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Albert Bensoussan (Traducteur)
EAN : 9782864243908
502 pages
Editions Métailié (05/09/2003)
3.98/5   27 notes
Résumé :
Julius est un petit garçon avec de grandes oreilles qui fait le douloureux apprentissage du monde que les siens lui destinent. Pour Julius, ce monde, habité par la mort de sa sœur aînée Cinthia, c'est d'abord sa mère, délicieusement futile et adorée de tous ; c'est cette famille de richissimes hommes d'affaires péruviens et de parvenus ridicules, avec, en contrepoint, des domestiques attentifs et dévoués. C'est la ville de Lima, avec ses splendeurs oligarchiques et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Julius naquit dans un palais de l'avenue de Salaverry, en face de l'ancien hippodrome de San Felipe....un palais avec écuries,parc,piscine,un jardin où à deux ans il se perdait...".
Lima, les années 60, Julius est le benjamin d'une richissime famille de quatre enfants. Son pére meurt, alors qu'il n'a qu'un an et demi. Sa maman ,"Susan,jolie", jeune veuve, est trop prise entre ses sorties nocturnes et ses cures de sommeil diurnes....Julius et sa soeur adorée, Cinthia,de cinq ans son aînée,deux enfants intelligents et fragiles,poussent entre bonnes et majordomes....une suite de décès d'êtres chers va trés vite propulser le petit garçon dans le monde adulte. Écartelé entre un monde superficiel, celui de sa famille,la Haute Bourgeoisie de Lima,où l'argent, le nom et l'élégance sont les valeurs prônées et les vrais sentiments n'y ont guère leurs places , et celui des serviteurs,qui compensent la misère de leurs vies en se dévouant à leurs maîtres, il devra apprendre à y trouver ses propres repères; un autre monde, " un monde pour Julius", avec une vérité et des règles qui lui sont propres. L'arrivée d'un nouveau beau-père , Juan Lucas, nouveau riche, playboy arrogant et sans scrupules , ne va pas faciliter les choses......Les parents passent la majeure partie de leur temps en mondanités, fêtes,club de golf, corrida,....l'argent et l'alcool coulent à flots, frisant l'indécence, alors que la vraie Lima est dans une misére noire. Mais sous les frasques de l'argent se cache une solitude et une misére affective encore pire. Malheureusement ce qu'il nous raconte n'est pas du passé,et nullement confiné au Pérou.
Bryce-Echenique nous croque toute une galerie de personnages avec un humour féroce et déroutant. Pas d'échappatoire, tout le monde y passe, beau-père( le joueur de golf), mère (Susan,jolie), frères, prof privée, domestiques, amis, soeurs et éléves du lycée ( La Carotte ,Frenandito Ronchal y Ladron de Guevera) ,.......truculent.

La tendresse pourtant y est, et comme on peut l'imaginer,elle vient non de la famille mais de la relation du petit garçon avec les domestiques ou d'autres personnes hors de la sphère dorée. Echenique nous sème des petits détails, des plus touchants ,-profitant d'une longue abscence de la mère, la cuisinière décide de recoller ses oreilles décollées au Sparadrap et au chatterton.../ Carlos le chauffeur lui apprend des stratagèmes pour se défendre des vauriens de l'école.....-.

