AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782369560159
523 pages
Editions Intervalles (20/03/2015)
4.42/5   19 notes
Résumé :
Voyager a toujours été pour Tiziano Terzani une seconde nature. Quand on lui diagnostique une maladie qui met sa vie en péril, c’est naturellement qu’il part en quête du remède qui le sauvera. Mais où chercher ? Dans la clinique new-yorkaise ultramoderne vers laquelle il se tourne d’instinct ? Ou plus loin, en Asie, là où son cœur le mène depuis des décennies, avec le risque de devoir mettre de côté certaines de ses convictions d’Occidental
cartésien ? Et si ... >Voir plus
Que lire après Un autre tour de manègeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
4,42

sur 19 notes
5
6 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Tiziano Terzani a le cancer. Les médecins qui le prennent en charge à l'hôpital de New-York le font un peu flipper. Au programme : chimio et radiothérapie, mais surtout déprime et espoirs bidons. Tiziano Terzani a toujours eu l'âme baroudeuse. S'il a passé sa vie à voyager en tant que journaliste, il décide cette fois de partir en quête du remède miraculeux qui pourra vaincre son cancer mieux que la chimiothérapie. Lorsqu'il annonce sa maladie à un médecin d'origine indienne, celui-ci lui répond : « cela a dû être le moment le plus sacré de votre vie ». Tiziano va chercher le remède à son cancer mental pendant que les médecins occidentaux se chargeront de réguler son cancer physique.


On aurait pu s'attendre à ce que Tiziano Terzani nous fasse le récit d'un voyage merveilleux à travers les landes d'un Extrême-Orient fantasmé où tout ne serait qu'harmonie et sagesse. Et si nos préjugés nous rendaient responsables de la cancérisation généralisée de notre monde ? Après tout, même les mystiques indiens les plus modernes ont pu succomber du cancer, que l'on pense à Krisnamurti ou Maharaj. En traversant les territoires les plus sacrés de l'Inde, Tiziano Terzani doit bien reconnaître que ceux-ci ne ressemblent plus que de loin aux lieux sacrés décrits dans les grands livres. Ils se sont maintenant transformés en parcs d'attraction pour touristes occidentaux en mal de spiritualité. Alors, Tiziano Terzani ne cesse de décrire des allers-retours entre le monde oriental et le monde occidental à la recherche d'un équilibre convenable entre science et sagesse spirituelle. En occident, il se moque des groupes de yoga ou de reiki qui ont vidé les disciplines de leur substance pour apaiser quelques heures les angoisses de ses contemporains. En orient, il se moque des guérisseurs orientaux qui préparent de la pâtée pour chats en broyant des herbes et des minéraux. Même s'ils utilisent des remèdes naturels, ils ne pensent finalement qu'à soigner le corps, comme les médecins occidentaux, alors que la quête de Tiziano Terzani indique qu'il recherche avant tout la paix de son esprit. Mais qu'il s'agisse des traitements proposés par la médecine occidentale ou orientale, il salue les efforts de toutes les personnes qu'il rencontre lorsqu'elles essaient de donner un sens aux maladies que l'homme doit affronter. Ce qu'il refuse désormais, ce n'est finalement rien d'autre que la contre-façon.


« A la fin, tout le monde était content, tout le monde disait avoir ressenti de la chaleur, de la lumière, de l'énergie. Moi, j'avais seulement senti le sang me monter à la tête. Je n'en pouvais plus du rationnel, mais j'étais tout autant horripilé par son contraire. C'était mon dilemme : il me semblait que seul ce que j'avais découvert par moi-même, ce que j'avais l'impression d'avoir conquis, était intéressant et avait de la valeur ; a contrario, ce que je trouvais sur les étagères d'un supermarché me rebutait. […] Maintenant que je me trouvais parmi des « croyants », je redevenais un sceptique invétéré. »


