Inspirée à la fois par sa propre jeunesse et par des témoignages de femmes très émouvants, la romancière Micheline Duff, bien connue pour ses romans historiques, plonge pour la première fois dans le Québec des années 1960 avec son nouveau roman, Un temps nouveau.
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Ah ! le plaisir qu’elle avait découvert sous ses caresses, même s’il l’avait pénétrée pour la première fois de sa vie ! Elle n’y avait vu que du feu. La jouissance à la fois la plus exquise et la plus intense jamais connue. Un délice plus merveilleux que tout ce qu’elle avait pu souhaiter et imaginer à ce sujet. Divin, suave, sublime, il n’existait pas de mots pour exprimer une telle euphorie. Le septième ciel, quoi !
À l’âge de seize ans, très bientôt dix-sept, elle estimait avoir le droit de mener maintenant sa vie comme elle l’entendait. L’ère de la petite fille sage et docile venait définitivement de se terminer. Avant de partir, quand elle s’était regardée dans le miroir, affichant un air frondeur avec l’ombre à paupières avivant le bleu de ses yeux et le rouge carmin qui lui barbouillait généreusement les lèvres, elle avait aperçu une femme et non plus une adolescente. Quant à ses longs cheveux blonds, ils retombaient savamment sur l’échancrure de sa robe, une antiquité de sa cousine qu’elle avait largement déboutonnée et sur laquelle pendaient des boucles d’oreilles peu discrètes et un lourd collier serti de verroterie. Une femme voluptueuse. Une femme fatale. Elle l’était en effet devenue, ce soir-là, faisant fi des conséquences.
C’était donc ça, les gestes des relations sexuelles trop souvent évoquées à mots couverts dans les livres et par des images suggestives dans les films ? Elle ne pensait pas les apprécier autant. Cela n’avait rien à voir avec les comportements de ses premiers amoureux, des copains raides et maladroits quand ils la frôlaient, et qu’elle repoussait avec ennui. Lui, au moins… Love me tender, love me sweet… Cette fois, elle n’avait pas hésité à se laisser aller, à se donner sans retenue pour qu’il s’empare d’elle et la possède entièrement, totalement. Ah ! quel plaisir ! Quelle sensualité ! Celui-là, elle l’aimerait durant toute sa vie.
Parce que, parlant beauté, cet homme lui paraissait indéniablement superbe, à faire damner. Cette carrure, ce port de tête, ce regard transparent, cette abondante chevelure bouclée malgré la quarantaine évidente… Soudain, elle comprenait Odette d’avoir succombé à la tentation et elle se demanda de quel côté étaient venues les premières initiatives. D’elle ou de lui…
Vous êtes coupables de leurs péchés d’impureté en essayant de les exciter. Par conséquent, habillez-vous modestement. Optez pour les chemisiers plutôt que pour les chandails, car, en général, ceux-ci moulent trop votre poitrine, évitez les décolletés et portez des vêtements amples et longs. Je pense aux mini-jupes en train de devenir à la mode. Quelle horreur !
Micheline Duff, Mon cri pour toi