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Jean-Marie Saint-Lu (Traducteur)
EAN : 9782714444837
588 pages
Belfond (13/08/2009)
3.27/5   30 notes
Résumé :

Fils de bonne famille vivant des rentes de sa mère, résistant obstinément au désir d'enfant de sa compagne, sourd aux appels pressants de ses amis lénino-trotskistes qui l'exhortent à l'engagement, Ignacio n'a d'autre ambition que d'achever la grande oeuvre qu'il porte en lui, si possible sans avoir à se lever de son lit. Un soir, une dispute le force à quitter sa chambre et le précipite dans les rues de la ville. Commence alors une errance qui va l'exposer ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un roman essentiel pour comprendre l'évolution de la société en Colombie, happée par la spirale de la violence sociale et politique. A travers le regard désabusé mais lucide d'un poète marginal, riche et oisif, dans la Bogota des années 70, Antonio Caballero dessine un pays dominé par une oligarchie fossilisée dans ses privilèges et une jeunesse impuissante. L'axe narratif de ce volumineux roman s'élabore à partir des conflits intérieurs du poète partagés entre le luxe et l'oisiveté que lui offre sa classe sociale et sa propre évolution politique.
Au-delà du portrait au vitriol de la société colombienne et de la bourgeoisie de Bogota, l'auteur insiste sur la difficulté de l'écriture, le combat avec la langue, la quête d'une parole authentique au milieu d'un bavardage vide de sens des dîners en famille, des discours électoraux ou des engagements maoïstes qui harcèlent le quotidien de son protagoniste, poète sans oeuvre, sans parole, sans écrit, dans un monde fondamentalement apoétique.
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C'est un roman colombien, qui se passe intégralement dans le Bogota de la fin des années 70. Son héros, Igniacio Escobar est un riche fils à maman. Il se dit poète, mais passe toutes ses journées à boire, fumer et enchaîner les liaisons sentimentales alors que Fina, son amour, l'a quitté. Il est vaguement ami avec des bobos de l'époque, accrochés aux théories marxistes et maoïstes, mais fréquente aussi, par nécessité, sa famille, bande de grands bourgeois tarés, pour faire simple. Après bien des vicissitudes, alors qu'il est quasi abandonné de tous et qu'il se terre dans son appartement vide, notre poète finira par accoucher dans la douleur d'un long poème (d'où le titre est tiré). Il ya beaucoup d'humour, une vision extrêmement noire de l'humanité. le ton m'a fait penser à "Marelle" de Cortazar que j'ai lu il y a peu, mais en moins hermétique. Une belle découverte qui restera orpheline puisque Caballero, journaliste et critique, n'a écrit que cet unique roman.
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Antonio Caballero, journaliste et romancier né à Bogotá, est célèbre en Colombie pour ses dessins satiriques et pour la création de la revue de gauche Alternativa.

Un mal sans remède, odyssée fellinienne à l'humour ravageur, brosse un portrait au vitriol de la société colombienne. Réflexion magistrale sur le rôle de l'écrivain, ce chef-d'oeuvre, né de douze années de travail, l'a révélé comme un écrivain majeur de la littérature latino-américaine.

C'est son seul roman.

Le titre fait référence à la vie… ce qui est bien trouvé.

J'avoue que c'est bien écrit, il y est question de littérature, de musique, de politique.

C'est l'histoire en 584 pages de quelques mois de vie d'un poète raté (enfin qui voudrait bien être poète) qui baise toutes les femmes qui passent même celles qu'il ne pensait pas pouvoir avoir (je caricature)…

Mais bon, j'avoue que je n'ai pas compris l'humour mentionnée dans le 4eme de couverture.

J'y ai vu de l'ironie (féroce), de la caricature, une dénonciation de la société Sud Américaine mais je m'y suis ennuyée.

C'est certes un bon livre et une écriture magistrale mais je ne peux pas dire que j'ai vraiment accroché. Je l'ai lu jusqu'au bout sans aucune émotion...

Peut être que ce livre qui montre une époque les années 70 est un peu daté encore que je dois avouer que cela me rappelle sinistrement notre actualité avec toutes les affaires en cours… tout en sachant que nous ne sommes pas dans une dictature et que les assassinats et enlèvements ne sont pas notre quotidien.