Un roman désinvolte , riche, où l'auteur se positionne en observateur,s'amuse et nous amuse beaucoup malgré le tragique et le grotesque des situations et des personnages. le bouillonnant tempérament sud-américain y donnant le ton, il mélange les styles de narration à la perfection à un rythme effréné.
Publié dans son pays en 1970, d'inspiration autobiographique, c'est le premier roman (superbement traduit) de Alfredo Bryce-Echenique, considéré avec Vargas Llosa,l'un des deux plus grands écrivains péruviens vivants. A sa sortie en France en 1973, il reçut le prix du Meilleur livre étranger. Ma rencontre avec ce livre? Pioché dans la liste Pérou de ma copine Pecosa, et encouragée par l'excellente critique de Viou 1108, merci à toutes les deux.
Vous conseillerais-je de le lire ? à coup sûr,si 500 pages ne vous rebutent pas.
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Il me revient la responsabilité de publier la première chronique de ce livre sur Babelio. Chose d'autant plus délicate que cette lecture a été pour moi un vrai gros coup de coeur comme il n'en arrive pas assez, et que je me sens donc investie de la mission de vous donner envie de le lire.
Mes chers amis, laissez-moi d'abord vous dire qu'il est fort dommage que cet auteur péruvien ne soit pas mieux connu dans nos contrées. Evidemment mon avis n'est pas indispensable à faire tourner la planète littéraire, mais sachez cependant que le maître Gabriel Garcia Marquez lui-même tient « Un monde pour Julius » pour le meilleur roman sud-américain jamais écrit. Sous ce haut patronage, et en prenant ma plus belle plume d'oie, il me faut maintenant vous convaincre que ce roman d'Alfredo Bryce Echenique (son premier) est un chef-d'oeuvre.
Commençons par Julius. Petit bonhomme de 5 ans au début du livre, né dans une richissime famille de la haute société liménienne des années 70, Julius a deux frères et une soeur, tous plus âgés. Son père est mort quand Julius était tout petit. Solitaire, il grandit livré à lui-même par une mère futile, jolie, adulée, qui doit gérer un tas de mondanités. Pendant que ses frères et soeurs sont à l'école, Julius passe son temps à jouer avec les domestiques dans l'immense palais de la famille.
Au fil des 500 pages, nous suivrons l'enfance de Julius, jusqu'à ses onze ans. Nous le verrons réagir à la mort de Cinthia, sa soeur adorée, au remariage de sa mère avec Juan, (très) riche homme d'affaires, qui n'a que mépris pour tout ce qui n'est pas beau, bourgeois, luxueux et viril. Nous le suivrons, un peu plus tard, côtoyer ses nouveaux camarades d'école, pas tous riches, et surtout les domestiques, tous pauvres.
Et c'est là qu'on s'interroge sur le titre : un monde pour Julius. Mais quel monde ? Julius appartient à celui des privilégiés, et on attend de lui qu'il se fonde dans le moule, qu'il s'y adapte sans crier gare. Mais Julius, enfant sensible, comprend que les choses ne sont pas aussi simples. Il voit bien que ses frères, sa mère et son beau-père le délaissent, et que ce sont les domestiques qui lui portent une véritable affection. Il se rend bien compte aussi des injustices faites à Vilma, sa nourrice, ou à Cano, son copain d'école boursier. Il perçoit les différences entre ceux qui voyagent en avion et ceux qui vont à pied, entre ceux qui parlent un espagnol pur et ceux qui baragouinent tout juste le dialecte de leurs montagnes, entre ceux qui jettent argent et nourriture par les fenêtres, et ceux qui mendient. Julius est confronté à deux univers, l'un où les garden-parties succèdent aux cocktails et beuveries de luxe entre gens de compagnie aussi vaine que vaniteuse, et l'autre où on fait un festin d'un reste de ragoût laissé par les maîtres.
Eternel sujet que celui des différences de classes sociales. L'opposition est ici exacerbée, jusque dans les formes de langages, entre les riches, blancs et instruits, et les pauvres, ignorants descendus de leur Cordillère pour être exploités par les premiers. Alors certes, il ne se passe pas grand-chose dans ce pavé, que le quotidien des uns et des autres, de deux mondes séparés par un mur de privilèges, que le malheur frappe pourtant sans distinction : deuils, peines de coeur, vieillesse, maladie. Mais c'est tellement bien écrit, à hauteur d'enfant, c'est mordant, moqueur, intelligent, puissant, drôle, triste, cruel, brillant. Ca serre le coeur, ça fait rire aux larmes, ça critique à l'acide la classe huppée péruvienne. le style pourrait rebuter par moments, en raison des longs monologues intérieurs, qui relèvent de la technique du « stream of consciousness » (courant de conscience). Mais c'est si savoureux, le petit Julius est tellement touchant dans sa solitude que j'ai eu envie d'être sa grande soeur…Je me demande quel monde il aurait choisi, une fois adulte…
J'ai été bien longue, et je pourrais encore écrire des pages, mais assez causé… J'espère avoir réussi à vous pousser à le découvrir (en espagnol si vous pouvez)…
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Ce premier roman d'Alfredo Bryce Echenique, sans doute son chef-d'oeuvre, est certainement le plus original de toute sa production littéraire. : un narrateur, proche du lecteur et sur le ton de la conversation, évoque, en racontant la vie entre les cuisines et la maison des maîtres, les rapports de classes de la société de Lima en pleine mutation dans les années 1950.

