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EAN : 9782749158594
160 pages
Le Cherche midi (16/05/2018)
3.59/5   11 notes
Résumé :
La Faute du général De Gaulle.
8 juin 1970, Madrid. Francisco Franco, 77 ans, reçoit Charles de Gaulle, 79 ans. L'un est au pouvoir de façon implacable depuis trente et un ans, l'autre ne l'est plus depuis un an. Franco, l'allié des nazis ; de Gaulle, symbole de la Résistance. Tout semble les opposer, pourtant ils se rencontrent à la demande du Général... Pourquoi ce tête-à-tête ? Et pour quelles raisons déjeunent-ils en familiers ? Qu'ont-ils bien pu se dire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
L'Espagne catholique a toujours attiré de Gaulle qui n'y est jamais allé. D'ailleurs il a dit à son fils Philippe : « je ne veux pas mourir avant d'avoir vu le pays de Charles Quint ». C'est donc tout naturellement qu'en 1970, ayant quitté les responsabilités, il se rend de l'autre côté des Pyrénées accompagné de son épouse.

Mais Charles de Gaulle n'est pas le premier venu et son hôte, Francisco Franco, non plus. Ce sont deux hommes que tout a opposé par le passé. De Gaulle, l'homme du 18 juin qui a exhorté, depuis l'Angleterre où il s'était réfugié, les Français à résister à l'envahisseur allemand. Francisco Franco, l'autocrate qui dirige l'Espagne d'une main de fer, sans pitié pour ses opposants, l'allié d'Hitler, pendant la guerre.

Alors quel sens donner à ce voyage à l'époque peu commenté du côté français, alors que la presse espagnole se fait bavarde (évidemment) ? Claude Sérillon avance des hypothèses. Et puisque rien ou presque n'a filtré de la rencontre des deux généraux, il imagine leurs échanges. Mais au préalable, il expose le contexte du moment : mai 68, le désaveu des Français vis à vis du général, le soutien des Américains à l'Espagne, la construction de l'Europe dont elle est une pièce centrale.

Partant d'un événement peu connu, Claude Sérillon retrace avec justesse une époque charnière. Parlant dans le même temps de ce qu'il appelle la fin du règne du général de Gaulle, il imagine les motifs de son voyage espagnol. Et sans le vouloir, il amène, ce qui est vraiment intéressant, chacun à l'interpréter selon sa perception de l'action gaulliste.

Merci aux Éditions le cherche midi et à NetGallet pour cette lecture.
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En 1970, De Gaulle n'est plus au pouvoir et décide de voyager. Admirateur de Charles Quint, il souhaite connaître l'Espagne. le 08 avril, il arrive à Madrid et rencontre Franco au palais du Pardo. le seul témoin de l'échange est le traducteur. Que se sont-ils dit? De Gaulle n'évoquera que le saumon jugé exquis. La presse française embarrassée reste discrète, contrairement à la presse espagnole. le journal ABC écrit « Deux amis se rencontrent ». Mauriac dans son Bloc-Notes, ne mâchera pas ses mots « J'en reste glacé. Je l'ai subie comme une offense. »
De Gaulle et sa femme font un tour au musée du Prado, puis se rendent à Tolède où De Gaulle refuse de visiter l'Alcazar. Suivent l'Andalousie et la ville de Roncevaux qui marque la fin de cette escapade.
Le journaliste Claude Sérillon, interloqué par cette rencontre passée sous silence entre « un héros positif » et « un personnage trouble, une sorte de salaud à l'abri de toute poursuite, chargé de crimes d'Etat mais toujours solide au poste suprême » imagine un long dialogue entre les deux hommes. Un déjeuner à Madrid est une lecture agréable. Cette reconstitution imaginaire d'un tête-à-tête entre deux personnalités regorge d'anecdotes et de références.
Si l'ouvrage se lit avec plaisir, on ressort de cette lecture avec un sentiment de frustration mêlé d'amertume, en se demandant comment le résistant de la première heure, l'Homme du 18 juin, a pu oublier la rencontre Franco/Hitler, la visite d'Himmler, les services de l'Abwerh fonctionnant à plein régime sur le territoire espagnol pour attaquer les alliés via Gibraltar, tous les Républicains espagnols qui ont combattu pour la France libre, et la Nueve de la 2ème DB entrant dans Paris.
La vieillesse est une naufrage.

