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EAN : 9782843048715
368 pages
Zulma (22/08/2019)
3.96/5   100 notes
Résumé :
Dans le ghetto de Lodz, Chaïm Rumkowski est une autre figure du diable. Lui, l’autoproclamé Roi des Juifs qui prétendait sauver son peuple, a transformé le ghetto en un vaste atelier industriel au service du Reich. Il parade en calèche et costume trois pièces, en appelle à « la bonne volonté » des familles, et frappe monnaie et timbres à son effigie.

Face à ce pantin des exigences nazies, dans les caves, les greniers, sourdent les imprimeries et les r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2019 #30°°°

Je suis très étonnée qu'en cette rentrée littéraire on ne parle que si peu de ce formidable roman au titre puissant. Un monstre et un chaos, c'est pour Pascal ce que devient l'homme pour l'homme lorsque l'éthique s'effondre sous les coups de la barbarie, il n'est même que cela.

C'est l'histoire tragique du ghetto de Lodz durant la Deuxième guerre mondiale, le 2ème plus grand derrière celui de Varsovie ( lui aussi récemment exploré par l'excellent Ghetto intérieur de Santiago Amigorena ).
C'est aussi l'histoire d'Alter, jeune garçon juif d'une dizaine d'année, orphelin, que l'on suit de son shetl de Mirlek, rongé par la misère et les pogroms, au ghetto de Lodz, après le massacre de son frère jumeau et toute sa famille par la Wehrmacht en septembre 1939. C'est son regard d'enfant qui va transcender tout le récit.

Tout le talent de Hubert Haddad est de parvenir à conjuguer la petite histoire d'un orphelin à la grande histoire sans lourdeur, mais avec brio et fantaisie. Dans l'immensité de la Shoah, il a réussi à dégotter un personnage absolument insensé et qui pourtant a réellement existé : Chaïm Rumkovski, le doyen du Conseil juif de Lodz, homme d'affaires, aventurier et directeur d'orphelinat, qui va diriger ce ghetto de plus de 100.000 personnes et surtout « collaborer » avec les Nazis autour d'un projet dingue : faire du ghetto un centre industriel ! Une centaine d'usines se mettent en place, fabriquant textiles et jouets pour le IIIème Reich en échange de nourriture, quelques jours de survie, quelques semaines, quelques mois de plus ... Au final, le ghetto sera liquidé, ses habitants tous déportés, y compris son roi ... qui a fait durer son royaume deux ans de plus que celui de Varsovie.

Ce récit est passionnant et de façon très impressionnante, bien loin du compte-rendu historique classique grâce à la magnifique écriture de l'auteur. Il n'y a pas une page où sa vivacité n'éclate, comme lorsqu'il décrit le fameux Chaïm Rumkovski :

« Habile postulant au-devant de la scène, harnaché en privé d'un lourd collier d'argent avec bouclier de David du même métal en suspensoir sur sa robe de chambre royale, ce second rôle encombrant illustrait à ses yeux tous les travers de la servilité arrogante. Vieux grison corpulent, l'air immensément satisfait de sa personne entre deux coups d'oeil craintifs vers les si proches confins de sa conscience, une mise soignée de rabbi de cimetière enrichi par on ne sait quelle manne en petite monnaie, le personnage fait penser tour à tour à al doublure d'opérette d'un Philippe Pétain en marzalek levantin ou à quelque pseudo-Falstaff sentencieux. »

Le lecteur est emporté dans ce tourbillon romanesque qui jamais ne sombre dans le pathos malgré l'horreur. Au contraire. Tant qu'il y a du vivant, il y a de la vie. le ghetto bruisse de musique, de théâtre, d'animation de bateleurs et de chansonniers. le jeune Alter crée même une spectacle de marionnette en faisant ainsi revivre son jumeau disparu. Même au seuil de l'anéantissement, les vivants sont portés par l'imaginaire, même affamés, leur cerveau parvient à s'évader, plus que jamais. Le lyrisme et la poésie du texte croissent à mesure que le drame s'accentue. C'est toute la résistance de l'esprit humaine qui est magnifiquement mise en avant, tout le roman se fait alors célébration de l'art comme pulsion de vie.

