bien et le mal. Heureusement,
Jean-Pierre Winter nous rassure : nous avons tout de même un pouvoir d'action lors de l'émission et de la réception.
Nous sommes certes constitués de ce que l'on nous a transmis à l'école et à la maison, mais nous sommes également le fruit de nos choix. Si la distribution des cartes est sans doute inégale, il y en a toujours deux ou trois plus fortes dans le paquet : à nous de les repérer !
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