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EAN : 9782226392152
368 pages
Albin Michel (01/03/2017)
3.43/5   54 notes
Résumé :
Caroline du Sud, 1932. Par un soir d'été caniculaire, le vieux shérif Furman Chambers est tiré de son sommeil par un coup de téléphone : deux hommes ont été froidement abattus à la sortie d'une ancienne auberge qui sert désormais de couverture au trafic d'alcool de Larthan Tull, le "magnat du bourbon ». Quand Chambers arrive sur les lieux, le nom du coupable circule déjà : Mary Jane Hopewell, un vétéran de la Grande Guerre, qui vit en marge de la société. Mais le sh... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
3,43

sur 54 notes
Très beau roman dont le héros n'est autre que le Bourbon , héros prisé de tous , héros qui console , héros qui soigne les blessures , qui apaise les douleurs , héros qui permet d'assurer des revenus , héros d'autant plus prisé qu'il est interdit par la prohibition . Nous sommes en 1932 , en Caroline du sud , dans une bourgade où tout n'est que misère et désespérance pour une population d'ouvriers ou de petits paysans dont le seul espoir est de ne pas mourir de faim .Un bar , trois hommes , une altercation , deux morts donc un que tout accable qui prend la fuite.....Chambers , le shériff , 70 ans , ne croit pas vraiment en la culpabilité de celui que tout accable...Qu'en est - il vraiment ? Quelles sont ses raisons et ......a - t - il raison ? A partir de ce moment ce sont des portraits d'êtres très intéressants qui vont se succéder , s'unir , se tolérer , se détester, s'aimer , des portraits de gens enlisés dans leur condition misérable , sans trop espoir d'en sortir . C'est un roman très , très addictif , très bien écrit ( traduit ) , dont l'intensité se fait de plus en plus prenante au fur et à mesure que se tournent les pages , vraiment , comment dire , une histoire où tout semble ordonné et où , en fait , la situation se dramatise jusqu'au dénouement final très noir , comme vous pourrez en juger . Une vraie réussite , à mon sens , pour un premier roman , une très belle intrusion dans une période très difficile de l'histoire américaine . J'ai adoré suivre ces personnages et espérer pour eux à travers cette très belle peinture d'une époque de crise . Un roman que je recommande à tous mes amis amateurs du genre , en les rassurant quant à la violence , bien présente , certes , mais "finement " amenée, sans excès . Une réussite, vraiment .
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On est en Caroline du sud en 1932, c'est la grande dépression et la prohibition. La petite ville a perdu nombre de ses enfants morts dans les tranchées en Europe, c'est encore très présent, et les survivants ne dessoûlent pas.
C'est un polar social dépressif et lent, noyé dans les vapeurs du Bourbon, que nous livre Jon Sealy pour son premier roman, un croquis d'une Amérique périphérique de petits blancs pauvres, ouvriers des filatures ou paysans à l'écart des villes. Les populations noires sont absentes du roman, comme invisibles, reléguées dans un blues de Bessie Smith et interdites de travailler dans les usines pour vivre. Terrible concurrence entre les misérables !
Les prêches de l'église Baptiste vouent tous les pécheurs aux flammes de l'enfer et induisent un climat dominé par la fatalité .
La violence couve entre beuveries et bagarres. le trafic d'alcool de Tull qui ne dérange personne d'habitude, laisse un beau jour deux morts abattus à la chevrotine devant un bar, et un blessé en fuite, le bouc émissaire commode, Mary Jane Hopewell, le mauvais garçon, affublé d'un surnom humiliant depuis l'enfance.
C'est une enquête compliquée pour le shérif Furman Chambers, 70 ans, père de deux fils morts dans les tranchées, qui voit débarquer deux agents de la police d'Etat, troubler l'apparente quiétude de la communauté . Il est Coincé entre sens du devoir et désir que tout revienne comme avant.
Jon Sealy met en scène une belle galerie de personnages, les hommes du clan Hopewell, de beaux portraits de femmes, la paisible Alma, la sombre Abigail, la terrifiante tante Lou. Il esquisse un Roméo et Juliette dans les maïs, l'inévitable tragédie.
Quelques longueurs, un peu de surplace sur le personnage de Mary Jane, c'est tout ce que je reproche à ce roman qui nous parle d'une Amérique désabusée où les hommes sont une variable d'ajustement d'un trafic qui fonctionne comme l'économie officielle.


