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EAN : 9782226478108
272 pages
Albin Michel (29/03/2023)
3.56/5   620 notes
Résumé :
On est dans la tête d’un président qui gouverne une France de plus en plus agitée. Sollicité à chaque seconde, menacé par des affaires compromettantes dont lui seul a la clé, on découvre, dans ce roman vrai, au-delà des apparences, sa vie quotidienne chaotique, et c’est fascinant. Il veut réformer mais hésite souvent.
Marc Dugain nous ouvre les portes de l’Élysée, palais byzantin, plongé dans une ambiance fébrile. Il dévoile avec une férocité lucide, les secr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (92) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un défi peu ordinaire qu'a relevé Marc Dugain en écrivant Tsunami pour se mettre dans la peau d'un président de la République fraîchement élu.
Défi relevé, défi réussi pour cette dystopie très proche d'aujourd'hui, dystopie qui m'a plongé dans les arcanes du pouvoir où sévissent ceux qui sont censés veiller sur nos vies et assurer notre avenir.
Ce nouveau président le reconnait d'emblée, s'il a déjoué tous les pronostics, c'est grâce aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), lui qui promet de s'attaquer efficacement au réchauffement climatique.
Comme il est déjà bien tard, il ne faut plus espérer béatement et décider de mettre en place le bilan carbone individuel grâce à la technologie digitale. Ainsi, chacun se verra attribuer un bonus fiscal ou un malus.
L'autre volet principal de la réforme voulue par ce président, c'est la suppression du Sénat - « la Chambre des bourgeois balzaciens » - et son remplacement par une Chambre virtuelle permettant à tous de voter sur les sujets d'importance.
C'est en mettant en avant sa volonté de favoriser l'enseignement à distance, la voiture autonome, les objets connectés, l'aide à la logistique de livraison par drone des achats sur internet qu'il a séduit les jeunes tout en s'alliant les géants du numérique américains. En même temps, par contrecoup, il s'est aliéné tout soutien de l'autoritarisme russe.
Petit à petit, je fais connaissance avec l'équipe du nouveau président : le secrétaire général de l'Élysée, le premier ministre, sa conseillère et différents ministres, suivant les événements qui se bousculent rapidement.
Dans Tsunami, Marc Dugain décortique avec talent la vie quotidienne d'un chef d'État, tous ses soucis, ses maladresses, son passé qui remonte au plus mauvais moment et sa vie sentimentale. Il apprend même qu'il est père d'une petite fille mais je n'en dis pas plus…
Il est aussi très intéressant de revenir en arrière et d'apprendre comment cet homme a réussi dans la vie avec Hugo, spécialiste du génie génétique. Leur start-up avait prospéré au-delà des espérances grâce à ces fameuses cellules souches permettant de rajeunir nos cellules d'au moins 30 % et de prolonger notre passage sur terre.
J'ai aussi bien aimé le détail de sa campagne électorale et la démonstration de l'utilisation de la drogue, de la coke, devenant vite systématique : faut tenir le coup et assurer l'enchaînement des meetings pour galvaniser les foules.
Au travers de tous les problèmes auxquels se confronte notre homme, c'est un tableau réaliste et plein d'enseignements que brosse Marc Dugain à propos de notre société qui se débat actuellement au sujet de cette soi-disant intelligence artificielle.
C'est aussi l'occasion de dresser un constat très réaliste sur la société américaine. Plus tard, c'est au tour du dictateur russe de faire étalage de son autoritarisme et de son mépris pour nos démocraties qu'il menace d'un tsunami.
Je note au passage un grand moment du livre lorsque, en marge de l'inauguration d'un hôpital psychiatrique, le président s'isole avec le médecin-chef. Ensemble, ils abordent l'état mental de notre pays, cette perte de l'altérité, ce délire psychotique sonnant la fin de la normalité.
Quand deux millions de manifestants hostiles se préparent - « des gens contre tout mais en faveur de rien » - le pouvoir tremble car les réseaux sociaux sont déchaînés en bien comme en mal. Alors, je laisse ce président imaginaire, tellement réaliste, tenter de rester maître de la situation, même si l'essentiel n'est pas là.
En effet, Marc Dugain, tout au long de Tsunami, m'a fait prendre conscience d'une réalité n'incitant pas à l'optimisme, réalité qu'il faut pourtant bien affronter. C'est pourquoi Tsunami est un livre qui m'a souvent fait réfléchir et fréquemment inquiété. Un roman réaliste, à lire assurément !

