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EAN : 9782749161501
128 pages
Le Cherche midi (12/09/2019)
3.86/5   39 notes
Résumé :
Camille rencontre Augustin, son tout premier amour, à 15 ans. Elle qui n'est pas issue du milieu agricole s'installe avec lui à la ferme, où il élève des porcs. Trois ans plus tard, ils se marient. Mais la vie au sein de l'exploitation familiale s'avère tout sauf paisible. Pris entre le travail aux champs, les soins quotidiens apportés aux bêtes, les imprévus sanitaires ou mécaniques, un contexte économique difficile, le couple est étranglé. Très vite, il croule sou... >Voir plus
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« Tu m'as laissée en vie pour que je témoigne. Tu m'as laissée en vie pour qu'à travers ma voix le pays entier entende la détresse qui secoue le monde paysan. »

J'ose espérer ou rêver qu'après un tel cri du coeur, le monde agricole s'est réveillé sous des cieux plus cléments. Quel drame que celui de cette jeune Camille Beaurain, veuve a 24 ans car son mari Augustin n'en pouvait plus. Assez de la charge de travail incommensurable que subissent les paysans, les imprévus qui chamboulent le quotidien, les fins de mois, les créances, le clivage indécent entre les fermes familiales et les multinationales qui s'en mettent pleins les poches pendant que le producteur s'échine à la tâche pour des pacotilles. Puis cette hostilité, ces visages déshumanisés devant la misère.

Ce récit fait froid dans le dos. Il n'est pas larmoyant, il est le reflet d'une réalité aberrante.
Un récit qui parle d'amour, d'une histoire d'amour entre un homme et une femme, entre un homme et sa terre.
Un récit qui parle de burn out, de désespoir devant l'amour qui ne suffit plus, devant les journées de 16h de dur labeur qui ne suffisent plus. Ils ont beau donner leur maximum, cravacher plus que quiconque, pour eux, ce n'est pas encore assez, l'indifférence, le capitalisme les piétineront quand ils se tiendront à genoux.

La colère gronde pour ceux qui restent. Ceux qui subissent. Ceux qui voient. Ceux qu'on voudrait museler.
La colère gronde.
Parce que la vie ne tourne pas rond.

Je lirai pour sure le livre coup de coeur de mon amie Laurence, Ldo : « Pleine terre » de Corinne Royer sur ce même sujet, bien trop d'actualité.
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Le suicide d'un agriculteur raconté par sa jeune veuve, Camille Beaurain, avec l'aide d'un journaliste qui connait bien la profession, Antoine Jeandey. Camille Beaurain livre sa vie, Antoine Jeandey lui prête sa plume.

Camille a 15 ans quand elle rencontre Augustin qui a sept ans de plus qu'elle. Quand elle a 18 ans, ils se marient et vivent ensemble sur l'élevage porcin qu'Augustin a repris de son père. Toutefois, au fil du temps, il devient de plus en plus compliqué de gérer la petite entreprise, moralement et physiquement, de travailler pour ne rien gagner, et de ne même plus réussir à payer ses factures. Petit à petit, la dépression s'est installée, avec une grande fatigue. Aussi, les difficultés qui s'accumulent, avec la chute des cours et le surendettement, mettent en péril la viabilité de l'élevage. Augustin finit par se donner la mort à 31 ans. Camille devient veuve à 24 ans et témoigne de la misère des campagnes.

