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EAN : 9782021219753
168 pages
Seuil (08/01/2015)
3.4/5   56 notes
Résumé :
Zahira est une prostituée marocaine. Le pays où elle achève sa triste carrière et où elle mourra, c'est la France. Ses clients sont les pauvres hères musulmans qui ont échoué à Paris, comme elle, en quête d'espoirs qu'ils n'ont pas trouvés. Ce sont des personnages qui vivent comme des fantômes. Zahira est l'amie d'un Algérien qui se prostitue lui-aussi. Déchiré entre sa double nature, masculine et féminine, il changera de sexe sans trouver d'apaisement. Zahira conna... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Zahira est une déracinée. Elle a quitté sa maison au pied de l'Atlas, au Maroc, fuyant le souvenir d'un père qu'elle a laissé mourir seul, essayant en vain d'échapper à la culpabilité. Installée à Paris, elle vend son corps aux plus démunis, aux laissés-pour-compte qui viennent frapper à sa porte. Elle sait comment les soulager de leur peine et de leurs malheurs, même un bref instant. de la même manière, elle soutient Aziz et l'accompagne dans son changement de sexe. Aziz qui sera bientôt Zannouba, qui pense l'avoir toujours été, depuis son plus jeune âge, et qui ne se doute pas qu'il peut se perdre en voulant changer d'identité… Et puis il y a Mojtaba, le bel iranien, obligé de fuir son pays parce qu'il est homosexuel, parce qu'il prône la liberté d'expression, et qui se retrouve perdu dans Paris… Heureusement, Zahira est toujours là lorsqu'il s'agit de tendre la main, de recueillir les brebis égarées, Zahira qui ne se doute pas que son ancien amant vient d'apprendre qu'elle se prostituait et qu'il vient pour elle, pour laver le déshonneur… Enfin il y a l'énigmatique Zineb, disparue depuis longtemps, mais qui continue à hanter la mémoire familiale…


Roman de l'exil, « Un pays pour mourir » reprend des thèmes chers à Abdella Taïa, tels que le déracinement, le tabou lié à la sexualité, l'homosexualité et le désenchantement envers un monde qui a oublié, délaissé les plus démunis. Cinq personnages portés par le rêve d'un avenir meilleur, ailleurs, loin de leurs racines et qui se retrouvent hantés par leur passé, incapables de se reconstruire et de trouver le bonheur dans une société qui les rejette, qui ne veut pas d'eux.

Les phrases sont courtes, le rythme saccadé tandis que l'écriture est brutale, violente. Elle bouscule le lecteur, le malmène pour mieux pénétrer en lui et le bouleverser. Car, parmi ces instantanés de vie qui nous sont dévoilés, se cache une tendresse, une nostalgie emprunte de poésie qui nous touche et nous émeut. Des personnages d'horizons différents, mais meurtris par la vie. Si certains ont perdus leurs espoirs, d'autres rêvent encore d'un avenir meilleur, mais chez Abdellah Taïa, seule la réalité crue compte et les « happy end » n'existent pas… Un roman d'autant plus fort et bouleversant qu'il est court. « Un pays pour mourir restera une lecture marquante…


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Écoutez-les...
Écoutez les voix venues de là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée...
Elles nous parlent d'exil, d'espoir, de désillision mais aussi d'amour et d'amitié.

Zahira, prostituée à Paris, se souvient. Elle se souvient des derniers jours de son père, mort là-bas au pays, au Maroc. Ce père malade isolé au premier étage de la maison et que la mère ne voulait plus que ses enfants approchent. Ils ont accepté sans rien dire, sans un geste. Mais depuis, Zahira lui parle. Elle a besoin de sa présence, de son pardon.

Zahira, prostituée au grand coeur, qui s'occupe des immigrés sans le sous, déracinés comme elle, perdus comme elle. Zahira, une amie pour Zannouba, une transsexuelle qui a besoin de son soutien pour changer de sexe et pour contenir sa haine des hommes, des autres, des nantis, des qui voudraient bien avoir l'air. Zannouba qui, elle aussi, se souvient de son enfance quand petit garçon, ses soeurs l'habillaient en fille.

Zahira qui rit mais dont les yeux sont deux lacs immenses et tristes. Zahira qui vient en aide à son prochain et recueille un jeune migrant iranien qui a dû fuir son pays et qui ne lui demande rien en échange.

Et puis, il y a encore Allal, l'amoureux éconduit de Zahira, resté au pays et qui apprend le déshonneur de sa belle. Lui aussi partira pour la rejoindre.

Enfin, il y a Zineb, la tante de Zahira. Qu'est-elle devenue ? Est-elle partie elle-aussi ?