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Caroline du Sud, 1932. La grande dépression a frappé. La prohibition a été votée. Prenez ces deux faits, et vous obtenez un trafic d'alcool qui permet à des familles de vivre, et aux grands patrons de s'enrichir. L'alcool permet aussi de supporter la vie présente, pas toujours facile. Jamais facile serait plus juste. le sherif Chambers a perdu ses deux fils à la guerre. Mary Jane Hopewell (ne vous trompez pas, il s'agit de son surnom, pas de son vrai prénom) a vécu les combats, la promiscuité des blessés, l'envie de s'en sortir malgré tout. Son frère Joe en parle moins, pourtant lui aussi a été très marqué par la guerre : la naissance de son second fils l'a fait renoncer à l'alcool. La veuve Campbell a perdu son mari à la guerre, et son fils unique est mort sous les balles du shérif - le seul homme qu'il ait jamais tué.
Tous pourraient continuer à (sur)vivre ainsi, sans trop se rendre compte qu'ils sont pauvres puisque tous le sont. Mais un double meurtre a été commis, deux jeunes hommes qui participaient au trafic d'alcool. L'un d'entre eux avait été recueilli par la veuve Campbell. Qui est accusé du meurtre ? Mary Jane, un homme très proche de la veuve. Bizarrement, peu croient qu'il soit le véritable coupable et même si le shérif le cherche - il faut bien enquêter - il doute que l'homme, marginal, ait tué deux hommes de sang froid.
Alors... ce qui commence n'est pas une chasse à l'homme, non, pas à proprement parler. Il s'ennuie plutôt un jeu de cache-cache, pour échapper au shérif d'un côté, pour contrer Larthan Tull de l'autre. Tull est le chef incontesté du trafic d'alcool clandestin, et il ne lui vient pas à l'esprit de partager le gâteau. Pourquoi partagerait-il d'ailleurs ? Il est bien décidé à mettre bon ordre dans toutes les velléités de rébellion - avec des conséquences qu'il n'attendait pas.
Ce qu'il n'attendait pas non plus, et le shérif encore moins est l'arrivée des fédéraux, bien décidés à mettre fin au trafic. Pour eux, tout est blanc ou noir. Pour Chambers, rien n'est aussi simple. C'est d'ailleurs à leur arrivée que le lecteur comprend que l'on est en route vers la catastrophe, comme si, une fois la tragédie, rien ne pouvait l'arrêter.
Oui, ce roman se déroule en 1932, cependant il nous plonge dans le passé - la première guerre mondiale, dont on oublie un peu les conséquences pour les américains - et dans le futur, quand il nous présente les conséquences pour ceux qui ont vécu cette année-là. Un roman qui nous rappelle que le rêve américain n'en a pas toujours été un.
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Bourbon, Blues and Blood !
Le shérif Chambers est fatigué, sa femme le presse de prendre sa retraite tandis qu'il hésite… « terrifié à l'idée de l'ennui qui le guetterait tandis qu'il se dirigerait lentement vers ses derniers jours. »
Grande Dépression, prohibition, bourbon de contrebande, bootlegger sans scrupules, meurtres en pleine rue, adolescents prêts à tout pour vivre, le décor est bien, très bien, planté. Tout vous prévient que le shérif Chambers va faire une dernière ronde, qu'il va nettoyer les écuries d'Augias avant de passer la main. John Wayne revient, le Wayne de John Ford et, même si nous ne sommes pas à Monument Valley mais en Caroline du Sud, c'est sûr, il va nous régler ça avec sang froid et doigté.
Pas tout à fait, finalement. Je vous laisse découvrir comment avec cette galerie de « personnages inoubliables » comme le vante, assez justement, la quatrième de couverture. Un très bon roman sur une époque où chacun luttait à sa façon, avec ses atouts et ses faiblesses, pour survivre. le slogan est passé de mode même si la réalité est toujours vivace : Struggle for life…
Gageons que Jon Sealy a gagné le droit de vivre de sa plume !
« Des soirs pareils, Tull entendait dans sa tête les accents plaintifs du blues de Bessie Smith… On ne pouvait pas dire qu'en approchant de la cinquantaine il vieillissait comme un bon whisky, mais plutôt qu'il s'éventait telle une bière abandonnée sur un comptoir. « Personne sait quand t'es au bout du rouleau », chante Bessie Smith, les paroles les plus sensées que quiconque ait jamais prononcées. On emmène ses amis faire la noce, on leur paye de l'alcool de contrebande, on leur prête de l'argent pour une partie de cartes, mais une fois la bouteille vide, l'argent envolé et les cartes rangées, les amis s'en vont en emportant un bout de votre âme et vous laissent dans votre château à méditer sur la vie et la mort. »
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1932, Caroline du Sud. La Grande Dépression est passée par là et la prohibition aussi. Alors, certains boivent pour oublier et d'autres produisent du bourbon de contrebande pour se faire des couilles en or.

