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EAN : 9782070119493
256 pages
Gallimard (07/01/2016)
3.58/5   45 notes
Résumé :
En acceptant de prendre un café avec la belle Thórunn, Alberto n’imaginait pas qu’il se retrouverait dès le lendemain matin de son arrivée en Islande propriétaire d’une usine de salage désaffectée, quelques jours plus tard sur les pentes d’un volcan déchaîné puis en cavale à travers le pays avec une jeune fugueuse… Confronté à une nature apocalyptique et au caractère farouche des autochtones de l’île, l'orphelin de Santiago est obligé pour la première fois de s’inte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Que vient faire un indien Mapuche dans le climat tempêtueux islandais?

Le petit géologue chilien venu observer la colère d'un volcan perd tous ses repères face aux géants nordiques, pêcheurs ou paysans rustauds et avinés, dans une communauté où ragots fourmillent, sur une terre désolée puant le souffre ou le poisson à plein nez. En quelques jours, il tombe sous le charme d'une belle blonde, se fait rouler et menacer par un ex mari belliqueux et finit encombré d'une jeune fugueuse.
Malmené, ce pauvre Alberto! Ce voyage improbable va faire résonance avec ses origines d'orphelin, ses souvenirs d'enfance abandonnée et des choix de vie professionnelle et amoureuse, plus subis que choisis.

Un livre original, picaresque et humoristique. Il est aussi morose et introspectif en dépit de quelques événements forts: des beuveries d'apocalypse, des cataclysmes météo et géologiques. Ce subtil mélange dans la narration est porté par une bien belle écriture, dense et évocatrice d'images et de paysages.

Ce n'est pas une Islande magnifiée par d'autres auteurs que nous décrit Agnès Mathieu-Daudé. Ici la nature est hostile, violente, et l'urbanisation très laide, faite de hangars rouillés, de bars dans des containers. L'accueil des autochtones est rude, sec.
Il n'empêche que le dépaysement est assuré et donne envie de treks sur les roches volcaniques.
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Quand, dans un bar de Reikjavik, la rumeur court qu'un chilien a eu la mauvaise idée de prendre un café avec la trop belle Thorunn, ex-femme de Thorvardur, pêcheur alcoolique et grande gueule, tout le monde en déduit que c'est forcément un marin.
Sauf que non. Ce chilien est en fait géologue et chargé d'étudier le volcan Krafla, prêt à se réveiller sacrément fort pour réduire en cendres les hommes, les moutons et à peu près tout ce qui pousse en Islande.

Ok, et alors ? Il n'avait pas le droit de le boire ce café ?!
Eh bien, s'il avait fait un autre choix, il n'aurait pas mangé de la tête de mouton grillé avec un unijambiste menaçant, acheté une usine qui ressemble plus à une cagette qu'à une affaire qui tourne, surpris un homme à poil et ivre mort dans une écurie sous le regard de chevaux trouvant cela parfaitement normal… Et puis, il ne serait pas tombé amoureux d'une autre femme que la sienne, restée au Chili.
Mais qu'allait faire Alberto dans cette galère?

Voici un livre qui allonge ma liste (très très courte) des ouvrages qui m'ont émerveillée par leur qualité littéraire.
Tout est bon: une histoire rocambolesque, des dialogues savoureux, et des personnages tout droit sortis de mythes et légendes.
Quelle réussite!

Quand je pense qu'il s'agit du premier roman de l'auteur, je me réjouis d'avoir encore à découvrir son second ouvrage "L'ombre sur la lune" ainsi que "L'école des souris", deux textes pour enfants aux éditions L'école des loisirs.

Challenge "Hommage à Notre Dame de Paris"




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Voici le premier roman d'Agnès Mathieu-Daudé, qui exerce le métier de conservateur du patrimoine à Paris, après avoir suivi des études d'histoire en Angleterre. Ces informations sur la romancière ont leur importance, puisque l'on ressent cet attrait pour l'histoire des contrées présentes ici: le Chili et l'Islande, deux pays aux ancêtres légendaires et sauvages.
C'est d'ailleurs la question des origines qui tourmente Alberto, notre "marin chilien". Marin? Il ne l'est absolument pas. Il est géologue et se rend en Islande pour étudier l'irruption prochaine du volcan Krafla. Orphelin de naissance, il profite de cette escapade pour mettre de la distance entre sa petite-amie, Maria, qui désire tant un enfant, et lui, qui n'en veut absolument pas, traumatisé par l'abandon dont il a été victime.
En acceptant de prendre un café avec la belle Thorunn, une fois arrivé à Keflavik, Alberto va se retrouver confronté à une famille de marins islandais aux manières "mafieuses"! L'ex-mari de Thorunn, Thorvardur, géant alcoolique et violent, va en effet suivre le géologue à travers le pays, après lui avoir vendu une usine de salage désaffectée lors d'un soir de beuverie.