Le livre est écrit pour le mari de Camille, et pour elle-même, c'est une étape de son deuil. Mais surtout ce témoignage a un objectif clair, la prise de conscience, il permet de mieux comprendre comment le monde paysan meurt. Il est en effet de plus en plus difficile pour les éleveurs et agriculteurs de s'en sortir. Camille Beaurain et Antoine Jeandey décrivent le monde paysan sans filtre, ils dénoncent ceux qui sont censés apporter leurs services aux paysans mais qui ne font rien, ou pire, parfois profitent honteusement des situations de faiblesse de ces derniers pour les enfoncer davantage.
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Tu m'as laissée en vie... (car parfois la mort est la plus douce des deux!) Camille est déjà une veuve à 24 ans... L'agriculture, un métier très dur !! Augustin n'en avait plus envie... A cause des banquiers, des taxes et des rats, etc... Augustin s'est pendu pour la deuxième fois, cette fois, c'est fini. "C'est ma vie, pas un roman"; "j'ai mis plusieurs années à pouvoir accepter le mot "suicide".... Ce livre, c'est une thérapie, écrite conjointement avec Antoine Jeandey. Augustin laisse derrière lui femme et enfants. Si le récit est émouvant, ce n'est pas pour autant le plein potentiel que peut donner la fiction à l'oeuvre... Cela peut parler à ceux qui ont été confrontés à la mort dans leur aventure... A voir comme un témoignage, un essai, une biographie.
Lien : https://www.instagram.com/ph..
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"Une poule a-t-elle pondu un oeuf ? le seigneur en prend le jaune. Sa noble dame le blanc. Et au paysan ne reste que la coquille." - Thomas Murner -
Un témoignage bouleversant qui va bien plus loin et pourtant nécessaire témoignage sur la dure réalité du métier de paysan en France (en Belgique aussi), sur les sacrifices qu'exige cette profession, sur l'amour qu'il nécessite, sur la position du conjoint-aidant, sur les subventions européennes pas si claires, sur les coopératives pas si saintes, sur les banques qui prêtent ou pas ou peu ou pas assez.

Pas que, tellement d'autres questions sont ouvertes: comment réagir face au suicide de son plus proche, qu'a-t-on raté, pas vu, peut-on en tant que femme, veuve sans enfant, mettre au monde un enfant qui serait le sien alors qu'il n'est plus là ?

Quel est le poids de l'héritage familial lorsque celui-ci partiel est accompagné d'une sorte d'usufruit dépendant uniquement de votre labeur sur le bien en question et qui pourrait vous envoyer les huissiers si vous ne vous en acquittez et vous faire tout perdre en y ayant tout donné. (Fermage)

Qui a le mérite de mettre en lumière la difficulté du métier de paysan, d'éclairer nos lanternes sur les dessous de certaines subventions accordées dans le cadre du PAC (notamment les exceptions), sur le fait qu'une 'comptabilité concrète des morts volontaires' est impossible car ce serait pour ceux qui restent les priver du moyen de continuer à assurer leur subsistance.

"Camille rencontre Augustin, son tout premier amour, à 15 ans. Elle qui n'est pas issue du milieu agricole s'installe avec lui à la ferme, où il élève des porcs. Trois ans plus tard, ils se marient.
Mais la vie au sein de l'exploitation familiale s'avère tout sauf paisible. Pris entre le travail aux champs, les soins quotidiens apportés aux bêtes, les imprévus sanitaires ou mécaniques, un contexte économique difficile, le couple est étranglé. Très vite, il croule sous les dettes.
Après une première tentative, Augustin, âgé de 31 ans, se donne la mort. La fin abrupte d'un quotidien qui devenait insupportable.
Comment cet agriculteur, passionné, investi et aimant, a-t-il pu en arriver là ? Y a-t-il des coupables qui l'ont poussé au suicide ?
Camille, veuve à 24 ans, témoigne ici avec sincérité de cette misère qui s'est emparée des campagnes au point d'en tuer ses fils."
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Camille a 15 ans lorsqu'elle rencontre via internet Augustin de 7 ans son aîné en 2008.
C'est le coup de foudre immédiat !
Rapidement, ils s'installent ensemble à la ferme. Car oui Augustin est Agriculteur !

Il récupère l'exploitation de la ferme au décès de son papa mais en devant payer des frais de fermage mensuels à sa mère et sa grand-mère qui ne lui ont fait aucun cadeau ! Une situation financière difficile dès le démarrage et qui ne s'arrange pas avec le taux d'emprunt exorbitant que lui octroie la banque.

