Un hologramme pour le roi

Les romans de Dave Eggers sont toujours très documentés. Bonheur de lecture, ils saisissent les évolutions des sociétés contemporaines à l'aune de l'expérience d'un sujet singulier. Ici, Hologramme pour un roi appréhende à la fois les aspirations et les contradictions de la société saoudienne ainsi que les évolutions de l'industrie américaine confronté à la globalisation, aux délocalisations et et à la concurrence internationale À travers les yeux d'Alan clés, anciennement VRP d'une grande entreprise de fabrication de vélos ayant fait faillite et nouvellement devenu consultant indépendant proche de la déconfiture. La ville de KAEC, qui sert de toile de fond à l'intrigue, projet initié par le roi Abdallah, a survécu au décès de ce dernier, comme en témoigne le lien ci-dessous.

J'avais lu précédemment le Grand quoi qui raconte la fuite d'un soudanais du Sud pendant la guerre civile et sa découverte des États -Unis. Je le préfère nettement à ce livre, qui pour moi, résidente en Arabie Saoudite, reste à la surface des choses.

Etrange cette histoire d'abord très humoristique, puis un peu longuette, puis inquiétante, puis qui s'achève - ça tire un peu dans tous les sens, et c'est ce qui est plaisant : on veut savoir, on ne s'ennuie pas, on est entraîné...

J'ai lu ce livre après "Le cercle", un très bon roman, et "Les héros de la frontière", un bon roman. Il y a chez Dave Eggers un goût pour mettre en scène des personnages sans réellement de nuances et pour qui le ratage existentiel fait partie de leur identité. Si "Le cercle" comporte un regard critique sur les réseaux sociaux et le goût contemporain pour la transparence et la surveillance généralisée, si "Les héros de la frontière" pose la question de ce qui peut être conflictuel entre le besoin d'aventure et de renouveau d'une mère quarantenaire divorcée et sa responsabilité vis à vis d'enfants de 5 et 8 ans, en revanche, Un hologramme pour le roi ne pose aucune question, ne réfléchit sur rien. le personnage est inintéressant, les scènes sont souvent ennuyeuses comme sa vie, la narration comme le style sont plats et semblent souvent relever du remplissage plus que de l'écriture à proprement parler. Je déconseille.
Lien : http://www.williamjoshbeck.c..