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Marc Dugain fait partie des écrivains que j'affectionne particulièrement. Ses romans qui s'attachent à décrire des univers très différents où les personnages sont confrontés à la grande histoire tels La chambre des officiers, La volonté, Transparence, La malédiction d'Edgar et Paysages trompeurs m'ont à chaque fois enchantée. Avec Tsunami, je n'ai pas été déçue, loin de là !
Roman d'anticipation, Tsunami nous plonge dans le quotidien du prochain président de la république française et une certaine réalité des enjeux de la société actuelle.
C'est ce tout nouveau président qui vient juste d'être élu qui est le narrateur.
Cet homme a été élu après avoir fait fortune grâce à son génial ami Hugo avec qui il avait créé une start-up de biotech. Cette société dont ils ont été les deux fondateurs a promis une avancée majeure : grâce au travail d'Hugo sur les cellules souches, dans les cinq ans à venir, tous les hommes et les femmes verront leur espérance de vie augmenter de vingt à vingt-cinq ans.
Le nouveau locataire de l'Élysée soutenu par les GAFAM nous fait vivre en direct son quotidien, un quotidien qui n'est pas de tout repos. Ça commence d'ailleurs plutôt mal pour lui.
La grande réforme qu'il veut porter coûte que coûte : imposer l'individu en fonction de son impact sur l'environnement en utilisant la technologie digitale promet déjà tout le monde dans la rue.
Menacé par des affaires compromettantes, les ennuis s'amoncellent…
Avec Tsunami, nous voilà dans la tête d'un président qui gouverne une France de plus en plus agitée et notre diable d'homme jongle en permanence avec tous les problèmes qui se présentent, tentant de sauver ce qui reste de la démocratie. Un rythme effréné et une solitude extrême, se retrouvant même face à sa responsabilité de vie ou de mort. Les moments de répit sont rares et on les savoure, celui notamment de la visite à la mère-porteuse de sa fille.
La force de Marc Dugain est d'avoir su de façon romanesque dans un récit truffé de rebondissements faire un tableau plus que réaliste et plutôt très inquiétant de notre démocratie qui est en train de se déliter en brossant le portrait d'un président cynique , roublard, opportuniste mais pourtant capable d'humanité.
La question du pouvoir, la démocratie, le populisme, les rapports de force internationaux, la radicalisation, la psychiatrie, les nouvelles technologies, les GAFAM, l'espionnage et le réchauffement climatique, sont autant de thèmes d'actualité abordés de façon ultra vivante et brillante dans Tsunami.
J'ai beaucoup apprécié la réponse du psychiatre à la question du président, à savoir son opinion sur l'état mental du pays même si la conclusion de cette parenthèse philosophique est plutôt pessimiste.
L'asservissement numérique et la capacité de rajeunissement par la génétique cellulaire, deux des thèmes forts du roman sont déjà en cours d'accomplissement pour le meilleur et pour le pire.
Si un phénomène sismique est annoncé en fin de roman et donne ainsi bien justement son titre au bouquin, Marc Dugain termine très fort car il réussit par une pirouette à en tirer une happy end.
J'aurais juste souhaité que ce livre aussi drôle soit-il, ne colle pas tant à la réalité.
Pour comprendre les enjeux de la société dans laquelle nous vivons, l'analyse fine, remarquable et à la fois captivante que Marc Dugain livre dans Tsunami est à lire de toute urgence.