L'enfant Julius grandit au sein de la haute bourgeoisie de Lima. Perdant successivement son père, sa gouvernante et sa soeur aînée, il est gâté à l'extrême pour compenser un manque fréquent d'amour. L'enfant qui manifeste de l'intérêt pour ceux qui l'aident à vivre au quotidien, serviteurs, ouvriers, observe les différences sociales dont il ressent l'injustice sans parvenir à en comprendre les raisons. L'apprentissage de ce monde est rude et l'issue en est la solitude parce que le monde de Julius est empli de questions sans réponse.

Comme dans son premier recueil de nouvelles Je suis le roi, l'auteur fait ici preuve d'une délicieuse ironie, parfois de désespoir face à une société qu'il juge décadente, socialement injuste et conduisant à des comportements qui marginalisent les protagonistes.
Ce roman, publié en plein gouvernement révolutionnaire du général Alvarado, se veut une sorte de chant du cygne d'une oligarchie péruvienne à l'égard de laquelle Bryce Echenique est particulièrement critique : ses instantanés de langage concentrent toute l'oisiveté et la frivolité d'une élite privilégiée sous influence nord-américaine, ignorante du monde populaire des bidonvilles de Lima, le tout raconté à travers le regard d'un enfant. C'est féroce, humoristique, tendre, poétique, mais surtout magistralement lucide. le tout est d'une puissance inouïe.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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C'est avec ce livre que j'ai découvert cette géniale maison d'édition spécialisée dans les littératures étrangères (moins habituelles). Ce très célèbre auteur péruvien nous embarque pendant 500 pages à Lima dans le quotidien de Julius enfant de la haute société, sur plusieurs années. le coeur du roman c'est la lutte des classes, et vu à hauteur d'enfants c'est à la fois drôle et poignant. Vous ne pourrez que vous attacher à Julius dans ce roman d'apprentissage et savourer cette grande galerie de personnages !
Lien : https://ninaalu.wordpress.co..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Aliaga, un grand de seconde, lui avait fait un croche-pied et poussé au moment précis où il allait marquer un but devant Morales; et puis il l'avait traité de pédé.Et lui il en pleurait de rage mais que faire? s'il le frappait c'était un péché."Pauvre Julius, intervint Susan,prenant un air trés préoccupé.Et qu'as-tu fait?" "Rien.Je lui ai dit que je ne pouvais pas le frapper parce que j'allais faire ma première communion, mais j'ai appelé Bosco qui est mon ami et qui est en troisième, et il lui a cassé la figure."
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Julius,enfoncé dans un divan....suivant des yeux Juan Lucas qui récupérait, sur la commode, un porte-clés en or, des stylos en or, un portefeuille aux initiales en or, si l'on veut, enfin de quoi faire rêver un pickpocket , dommage qu'il n'aille jamais où ils étaient ou, comme c'est logique, vice versa. P.239
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L'après-midi ils partaient tous dans la Mercedes et allaient jusqu'à Palomar ou au match de football que vingt-deux métis, avec vingt-deux tenues différentes et toutes sortes de chaussures, même pieds nus, improvisaient sur des terrains vagues au bord de la route. p.81
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Susan embrassa Julius [son fils de 10 ans, après une séparation de plusieurs semaines] et lui dit qu'elle s'était beaucoup languie de lui. Elle était menteuse mais aussi bien gentille, car à peine venait-elle de lui dire cela qu'elle s'aperçut qu'elle n'avait même pas pensé à lui et qu'elle n'avait rien senti en lui disant qu'elle s'était beaucoup languie de lui. Alors elle s'approcha de lui à nouveau et l'embrassa très tendrement en lui répétant qu'elle s'était beaucoup languie de lui, et cette fois elle fondit d'amour et put enfin rester tranquille.
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«  Race d’Abel , race des justes , race des riches, comme vous parlez tranquillement .
C’est bon, n’est- ce pas , d’avoir le ciel pour soi et aussi le gendarme .
C’est bon de penser un jour comme son père et le père de son père …… »

Jean ANOUILH, MÉDÉE,

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Olivier BARROT se trouve dans le salon Agha KAHN du domaine royal d'EVIAN pour présenter le roman autobiographique d'Alfredo Bryce ECHENIQUE, "Noctambulisme aggravé". L'animateur raconte le canevas du roman face à des femmes assises dos à la caméraï
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