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EAN : 9782812201011
180 pages
Ramsay (10/10/2018)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Twin Cities, Villes Jumelles… Au premier regard, tout sépare ces villes en tous points différentes. Leur continent, leurs habitants, leur culture… Mais si on y regarde d’un peu plus près, des similitudes apparaissent. De New York à Londres, de Venise à Paris, de Hong Kong à Amsterdam ou Vienne, Kyriakos a su photographier l’essence de chaque ville et de ses habitants en restant à l’écart des clichés touristiques.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un copain de lycée m'avait, il y a très longtemps, initié à la photographie argentique en noir et blanc: les bases mécaniques de l'appareil photo, les techniques de prise de vue, le développement sous lumière inactinique. Ce fut pour lui une passion qu'il essaya de mener sur le chemin d'un métier; pour moi une simple découverte dont j'ai gardé des séquelles dans la manière de regarder les choses et les êtres qui m'entourent et dans l'envie de par instants appuyer sur le déclencheur d'un appareil.


J'ai toujours porté sur les photos réussies des autres un regard presque jaloux. Cherchant, obstiné, à y décrypter le pourquoi et le comment de la magie interne, les mécanismes psychologiques et techniques mis en oeuvre par le photographe. Comprendre ce qui, posé sur le papier ou l'écran, m'offrait une telle palette d'émotions diverses.


J'adore les magazines photos, les gros bouquins luxueux à un thème consacrés: que ce soit à un photographe ou plus généralement à une célébrité, à un lieu emblématique, un événement d'importance, une époque d'influence...etc. S'ils sont de qualité, ils contiennent invariablement, peu ou prou, ces "petits bouts" agglutinés d'un monde qui est notre; nous renvoient dans le détail et sans mots ce que les photographes ont perçus d'un tout et souhaitent nous faire partager.


"Twin Cities", du franco-grec Kyriakos Kaziras, est de cette race là. C'est un recueil thématique réussi où chaque photo est une nouvelle courte filant à l'essentiel.


Cet objet luxueux est un patchwork hétéroclite de clichés volés à la ville, d'instants urbains d'inspirations diverses. New York, Venise, Paris, Vienne, Londres, Hong-Kong, Amsterdam ... autant de cités géographiquement éparses et diverses.

Assemblées en recueil, les photos s'agglutinent pourtant en un tout cohérent. Elles répondent à un thème central. Ces lieux urbains de renom se ressemblent, bien que si différents de part leurs tissus sociaux, leurs habitudes et leurs coutumes. Il suffit, pour que la diversité s'effondre et qu'une gémellité inattendue apparaisse, d'un photographe apte à montrer ce qui est dénominateur commun. Sous l'oeil aiguisé de Kaziras, à la surface du globe terrestre la ville met son pluriel au singulier. Toute la raison d'être de "Twin Cities".


Kyriakos Kaziras nous offre 140 photos urbaines, pleine ou double page, en très grand format (27,5 cm x 32,5 cm). Elles nous montrent "sa" vision de la ville, par le prisme presque onirique du petit bout de sa lorgnette magique.

On sait via l'avant-propos qu'il a abandonné le matériel sophistiqué de ses albums précédents consacrés à la faune africaine et à l'Arctique. Pour "Twin Cities" il utilise, en toute simplicité et vitesse d'action, un simple compact gardé en fond de poche, vite en mains, vite à l'oeil, vite à l'oeuvre.


Son voeu: capturer l'essence d'une ville.


On le voit presque en filigrane arpenter les rues de New York, Venise, Paris, Londres, Hong-Kong, Amsterdam ou Vienne. Les yeux au ciel fixés sur le miroir étincelant des façades de gratte-ciel, s'arrêter à un carrefour, attendre, observer en silence, guetter, comprendre, absorber une ambiance, un son visuel, une fréquence avec laquelle se mettre en accord, déterrer un détail architectural intéressant, attendre une plus-value, un banal passant par exemple, et déclencher au moment clé.


Kyriakos Kaziras restitue les sites, hors circuits touristiques, qu'il explore via un oeil soucieux du détail inattendu qui accroche, qu'il soit architectural ou humain. Il est aussi attiré par un effet d'ensemble qui crée un décalage avec la réalité. le rendu urbain qu'il nous propose est voisin du rêve éveillé, souvent sobre, apparemment simple mais si parlant, usant du flou, du détail exacerbé, du rendu d'atmosphère.