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Un titre qui m'interpelle, aucune critique encore parue pour m'orienter et une seule phrase pour quatrième de couverture : « Entrez dans l'univers à la fois feutré et violent de l'Elysée. ». Souhaitant souvent lire Marc Dugain (je n'ai lu que la chambre des officiers il y a des années), cette lecture est une aventure à l'aveugle dans laquelle j'ai hâte de me jeter.
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L'avertissement auquel je commence par me heurter intensifie ma curiosité : « dans les cinq prochaines années, en intervenant sur nos cellules directement, nous serons capables de les rajeunir d'un bon tiers de leur existence passée, certitude d'une cure de jouvence sans précédent. Ce livre tient compte de cette certitude. »
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« Ce livre » est une sorte de chronique ou mémoires de l'un de nos futurs présidents de la République française, dans un futur assez proche pour permettre à l'auteur d'analyser notre situation nationale et mondiale actuelle sous l'oeil de son personnage, tout en imaginant un scénario pimenté d'un soupçon d'anticipation. Ce journal intime est plus destiné à servir de miroir réfléchissant à son auteur, dans lequel il puisse se regarder, qu'à être publié. Il mêle ainsi le profondément intime à la chose publique, gardant à l'esprit que « écrire pour soi-même est un art littéraire particulier et qu'on y réussit finalement qu'avec l'idée de s'adresser aux autres ».
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Ce qui potentiellement fascinera dans cette lecture sera donc l'ouverture des portes de l'Elysée et les manoeuvres politiques inhérentes aux jeux de pouvoirs et d'influences. J'avais bon espoir aussi d'être passionnée par le scénario : Un Président vient d'être élu dont l'ambition est de nous sauver du réchauffement climatique en faisant appel à la responsabilité de chaque citoyen (dès l'instant, on se doute que ça ne va pas bien tourner^^), en incitant à une diminution de la course à la consommation et en sanctionnant fiscalement les « mauvais » citoyens qui consommeront mal. « Il faut viser le consommateur…et le rendre vertueux. Et on appellera ça le passe environnemental individualisé. »
Evidemment, tollé prévu de la part des industriels et des consommateurs. Et puis, comment savoir ce qu'ils consomment ? C'est la faille du plan : en s'appuyant sur les GAFAM qui, certes, ne sont pas sans impact sur le climat mais l'ont fait élire et espionnent tout le monde - toute réforme doit bien commencer quelque part. Peut-être que s'il accepte de renoncer à son projet de remplacer le Sénat par une consultation populaire virtuelle, le Sénat votera-t-il pour ses mesures pour le climat…?
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Mais pendant que les citoyens seront dans la rue, d'autres affaires appartenant à sa sphère privée ressortiront, menaçant d'entacher la réputation de ce nouvel élu voire, pire encore, la démocratie elle-même lorsque notre sempiternel Poutine s'en mêlera..!
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Sans savoir pourquoi, je m'attendais à ce qu'un thème ou une intrigue soit exploité en profondeur par cet auteur. Or, même s'il est bien construit et exploite en partie les thèmes annoncés, ce court roman survole au contraire assez superficiellement les divers aspects d'un mandat présidentiel sans s'attacher ni développer une intrigue ou un sujet en particulier - ce qui a permis à l'auteur de conclure son roman à cette image. Ca lui donne une légèreté inattendue (je pensais ses romans plus sombres mais j'irai en explorer d'autres), d'autant que la plume de l'auteur est fluide et les chapitre courts. A tel point que la fin nous laisserait presque sur notre faim…
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Mais c'est le parti pris de l'auteur et il démontre aussi, je pense, qu'il n'existe pas vraiment de fin à cette histoire universelle au coeur du pouvoir, car à une affaire en succède immédiatement une autre, quand elles ne se chevauchent pas. Pour autant, j'ai beaucoup aimé les réflexions que l'auteur ne manque pas une occasion de soulever, ainsi que le scénario qui, bien que manquant clairement de tension au vu des enjeux évoqués, m'a agréablement divertie dans sa simplicité, son enchainement, sa construction. Je suis simplement un peu déçue de refermer ce livre, aux pistes de réflexions intéressantes, sans qu'il m'en reste finalement une impression consistante, même si à la lecture je ne me suis pourtant pas ennuyée. Vite lu mais, je le crains, vite oublié, malgré beaucoup de bonnes idées.
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Moi Président...
Le célèbre syntagme du livreur de croissants en scooter, aurait pu servir de titre au dernier roman de Marc Dugain.
Si moi président, j'imposerai l'usage du mot « chocolatine » et si moi président, j'interdirai la circulation des campings cars sur les routes de montagne, mais comme moi, pas président, ces décisions fondamentales pour la société ne seront jamais tamponnées au 49-3.
« Je » présidentiel », le prochain président livre ses confessions dans un roman que je qualifierai davantage d'intuition que d'anticipation tant le réalisme ombrage ici la fiction.
Sponsorisé par les GAFAM, le narrateur, qui a fait fortune grâce à une start-up qui doit tout au génie d'un ami, est élu sans avoir la vocation ou l'obsession du pouvoir à la présidence d'une république fatiguée. Il présente son action sous forme de confessions sans filtre ni pardon.
L'homme se veut innovant, terme qui sera donc toujours à la mode dans 5 ans. Il veut supprimer le sénat, pourtant meilleur Ehpad de France, et imposer les contribuables en fonction de leurs émissions en CO2. Ses réformes vont mettre la France dans la rue et confirmer notre appétence pour la randonnée.
Ses ennuis ne vont pas s'arrêter là. Sa dealeuse de cocaïne va se faire arrêter, son épouse journaliste n'a pas le goût des pièces jaunes et pour une figuration en first lady, Poutine patine toujours sur les démocraties, une mère porteuse d'emmerdes et d'espérance à Mazariniser, les chinois sont chez moi, son surmenage avec dix sollicitations à la seconde et ses conseillers aux intelligences artificielles. La routine d'un président avec une frontière sans douane entre le compromis et la compromission.
Autant j'avais été déçu par ses derniers romans qui digressaient trop en direction d'un complotisme de zinc avec un auteur qui croyait un peu trop aux histoires qu'il racontait, autant « Tsunami » emporte tous mes suffrages. Elu avec un score de dictateur. C'est simple, je classe ce roman en seconde position dans l'oeuvre de Dugain derrière l'inégalable « La malédiction d'Edgar » et juste devant la trilogie de « l'Emprise ».
L'auteur a retrouvé son humour, perdu à trop fréquenter les milieux autorisés qui tournent en rond, il inflationne (verbe que je propose d'ajouter dans le dictionnaire) les rebondissements, et il ne manque ni d'intuition, ni d'inspiration ou plutôt d'expirations sur un système à bout de souffle.
Moi président, surement pas. Je ne saurai plus après qui râler.
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Président 2.0

