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Jacques Thiériot (Traducteur)Teresa Thiériot (Traducteur)
EAN : 9782721004703
220 pages
Editions des Femmes (30/11/-1)
4.15/5   17 notes
Résumé :
Avec Un Souffle de vie s’achève la publication en français, entreprise par les éditions Des femmes depuis 1978, de l’œuvre de Clarice Lispector.
Livre posthume, livre-testament certes, mais aussi contrepoint à tout ce qu’elle a publié de son vivant, dans la fulgurance de ses recherches existentielles et littéraires.
Si les chroniques de La Découverte du monde révélaient certains de ses processus de création, ici ce sont des matériaux presque bruts, ana... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Pas évident d'écrire sur Un souffle de vie. C'est un livre qui se présente avec un fil conducteur ténu, autour des réflexions d'un auteur, appelé « l'auteur », et de son personnage, Angela Pralini. Tous deux expriment des doutes, des angoisses, des réflexions sur la vie et la mort. Alors résumons. Une auteure qui crée un auteur qui crée un personnage qui écrit aussi (et qui a un chien) : autant dire que les situations deviennent rapidement complexes, voire inextricables. Voyez un peu : « l'auteur » se dit amoureux de son personnage ; « l'auteur » lit superficiellement ce qu'écrit son personnage pour ne pas la copier ; « l'auteur » fait écrire à son propre personnage que sa vie est un roman... Et je rappelle que « l'auteur » est lui-même le personnage de Clarice Lispector. Bien sûr, c'est plus simple qu'il n'y paraît puisque c'est bien une seule personne qui est derrière tout cela : Clarice Lispector. On a finalement l'impression d'un jeu de miroirs internes, qui n'est pas sans poésie.

Mais un tel livre peut-il se suffire à lui-même ? L'auteure donne peu de clés et on a donc l'impression que pour en apprécier pleinement la lecture, il faudrait connaître tous ses autres livres, sa vie et même sa mort. Il faudrait pouvoir le situer ; ce livre a du mal à exister sans elle. Est-ce que cela ne le rend pas incommuniquable ? La possibilité d'exister indépendamment de son auteur, c'est justement un critère pour définir la frontière entre un livre (éventuellement autobiographique) et un journal intime. Un souffle de vie m'a paru relever davantage du journal intime que du livre communiquable. D'où mon sentiment d'être restée sur le seuil, mais aussi, c'est vrai, d'avoir eu accès, sans filtre, à des révélations poétiques auxquelles n'ont en principe accès que les psy ou les confesseurs. Alors je vous livre un exemple qui m'a frappée, un rêve qui peut largement se lire indépendamment du reste du livre et parlera, je pense, à beaucoup :

« Cette nuit j'ai fait un rêve dans un rêve. J'ai rêvé que j'assistais tranquillement à une pièce de théâtre. Et par une porte mal fermée sont entrés des hommes avec des mitraillettes et ils ont tué tous les acteurs. Je me suis mise à pleurer : je ne voulais pas qu'ils soient morts. Alors les acteurs se sont relevés et ils m'ont dit : « Nous ne sommes pas morts dans la vie réelle, mais en tant qu'acteurs, ce massacre fait partie du spectacle. » Alors j'ai fait un rêve très agréable que voici : dans la vie nous sommes les acteurs d'une pièce de théâtre de l'absurde écrite par un Dieu absurde. Nous sommes tous les participants de ce théâtre : en vérité nous ne mourons jamais quand survient la mort. C'est l'acteur qui meurt en nous. Serait-ce l'éternité ? »