Dans cet équilibre de funambule, Hubert Haddad a l'élégance de ne jamais faire basculer son récit dans le pathos. L'émotion surgit au contraire avec subtilité, au détours d'un détail, d'une description, d'une pensée d'enfant qui porte toute l'humanité du monde, d'autant plus bouleversante.

Ce roman tragique est miraculeusement lumineux, à l'image de ces mots en yiddish que l'auteur ne traduit jamais ( ni en bas de pages, ni dans un lexique postface ) mais qui sont universellement compréhensibles par la musicalité qu'ils portent.
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En Pologne, des jumeaux Ariel et Alter, peu après leur naissance ont été recueillis et hébergés par Warshauer, un oncle forgeron qui leur assure le gîte et de quoi ne pas mourir de faim. Ils vivent avec leur jeune mère dans le misérable shetl de Mirlek. Fin 1939, des automitrailleuses traversent le shetl et Alter assiste au massacre de son frère et des autres membres de la famille. le cauchemar a débuté et notre jeune garçon va fuir et se retrouver au ghetto de Lodz.
Avec Un monstre et un chaos, c'est donc la vie de ce ghetto en 1941 que Hubert Haddad fait revivre, ghetto que Chaïm Rumkowski, pour sauver son peuple, transforme en un vaste atelier industriel au service du Reich, convaincu que la productivité des juifs assurera leur survie.
Tout au long de ce livre, nous suivons notre jeune héros et la résistance mise en place vainement pour survivre.
Si le héros est fictif, le contexte dans lequel il évolue a bien existé et Chaïm Rumkowski, ce personnage très controversé a bel et bien existé et cet ancrage dans la réalité, est, à mon avis, tout ce qui donne sa force à ce roman.
En épilogue, l'auteur s'exprime ainsi : "Comment la vieille Europe a-t-elle pu se trouver prise en otage et mise à mal abominablement au siècle dernier ? Oubliera-t-on jamais les mille et cent, les millions d'enfants du ghetto qui parlaient yiddish, cet esperanto d'exil où les langues allemande et hébraïque s'éprennent l'une de l'autre, mêlées d'apports slaves et d'intonations latines. Les mille et cent, les millions d'enfants furent on le sait exterminés et le yiddish s'est éteint dans leurs cendres comme une braise, avec les plus beaux chants. Comment est-il possible que le spectre de l'antisémitisme, marqué du sceau génocidaire, revienne nous hanter aujourd'hui un peu partout en Europe et dans le monde ?"
En conclusion et pour résumer ce livre noir mais ô combien salutaire pour espérer que l'on ne vive plus jamais ça, je citerai la dernière phrase du roman :
"Disons tout bonnement que l'homme, privé de simple humanité, n'est qu'un monstre et un chaos."

