AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782140288005
234 pages
Editions L'Harmattan (27/09/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Fin 2013, afin de faire cesser massacres et exactions, la France envoie en RCA une force de 1 500 hommes, en accord avec les pays voisins et sur mandat du Conseil de sécurité des Nations unies. C'est l'opération Sangaris. Le gouvernement français installe simultanément un ambassadeur chargé d'une triple mission : établir et piloter le lien entre intervention militaire et action politique, en coordination étroite avec les partenaires internationaux ; aider à la recon... >Voir plus
Que lire après Un intermède centrafricain : La France en Centrafrique, 2013-2016Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il y a dix ans ce mois-ci, les rebelles de la Seleka en République centrafricaine ont déclenché une guerre civile. Il y a toujours eu une forme de conflit en République centrafricaine depuis son indépendance en 1960, et c'est toujours le cas aujourd'hui.
Au cours de la semaine dernière, j'ai lu trois livres sur la RCA, couvrant à peu près la même période : 1. Un Intermédiaire Centrafricain ; La France en Centrafrique, 2013-2016 par l'ancien Ambassadeur de France à Bangui - Charles Malinas, ainsi que l'ouvrage illustré en deux volumes Tempête sur Bangui, par l'artiste centrafricain Didier Kassaï. Ces trois ouvrages sont excellents et nous rappellent que le problème n'a jamais été résolu, malgré les nombreux efforts déployés par diverses configurations de la communauté internationale, notamment les pays de la CEMAC, l'Union africaine, les Nations Unies et la France, dans le cadre de l'opération Sangaris.
Ayant été intimement impliqué dans l'une de ces missions - la MINURCA, la mission de maintien de la paix des Nations unies en République centrafricaine (1998-2000) - et ayant observé de près les missions qui ont précédé et suivi celle-ci, j'affirme avec confiance que seule Sangaris a eu un minimum de succès - elle a réussi à arrêter temporairement une folie meurtrière incontrôlée entre chrétiens et musulmans dans ce pays faiblement peuplé.
L'occasion de redresser le pays s'est présentée en 2016 avec l'élection du relativement inconnu Faustin Archange Touadéra, qui, contrairement à ses prédécesseurs, a été élu par l'ensemble de la population et non par un groupe ethnique spécifique. Touadéra avait pour mandat de reconstruire l'ensemble du pays avec le soutien d'une large coalition.
Cependant, après le départ des forces françaises, la mission de l'ONU, comme c'est souvent le cas, n'a pas eu la capacité, ni peut-être même le désir, de soutenir le nouveau président dans un exercice de bâtir la nation dont il avait grand besoin. Touadéra s'est tourné vers la Russie, qui n'avait participé à aucun des efforts de paix jusqu'à présent, et a confié les principales responsabilités en matière de sécurité, de défense et d'autres responsabilités ministérielles à la société privée Wagner, spécialisée dans la passation de contrats militaires. Hormis l'enrichissement de quelques mercenaires, peu de choses ont changé pour le Centrafricain moyen. le pays reste l'un des plus pauvres et des moins développés de la planète. le livre de Charles Malinas est une vue remarquablement intéressante du haut vers le bas sur la façon dont les politiciens de Bangui continuent à se concentrer sur eux-mêmes plutôt que sur le peuple qu'ils ont le mandat de gouverner.
À l'autre bout du spectre se trouve Tempête sur Bangui de Didier Kassaï. Didier, un illustrateur local bien connu (l'une de ses oeuvres est accrochée chez moi depuis des années), s'est débattu entre son atelier d'artiste et la sécurité relative de ses amis et de sa famille pendant les pires jours des combats. Il a pris de nombreuses photos avec son portable et les a transformées en dessins, avec des bulles de narration et de dialogue, pour créer deux des meilleures bandes dessinées qu'il m'ait été donné de lire.
Il ne s'agit pas de bandes dessinées de Disney - Didier assiste de près au pire de la guerre - assassinats à la machette, fusillades, explosions de mines, tirs de roquettes, tortures - tout est là, raconté et illustré par un témoin de première main qui a été parmi les milliers à perdre famille, amis, collègues et connaissances à cause d'hommes et d'enfants lourdement armés et accros au tramadol.
Les deux auteurs font référence à l'éphémère et désastreuse intervention militaire sud-africaine visant à assurer la position de l'ancien président François Bozizé. Bozizé et le président du Congrès national africain Jacob Zuma se sont rapprochés une fois que le président centrafricain a perdu la plupart de ses autres alliés.
La RCA reste un cas désespéré. Sans soutien militaire extérieur, il est très peu probable que Touadéra soit encore au pouvoir, et pouvoir n'est peut-être pas le bon mot - être président de la République centrafricaine, c'est être président d'une partie de Bangui, et toute autre zone entre les mains des milices qui soutiennent le parti au pouvoir. Il faut noter que la Centrafrique, avec ses quatre millions d'habitants, est la taille de la France et la Belgique réunis.
Je suppose que Didier Kassaï et Charles Malinas pensent tous deux qu'un plan vachement différent de celui qui a été essayé encore et encore pendant des décennies est nécessaire pour donner de l'espoir à la population de ce qui était autrefois connu sous le nom d'Oubangui-Chari.
David Smith
Ancien directeur de Radio MINURCSA (aujourd'hui Radio Ndeke Luka), Bangui
Directeur exécutif d'Okapi Consulting (Johannesburg/N'Djamena/Maiduguri)
Commenter  J’apprécie          00


autres livres classés : relations internationalesVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (1) Voir plus




{* *}