Tiziano Terzani n'a pas vaincu son cancer mais il n'y a pas succombé non plus, acceptant toutes les méthodes thérapeutiques qu'on lui propose mais n'en acceptant exclusivement aucune. Son récit montre le bilan d'un homme qui essaie de garder l'esprit critique dans toutes les situations qu'il traverse. C'est sa force vitale, celle qui lui permet de prendre ses distances quant à toute situation d'élection, et sa passion immodérée pour les cultures et les personnes qu'il rencontre, qui lui ont sans doute permis de prolonger sa vie au-delà des pronostics les plus optimistes des médecins occidentaux.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          200
Ce livre bouleversant est le testament d'un grand reporter approchant la soixantaine et en sursis temporaire après un cancer. Il a choisi de mettre son sort entre les mains de la médecine classique, mais sa soif de voyage et son attirance pour les médecines alternatives le conduisent à parcourir le monde, et plus particulièrement l'Inde où il a passé une partie de sa vie, à la recherche, plus que d'un remède, de la sagesse dont il a besoin pour donner un sens à sa fin de vie. Entre l'Amérique et l'Inde, entre la science et la spiritualité, c'est deux conceptions radicalement différentes de la vie et de la mort qui s'opposent. Malgré le contexte, ce n'est pas un livre triste mais au contraire un voyage vers la sérénité et une superbe leçon de vie. A lire sans réserve.
Commenter  J’apprécie          191
Une oeuvre accomplie. Au premier degré il s'agit du journal intime du reporter de guerre, à partir du moment où on lui diagnostique un cancer, jusqu'au moment où il dépasse le stade de ressentir le besoin de s'en soigner. le journal se déroule en fait sur deux plans parallèles: d'une part l'analyse de la thérapeutique du cancer comme reflet essentiellement sociologique des mécanismes médicaux et psychosociaux qu'ont les différentes sociétés pour affronter cette maladie, qui demeure une sorte d'emblème de la mort; d'autre part le parcours intime d'évolution de sa propre conception du cancer, qui consiste fondamentalement à passer d'une optique du combat contre la maladie conçue comme un ennemi extérieur, à une acceptation d'un destin commun entre l'homme et sa maladie, sachant que la recherche d'une thérapie est en fait une vaine recherche d'un antidote impossible contre la mortalité, élément universel inscrit dans la vie.
Terzani est, au départ, un rationaliste européen, voire un sceptique florentin: tout ce qu'il peut y avoir de plus éloigné de la pseudo-pensée new age. C'est donc "naturel" pour lui de se tourner d'abord vers la pointe la plus perfectionnée de la médecine occidentale, vers un centre oncologique américain fort connu. Mais il s'aperçoit très vite des limites de cette "machine de guerre" qu'est l'Amérique médicale, reflet du pays dans son ensemble. Il cherche autre chose, dans de longues promenades solitaires à pied qui le remettent de sa chimio et radiothérapie. Il se tourne vers le charlatanisme des médecines alternatives orientales en Occident pour y découvrir que, même si elles étaient de bonne foi, elles seraient fatalement sans effet hors du contexte où elles sont nées, et en-dehors de la compréhension et de la foi (culturelles) qui doivent nécessairement les accompagner. Alors il réagit à sa façon: il se met en voyage vers l'Asie, le voyage et l'Asie ayant été ses compagnons de vie les plus fidèles. Il cherche des remèdes à sa maladie partout dans le vaste continent, et s'en veut de ne pas croire aux effets miraculeux des différentes potions qu'il poursuit et qu'on lui administre. Car il perçoit aussi les limites de ces thérapeutiques traditionnelles, et, de surcroît, il est non croyant. Mais son chemin spirituel avance, sa prise de conscience de l'inutilité de sa recherche aidant. Il devient Anam, le "Sans-nom" dans un ashram indien. Il arrive à se savoir gré de son cancer qui lui a permis de se dérober à une vie qui glissait vers la routine et vers l'ennui, vers le manque d'espérance pour une humanité qui se tourne toujours vers la guerre, sa maladie lui permettant en revanche de faire cet incroyable parcours introspectif, dans la solitude, malgré son attachement sans faille à sa femme. Il vit des années dans l'Himalaya, sans eau courante et sans électricité, en écrivant et en dessinant des couchés de soleil. Parfois il revient voir les siens. le cancer lui accorde un sursis de plusieurs années, puis vient l'heure du contrôle de routine à la clinique américaine: on voudrait lui administrer de nouveau de la chimiothérapie, le réopérer, recommencer avec des soins lourds et violents, mais il est assez mûr pour les refuser et se retirer, cette fois avec sa famille, dans sa maison de campagne en Toscane, jusqu'à sa "séparation d'avec son corps".