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Nous sommes en Pologne à la fin des années trente. Nous découvrons la vie ordinaire d'un shtetl semblable à tant d'autres et sa communauté juive. Deux jumeaux y grandissent, Alter et Ariel, alors que grondent déjà au loin les rumeurs de guerre.
En septembre 1939, la Wehrmacht envahit la Pologne et commence à massacrer tout ce qui ressemble à la différence, celle qui ne convient pas à l'idéologie du IIIème Reich, c'est-à-dire les Tziganes, les Juifs... La famille des jumeaux est ainsi décimée, sous les yeux du seul survivant Alter.
Alter a perdu son alter ego, son double, son frère...
Alter s'enfuit car il est traqué, fuyant les rafales de mitraillettes qui le chassent comme un lapin qu'on cherche à abattre. Il court dans les bois, c'est l'errance parmi des paysages d'horreur, fuyant les tueurs, au milieu des cadavres qui jonchent les routes, au milieu de la forêt où il se réfugie pour dormir parmi les bêtes...
Il va s'identifier définitivement à son frère mort parce qu'il aura vu ce massacre sous ses yeux, c'est le grand traumatise dans lequel il chavire dès les premières pages et qui en même temps le fait tenir debout, lui donne des jambes, des ailes, lui donne le coeur de tenir dans cette barbarie qui déferle comme une vague.
Condamné à l'errance, sa course le mène aux portes du ghetto de Lodz, - l'un des plus grands ghettos de Pologne après celui de Varsovie. Il s'y engouffre, il s'y perd, il se retrouve dans une vie grouillante.
Lodz, c'est cette immense communauté juive, cernée de murs, une sorte de prison à ciel ouvert d'où il n'est pas possible de s'échapper. le doyen du Conseil juif qui y règne en maître, - Chaïm Rumkowski un personnage qui a réellement existé, va faire de ce territoire une vaste cité industrielle, démultipliant les ateliers, les boutiques, les manufactures, d'où sortent des draps, des vêtements, des chaussures, de la bonneterie pour les dames berlinoises...
Chaïm Rumkowski c'est cet étrange personnage mégalomane, très controversé, pantin à la solde des nazies pour les uns, grand protecteur de sa communauté pour les autres, pour que les siens ne soient pas livrés à destination des camps, - enfin pas tout de suite, il veut en sauver quelques-uns, c'est ce dessein qui l'anime.
On pourrait croire que c'est l'attente du désastre et de la mort, - même si nous savons après coup que c'est une antichambre de l'horreur, avant l'anéantissement, avant « la solution finale », mais non pour l'instant ici cela grouille de vie, d'espoir, de solidarité, de fraternité...
Dans le ghetto de Lodz, il y a la vie industrielle avec ses activités qui fourmillent dans tous les sens, mais il y a aussi une vie artistique intense et étourdissante dans laquelle Alter se fond, trouvant l'univers qui saura résonner avec son âme blessée à jamais.
C'est un monde empli de musique, de théâtre, de comédiens, de bateleurs, de chansonniers, de chants yiddishs.
Et dans ce monde artistique qui tient peut-être à bout de bras l'autre monde déjà désespéré, Alter trouve dans un théâtre de marionnettes le moyen de combattre son traumatisme, de réaliser son rêve le plus cher, créer une marionnette à sa taille, à son image et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à son autre frère qui n'est plus là, du moins qui s'était absenté durant quelques temps car voici de nouveau Ariel sous les traits de cette marionnette , mais qui lui ressemble aussi...
Alter, Ariel... Ariel, Alter... À partir de ce moment-là, le texte bascule comme une pièce de théâtre, comme une scène avec ses planches, ses rideaux, ses cordages, ses coulisses, ses doubles cloisons, ses secrets...
Dans cette gémellité extraordinaire perdue, retrouvée, Hubert Haddad crée un récit picaresque à l'écriture onirique foisonnante, où le sentiment d'humanité apporte sans cesse sa lumière.
Un monstre et un chaos, c'est un peu le monde des toiles de Chagall qui s'enroule dans le tourbillon des mots d'Hubert Haddad.
Un monstre et un chaos, c'est la barbarie vue à travers les yeux d'un enfant de douze ans, orphelin rebelle, refusant de porter l'étoile jaune, s'esquivant sans cesse comme un chat, derrière les coulisses d'un paysage. La barbarie à visage humain, oui vous savez celle pour laquelle on avait dit au lendemain de la seconde guerre mondiale, plus jamais ça...
J'ai été emporté par le regard de cet enfant qui traverse ce récit, le transcende et nous transperce le coeur par l'humanité qui sous-tend ce texte comme les fondations d'une scène de théâtre...
Il y a ici une puissance romanesque qui m'a séduit, bouleversé, par son écriture, par l'imaginaire de l'histoire d'un jumeau en quête de son double, et qui s'empare de la grande Histoire, du destin peuple juif massacré, dire cela, comprendre cela, dans le contexte d'aujourd'hui où les voix de la bête brune continuent comme jamais de hurler à nos portes...
Essayer de dire sans pathos non pas seulement ce qui fut, - l'horreur absolue que fut la Shoah , mais conjurer la tragédie pour qu'elle ne revienne plus, pour ne pas oublier, pour transmettre...
Comment rendre le rêve plus grand que la nuit ? Comment rendre la vie plus grande que l'horreur ? Comment rendre les mots plus forts que le silence et l'indifférence ?