Plus que du livre dans son ensemble, c'est de passages comme celui-là que je me rappellerai. Merci aux éditions des femmes Antoinette Fouque, et à Babelio.
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Grande figure de la littérature brésilienne du XXème siècle, Clarice Lispector était atteinte d'une maladie grave lorsqu'elle écrivit Aqua Viva.
Édité en 1978 à titre posthume puis traduit en français vingt années plus tard, Un souffle de vie (pulsations) est un livre très singulier, intéressant pour connaître l'écrivaine et son oeuvre.
Ce qui saisit d'emblée l'attention, c'est la poésie, qui affleure tout au long des passages du livre. Fragments, de pensées et aphorismes se succèdent et soulèvent continuellement des impressions, une réflexion chez le lecteur.
Clarice Lispector a composé son récit en rapprochant deux voix: celle d'un écrivain, l'auteur et celle d'une femme, Angela Pralini, son personnage. Celle-ci veut devenir... écrivain. Elle livre tous ses espoirs d'y parvenir mais aussi ses craintes de ne pas pouvoir. L'auteur, lui, l'observe dans ses mouvements, ses pensées, la justifie, la réfute comme une personne étrangère à lui-même.
Réflexion sur l'écriture, sur l'imaginaire et tous ses confluents, comme un regard posé mais aussi retiré du monde.
Clarice Lispector semble vouloir rassembler dans ce souffle de vie, tout ce qui pourra la sauver d'elle-même, de sa finitude. Préserver ce qui est encore en elle et ne sera bientôt plus.
Son écriture se ramasse parfois, se contracte sous l'angoisse mais se déploie aussi dans un moment de douce plénitude.
Un souffle de vie est un livre certes exigeant mais qui se révèle être, tout au long de la lecture, d'une saisissante et troublante beauté.

Je remercie particulièrement les éditions Les femmes-Antoinette Fouque et Babelio de m'avoir permis de découvrir Clarice Lispector, grande auteure de la littérature contemporaine.
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L'écriture de Clarice Lispector est agréable, facile à lire, riche et imagée, et pourtant, parfois totalement incompréhensible.

Le fil rouge de ce livre est la difficulté d'écrire, d'y mettre tout de soi, d'être en instropection permanente.

Elle a choisi d'être UN auteur, et gère sa narration au masculin singulier, le féminin c'est Angela, le personnage crée pour échanger, rompre la solitude et entâmer un long dialogue, qui va de Soi à Soi ...
Angela a trente-quatre ans et est née à Rio de Janeiro. Elle vit avec son chien, Ulysse.

« Un Souffle de Vie » est un long dialogue entre doute et incertitude, en rêve et réalité, une tentative de réponse à un ultime ...

« Qui suis-je? Qui sommes Nous ? »,
« D'où vient LE souffle de Vie ? de qui ?
« Et après ? »

Mais le mystère, me semble-t-il, demeure.

J'ai trouvé, dans « Un souffle de Vie », une sorte de guide ...
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La lecture de ce livre me fut laborieuse et la tentation d'abandonner en cours de route fut souvent présente.
C. Lispector aligne les mots et les phrases sans qu'une signification de ces enchaînements apparaisse clairement. On est dans un univers à l'opposé de la narration ou du discours. Un univers poétique, construit comme un presque-dialogue entre un écrivain et un de ses personnages. Au détour d'une page, quelques fulgurances très bien écrites sur le sens de la vie, de la mort, sur le moi, la littérature ou Dieu apportent une lumière bienvenue dans une création qui resterait sans celles-ci un trou noir totalement mystérieux.
Oeuvre difficile.
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"Écrite en agonie"
Comme le dit Olga Borelli, plus amie que secrétaire, cette oeuvre commencée en 1974 et terminée en 1977 peu avant sa mort, a été comme l'a dit Clarice, "écrite en agonie".
J'ai lu plusieurs oeuvres de Clarice Lispector avant de tenir ce blog, mais l'interrogation à chaque fois est la même, lisible ou illisible?
Un auteur s'invente un personnage "Angela Pralini" pour rompre sa solitude. Il tente de lui insuffler la vie en nous la présentant. Elle a trente-quatre ans et est née à Rio de Janeiro.
La suite ici :
http://eireann561.canalblog.com/
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
J’écoute de la musique. Debussy met en œuvre les écumes de la mer qui meurent sur le sable, dans le flux et le reflux. Bach est mathématique. Mozart est le divin impersonnel. Chopin raconte sa vie la plus intime. Schönberg, grâce à son moi, atteint le moi classique de tout le monde. Beethoven est l’émulsion humaine dans la tempête à la recherche du divin qu’elle ne trouvera que dans la mort. Quant à moi, qui ne demande pas de musique, je parviens seulement au seuil de la parole nouvelle. Sans courage de l’exposer. Mon vocabulaire est triste et parfois wagnériano-polyphonico-paranoïaque. J’écris une langue très simple et très dépouillée. Qui par conséquent blesse. Je suis un paysage gris et bleu. Je m’élève sur la source asséchée et sur la lumière froide.
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(PULSATIONS)