C'était hier. C'est aujourd'hui. Ce sera demain. Une époque virtuelle dans une réalité métaverse.
La chronique d'un homme au pouvoir, qui dans la plus grande solitude, exerce ses fonctions de président de la république.
Allié et soutenu par les géants du numérique, il porte ses projets, déterminé à réformer un pays agité.
Insuffler de la vie à une démocratie qui s'essouffle. Faire l'apologie de la fiction quitte à ce qu'elle devienne la réalité de chacun.
Le virtuel, promesse d'un homme immortel, qui n'a pourtant pas encore entièrement annihilé la réalité.
Réalité qui se manifeste sous la forme de gros nuages noirs s'amoncellant à une vitesse vertigineuse. Des affaires complexes, compromettantes. Une tension de tous les instants.
S'assurer de l'unité d'un pays n'a rien d'une sinécure. Plus encore lorsque le chaos s'invite également dans la vie personnelle du locataire de l'Elysée..

D'un trait de plume affuté, Marc Dugain nous dévoile le quotidien sous adrénaline d'un président de la république.
La lecture est plaisante. Les chapitres courts défilent sous yeux aussi rapidement que le rythme effréné de la vie Élyséenne.
Le récit s'achève d'ailleurs presque trop vite sur une figure de gymnastique artistique qui se veut spectaculaire mais un tantinet trop virtuelle.





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critiques presse (6)
OuestFrance
22 mai 2023
Dans Tsunami, Marc Dugain revêt le costume d’un chef d’État fraîchement élu pour mieux dépeindre les vertiges du pouvoir. Une œuvre vigie dont l’écrivain livre les ressorts, depuis son pied-à-terre breton.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeFigaro
24 avril 2023
Un président de la République qui s’allie aux géants de l’internet pour réformer le vieux pays.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeSoir
14 avril 2023
Les convictions et le pouvoir, oui, mais au prix de quelques compromissions.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
12 avril 2023
Avec Tsunami, c'est dans le cœur même du pouvoir en France qu'il nous amène, dans la tête d'un imaginaire proche successeur d'Emmanuel Macron qui a d'ailleurs plusieurs ressemblances avec le président actuel.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LePoint
11 avril 2023
Le journal intime d’un chef d’État fragilisé… Avec « Tsunami », Marc Dugain offre une fiction politique campée dans le futur. Vraiment ?
Lire la critique sur le site : LePoint
Marianne_
06 avril 2023
Dans son dernier roman, Marc Dugain imagine un président de la République ambigu, dans une France en pleine décomposition politique et sociale. Emballant et crépusculaire.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (184) Voir plus Ajouter une citation
Mes interlocuteurs nous ont, à ma grande surprise, invités dans un restaurant chinois où j'avais mes habitudes quand j'ai étudié un temps à Berkeley. Les meilleurs restaurants de Chinatown sont évidemment ceux où les clients sont tous des Chinois. M'étonnant de cette coïncidence, j’ai vu sur le visage du représentant d'AIphabet s'épanouir un large sourire partagé par les autres participants au déjeuner. Une fois assis, il m'a éclairé sur ce choix inattendu :

- Je savais que cela vous ferait plaisir et que cela vous rappellerait de bons souvenirs.

- Comment vous le saviez ?

- Pour trouver votre restaurant préféré, on est allés dans votre historique de consultations internet, dans vos mails...