« C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau. » Primo Levi.
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Que dire d'Un Monstre et un chaos de Haddad, si ce n'est pour paraphraser je ne sais plus qui, que le silence qui suit est encore de lui.
Un Monstre et un chaos c'est le monde de Chagall passé au lance-flammes, avec dans cet univers qui rétrécit comme peau de chagrin jusqu'à l'anéantissement un garçon, Alter (!), qui a perdu son jumeau Ariel, et qui tente de le faire revivre au coeur du ghetto de Lodz.
Sur Lodz, il y a eu Les Dépossédés, de Steve Sem- Sandberg, et La fabrique de papier tue-mouches, d'Andrzej Bart qui mettait en scène le « procès » de Chaïm Rumkowski, l'ancien responsable du ghetto transformé en complexe industriel pour grappiller quelques années de survie, jusqu'en 44.

Au milieu du chaos généralisé et de l'absolue cruauté, la cité surnommée le « Manchester polonais » tente de repousser la mort du plus grand nombre et l'enfant et son double "ectoplasmique" s'évadent grâce au théâtre et aux marionnettes puisque jusqu'au bout, un semblant de vie même culturelle s'accroche aux murs lépreux. C'est là toute la force de ce magnifique roman, merveilleusement écrit et construit, de mêler l'onirisme à la réalité la plus crue. «  On peut rendre le rêve plus grand que la nuit ».
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La Pologne, alors que le monstre du parti national-socialiste commence à dévorer l'Europe et que le chaos s'abat sur Mirlek, « une grosse bourgade informe proche de la ville de Plonsk, dans la Voïvodie de Mazovie, de l'autre côté de la Vistule. »
Ariel et Alter sont deux jumeaux élevés par Shaena, leur mère, qui pourrait tout aussi bien être leur soeur. Ils se sont réfugiés chez l'oncle forgeron, Waurshauer.
L'armée allemande envahit le village et décime toute la population. Seul Alter, du haut de ses douze ans, en réchappe après avoir assisté au viol et au meurtre de sa mère ainsi qu'à la mort atroce de son frère.
Il s'enfuit et c'est l'histoire de cette errance au milieu de l'horreur sanguinaire des hommes qui ont mis leur intelligence au service d'un eugénisme contre-nature, qui ont inventé l'aberration ultime.
Enfermé dans le ghetto Litzmannstadt, Alter marche sans l'étoile qu'il refuse de porter au milieu de cette nouvelle société qui est en train de s'ébaucher afin de survivre au monstre. Il y a ce Chaïm Rumkowski qui pense sauver la population juive de la déportation en créant l'utopique royaume du judenrat où il bat monnaie de singe et timbres à son effigie, milite pour faire de cette enclave le premier centre industriel du troisième Reich en mettant la population au travail avec pour salaire quelques semaines, quelques mois de vie supplémentaires. Il poussera sa folie illusoire jusqu'à prononcer ce discours ignoble retranscrit mot pour mot par l'auteur ! Discours qui illustre bien jusqu'à quelles extrémités peut pousser un état de désespérance totale. Rien que pour ce passage, le livre d'Hubert Haddad mérite d'être lu.
Il y a cette vie culturelle qui s'organise, concert, théâtre, chansons, bibliothèques parce que tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir et la pensée est la dernière des libertés, inaltérable.
Hubert Haddad raconte avec beaucoup de poésie et de maitrise, cette partie de l'histoire dont il faut soigneusement entretenir la mémoire car, pour reprendre Primo Levi, qu'il cite au début de son ouvrage : « C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau. »
Une lecture que je recommande tant pour la beauté de l'écriture de l'auteur que pour le message qu'il envoie. Au-delà du roman, Hubert Haddad relate des faits qui se sont réellement passés et des hommes qui ont hélas existés, pour que l'humanité porte sur son front durant une éternité, la honte de l'abomination et sa plus hideuse invention, la haine de l'autre.
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critiques presse (1)
LaPresse
04 novembre 2019
