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Trilogie maritime tome 3 sur 4

Marie-Lise Marlière (Traducteur)
EAN : 9782070421459
410 pages
Gallimard (30/04/2002)
4.17/5   9 notes
Résumé :

Edmund Talbot, jeune aristocrate anglais, poursuit son voyage vers les antipodes, une épopée maritime longue et éprouvante. Les péripéties comiques et tragiques qui se succèdent décantent et révèlent les caractères: Mr Prettiman, qui semblait un pantin grotesque, apparaît être un humaniste, Miss Granham, la sévère institutrice, doit affronter la tempête... Edmund se languit de l'o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Trilogie Maritime - Tome 3

Pour cet ultime acte, la forme change encore : comme annoncée dans l'épilogue du second tome, Talbot va nous conter la fin de cette histoire en mode « mémoires », écrites quelque temps après la fin de cette grande traversée.
Le ton ne s'en trouve pas boulversé pour autant, mais autorise, en plus d'une analyse à froid des événements par le narrateur, l'insertion savoureuse d'un commentaire de géographe, sceptique au sujet de l'existence du continent Antarctique, dont la découverte formelle n'interviendra qu'après 1819, alors que notre épopée se situe entre 1814 et 1815, Napoléon et l'île d'Elbe comme seul repère temporel de la saga.

Ce troisième tome est bien une apothéose. Il donne un éclat supplémentaire aux deux premiers, précise le propos sous-jacent de l'auteur, étoffe et complexifie davantage notre galerie de personnages.
Equilibré entre actions et discussions, comblant tout en agaçant les attentes du lecteur, se permettant même, mise en abîme obligée de l'écrivain, une réflexion littéraire sur la manière de clore une histoire, convoquant jusqu'à la grande Jane Austen.

Notre héros interroge toujours autant, lui qui a « commencé la traversée avec l'objectivité de l'ignorance et terminé avec la subjectivité du savoir », tout comme l'échantillon d'opinions divergentes sur la société représenté par ses acolytes embarqués. Solidement identifiables, ils n'en perdent pas pour autant cette finesse ambivalente — de cette multitude d'analyses possibles au lecteur… Individu/Société… Nature/Culture… Raisons (sic !) et Sentiments…

Au final, Golding n'impose rien de clair, à créer cet attachement à ce personnage plutôt détestable; il reste vigilant, en haut du mât de misaine, scrutant l'océan des possibles, distillant l'amour et la haine à ceux qui se tiennent encore sur le passavant — de la dunette au gaillard d'avant —clôturant cette odyssée de plus d'une année, à jamais entre surprises et convenances.

P.S. : Doit-on faire confiance à une personne masquée accompagnée d'un chat de taille humaine ? Dans ce cas-ci, pas vraiment… (faites attention, il vous raconte toute l'histoire en plus…)
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Pour moi, la qualité du livre va crescendo !
Cet épisode est la suite du voyage du vieux vaisseau, depuis Bonne Espérance à.... va -t-il arriver ?
Avec un bateau pourri et une mâture défectueuse, ils vont affronter les
40e rugissants et les 50e hurlants... Des déferlantes comme des murs de béton, où la coque de noix ( longue de 50 m quand même, et jaugeant 3.000 tonneaux ) se soulève et retombe lourdement.... Je ne vous dessine pas les glissades des passagers !
Le style "journal de bord" est un peu ennuyeux au début, mais on retrouve les personnages bien campés. le capitaine Anderson, un capitaine Haddock toujours bougon, Edmund, peut être futur lord s'il arrive à Sidney Cove, fait office de Tintin, se mêlant de tout pour moins penser à Marion, Celle Qui Va en Inde... à tel point que le sympathique Charles lui propose de devenir aspirant, pour oublier autre chose....
Et puis il y a l'infernal et diabolique angelface, le lieutenant Benét, exaspérant par sa condescendance, son savoir, ses compétences, ses analyses, séduisant même le capitaine !
D'après moi, le titre mystérieux, "La cuirasse de feu", correspond au charbon de bois brûlé pour tordre le fer afin d'immobiliser le pied du mât de misaine, idée, bien sûr, de Benét ! Mais, chauffé à blanc, le pied de mât, d'après Charles, menace toujours de flamber !
On retrouve le William Golding de "Sa Majesté des Mouches", opposant avec qualité, non Jack à Ralph, mais Benét à Charles...
Ce duel devant Anderson et Talbot est égayé, si l'on peut dire, par les masses d'eau qui balayent le pont, la misaine qui menace de céder, le cintrage de la coque pourrie, qui ne suffit que faiblement à empêcher l'eau de s'infiltrer entre les lattes du bordé, puis, pour couronner le tout, l'énorme glacier qui se rapproche.
Enfin, Jones est assuré !... Ahem...
Et on découvre en même temps que Talbot que Prettiman, le blessé geignant, est un homme d'un haut niveau intellectuel, qui en remontre à Edmund.
.
J'aurais aimé une joute verbale Prettiman / Benét !