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Attention, alerte enlèvement ! Claude Sérillon vient d'enlever mes illusions.
8 juin 1970, Charles de Gaulle déjeune avec Franco.
A cette date le général est parvenu à muer sa défaite en retraite.
Un sentiment nouveau de liberté, je présume l'emmène à faire du tourisme, découvrir avec Yvonne l'Espagne catholique, ses cathédrales, ses sites, ses châteaux. Pays chargé d'histoire qui les fascinait. Durant son mandat, cette visite n'aurait pas été envisageable.
Après le coup de Massu, fallait y aller Franco…
Le déjeuner sera un peu lourd à digérer.
Comme si au plan politique quelque chose les rapprochait !
Qu'est-il allé faire dans cette galère ? Qu'a-t-il cherché ? : Se venger de la cruauté des urnes après son éviction ? Résoudre l'énigme de ce militaire maître tout-puissant de l'Espagne ? Accomplir un dernier acte politique, « Qu'est ce que la politique sinon la capacité de surprendre, d'aller là où même les opinions n'osent croire que ce sera possible ? »
Profond et intéressant questionnement de ce journaliste sur les raisons de ce voyage post-présidentiel. Évoquer les échanges de ce déjeuner d'où peu de choses ont filtré relèvent
d'une grande érudition et d'une belle imagination.
Pourtant, je ne suis pas loin de penser comme le disait Charles de Gaulle lors d'un entretien :
« Les journalistes sont des gens qui sont au plus bas degré de toutes les activités de l'esprit, il faut toujours qu'ils démolissent. »
Pour moi, Charles de Gaulle, presque 80 ans, avait la carrure pour faire face à ce dictateur et lui faire la leçon.
Mes pauvres illusions se sont envolées à la lecture de la lettre de remerciement adressée par De Gaulle à Franco. le héros était donc faillible.
Qu'aurait-il écrit à Mao en remerciement de ce voyage qu'il escomptait faire en Chine si la mort ne l'avait pas terrassée à Colombey ?
Et qu'aurait imaginé Claude Sérillon du contenu de la discussion du déjeuner à ne pas prendre avec des baguettes ? Que le canard laqué était fameux !
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On ne présente plus Claude Sérillon, journaliste français. Je l'ai rencontré au Festival du Livre de Nice 2018 et en discutant avec lui, j'ai eu envie de lire son dernier livre "un déjeuner à Madrid", évoquant la rencontre entre Charles de Gaulle et Francisco Franco, le 8 juin 1970. Cette entrevue a eu lieu au Palais du Prado à Madrid.
Charles de Gaulle, après le référendum de 1969, quitte le pouvoir. Vexé et humilié, il s'exile en Irlande pour ne pas assister à l'élection de Georges Pompidou. Il décide alors de partir visiter l'Espagne et de passer un moment en tête à tête avec Franco. Cet événement méconnu n'a presque pas été relaté par les journaux français, peut-être parce que Charles de Gaulle imposait le respect même après son départ du pouvoir.
Pourquoi de Gaulle a-t-il voulu rencontrer Francisco Franco ? Par fascination ? Pour l'approcher et lui dire sa pensée ?
Claude Sérillon, dans une première partie, évoque des faits réels et des paroles retranscrites dans des livres ou journaux et il essaie d'expliquer cette rencontre. Dans une seconde partie, la fiction prend le dessus avec l'invention de cet entretien de 45 minutes avec pour seul témoin : le traducteur.
La lettre de remerciement que De Gaulle enverra à Franco à son retour à La Boisserie est stupéfiante (et authentique). Il absout Franco de toutes ses exactions perpétrées en Espagne.
Pour ceux qui sont intéressés par l'Histoire ... lisez ce livre !

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Un fait historique oublié revisité, voici un roman très intéressant basé sur des faits réels.
Incroyable, un épisode que je ne connaissais pas : pourquoi ces deux généraux, si éloignés politiquement, se sont-ils rencontrés ?
La presse espagnole en a fait écho contrairement aux journaux français bien silencieux.
Cela se passe en 1970, juste après le référendum de 1969 qui a éloigné de Gaulle du pouvoir. Ce que l'on sait : le général souhaitait visiter l'Espagne, y aller en touriste et forcément rencontrer Franco pendant son voyage.
Parlons du trajet : en voiture, deux DS noires sont affrétées avec deux chauffeurs. Ils dormiront dans le Lot après six cent kilomètres parcourus. Un détour est ensuite organisé pour voir la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Arrivé à Madrid, le général est l'invité de Franco, malgré son insistance pour payer sa note, impossible, tout a déjà été réglé.
Pour l'entrevue au Prado, l'auteur nous le dit : les dialogues ont été recréés à partir de discours réels et notes. Grâce à des recherches historiques importantes, le roman nous livre une vision très vraisemblable.
Les dialogues sonnent juste et nous éclairent sur cette période et ces deux hommes de pouvoir.
En lisant ce livre, j'ai pensé à la pièce de théâtre « le Souper » qui réunit Fouché et Talleyrand, deux hommes puissants que tout oppose également.
Je vous conseille cette lecture passionnante.
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'est un lundi. Le 8 juin 1970. A six kilomètres du centre de Madrid, au palais du Pardo, le dictateur espagnol Francisco Franco, soixante-dix-sept ans, reçoit Charles de Gaulle, soixante-dix-neuf ans. L'un est au pouvoir de façon implacable depuis trente et un ans, l'autre ne l'est plus depuis un an. Viré. Les Français ont dit non au référendum portant réforme du Sénat et des régions le 27 avril 1969. Et le président de Gaulle est rentré chez lui. Francisco Franco a été un allié des nazis. De Gaulle est le symbole de la résistance aux nazis. Ils vont, après un entretien en la seule présence d'un traducteur, déjeuner ensemble, presque en familiers. Une première et une dernière fois. Une rencontre privée, mais ni l'un ni l'autre ne se cachent. La sinistre tragédie hitlérienne est terminée depuis vingt-cinq ans. De Gaulle achève sa vie par un coup d'éclat que son entourage s'efforcera, gêné, de traiter comme une anecdote. Pour l'histoire, ce n'en est pas une.
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« À un peuple qui se refusait, il [le général de Gaulle] a donné congé.. Il est parvenu à muer une défaite en retraite... Il n’a pas subi... Il a choisi... » Comme c’est bien vu, bien écrit par Jean Lacouture.
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... il y aura cette expression gaullienne comme un commentaire trivial, remarque faite en privé bien évidemment... : « Dieu qu’il [Franco] a eu la main lourde. »
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Dans Les Conquérants, il [Malraux] écrit : « Juger, c’est de toute évidence ne pas comprendre, puisque si l’on comprenait, on ne pourrait juger. »
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Il faut tromper les hommes ou du moins les leurrer pour les sauver.

(François Mauriac)
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