Je comprends un sourire, je comprends un baiser, une caresse, je ne comprends pas la conversation. L’amitié, cette relation de surface, loin du corps de l’autre, loin de son être, de ses désirs, de ses plaisirs, de sa part de don, ne m’intéresse pas. Cauchemar que toutes ces discussions que ne sous-tend nul désir véritable, insupportable brouhaha, pitoyable remplissage de petits vides ! Je ne crois pas à d’autre relation valable ni même possible que l’amour. Le reste ne vaut rien, car il n’offre rien. Rien si ce n’est des plaisirs médiocres, auxquels je l’avoue il m’arrive encore de céder, par faiblesse, par vanité de me sentir approuvée, par désir de légèreté, pour constater que certains demeurent, à défaut de ceux qui me manquent.
Quand je « travaillais » quand j’essayais de croire que le jeu des métiers pouvait me mener quelque part, il n’était pas de jour que je ne me disais pouvoir refuser de faire ce qu’on m’avait demandé, éteindre mon ordinateur et disparaître.J’aurais accompli ces gestes avec la plus grande facilité. Aucune peur, aucun sentiment d’obligation ne me retenaient, sauf ma volonté que je savais et acceptais fluctuante. Et j’ai bien fini par partir.
Bonheur qui ne se cherche ni ne se trouve, qui tombe, qui frappe, par une tâche de soleil à mes pieds, un prélude de Bach glissant d’une fenêtre, plus souvent sans prétexte ni préambule, bonheur qui tombe, qui frappe, et disparaît, et je demeure, sans plus d’indice quant à la question de mes jours, loin du bonheur des autres, que je ne comprends pas, que je ne suis pas même certaine de désirer.
J’éprouve une étroite et étrange parenté entre la grande tristesse et la joie pure, entre ces deux grands sentiments qui forment l’abscisse et l’ordonnée de ma réalité intérieure, de ma réalité tout court.(…) Ne jamais parvenir à comprendre ces sentiments-là, à ne pas même les ressentir jusqu’au bout, à ne pouvoir les fixer, s’y fixer, est une souffrance en soi, pour la joie comme la détresse.
Je me réveille souvent à cette heure immobile de la nuit où le temps s’écoule si lentement qu’il paraît hésiter à s’arrêter tout à fait . Comme si le souffle du néant, au lieu de m’enfoncer comme les autres dans cet étrange sommeil qui n’a peut-être d’autre but que de nous éloigner du monde inhabitable de la nuit, venait au contraire me tirer par la manche pour m’obliger à assister jusqu’à l’aube au spectacle sidérant de l’absence.
Constance Debre vous présente son ouvrage "Offense" aux éditions Flammarion. Entretien avec Sylvain Arrestier.
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