Un très beau roman aux personnages fragiles qui ont fui leur pays d'origine pour différentes raisons. Une écriture crue parfois, mais jamais vulgaire. Une écriture qui fait mal, qui vous remue, qui vous émeut. Des tragédies pour tous ces personnages aux vies minuscules, des destins brisés mais une grande compréhension et acceptation de l'autre quand il se retrouve perdu dans un ailleurs, ici en France, qui ne ressemble pas au paradis attendu, au paradis salvateur.
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Depuis qu'elle a quitté son village au pied de l'Atlas pour la France, Zahira se prostitue. Elle est en fin de carrière et a parfois du mal à joindre les deux bouts mais sa générosité reste inébranlable. Elle joue les confidentes pour son meilleur ami Aziz, un algérien qui se rêve en fille et qui bientôt, par la grâce d'une opération, se réveillera en Zannouba et quittera le « territoire maudit des hommes » : « Je la coupe. Sans bite. Sans verge. Sans zob. Sans excroissance. Sans sperme. Sans couilles. Sans cette chose inutile entre les jambes qui me bousille la vie depuis toujours ». Zahira recueille aussi Mojtaba, homosexuel chassé d'Iran, perdu dans les rue de Paris. Elle passera avec lui un merveilleux mois plein de complicité, avant qu'il disparaisse sans crier gare. Mais Zahira va également devoir faire face à la rancoeur d'Allal, son premier amour resté au Maroc et qui cherche, coûte que coûte, à la retrouver…

Des vies brisées. Abîmées. En fragments. Des voix aux accents incantatoires qui disent le désespoir, la honte, la pauvreté, l'exil, le passé qui vous poursuit toujours, partout, le rêve impossible d'une existence et d'un ailleurs meilleurs. Les monologues, fiévreux, habités, se succèdent et s'enchâssent pour brosser le tableau dérangeant, aussi cru que poétique, de migrants fugitifs, précaires, sans pays et sans illusions. Point de misérabilisme, aucune caricature. Les phrases courtes bousculent et apostrophent, l'économie de moyens donne à la confession de chacun une puissance narrative impressionnante. J'en suis sorti groggy…


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Dans ce livre l'auteur donne la parole à des exclus de la société, tant dans leurs pays d'origine, que dans celui dans lequel ils se sont échoués, et où ils n'arrivent pas à trouver, ni à faire leur place.

Tout d'abord c'est Zahia qui se raconte. Venue du Maroc il y a dix sept ans, elle habite le quartier Barbès à Paris et se prostitue pour faire vivre le reste de sa famille restée au pays. Toutefois, n'étant plus de la première jeunesse, elle en est arrivée à pratiquer des tarifs défiants toute concurrence, et fait dans le « social » pour des clients peu fortunés. Son ultime espoir de sortir de cette fange - et elle est prête à tout pour cela - est d'épouser un de ses clients réguliers sri-lankais musulman propriétaire de plusieurs commerces.

Elle a pour ami Aziz, algérien transsexuel, prostitué également, en attente d'effectuer une réassignation d'identité afin de devenir la femme qu'il s'est toujours senti être. Tous les deux rêvent, s'inventent des histoires et s'identifient aux héros des films indiens, qu'ils se passent en boucle à longueur de soirée.

Il y a aussi, Mojtaba, iranien et réfugié politique errant dans Paris, qui suite à un malaise dû à l'épuisement est secouru par Zahia, qui l'accueille chez elle, l'entretien, et en tombe amoureuse. Bonheur éphémère. Leur histoire prends fin brutalement lorsque Mojtaba disparaît sans prévenir vers un autre pays d'asile ou un avenir serait possible.

En toile de fond, il y a Zineb la soeur de Zahia disparu à l'âge de 16 ans au Maroc, sans laisser de trace. On apprendra à la fin du récit, qu'arrêtée par la police française lorsque le Maroc était encore sous Protectorat, elle a été envoyée dans le quartier réservé du Bousbir, où elle est devenue « fille de réconfort» pour la soldatesque, avant de s'engager auprès des autorités françaises, pour suivre un soldat en Indochine ou la guerre faisait rage.

Allal, ouvrier maçon marocain, mais noir de peau, amoureux transi de Zahia lorsque celle-ci était encore une enfant , et dont la mère lui a refusé la main par haine de ces descendants d'esclaves - qui ayant appris ce que faisait pour vivre son ancien amour, décide de la retrouver à Paris pour lui faire payer ce déshonneur.

Tous ces destins de pauvres, sont liés directement ou indirectement à l'histoire de France et à Paris - ville fantasmée, de liberté, qui cristallise tous les espoirs des ressortissants des anciennes colonies ou Protectorat – nous sont livrés en vrac, avec un peu d'amertume, voire de ressentiments, me semble-t-il par Abdellah Taïa, qui en profite pour aborder divers problèmes, immigration, exploitation, islamisme, prostitution.