L'écriture d'Agnès Mathieu-Daudé est prenante: les nombreuses anecdotes sur les légendes d'Amérique du sud et du grand nord, ainsi que la psychologie fouillée des personnages, font de ce roman un récit riche et captivant. Les petites remarques satiriques sur les personnages (comme s'ils agissaient spontanément, sans la direction de l'auteure) m'ont régulièrement fait sourire. Toutefois, j'ai trouvé des longueurs dans certains passages, comme ceux décrivant les paysages, un peu trop répétitifs à mon goût.

Ceci dit, j'ai passé un excellent moment de lecture et je remercie Babelio et les éditions Gallimard, qui me l'ont offert grâce à l'opération "Masse Critique".
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Dans ce roman, au final, on parle assez peu de marins et du Chili... L'histoire se passe en Islande, et le marin chilien n'est autre qu'un volcanologue chilien venu étudier une probable éruption d'un volcan islandais... L'occasion pour lui de faire des rencontres, et de remettre en question sa vie : relations amoureuses, souvenirs de son enfance d'orphelin, quête d'identité et d'avenir...
Si le début m'a beaucoup plu (du rythme et de la poésie à la fois), à partir de la moitié ça se met à traîner en longueur, Alberto ressasse et ressasse encore, l'histoire s'enlise (c'est le cas de le dire...).
Pour un premier roman, c'est digne d'intérêt (bien écrit, une histoire originale), par contre ça manque de rythme, d'épaisseur, de force. Une lecture en demi-teinte, donc.
Lu dans le cadre du Prix René Fallet 2017.
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Hekla est une vieille femme islandaise de quatre-vingt-treize ans, née en 1920. (Ainsi l'auteure vous donne immédiatement la possibilité de dater l'action de l'intrigue …) À la moitié de la quarantaine, cette femme (qui méprise son mari depuis des années) a mis au monde – à la surprise générale – des jumeaux : Björn et Thorvadur (comme si elle voulait « rattraper son retard » …)

Évidemment, cette femme brutale (et peu maternelle !) ne sut en aimer qu'un : Thorvadur (et s'est donc « logiquement » mise à détester le second …) Elle décida que son préféré serait marin (Björn, le fils rejeté, se fit – lui – un grand plaisir de décamper, dès qu'il fut en âge de pouvoir prendre cette décision …)

Alors que son garçon « bienaimé » a atteint ses cinquante ans, et que l'épouse de celui-ci (Thorunn) qui lui a donné un fils (Daniel) l'a flanqué dehors (cinq années auparavant) pour cause d'ivrognerie, un « scandale » va éclater. On raconte partout dans la ville que la belle islandaise a invité un marin chilien à boire un café chez elle !

Alberto (qui n'est pas marin mais géologue …) vient d'arriver à Keflavik afin d'étudier ce fameux volcan au nom imprononçable ! (L'Eyjafjallajökull) Un foutu volcan, qui a d'ailleurs fortement perturbé les couloirs aériens européens, durant plusieurs semaines en 2010 … le voyage ne va pas s'avérer de tout repos pour le brave chilien, puisque sa relation avec Thorunn va lui valoir de sérieux ennuis avec Thorvadur (et sa mère) dans une première partie du roman … Un périple qui lui permettra également de rencontrer (en seconde partie du récit) le jumeau Björn, éleveur de moutons – mais pas que – puisqu'il s'occupe d'un groupe d'enfants, orphelins et handicapés …

Une histoire (plutôt atypique) MAIS qui m'a singulièrement rappelé le (très populaire !) « Rosa Candida » de l'écrivaine islandaise Audur Ava Olafsdottir. Par son style littéraire et narratif et un peu par son thème, aussi … Un agréable moment de lecture, toutefois !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La tête arriva alors qu'ils venaient de finir leur troisième bière. Alberto se sentait réchauffé et la viande grillée le fit saliver, surtout l'odeur âcre des parties brûlées. On connaît l'odeur des poils carbonisés, moins celle de l'oeil qui commence à fondre. Deux hémisphères coupés longitudinalement, chacun dans son assiette de porcelaine. Dans chaque assiette, une mâchoire, une rangée de dents, une narine, un oeil, une oreille. Jan guettait sa réaction. Alberto le regarda dans les yeux, aussi profondément qu'il le pouvait. Jan le mettait si mal à l'aise qu'il ne jugea pas ridicule leur duel autour d'une tête de mouton.
- Bon appétit !
- Merci! C'est la meilleure tête de mouton grillée de Reykjavik...Du monde, donc.
Et Jan l'attrapa à pleines mains, enfonçant des doigts tortueux dans les orifices. Il faisait manifestement autant de bruit qu'il le pouvait, comme s'il tentait de sucer tout ce qu'il y avait à manger sur la tête en une seule déglutition. De temps en temps il repoussait les mouches qui lui disputaient le morceau. Il y avait bien quelques lambeaux de chair à arracher et il les tirait ostensiblement à pleines dents, avant de mastiquer bruyamment, sans jamais quitter Alberto des yeux. Des gouttes de gras maculaient ss joues hérissées de poils roux. Alberto buvait tranquillement sa bière.
- Vous avez pas faim?
- Si, si. Je regarde comment vous faites, en Islande.