En y repensant, après 3 autres livres lus, je dois noter que c'est une écriture puissante et que je me souviendrai de ce livre, signe que cela ne peut être un si mauvais livre. Car la mauvaise littérature passe et ne laisse pas de trace. C'est sans doute l'atmosphère que je n'ai pas aimée.
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critiques presse (2)
Lexpress
25 novembre 2011
A travers le portrait de ce fils de la bourgeoisie colombienne, c'est la jeunesse décadente et désoeuvrée de son pays que fustige le journaliste Antonio Caballero. Cocasse et acide.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
16 novembre 2011
Corrosive et drôle, l'œuvre décrit un monde de malentendus, peuplé de personnages démesurés, corrompus ou désinvoltes. Et balance entre farce et philosophie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Tu ne les trouves pas divins ? lui demanda la cousine maigre.
- Si. Non. Je ne sais pas.
Qu'on les pende tous. Et les oncles, les tantes, les belles-filles, les cousines et les gendres. Une grande hécatombe. Une révolution sanglante. Bien qu'une révolution, ce soit peut-être la même chose : des gens
qui trébuchent, des choses qui se cassent, des verres qui se renversent. On reste seul, entouré par l'odeur du peuple, une odeur d'oignon et de bouillon à la ciboulette, acculé contre un piano. Et un intellectuel qui s'écrie dans cette extase insensée : "Tu ne les trouves pas divins, ces révolutionnaires ?" Si. Non. Je ne sais pas. C'est une question de point de vue.
Evelia revint avec d'autres glaçons et d'autres verres. Mais déjà les jeunes mères allaient et venaient, récupérant petits manteaux et béguins, les cousins et les gendres sortaient, de mauvaise humeur, en faisant tinter dans leurs mains les clés de leurs voitures.
La paix revint.
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De l'autre côté de la rue, dans son bois d'eucalyptus, il vit comme dans une vision mythologique un enfant qui jouait à jeter en l'air et à rattraper une balle d'or. Ce devait être une orange. Il en eut l'eau à la bouche.
– Je te l'achète ! cria-t-il par-dessus le vrombissement rapide des voitures, alors qu'il se trouvait encore de l'autre côté de la rue.
C'était effectivement une orange : l'enfant la pela avec ses ongles, planta ses dents dans la pulpe blanche tachée d'or. Escobar vit le jus couler sur son menton, et c'est à peine s'il put se retenir de se précipiter dans le torrent de voitures.
– Je t'achète ce qui reste ! cria-t-il de nouveau.
L'enfant leva son orange et la mordit dans la lumière, en souriant. Et soudain il la lança de toutes ses forces contre le large pare-brise d'une voiture qui arrivait à toute vitesse. L'orange éclata sur le verre en projetant dans le soleil un flot de diamants, et le conducteur sembla un instant perdre le contrôle du véhicule, faisant quelques embardées au milieu d'un épouvantable hurlement de pneus déchirés avant de s'arrêter cinquante mètres plus loin. La voiture fit rapidement marche arrière et freina devant Escobar. Il en descendit un homme gros en sueur, avec des pattes épaisses et frisées et des yeux injectés de sang. L'enfant, debout sur son talus de l'autre côté de la rue, fit un salut militaire. L'homme tira en s'appuyant sur le toit de sa voiture après avoir saisi dans sa main gauche son épais poignet droit autour de sa montre en or, pour bien viser. L'enfant se mit à courir en zigzaguant entre les arbres. Après avoir tiré six fois, et comme l'enfant n'était plus qu'une petite cible mobile qui grimpait la montagne au pas de course en direction des quartiers pauvres, le gros homme rechargea son pistolet en soufflant fort, remonta dans sa voiture rutilante et démarra en faisant rugir le moteur et crisser ses pneus au premier tournant.
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L'inauthenticité est la seule chose qui soit vraiment authentique en Colombie.
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Bogota a vaguement la forme d'un rein, appuyée sur ses montagnes, nauséabonde, boudinesque.
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Il lut à voix haute, à genoux au pied du lit. C'était peut-être comme ça que Pétrarque lisait ses sonnets à Laure, après avoir tenté en vain de coucher avec elle. Et peut-être que Laure continuait à dormir, impassible, comme Cecilia à présent, respirant la bouche ouverte, sans entendre un seul mot. Peut-être. Mais Laure se réveillerait tôt ou tard, les yeux chassieux, et le sonnet, en revanche, garderait sa fraîcheur de rose tout juste cueillie. Laure vieillirait, année après année, et finirait par mourir, ses os seraient dissous dans la chaux de la fosse commune, alors que les sonnets de Pétrarque resteraient éternellement jeunes. Il relut le sien. Ce n'était pas un sonnet de Pétrarque.
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