1980, la Guadeloupe. Anne-Marie Laveaud, juge d'instruction nouvellement en poste à Pointe-à-Pitre, est chargée d'enquêter sur le meurtre par balle de Raymond Calais. C'est une affaire délicate, Calais appartenait à la classe dirigeante de l'île, celle des békés, autrement dit des blancs vivant en Guadeloupe depuis les premiers temps de la colonie.
Toute de suite les soupçons se portent naturellement sur Hégésippe Bray, ancien forçat à Cayenne et ancien géreur sur la plantation de Calais. Il avait des raisons de lui en vouloir car Calais l'avait dépossédé de ses terres à son départ au bagne un demi-siècle plus tôt.
L'enquête mise en place par
Timothy Williams est compliquée, le juge Laveaud va devoir affronter beaucoup de racisme, d'inimitiés, se rendre compte du degré d'implication de cette histoire qui par ricochet risquerait bien de toucher l'île entière.
Un autre soleil est intéressant dans le portrait qu'il dresse finement de la situation sociale de la Guadeloupe, département d'outre-mer où tout devient compliqué, où les notables la jouent ancien-régime, où le racisme s'exerce autant envers les Noirs, qu'envers les coolies, les Blancs, les sangs-mélé, et même les Chabins. Il y a les femmes aussi, pour qui selon
Timothy Williams, la situation ets au moins aussi compliqué que le racisme noir-blanc ordinaire. Les femmes de Guadeloupe ont appris à se méfier de leurs maris. Aussi est-il difficile pour le juge Laveaud d'inscrire son enquête dans le contexte explosif de l'île où les indépendantistes avaient toutes les raisons de souhaiter eux-aussi la mort de Calais.
Brillant par son aspect documentaire,
un autre soleil déçoit un peu par la lourdeur de
Timothy Williams (auteur britannique vivant dans l'île depuis une trentaine d'année et qui a écrit ce roman en français directement ! ) à souligner toujours les mêmes choses, mais il y a fort à parier que les relations intimes du juge Laveaud maintenant parfaitement établies, la suite de ses aventures ne se brisent plus sur les mêmes écueuils et libérent davantage de place à l'action pure et au déroulement de l'intrigue.
(chronique réalisée dans le cadre du Masse critique de septembre 2012)