PP.94-95
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Thorvardur aurait pu sortir, tout planter là et mettre fin d’une manière ou d’une autre à la progression de la rage qui s’insinuait partout en lui et qui le démangeait. Ce n’est rien d’autre que cela, la jalousie, que d’arracher indéfiniment une croûte qu’il faudrait laisser recouvrir une blessure ancienne qui ne guérit jamais. Tout ce que l’on construit établit une mince couche protectrice sur la blessure, mais à la moindre tentation, on y met les doigts, on gratte et ça recommence à saigner. Les chiens et les chevaux ne peuvent pas s’en empêcher, c’est avec leur salive qu’ils empoisonnent la plaie, et les hommes se laissent aller à la même bêtise. Ils regardent les hommes regarder leur femme, les femmes font pareil, et ça farfouille et ça épie et ça provoque, pour le seul plaisir de retrouver la blessure à vif, de retrouver la confirmation que l’on n’est pas comme les autres qui auront toujours dix ans de moins ou dix centimètres de tour de poitrine en plus, au lieu de se dire que l’on est unique, et en vie, et que c’est déjà ça. Thorvardur n’avait pas besoin d’être jaloux d’une femme avec qui il ne vivait plus depuis cinq ans et avec laquelle il n’avait pas été heureux, mais il s’était engouffré là-dedans et il n’en sortirait pas tout seul. Il faudrait impliquer les autres protagonistes et que ce soit vraiment le chaos jusqu’au bout, il ne voudrait pas laisser sa blessure cicatriser, il lècherait comme un chien jusqu’à ce que ça saigne vraiment, jusqu’à ce que ça s’infecte et que leurs vies en deviennent purulentes. Sa mère la première avait commencé à gratter la croûte, lui avait dit mon fils, tu peux y aller, laisse faire la jalousie, tu verras, tu n’auras plus à te détruire seul avec l’alcool, vous allez vous y mettre à plusieurs.
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Ce n’est rien d’autre que cela, la jalousie, que d’arracher indéfiniment une croûte qu’il faudrait laisser recouvrir une blessure ancienne qui ne guérit jamais. Tout ce que l’on construit établit une mince couche protectrice sur la blessure, mais à la moindre tentative, on y met les doigts, on gratte et ça recommence à saigner.
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Ces jumeaux étaient arrivés alors qu'Hekla ne s'y attendait pas. On ne pouvait pas dire qu'elle ne s'y attendait plus, elle n'avait tout simplement pas envisagé d'avoir des enfants avec Björn, le père. Elle l'avait épousé, on faisait comme cela en 1940 et il était peut-être le seul à avoir accepté. Bien plus tard, elle avait appris en regardant le journal télévisé que l'on pouvait choisir de vivre avec une femme, plutôt qu'avec un homme. Elle ne ressentait pas d'attirance particulière pour les femmes, elle n'avait d'ailleurs pour autant qu'elle s'en souvienne jamais ressenti d'attirance particulière pour qui que ce soit, mais cette découverte en amenait une autre : on pouvait subsister sans mari, et ce sans pour autant rentrer dans les ordres ou avoir raté sa vie. Pourquoi personne ne le lui avait dit ? Cette question devenait obsessionnelle.
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Thorvardur avait rencontré beaucoup de Chiliens dans sa carrière, il avait plusieurs fois fait escale à Valparaiso et à Puerto Montt, deux villes que même un type comme lui avait trouvées affreuses, écrasées de misère et de malhonnêteté. Il n’aurait pu définir le caractère chilien précisément, de ce qu’il en avait vu c’étaient des types solides, ramassés, sombres de peau et de cheveux, des types qu’un homme du Nord n’aurait pas pensé à mettre sur un bateau mais qui maîtrisaient pourtant la mer à coups d’incantations, si ridicules qu’on les trouvât. Ils tiraient une force étrange d’un ramassis de superstitions qu’ils ressassaient pendant les quarts, et dont quelques images subsistaient, vivaces, pendant les tempêtes. Ils s’y connaissaient aussi bien que les Islandais en chasse à la baleine, et au lieu de l’Arctique, c’était à l’océan Austral qu’ils étaient habitués. Thorvardur lui-même devait admettre que les vagues et la glace des rivages du Groenland n’avaient pas grand-chose à voir avec ce qui se passait du côté de l’Antarctique. Il ne connaissait d’ailleurs aucun des deux, s’étant cantonné principalement au Pacifique – promesse que ses rêves lui avaient faite de soleil, de plages à cocktails et de paréos. Thórunn avait du côté de son père du sang inuit. Thorvardur se moquait d’elle en lui disant que c’était de cette glace que lui venait son tempérament chaud, une fois coincée sous l’édredon : il croyait les femmes inuites toujours nues sous des fourrures tandis que le blizzard soufflait dehors, des trucs de ce genre, et elle en avait, il est vrai, les yeux noirs et les pommettes hautes. Il imaginait maintenant, et pourtant l’imagination n’était pas son fort, le Chilien décivant à Thórunn émerveillée la couleur transparente des icebergs sous la lune ou la brillance mortelle des écailles qui revêtaient le mythique Caleuche, le vaisseau fantôme croisant au large de Chiloé.
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