Petites infos historiques, pour se coucher moins bête : le bourbon est fabriqué à partir de maïs, alors que les autres whiskies sont conçus à partir d'autres céréales telles que l'orge, le seigle ou le blé. Et apparemment, le bourbon est aux États-Unis ce que le scotch est à l'Écosse.

Pas facile de distiller du bourbon sans se faire prendre. Certains ont essayé, ils ont eu des problèmes… Mais dans notre petite bourgade miséreuse, remplie de pauvres gens bossant dans les usines ou trimant sur leurs terres, l'un d'eux a une couverture géniale : il fabrique du soda ! C'est intelligent, la distillerie de bourbon est camouflée par le soda, tout comme les commandes d'ingrédients : maïs et sucre.

Le point de départ de ce roman noir qui parle de prohibition, c'est deux personnes assassinées par Mary Jane Hopewell, un vétéran de la Grande Guerre. Oui, Mary Jane est un homme, ce n'est pas son nom, mais son surnom.

Problème : personne ne croit que c'est lui, le chérif Chambers en premier. Il est vieux, ne pense qu'à sa pension et à siroter du bourbon de contrebande dans son bureau. No stress… Oui, mais, les hommes en noirs viennent de débarquer pour enquêter !

Ce roman noir est un roman social qui parle de l'Amérique blanche, celle d'en bas, celle qui travaille, qui peine, qui trime et qui a du mal à joindre les deux bouts. Comme la majorité sont pauvres, personne ne se rend compte qu'il est dans la dèche. le seul qui ait des thunes, c'est Larthan Tull, le "magnat du bourbon".

Ceci n'est pas un thriller qui va à fond la caisse ! Tout le monde va à pied, hormis les livreurs de bourbon et les flics. C'est plus une partie de cache-cache que de 24h chrono. À pied, on va moins vite !

Le plus important, ce sont les ambiances : noires, sombres, sordides, parce que l'on se doute qu'à un moment, ça va exploser entre le magnat et celui qui a tenté de le doubler… Ou, entre lui et le jeune garçon qui aime sa fille.

On ne sait pas où ça va péter, mais on sait que ce sera terrible. Effectivement, ce sera terrible et violent. L'autre chose importante, ce sont les portraits des personnages, tous bien esquissés, réalistes, profonds. Une belle galerie de personnages !

Un roman noir qui prend son temps, qui soigne ses personnages, ses ambiances, qui n'hésite pas à servir de l'alcool, dans des bocaux et à nous faire comprendre que les fermiers du coin gagent plus à vendre leur maïs au bootlegger (contrebandier d'alcool, pendant la prohibition) qu'à la coopérative des céréales. Un comble !