Le voyage avec sa maladie devient en fait, comme il le dit, "un voyage dans le bien et dans le mal de notre temps". Phrase ambitieuse; ouvrage à la hauteur de cette ambition.
Commenter  J’apprécie          60
Tiziano Terzani est l'archétype du globe reporter. Il a couvert pour le Corriere della Sera et le Spiegel les grands bouleversements historiques du continent asiatique. La rencontre avec les spiritualités de l'Asie a profondément influencé sa vie. Après avoir déjoué de grands périls, il doit faire face à l'ultime épreuve, celle de la maladie. Lui l'aventurier à la recherche de frissons et de rencontres, le voilà qui repart sur les routes en quête d'un médecin, de solutions contre le mal, de traitement, à vrai dire plutôt complémentaires, qu'alternatifs. Les périodes entre chaque séance New-Yorkaise de chimiothérapie et de radiothérapie sont autant de répits durant lesquels il fait un vaste retour aux sources de l'Asie qui l'a tant marqué. le voyage physique se double d'un voyage initiatique en quête du soi profond. le regard rationnel et septique de l'européen accompagne l'ouverture d'esprit d'un homme curieux et conscient, jamais vraiment disciple dans sa démarche et qui ne prêche nullement le lecteur. La profonde humanité du témoignage, du regard qui est porté sur le mal existentiel qui touche notre société occidentale et les terribles méfaits de la globalisation, s'agrémente d'une ironie fine face au spectacle pathétique des gourous new age et la marchandisation de nobles enseignements qui sont précieux par leur gratuité même, l'investissement de chaque instant qu'ils requièrent et devant les prétendus remèdes miraculeux. Un investissement qui est aussi le nôtre, cette lecture étant un cheminement qui nécessite temps et patience notamment pour les épisodes indiens qui représentent le corpus principal du récit, mais l'expérience n'en est que plus gratifiante, ce livre étant un précieux précis de sagesse illustré par le recours important à la parabole. Assurément un livre indispensable que celui-ci, bouleversant même, et qui pour autant est une radieuse invite à vivre harmonieusement ici et maintenant. La plus belle lecture de votre serviteur depuis un sacré bon bout de temps, de celle qui donne envie de remettre un jeton pour un autre tour de manège autour de sa PAL.
Commenter  J’apprécie          50
C'est le récit d'un homme qui cherche un traitement, et qui s'est trouvé, lui.
J'ai d'abord ouvert ce livre avec un préjugé : 500 pages sur un homme qui fait le tour des traitements contre son cancer, j'ai pensé que cela allait être affligeant, lourd, triste. Grossière erreur.
Tiziano Terzani est un intellectuel et un sage comme on en rencontre rarement. Grand reporter italien engagé, il a vécu dans plusieurs pays d'Asie, dont il est très respectueux des cultures traditionnelles, et dont il parle la langue.
Lorsqu'on lui diagnostique un cancer à 59 ans, il s'en remet aux médecins et chirurgiens du meilleur hôpital américain. Dans cet autre espace-temps qu'est la maladie, il prend du recul sur sa situation, et va à la rencontre d'autres « thérapies » et « thérapeutes » avec beaucoup de curiosité, de lucidité et d'esprit critique.
Il retourne ainsi en Asie, aux sources de ce que vendent les charlatans New-Age aux USA. Il y rencontre là aussi des charlatans, mais surtout de vrais croyants, car la spiritualité y est indissociable de tout traitement. Il se dit que c'est peut-être la composante manquante des traitements occidentaux, qui fait qu'il s'est senti déshumanisé. Mais il reste fondamentalement un non croyant. Cependant il chemine, il finit par apprendre ce qu'il cherche vraiment, à faire la paix avec lui-même et avec le monde.
Sans aucun pathos, ni mysticisme, sans prétendre être parvenu à une vérité universelle, Tiziano Terzani nous raconte humblement et honnêtement son parcours, sa quête de miracle, de spiritualité et de détachement. Et c'est merveilleux de l'écouter.
Un livre à savourer en prenant le temps, comme il a pris le temps de nous le conter, dans le calme et la sérénité.
Commenter  J’apprécie          62

Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
En récitant toujours le même mantra, en reliant la dernière syllabe à la première et ainsi de suite […], la respiration acquiert un rythme particulier et provoque cette modification du mental […] dont parlait le Swami. […] Concentré sur la suite des mots, le mental ne peut se distraire. La pensée qui vient juste après la précédente n’est pas incertaine, et cela crée une distance entre le Soi et l’esprit qui permet au Soi de le regarder, de le garder sous contrôle.
Commenter  J’apprécie          130
En Inde aussi, la médecine ayurvédique comportait une composante spirituelle, mais restait liée à la philosophie plus qu’à la religion, et la pratique médicale n’avait jamais été le monopole des prêtres. Au contraire, au Tibet où le bouddhisme s’était emparé de tout, y compris du pouvoir politique, les lamas furent les seuls à devenir médecins.
Commenter  J’apprécie          170
Le yoga, qui littéralement signifie « union », avait pour finalité de libérer l’homme de l’illusion d’avoir une existence individuelle, séparée du reste de l’univers, et de l’unir à Dieu. Mais comment atteindre ce but dans une société comme la nôtre, entièrement dominée par les principes d’individualisme et de séparation ? Essayer de le faire crée peut-être même des conflits, de la schizophrénie, et aussi cette tristesse que je sentais tout autour de moi.
Commenter  J’apprécie          114
Un disciple va voir son gourou et lui affirme qu’il désire la Vérité plus que tout autre chose. Le Maître ne répond rien. Il l’attrape par le cou, le traîne jusqu’au torrent le plus proche et maintient la tête du pauvre disciple sous l’eau jusqu’à le faire suffoquer. Au dernier moment, il le soulève.
« Alors, que désirais-tu plus que tout autre chose quand tu étais sous l’eau ? »
« De l’air », lui répondit le disciple d’une voix faible.
« Bien. Quand tu désireras la Vérité comme tu désirais l’air tout à l’heure, tu seras prêt à apprendre. »
Commenter  J’apprécie          80
Chacun se voit comme une entité séparée ; chacun se sent fort de son intelligence propre, de ses capacités propres et surtout de sa liberté propre. Mais c’est justement cette sensation d’être libre, séparé du reste du monde, qui nous donne un sentiment de grande solitude et de tristesse.
Commenter  J’apprécie          150

Video de Tiziano Terzani (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tiziano Terzani
Interview de Tiziano Terzani (en italien)
autres livres classés : cancerVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (39) Voir plus



Quiz Voir plus

Ecrivain et malade

Marcel Proust écrivit les derniers volumes de La Recherche dans une chambre obscurcie, tapissée de liège, au milieu des fumigations. Il souffrait

d'agoraphobie
de calculs dans le cosinus
d'asthme
de rhumatismes

10 questions
282 lecteurs ont répondu
Thèmes : maladie , écriture , santéCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..