Je veux écrire un mouvement pur

Ceci n'est pas une lamentation, c'est un cri d'oiseau de proie. Un oiseau irisé et inquiet. Le baiser sur le visage de la mort.
J'écris comme si cela devait permettre de sauver la vie de quelqu'un. Probablement ma propre vie. Vivre est une sorte de folie que commet la mort. Vivent les morts parce que nous vivons en eux.
Soudain les choses n'ont plus besoin d'avoir un sens. je me satisfais d'être. Tu es ? Je suis sûr que oui. Le non sens des choses me procure un sourire de complaisance. Certainement tout doit être en train d'être ce qui est.
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Tout ce que j’écris ici est forgé dans mon silence et dans la pénombre. Je vois peu, je n’entends presque rien. Je plonge enfin en moi jusqu’au berceau de l’esprit qui m’habite. Ma source est obscure. J’écris parce que je ne sais que faire de moi. C’est-à-dire : je ne sais que faire de mon esprit. Le corps donne beaucoup d’informations. Mais je ne connais pas les lois de l’esprit : il erre. Ma pensée, avec l’énonciation des mots qui surgissent mentalement, sans que je parle ou écrive ensuite – cette pensée à moi, faite de mots, est précédée par une vision instantanée, sans mots, de cette pensée – parole qui suivra, presque immédiatement – écart spatial de moins d’un millimètre. Avant de penser, donc, j’ai déjà pensé. Je suppose que le compositeur d’une symphonie a seulement « la pensée avant la pensée », que ce qui se voit dans cette rapidissime idée muette est un peu plus qu’une atmosphère ? Non. À vrai dire c’est une atmosphère qui, déjà colorée avec le symbole, me fait sentir l’air de l’atmosphère d’où vient tout. La pré-pensée est en noir et blanc. La pensée avec des mots a d’autres couleurs. La pré-pensée est le pré-instant. La pré-pensée est le passé immédiat de l’instant. Penser est la concrétisation, matérialisation de ce qui a été pré-pensé. À vrai dire, la pré-pensée est ce qui nous guide, car elle est intimement liée à ma muette inconscience. La pré-pensée n’est pas rationnelle. Elle est presque vierge.
Parfois la sensation de pré-penser est angoissante : c’est la tortueuse création qui se débat dans les ténèbres et qui ne se libère qu’après avoir pensé – avec des mots.
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Mon chien me revigore toute. Sans parler qu'il dort parfois à mes pieds en emplissant la chambre de sa chaude vie humide. Mon chien m'apprend à vivre. Il est seulement "étant". "Être" est son activité. Et être est ma plus profonde intimité. Quand il s'endort sur mes genoux, je veille sur lui et sa respiration bien rythmée. Et - lui immobile sur mes genoux - nous formons un seul tout organique, une vivante statue muette.

p. 71
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Jamais la vie n’a été aussi actuelle qu’aujourd’hui : un clin d’œil et c’est le futur. Le temps pour moi signifie la désagrégation de la matière. Le pourrissement de ce qui est organique comme si le temps avait une sorte de ver dans un fruit et volait à ce fruit toute sa pulpe. Le temps n’existe pas. Ce que nous appelons temps c’est le mouvement d’évolution des choses, mais le temps en soi n’existe pas. Ou bien il existe, immuable, et en lui nous nous transférons. Le temps passe trop vite et la vie est si courte. Alors – pour ne pas être avalé par la voracité des heures et par les nouveautés qui accélèrent le temps – je cultive un certain ennui. Je savoure ainsi chaque détestable minute. Et je cultive également le silence vide de l’éternité de l’espèce. Je veux vivre de nombreuses minutes en une seule. Je veux me multiplier pour pouvoir embrasser jusqu’aux aires désertiques qui donnent l’idée de l’immobilité éternelle. Dans l’éternité le temps n’existe pas. Nuit et jour sont contraires parce qu’ils sont le temps et le temps ne se divise pas. Désormais le temps va être toujours actuel. Aujourd’hui c’est aujourd’hui. Je m’étonne, tout en m’en inquiétant, que tant de choses me soient données. Et demain je vais avoir de nouveau un aujourd’hui. Vivre l’aujourd’hui a quelque chose de douloureux et poignant.
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Il y a des gens qui doutent et, franchement, ça fait du bien. Savez-vous quelle héroïne de roman incarne à la perfection la femme qui doute ?
« Près du coeur sauvage », de Clarice Lispector, c'est à lire aux Editions des Femmes.
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