Le noir et blanc est roi, omniprésent et justifié: la ville se prête si bien aux contrastes accentués. Blancs étincelants, d'acier fondu, sur les façades miroirs des buildings new-yorkais; noir profond d'une silhouette en marche prise à contre-jour; gris dans toutes ses nuances offertes sur la façade de briques d'un vieil immeuble viennois ou parisien.


Suivent, ci-dessous, la description de quelques clichés qui m'ont particulièrement intéressés. Mais il y en a tant d'autres à admirer au coeur de ce luxueux album


Kyriakos Kaziras saisit le rythme graphique, oblique et répété, d'une descente d'escalier, extérieur et à flanc d'immeuble. Il y attend le passant solitaire pour inclure une touche humaine dans la simplicité lisse du béton froid. Pragmatique et sobre.


Il choisit diaphragme et vitesse d'obturation afin qu'au sein d'un même cliché, se fige dans le détail le background architectural d'un hall de gare new-yorkais, et que se floutent en longues traînées vaporeuses, éthérées et sinueuses les silhouettes de voyageurs pressés en transit. Seules surnagent au milieu des flots brumeux et erratiques les fantômes immobiles de passagers rendus au réel, à l'écoute d'un iphone, au regard porté sur le tableau des départs et arrivées, au repos sur un banc, au naufrage d'une poussette immobile dans un flot presque marin et tumultueux. le rendu final, irréel fondu dans le réel, est fantomatique, éthéré et onirique. Magique.


Le photographe cherche l'angle optimal. Il rase, le temps d'une prise de vue, le toit luisant d'un canot vénitien dans l'axe d'une venelle bordée de maisons typiques. le cliché se scinde en deux parties horizontales: le toit absorbe et renvoie le ciel en effet miroir, renversé il se fait eau. La nouvelle perspective coupe en deux à hauteur de ceinture la silhouette du gondolier à l'oeuvre à l'avant. Ingénieux et magnifique.


Venise encore. Sur l'interface d'une vitre d'après pluie, Kyriakos Kaziras fait la mise au point sur les gouttes encore à l'accroche; elles renvoient, inversées et minuscules, le background urbain à l'arrière plan. Féerique.


Sous la courbure arrondie et sombre d'un pont typique d'Amsterdam, le bas reflète le haut dans l'axe d'un canal, l'eau se fait ciel, la symétrie horizontale renverse la perspective. le tout comme un oeil ouvert sur la ville, posé au ras de l'eau. La pupille, minuscule en plein centre d'image, comme un point en bout de perspective. le dessous du pont et son inverse comme l'iris tatoué des façades alignées de droite et de gauche. Au pourtour, le blanc du globe oculaire inondé de noir..


Kyriakos Kaziras sait que pour inclure l'humain dans la ville il faut user de l'intuition de l'essentiel: une jambe floutée qui franchit une flaque d'eau de pluie dont la poésie du reflet renvoie la silhouette inversée d'un lampadaire.


Le photographe déambule dans les rues commerçantes et déniche ce que le lécheur de vitrines, dans sa hâte consumériste, ne perçoit pas. Son reflet sur la vitre et ce qu'il y a derrière, les deux se juxtaposant en une double réalité virtuelle. La silhouette d'un mannequin de tailleur à l'étal et le reflet du passant.


Kyriakos Kaziras lève le regard sur les façades entièrement vitrées des buildings new-yorkais. Il y perçoit les motifs en vitrail, identiques et inlassablement répétés, d'une myriade de bureaux rectangulaires, cerclés de leur armature métallique. Chaque vitre a une orientation légèrement différente. L'effet-miroir de l'ensemble renvoie l'image distordue d'un building voisin. La réalité intangible de l'immeuble dressé renvoie une architecture virtuelle à l'équilibre impossible. J'adore.


Au coeur de "Twin Cities", de page tournée en page tournée, chaque photo se dévoile à son tour, raconte une histoire qui lui est propre. Une histoire qui n'a pas de mots pour s'écrire mais use d'autres artifices: le noir, le blanc et les gris comme les lettres-pixels d'une phrase graphique.


"Twin Cities" est un long et lent voyage, chaque étape apporte ses surprises et ses émotions.