Entre l'élevage des porcs et le travail aux champs, (il cultive ses propres céréales pour nourrir ses bêtes), Augustin aidé de son frère Thomas et de son épouse Camille, ne compte pas ses heures...

Pas de vacances, 1/2 journée de libre le dimanche après midi...

Des avaries de matériel, des rats qui viennent perturber l'exploitation, il n'en faut pas plus à Augustin pour tomber dans une profond dépression !

Jusqu'au geste fatal en ce mois d'octobre 2017...

Je suis une fille de la campagne et pourtant je ne connais pas plus que cela le monde agricole. J'ai toujours entendu dire que les céréaliers s'en sortaient mieux que les éleveurs.

Et à travers ce témoignage, j'ai compris pourquoi ! Des banques, des coopératives qui enfoncent plutôt qu'elles n'aident, des prix d'achat des porcs au rabais par rapport aux prix de vente en grande surface... Etc etc...

Un livre bouleversant sur un sujet de plus en plus d'actualité mais qui est tabou ! Et pourtant un Agriculteur met fin à sa vie tous les 2 jours en France ! Inacceptable en 2022 !

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L’industrie agroalimentaire aussi profite des paysans, en dupant au passage le consommateur. Chaque année, nous prélevions un cochon pour notre consommation personnelle. Quand je mettais une côte de porc, issue de notre élevage, dans la poêle, jamais elle ne diminuait à la cuisson. Il n’y avait que de la viande, de la bonne viande nourrie avec un aliment confectionné par nos soins, issu des produits de nos cultures. A contrario, prenez une côte de porc achetée au supermarché. Et observez son prix, sans aucun lien avec le prix payé aux producteurs (c’est à dire 8 euros du kilo sur les étals dans le meilleur des cas, pour 1 à 1,50 € selon les cotations pour le producteur), ce qui vous laisse imaginer la part que prennent les intermédiaires. Ensuite, une fois dans votre poêle, vous verrez, la côte de porc diminuera de presque la moitié ! Que s’est-il passé entre-temps ? Des adjonction d’eau pour donner du poids et surtout faire payer le consommateur au prix fort un produit qui n’est plus celui mentionné sur l’étiquette. À l’arrivée, deux perdants : les extrémités de la chaîne, le paysan et le consommateur. Entre les deux, tout va bien pour eux, merci !
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Ma mère a eu une fille et deux fils d’une première union. Je suis arrivée ensuite. Pourtant, il n’a jamais été question de « demi-frères » ou de « demi-sœur ». Non, j’ai une grande sœur et deux grands frères. Avec eux, tout va bien. Mon père, en revanche, ça n’a jamais été ça, à un point tel que je ne me souviens d’aucun moment d’intimité avec lui. Je suis incapable aujourd’hui de citer un jeu ou une sortie qu’on aurait pu faire ensemble, une découverte que je lui devrais.
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Une détresse trop grande peut conduire au suicide, même si le suicide n’est au fond réellement qu’un appel au secours, entendu trop tard…
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Il existe, autour du suicide agricole en France, un véritable tabou. On n'en parle pas. Le monde agricole lui-même refuse de se pencher sur ses propres problèmes, alors, évidemment, comment demander à la société de s'y intéresser ?
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On a beau dire que le temps fait son office, j'ai mal. Je vais peut-être finir par accepter cette douleur, mais elle m'accompagnera toute ma vie. Et toi, tu seras toujours dans mon cœur.
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Videos de Camille Beaurain (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Camille Beaurain
Veuve d'un agriculteur, elle témoigne du suicide paysan - On n'est pas couché 16 novembre 2019 #onpc Camille Beaurain vient présenter son livre "Tu m'as laissée en vie. Suicide paysan, veuve à 24 ans."
On n'est pas couché 16 novembre 2019 Laurent Ruquier sur France 2 #ONPC
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