Un thriller noir bien poisseux, à l'ambiance totalement envoûtante et aux personnages denses et attachants. L'intrigue est audacieuse, bien construite et le résultat est complètement atypique et original. On peut toutefois regretter quelques longueurs, même si au final on se rend compte qu'elles permettent de rentrer dans les personnages et de consolider la crédibilité de l' histoire, ainsi que le malaise qui s'en dégage... jusqu'à un final apocalyptique et angoissant particulièrement réussi. On retrouve l'inspecteur Jimmy Paz dans les autres volets de cette trilogie, Les Rivages de la nuit puis La Nuit du jaguar, tout aussi angoissants mais encore plus efficaces car dénués des longueurs qui ralentissent parfois ce premier roman. Un auteur talentueux à découvrir pour qui aime sortir des sentiers battus du polar et du thriller !
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Il pensait que c’était une femme agréable, avec un joli brin de plume, mais zéro côté culture, et qui avait fondé toute sa carrière sur l’honnêteté de ses informateurs. Or ils mentent tous, chérie, me disait-il, tous les informateurs mentent. Tu ne mentirais pas, toi ? Comment réagirais-tu si une personne avec un chapeau incroyable et la peau d’une drôle de couleur t’accostait dans la rue et te demandait : « T’aimes bien faire crac-crac, fillette ? Et à quel âge t’as commencé à t’envoyer en l’air ? Avec qui tu le fais ? Des vieux ? Des jeunes ? D’autres filles ?
Combien de fois ? C’est bon, hein, l’orgasme ? Tu te laisses tripoter les seins par des garçons ? T’aimes leur sucer le zizi ? » Tu dirais la vérité à une créature aussi ridicule ? Sûrement pas !
Parmi les peuples traditionnels où les technologies chamaniques sont bien développées, la manipulation de la conscience a atteint un degré bien supérieur. Par exemple, nous avons amplement la preuve que les chamans et les sorciers peuvent entrer dans les rêves des gens endormis et mettre en scène l’état de rêve. Les sorciers peuvent provoquer des états psychiques qui se situent à la lisière entre le rêve et le sommeil, procurant au sujet des illusions élaborées qui paraissent indéniablement réelles, une sorte de psychose induite. Les sorciers peuvent jouer avec une certaine habileté sur les interactions entre l’esprit et le corps, domaine dans lequel la médecine scientifique est à peu près complètement incompétente.
L’affection, l’attachement, la faiblesse, la destruction ne sont pas pour moi. Tout ça m’est interdit. Même le remords. J’ai tué un être humain. Intentionnellement ? Difficile à dire. Tout est allé si vite. Maintenant, si vous me mettez le couteau sous la gorge, la vérité, la voilà : avec elle, l’enfant était condamnée.
Évidemment, il y a des gens qui croient à la magie, de même que nous croyons tous à la science et à la technologie, mais ce n’est pas de ça que je veux vous parler. Encore une fois, c’est une technologie. Ça marche, que vous y croyiez ou non, exactement de la même façon qu’une balle de revolver vous tuera, que vous croyiez ou non à l’existence des armes à feu. Je viens, avec l’œuf et la colombe, de démontrer un élément de cette technologie, qui est le contrôle de la conscience d’une personne, ou d’un groupe de personnes, par un individu. J’ai créé une illusion, d’accord ? Une illusion aisément démontée par le pouvoir de la science.
Le lait de la tendresse humaine coule à flots sur les parquets cirés. On en a jusqu’aux chevilles. Les enfants sont bien propres sur eux, portent des vêtements griffés ou des trucs à la lisière entre le pseudo-hippie et le faussement négligé, choux comme tout, et les mères sont aussi joliment chromées que leurs Mercedes et leurs Range Rover. Sous ce déferlement de gentillesse, je me fais l’impression d’être une démone, une diablesse ou une t’chona, la sorcière des fleuves olo, qui vient la nuit s’asseoir sur la figure des dormeurs pour qu’ils rêvent qu’ils s’étouffent, sauf qu’ils ne rêvent pas.