Voilà un livre important, magistral, qui montre avec sagesse que même lorsqu’il n’a plus rien, l’être humain fait tout son possible pour survivre.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Après l'égarement du cimetière, Jan-Matheusza n'avait pu retrouver l'atelier des luthiers Zylbermine. Il avait erré en vain dans la vieille ville encombrée ; des cohortes de femmes, d'hommes et d'enfants, la plupart bien vêtus, trimbalaient des valises et des malles, halaient des carrioles surchargées de meubles, de matelas et de ballots, ou avançaient les bras ballants, hagards et dépossédés. Un peu partout, d'un secteur à l'autre, des familles entières parfois véhiculées, juchées sur un fardier attelé à quelque mule ou poussant des brouettes et des landaus, s'en allaient emménager dans les bâtisses insalubres, les boutiques abandonnées ou les pensions miteuses des quartiers d'assignation.
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- Une question, Chaïm : les Allemands nous ont tous expropriés et dépouillés, ils ont bloqué nos comptes, nos avoirs, confisqué toutes nos valeurs. On nous a ordonné d'ôter la mezouzah de nos portes, l'usage de véhicules est maintenant proscrit. Ceux qui s'amusent à enfreindre ces décrets sont arrêtés par leurs agents, emprisonnés, souvent battus à mort ou pendus. Nous voilà contraints de vivre en autarcie à plus de cent soixante mille âmes dans les limites ridicules du ghetto. Que peut notre Conseil ? Les stocks alimentaires seront épuisés d'ici peu et la population n'aura bientôt plus un zloty en poche. Comment acheter et se nourrir, comment survivre ?
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Tout avait commencé par la dégradation des échanges ordinaires entre Mirlek et l'extérieur, le boycott insidieux des commerces juifs, l'interdiction faite aux enfants chrétiens de fréquenter ceux du shetl. On parlait d'émeutes ici et là, d'explosions de violence qui se polarisaient vite sur les quartiers juifs - à Przytyk déjà, trois ans plus tôt, dans les campagnes, dans les petites ou grandes cités, à Lublin, Czestochowa, Bialystok, Grodno...
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En ces jours de l'automne 1940, l'odeur de sang, de sueur et de putrescence débordait des champs de bataille, des charniers, des cimetières et même du palais des princes, jusqu'au coeur détruit des villes, dans les rues surpeuplées des mille ghettos, au fond des oubliettes et des hideuses tranchées où succombaient les innocents. Personne n'eût pu retarder les processus invasifs de décomposition enclenchés un an plus tôt en Pologne.
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C'est avec une perplexité amusée que Biebow observe le morne défilé des troupeaux humains destinés à la déportation, depuis les fenêtres de son bureau de la place Baluty.
En désespoir de cause, ces misérables s'efforcent de croire aux promesses de leurs juges et bourreaux engagés à juste titre dans la défense de l'occident aryen. Au cours des deux dernières années, ils ont vu mourir de famine et d'épidémie des proches et des voisins, plus d'un dixième de la population du ghetto, et subi eux-mêmes toutes les maltraitances, pourtant les voilà qui partent, valises en main et gosses à leurs basques, sans paraître se douter de ce qui les attend. Même les, animaux de boucherie crient leur désaccord lorsqu'on les mène à l'abattoir.
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Videos de Hubert Haddad (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Haddad
Avec Katerina Apostolopoulou, Caroline Boidé, Bruno Doucey, Mohammed El Amraoui, Hubert Haddad, Marie Pavlenko & Murielle Szac Accompagnés par le musicien Issa Hassan
Prenez le mot Grâce. Soupesez-le pour en estimer la richesse de sens. Puis déployez-le, en éventail, de manière à faire apparaître ses innombrables significations. Qu'y a-t-il au-delà de ce don accordé, de cette faveur ou non divine ? Un état, un moment, l'extase. Une supplique, une embellie, d'autres extases encore. Sans oublier ces vies que l'on épargne, ce coup souvent fatal, ces inquiétudes et cet accueil, le consentement ou le refus. Les uns disent « Grâce à Dieu », tandis que d'autres ne croient qu'en la chaleur d'une main dans la leur. Mais de textes en textes, de mots d'amour en chants des morts, de cimes en abîmes, les 118 poètes de cette anthologie entonnent sans relâche la grande partition de la vie. Et s'ils viennent de tous les horizons – si elles viennent, car plus de la moitié sont des femmes –, c'est pour dire d'une voix multiple et une : Gracias a la vida !
À lire – Grâce… Livre des heures poétiques, Anthologie établie par Thierry Renard & Bruno Doucey, éd. Bruno Doucey, 2024.
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