Pour ma part, même si je comprends le message qu'a voulu faire passer l'auteur, je n'y suis pas réellement sensible. Ces personnes sont déjà marginales dans leur pays de par leur pauvreté. Leur manière de vivre ne fait qu'accentuer cette marginalité. de plus, le racisme envers les noirs est bien réel dans les pays musulmans où l'esclavage perdure. La prostitution a toujours été un déshonneur peu importe le pays d'où l'on vient. Les transgenres ne sont toléré (es) que dans un pays musulman (Iran) sauf erreur. Les travailleurs quels qu'ils soient sont encore et malheureusement souvent exploités (peu importe leur pays). Quant aux divergences politiques, elles affectent tous les pays où sévit une dictature.

On ne peut toujours se retrancher sur le colonialisme ou l'après colonialisme pour justifier le retard d'évolution d'un pays et justifier l'exil et la misère de ses ressortissants. Si la non intégration provient souvent du racisme, et là je suis d'accord. L'intégration vient, elle, d'une certaine force de caractère et de la volonté de vouloir faire partie de la Société dans laquelle on évolue en se conformant à ses valeurs… !

Ceci dit j'aime beaucoup les écrits d'Abdellah Taïa qui sait donner la voix à une « minorité » magrhébine et souvent pauvre que nous croisons avec une certaine indifférence, tous les jours, et ce, autrement que pour des affaires d'intégrisme religieux
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Un pays pour mourirAbdellah Taïa

C'est un texte sur l'exil, la souffrance, la perte de sa culture et de ses repères culturels mais c'est aussi de l'espoir et des rêves.
Zahira la prostituée, Azziz-Zannouba le transsexuel, Mojtaba l'iranien qui a fui son pays pour échapper à la mort. Tous ces gens se croisent, vivent ensembles plus ou moins longtemps, s'apprécient, s'aiment et rêvent malgré la misère et la vie difficile qui est la leur.
Ce sont des tragédies, des petits morceaux de vie de tous ces personnages et d'autres dont nous parlent l'auteur, lui aussi exilé. L'amitié et l'amour courent le long de ces pages, mais aussi la tolérance et l'espoir de s'en sortir un jour.
C'est un texte à la fois sombre et triste mais rempli de réalisme qui nous fait prendre conscience que vivent près de nous et autour de nous des humains déracinés qui souffrent et qui rêvent de vies meilleures.

J'ai aimé ce texte et je pense que je vais lire d'autres romans de cet auteur
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critiques presse (1)
LaPresse
23 février 2015
Le prolifique Abdellah Taïa propose un roman aux multiples narrations sans finalité autre que son amorce: partir.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
J'aime Paris. C'est ma ville. Je n'ai pas de papiers français mais personne ne peut me contester ce droit. Cette appartenance. Paris est ma cité, mon royaume, mon chemin.
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Tu sais bien que la société algérienne a fait d'elles : des voilées, des esclaves pour des maris lâches.Des mortes vivantes.(...)
Tu parles comme tous ces Occidentaux bien-pensants, maintenant. Pour se réconforter, se prouver que ce sont eux qui ont raison, ils cherchent ailleurs des exemples de ceux qui, selon eux, manquent de liberté... Les femmes arabes par exemple.
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J'ai trois sorciers. Un, juif, à Paris pour les dépannages.Un deuxième, berbère, à Gennevilliers. Un troisième, marocain, à Azilal, dans les montagnes de l'Atlas : c'est mon préféré, celui qui me comprend le mieux, qui me laisse tout lui raconter, même les détails les plus crus, les plus sordides. Le seul problème avec lui, c'est qu'il habite loin de paris, au fin fond de Maroc.
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Les hommes pakistanais de Paris sont les plus doux de la terre. Bien élevés. Polis. Jamais je ne leur demande de se laver. J’aime leur odeur, leurs manières suaves, leur timidité, leurs murmures.
Je ne comprends pas leur langue. Ils ne comprennent pas l’arabe et parlent très mal le français. Ils sont différents de mes clients arabes tout en étant musulmans comme eux. Mais ce côté musulman est tellement plus inspirant sur eux. Tellement beau, rare. Les Pakistanais, pour moi, sont ceux qui ont le mieux gardé cette qualité musulmane. Ce qui fait que l’islam est l’islam.
Parfois, je ne leur demande même pas de payer. Les regarder faire de moi ce qu’ils désirent me suffit largement.
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Iqbal,il est est déjà à moi. C’est juste qu’il ne le sait pas encore. Il m’appartient cœur, corps, âme et sexe. Il a été créé pour moi. Uniquement pour moi.
Je l’aurai, quoi qu’il arrive. Il me passera au doigt une bague très chère un jour, un jour très proche. Je travaille pour cela. Sérieusement.
J’ai trois sorciers. Un, juif, à Paris pour les dépannages. Un deuxième, berbère, à Gennevilliers. Un troisième, marocain, à Azilal, dans les montagnes de l’Atlas : c’est mon préféré, celui qui me comprend le mieux, qui me laisse tout lui raconter, même les détails les plus crus, les plus sordides. Le seul problème avec lui c’est qu’il habite loin de Paris, au fin fond du Maroc.
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