J'ai adoré... ça se termine, pour moi, en page-turner, avec mes questions silencieuses :
"Et alors ? et alors ?..." :)
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Fire Down Below
Traduction : Marie-Lise Marlière

ISBN : 9782070421459


Le troisième et dernier tome de la "Trilogie Maritime" de William Golding repose pourrait-on dire exclusivement sur l'affrontement, plus ou moins larvé, entre le lieutenant Benét, venu de "L'Alcyone", et le premier lieutenant Charles Summmers. Si leur condition sociale oppose déjà les deux hommes - le premier est issu d'un milieu relativement aisé, le second a accédé au plus haut grade des lieutenants alors qu'il avait débuté simple matelot - leurs caractères sont aussi en totale opposition. Séduisant, versificateur à ses heures, toujours occupé de quelque intrigue féminine - il ira, après lady Somerset sur "L'Alcyone", jusqu'à courtiser Miss Granham, devenue Mrs Prettiman, laquelle lui répondra par un vigoureux soufflet - Benét ne doute de rien. Surtout, il est de la race des opportunistes, des intrigants. Il est si doué en ce domaine qu'on peut lui prédire une carrière étincelante. La meilleure preuve n'en est-elle pas qu'il est devenu en quelque sorte le "chouchou" du terrible et redoutable capitaine Anderson ? Oui, il a conquis celui-ci. Lentement. Patiemment. Et, désormais, Anderson ne jure que par lui, lui parlant avec une relative courtoisie dont, jusque là, les autres officiers n'ont jamais pu bénéficier.

De l'autre côté, Summers est grave, un peu triste, ne paraît guère se soucier des femmes, encore moins du libertinage et de l'amour et possède un sens du devoir totalement étranger à son rival. Benét est astucieux certes mais superficiel. Summers, lui, pense beaucoup trop et méprise les apparences. S'il aime la précision dans son travail, il a aussi un faible pour la complexité des idées et pour certaines questions que l'on se pose, peu importe sa condition sociale mais pourvu qu'on ait un minimum de coeur et d'intelligence, quand on est en quête d'absolu.

Afin de permettre au navire qui se traîne avec ses mâts réduits au minimum de reprendre de la vitesse, Benét propose de boulonner des plaques de fer rougies à la base du mât principal. L'idée présente cependant un danger, que Summers perçoit tout de suite et qu'Anderson lui-même relève : en agissant ainsi, on risque d'introduire le feu à l'intérieur du mât et, en le laissant couver, une explosion à plus ou moins long terme. Qu'à cela ne tienne ! Aidé par le forgeron du bord, Benét dresse une petite maquette et effectue une démonstration impeccable. Anderson applaudit, Summers conteste toujours mais se soumet.

Néanmoins, le principe Benét donne de bons résultats. Si le danger reste toujours présent, le navire file maintenant sept ou huit noeuds. Tant mieux pour les passagers et l'équipage - qui sont pour ainsi dire rationnés, en tous cas en vivres. Talbot, qui s'est lié d'amitié avec Summers dès "Rites de Passage", ne sait plus trop quoi penser. Il sait combien Summers est sensible à l'idée qu'on puisse s'éloigner de lui parce qu'il vient d'une famille de petites gens : c'est son talon d'Achille alors que, très sincèrement, en dépit de ses défauts, Talbot est vraiment au-dessus de pareille mesquinerie. Finalement, le jeune aristocrate choisit plus ou moins le "camp" Summers. Mais celui-ci lui reproche alors de s'être rapproché du couple Prettiman - elle, une ancienne gouvernante très rigide, lui un libre-penseur qui rêve de sauver les bagnards déportés en liberté et vénère Voltaire.

Bon garçon, apprenant de ses échecs et cherchant avant tout l'impartialité la plus absolue, Talbot se maintient tout de même auprès de Summers. (Certains lecteurs subodoreront peut-être dans cette amitié virile si exigeante un vague soupçon d'homosexualité. C'est possible mais je ne me prononcerai pas et je suis sûre et certaine que, s'il existe, Talbot n'en a nulle conscience.) Lorsque l'on touche enfin terre, à Sydney Cove, il obtient même de ses relations une promotion pour Charles. Hélas ! Alors que celui-ci surveillait le vieux bateau assoupi dans la rade, ce qu'il avait prévu il y a plusieurs mois se produit : le feu qui couvait dans le mât se déclare et les flammes se répandent partout.

On ne retrouvera jamais le corps de Charles Summers. Grimpant à bord à sa suite, Edmund Talbot avait pourtant essayé de le sauver. Mais il n'avait rien pu faire. Un mort de plus par conséquent à ajouter au compte de cette traversée vers l'Australie qui en aura connu un nombre assez important.

Sinon, Edmund retrouve Miss Chumley, qu'il épousera, bien sûr. Les Prettiman partent pour le bush - et on n'entendra plus parler d'eux. le capitaine Anderson regagne l'Angleterre et emmène dans son sillage le sémillant lieutenant Benét.