Un roman noir profond qui redonne vie à la prohibition, à la Grande Dépression et à un morceau des États-Unis à cette époque. Un roman noir qui possède une belle intensité dramatique.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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critiques presse (2)
LaCroix
18 août 2017
Un premier roman remarquable et prometteur qui nous embarque en Caroline du Nord, au temps de la prohibition et de la « grande dépression ».
Lire la critique sur le site : LaCroix
Chaudement recommandé par Ron Rash (...) ce roman décrit avec grâce et justesse une époque où tous les coups étaient permis pour échapper à un avenir sans lendemain.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Le shérif avait croisé toutes sortes de représentants du genre humain, et bien qu’il n’eût pas le don de sa grand-mère, il lui suffisait d’observer quelqu’un pour connaître ses bizarreries et ses excentricités. Ses secrets. Ainsi, en étudiant les yeux sombres de Tull, il sut que c’était un homme dont les secrets remontaient à la plus tendre enfance, si profondément refoulés qu’il ignorait peut-être lui-même leur nature. Quoi que ce fût qui lui était arrivé, il réagissait comme un chien devenu méchant pour avoir été trop souvent battu. Ce n’était pas le mal que Chambers lisait dans le regard de Tull, mais l’indifférence amorale d’un univers sans dieu. Le mal signifiait au moins qu’il existait dans le monde quelque chose de plus grand que nous, alors que Tull semblait affirmer qu’il n’y avait que le néant. Le vide absolu.
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Des soirs pareils, Tull entendait dans sa tête les accents plaintifs du blues de Bessie Smith… On ne pouvait pas dire qu'en approchant de la cinquantaine il vieillissait comme un bon whisky, mais plutôt qu'il s'éventait telle une bière abandonnée sur un comptoir. « Personne sait quand t'es au bout du rouleau », chante Bessie Smith, les paroles les plus sensées que quiconque ait jamais prononcées. On emmène ses amis faire la noce, on leur paye de l'alcool de contrebande, on leur prête de l'argent pour une partie de cartes, mais une fois la bouteille vide, l'argent envolé et les cartes rangées, les amis s'en vont en emportant un bout de votre âme et vous laissent dans votre château à méditer sur la vie et la mort.
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Bien qu'elle eût déjà deux enfants presque adolescents, elle était encore belle. Elle descendait en ville de temps en temps et attirait toujours les regards. Elle avait des cheveux d'un blond très doux, un joli teint et un délicat visage aux traits fins où les premières rides ne tarderaient pas à apparaître. Ses cheveux commençaient à se clairsemer, et il l'imagina à dix-sept ans avec une masse de boucles, une peau colorée, appétissante comme une pêche prête à être cueillie - mais le temps prélevait son tribut sur tous les habitants de la colline de la filature. La vie ne l'avait pas trop maltraitée, mais il savait que d'ici quelques années, devenue une vieille femme flétrie, maigre et toute voutée, elle aurait l'air d'avoir soixante-dix ans. L'âge s'abattait soudain sur vous, belle jeune fille un jour, grand-mère le lendemain.
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C'était l'existence à laquelle leur père désirait qu'ils échappent. Economiser sur tout. Faire et refaire les comptes et se demander comment on pourrait s'en sortir. Essayer de se fournir ailleurs que dans le magasin de la filature. Ici, on n'avait le choix qu'entre l'usine et l'armée. Le pays entier allait mal. Des terres que les familles possédaient depuis des générations devenaient soudain sans valeur.
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Des années plus tard, Willie se dirait en effet que ce n'était pas une existence si pénible, car comme tout le monde était pauvre, on ne se rendait pas compte qu'on l'était. Les maisons du village étaient toutes semblables, des sortes de bungalows à pignon typiques du coin, couleur blanc cassé, avec de petites cours et des cordes à linge ainsi qu'un minuscule potager où cultiver un peu de maïs, des tomates, des courges et des poivrons. Jusqu'à trois générations s'entassaient dans ces habitations exigües, rien que des Blancs - les Noirs n'étaient pas autorisés à travailler dans les usines de la région -, et nombre de familles avaient quitté les fermes des montagnes après plusieurs années de sécheresse et de mauvaises récoltes, la banque refusant de prolonger l'échéance de leurs emprunts.
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