Pourquoi ne pas reconnaître que la vie, dans sa totalité, est un fatras effrayant, hideux et chaotique, qu’on escalade péniblement ce tas d’immondices du mieux que l’on peut ; qu’il n’existe ni morale ni éthique hors des ouvrages dus à des philosophes, et que ces livres ne sont écrits que dans des pays où les gens ont le ventre plein ; que dans la vie, à aucun moment, il n’existe le moindre acte majeur qu’on puisse qualifier de jeu ; qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais ; que tout dans l’existence est absurde et terrifiant ; vous êtes un accident et je suis un accident, et un jour, c’est notre destin d’accidents, nous nous sentons mal en point et nous tombons raides morts…
Le mariage était un simple échange de services ; les pauvres ayant des noms convenables n’étaient que trop contents d’épouser des riches aux noms peu recommandables, et quand arriva le tournant du siècle, il ne restait plus de traces visibles laissant à penser que nous n’étions pas des ladies et des gentlemen depuis des générations.
Il y a cette autre partie du cerveau qui se met à fonctionner pendant le sommeil, je le sais. Et c’est alors que resurgit toute cette langue cachée, elle ressort de cet endroit où il n’y a que du vide quand je suis éveillé. C’est brillant, c’est vivant : c’est une langue qui raisonne, qui conceptualise – c’est une batterie complète de transistors à laquelle on n’a pas accès du tout en temps normal. Son travail consiste à faire redémarrer les moteurs éteints qui permettent d’aimer…
Impossible de négocier avec un Anglais en termes humains ; immuablement, quelle que soit la situation, il vous regarde avec le plus grand sérieux depuis l’autre bout du terrain, à l’abri derrière ses protège-tibias, sa batte et sa casquette, il attend que vous lanciez la balle pour la propulser poliment par-dessus le toit des vestiaires – car, bien sûr, c’est son jeu qu’il vous oblige à jouer, pas le vôtre, et il en connaît toutes les règles, c’est lui qui les a inventées.
Les chirurgiens sont remplis de bonnes intentions, mais ils se fâchent quand les patients n’arrêtent pas de mourir, alors ils perdent la tête et ils éliminent de plus en plus de gens dans l’espoir de nous convaincre qu’ils savent ce qu’ils font. Alors qu’ils n’en ont aucune idée…
Bande-annonce de "On ne meurt que deux fois" de Jacques Deray avec Michel Serrault, Charlotte Rampling.