C'était évident, mais l'entendre dire, c'est autre chose. En fait ces gens connaissaient tout de ma vie, de ma sexualité, de mes affections, de mes inimitiés, de mes habitudes de consommation, de mes obsessions, de mes névroses et, face à ma demande, ils ne s'étaient pas privés de parfaire un profil psychologique déjà établi lors de notre deal. J'ai compris que je ne pouvais leur mentir sur rien parce qu'ils savaient tout, qu'ils lisaient en moi à livre ouvert.
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De la même façon, on ne peut pas demander à un homme seul d’assumer la responsabilité de plus de soixante-dix millions d’individus dans un pays où il concentre autant de pouvoir entre ses mains, sans s’imaginer le recours à des béquilles. La fonction est particulière car héritée d’un mélange coupable de haine et de fascination pour la monarchie. Le président a la lourde tâche d’assurer à la fois le sacré et le temporel dans un contexte de laïcité exacerbée et il m’arrive de penser, dans le secret de mes réflexions intimes, que la fonction est dépassée. En tout cas elle devrait l’être après soixante-dix ans d’existence sous sa forme actuelle, si notre pays n’était pas celui de la révolution… à condition que rien ne bouge. Concentrer autant de responsabilités entre les mains d’un seul homme relève d’une conception fossilisée du pouvoir, que la modernité de la société dans laquelle nous évoluons ne devrait plus nécessiter.
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Il me fait patienter, je n’en attendais pas moins de sa part, histoire de m’indiquer fermement qu’il est le maître des horloges, comme Staline l’était bien avant lui. Ce pays qui nous a pourtant donné Tchekov n’a connu qu’un seul régime, celui des tsars, blancs puis rouges puis bleus. Ce qui les unit, c’est un mépris constant pour la vie humaine et pour le peuple. Aucun pays n’est aussi conservateur des mécanismes de sa propre humiliation. Aucune autre nation n’est capable de discerner de la grandeur dans un tel avilissement. Le seul qui revienne et qui reparte, c’est Dieu, présent aujourd’hui pour servir de couverture, déchu hier comme opium du peuple. Poutine en fait des tonnes avec son émissaire, un illuminé à la longue barbe, chef de l’Église orthodoxe. Tout ça s’accorde parfaitement avec son projet politique diamétralement opposé au message du Christ. Mais qu’importe, les textes sont faits pour être tordus jusqu’à ce qu’ils prennent la forme de ceux qui ne les ont pas lus mais qui s’en servent pour contenir ceux qu’ils oppriment.
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Le ralliement à un symbole comme le gilet jaune il y a quelques années rendait l’adversité de ces gens-là trop identifiables même si, on l’a constaté, ils étaient très disparates. Nous sommes dans une société de transition dans tous les sens du terme. Quoi qu’il arrive, la société de demain sera fondamentalement différente mais, contrairement aux générations précédentes, celle-ci a la conviction profonde qu’elle ne sera pas meilleure. D’autant que ça va encore au-delà, ce n’est pas seulement la société qui va changer mais l’homme et sa nature profonde. Ils ne savent plus où est leur place et ils ne sont pas convaincus d’en avoir une. Mais surtout, ils ne sont certains que d’une chose, c’est que la société ne leur permet pas d’évoluer, qu’ils sont cantonnés dans leur classe sociale quand partout la réussite sociale est exaltée. Ils ne parviennent maladroitement à se construire qu’en opposition. Pour le reste, ils veulent plus d’argent, la liberté de faire ce que bon leur semble, se déplacer comme ils veulent, consommer sans limite, et ils rejettent cette représentation politique qui ne leur ressemble pas.
- Donc ils votent à l’extrême droite ?
- Certains oui. Le reste déserte les urnes.
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Le mensonge par action, par omission, par calcul, est consubstantiel à la nature humaine et fait son charme jusqu’à un certain degré. En cela Hugo ressemble aux « génies » de Palo Alto et de San Francisco qui, à partir d’une technologie digitale, ont organisé la surveillance générale des individus. Quand on leur reprochait de violer l’intimité des gens pour collecter toujours plus de données, ils ne comprenaient pas le sens de ces critiques, considérant que celui qui n’a rien à cacher n’a rien à craindre. Mais on a toujours quelque chose à cacher, autant à soi-même qu’aux autres, et c’est une des saveurs de l’existence.
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Vidéo de Marc Dugain
Extrait du livre audio « Tsunami » de Marc Dugain lu par Mathieu Buscatto. Parution numérique 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/tsunami-9791035414825/
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