Dans un beau livre parcourant des mondes et des temps disparus,
Florence Heymann nous narre l'histoire de Léopold Weiss né en 1900 dans la tradition juive de l'Europe orientale et devenu
Muhammad Asad en se convertissant à l'islam, dans les années trente.
L‘auteur nous fait revivre Vienne, Berlin et la Palestine avant la seconde guerre mondiale.
La vie et l'homme ainsi exposés, sont fascinants à plus d'un titre, même pour une lectrice ou un lecteur qui ne partage pas la dimension profondément religieuse de ses pensées et actions.
Comment un juif de l'empire austro-hongrois, traversera les tragédies du XX ème siècle et participera à la fondation du Pakistan, voilà qui ne manque de nous interroger sur les « transfuges », pour utiliser le titre du livre de
Jean-Michel Belorgey (Autrement, 2000).
Muhamad Asad avait une conception totalisante de la foi religieuse, rejetant la sécularisation et le nationalisme (qu'il fut sioniste ou pakistanais). Reste, que l'extension de son fondamentalisme religieux à la sphère politique, dans le Pakistan naissant, au nom de la charia impliquera une vision totalitaire du monde et des relations sociales.
Ce livre offre un éclairage intelligent pour aborder et mieux comprendre de l'intérieur une riche pensée musulmane.
Mais comment ne pas s'interroger au delà de ce livre, sur l'islam et plus généralement sur les croyances en comparant les développements de M. Asad avec ceux, autrement plus émancipateurs de
Franz Rosenzweig dans «
L'Etoile de la Rédemption » ou de
Ernst Bloch dans « le Principe Espérance ».