Outre les scènes impressionnantes du boulonnage du mât, le morceau de bravoure de "La Cuirasse de Feu" reste la rencontre du navire avec un gigantesque iceberg que les courants lui permettent d'éviter par miracle alors que, sur le pont, tout le monde s'est résolu à rendre son âme à Dieu. Un iceberg aux reflets verts, de ce vert particulier que la mer seule sait prendre à certains moments, en certains lieux. Une vision grandiose, hallucinante, merveilleuse. Qui vous gèle tout d'une pièce. Mais, malgré cela, je le répète une fois encore, je n'ai pas trouvé dans "La Cuirasse de Feu", cette folie dramatique qui présidait à "Rites de Passage." Et pourtant, force est de reconnaître, dans la mort de Charles Summers, comme un écho de la triste fin du Révérend Colley. Une chose est sûre : mieux vaut que le pauvre vieux navire ait explosé - on aurait fini par chuchoter dans les ports que sa vieille carcasse portait la poisse. ;o)
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C'est avec la Cuirasse de feu que se clôt la Trilogie maritime, narration des hauts faits du squire Talbot et des périls qu'il rencontra au cours d'une année de traversée, pour joindre les antipodes. le lieutenant dont l'incurie a été la cause des graves dommages subits par le bateau où vogue Talbot a été débarqué sur le navire de guerre Alcyone en échange du lieutenant Benét que le capitaine de ce vaisseau a relevé de ses fonctions après l'avoir surpris dans la cabine de son épouse. Jamais individu n'a si mal porté son nom. le dit Benét est un officier intrépide et pleins de ressources, qui sait se rendre indispensable. Grâce à une idée de son cru, des plus audacieuse, il permet au navire en capilotade de retrouver un semblant de dignité. On lui pardonnerai presque son penchant à la versification et sa propension à courir le guilledou. Edmund Talbot s'est, quant à lui, totalement fondu dans cette communauté en miniature, abandonnant de sa superbe, tissant des liens avec l'équipage, savourant et adoptant le lexique des loups de mer, prenant son quart. Son aide sera rien moins que superflue pour arriver à bon port.

Cuirasse de feu est l'épisode le plus épique de la trilogie. Pour preuve les deux passages homériques du récit, la narration ébouriffante du tohu-bohu de la tempête que traverse le navire en détresse, et le péril ultime que représente l'écueil des icebergs. D'un beau souffle lyrique, c'est sans conteste le tome qui colle le mieux à la tradition des grand romans maritimes, illustrant la fraternité des hommes dans le sacrifice, face à l'horreur incommensurable des éléments déchaînés. Tant par le style qu'adopte la plume de l'auteur, que par les références qui sont faites à Smolett ou Fielding, que par les phases initiatiques qui concourent à l'évolution du héros et malgré une temporalité resserrée d'une année, ces volumes ont tout du pastiche du roman d'apprentissage, de formation ou Bildungsroman, appelez-cela comme vous voulez. On appréciera la diversité d'approche des trois volumes de la trilogie; le premier volume, intitulé Rites de passage est celui qui brille le plus par son originalité, à contre-courant des romans maritimes.
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Il a grandi, notre petit lord, au cours de cette année de traversée. Ayant peu à peu renoncé à faire étalage de ses privilèges, il va jusqu'à évoquer les fonctions les moins sublimes de la condition humaine, "debout devant la porte du carré dans le vent et la pluie, de l'eau de mer à la hauteur des genoux, en attendant que se manifeste son pet du matin".
On est loin des vers latins.
Mais ce troisième tome nous le révèle devant l'adversité : un navire dans la tempête, privé de longitude, privé de deux de ses mâts, où couve la braise de l'animosité entre deux officiers... mais aussi la braise bien réelle d'une réparation hasardeuse.
Autant dire : c'est chaud...!
Mais c'est encore une fois un immense plaisir de lecture, roman d'aventure autant que conte initiatique, analyse psychologique autant que critique sociale. J'aurais volontiers fait un tour complet du globe en compagnie de William Golding.
Et encore une fois, parfaitement traduit par Marie-Lise Marlière.
Challenge Nobel
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je remarquai que sa chevelure était maintenant décemment enfermée et cachée.

NDL : Etions-nous, il y a deux siècles en Europe, presqu'au même point que les
actuels religieux chiites et hommes d'État iraniens ?
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Avoir lu Platon et ne jamais avoir vérifié une idée !

NDL : Voilà ! C'est pour ça que nous ECRIVONS ! Pour vérifier, essayer de vérifier des idées, des hypothèses !
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La vue des voiles était insoutenable, leur blancheur semblait envahir la prunelle des yeux.
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Je pris soudain conscience de l'attitude de ces deux hommes, Benét et Charles, l'un nous faisant courir des risques, l'autre nous apportant discrètement des soins continuels !
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-- Je suis étonné de la facilité avec laquelle des gens mal informés font état avec véhémence de convictions arrêtées, alors que leur jugement ne se fonde sur rien.
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