J'ai adoré.


Merci à Babelio, à Masse Critique, à Kyriakos Kaziras et aux Editions Ramsay.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Kyriakos Kaziras est photographe animalier, spécialiste des prises de vue de nature. En présentant l'ouvrage « Twin Cities », il aborde un domaine, en quelque sorte, à « contre-emploi » : la ville.
Son introduction éclaire sa démarche. Après avoir parcouru les grands espaces, il est saisi par les regards offerts par une ville, New York. Il délaisse le lourd matériel qu'impose la photographie animalière, s'empare d'un compact de poche et se fond dans l'espace urbain. Kyriakos Kaziras a parcouru les grandes villes du monde, de New York à Hong Kong en passant par Paris, Londres, Venise…. Il dévoile leurs ressemblances, expose des éclats d'instants qui outrepassent l'image touristique. Les photographies sont en noir et blanc, elles renforcent les contrastes, accentuent les effets de lumière. L'oeil du lecteur s'attarde sur les clichés, il recherche le regard de l'auteur, le sens et le mystère de chaque photo. La connivence s'impose.
Les photographies n'ont pas de légende, seul un récapitulatif, en final, situe les lieux. La pagination est absente. le lecteur (le spectateur) se promène… avec l'auteur, de l'espace panoramique (Hong Kong) au plan rapproché (les gouttes d'eau, les flaques). le choix opéré montre une volonté de surprise à chaque page, une vision qui interroge. Comme le visiteur découvre une ville, il est vigilent à l'ambiance qui marque chaque coin de rue, à l'ensemble comme aux détails.
La liberté guide les pas de l'auteur. Il capte les instants, découpe les ensembles architecturaux. L'oeil est actif, à l'affût de la lumière, des reflets, des miroirs, des habitants qui peuplent les images. le moment peut se prolonger dans les flous et placer un lieu de vie dans ses utilités, la gare, le musée…Il est capturé dans l'immédiateté.Le passant s'insère dans une composition, il monte ou descend l'escalier et va s'échapper… La composition de chaque photographie est étudiée, choisie, elle saisit l'instant où les éléments se mettent en place.
La nuit, la pluie, le contre-jour établissent un regard mystérieux. le noir et blanc renforce l'étrange et l'insolite du milieu urbain. Les habitants sont des ombres, des silhouettes qui activent l'espace. Leur linge illustre les façades. La ville est d'abord un espace vivant.
L'ouvrage ne manque pas d'humour et de « clins d'oeil ». le photographe apparaît élégamment vêtu, au croisement de deux rues parisiennes, centre du monde culturel parisien. le sourire souligne un regard « goguenard ». Voilà le photographe, très urbain, photographié dans un milieu qui n'est pas le théâtre habituel de ses prises de vue. Les canaux d'Amsterdam présentent la juxtaposition de deux photographies qui, sous les ponts, permettent un contre-jour en forme d'amande. Ainsi deux yeux regardent le lecteur-voyeur, retour à l'envoyeur…
L'ouvrage est publié dans un beau format, l'édition est soignée. le papier autorise les nuances de gris et le noir profond.
Au final, un livre à recommander aux amateurs de photographie.
Merci aux Editions Ramsay et à Babelio pour cette belle découverte.




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Très beau livre, de belle qualité qui séduira les amateurs de photographies.
Les clichés sont tous en noir et blanc. le photographe joue avec les contrastes, la lumières et les textures (pluie, flou, etc.). Il nous démonte les similitudes que l'on peut retrouver entre les grandes villes telles que New York, Londres, Hong Kong, ...
Le seul petit point négatif que je trouve à cet ouvrage est son absence de texte et d'explication. Je crois que la démarche du photographe est de laisser le spectateur observer ses clichés dans le silence. Personnellement, j'aurais apprécié quelques mots sur chaque endroit présenté. A la fin du livre, on retrouve chaque cliché en miniature avec le nom de la ville où il a été pris.
Je pense que ce bouquin pourrait faire un très joli cadeau à ceux qui savent apprécier de jolies photographies.
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Video de Kyriakos Kaziras (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kyriakos Kaziras
Dans le cadre du 17e festival de la photo animalière et de nature de Montier-en-Der 2013, le photographe grec Kyriakos Kaziras nous présente son travail et ses techniques.
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