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Michel Tournier (Traducteur)
EAN : 9782070309412
512 pages
Gallimard (22/06/2006)
4.08/5   50 notes
Résumé :

Soldat d'une armée allemande à laquelle ses chefs avaient promis la maîtrise du monde et qui compte ses innombrables morts, Ernst Gräber échappe à l'enfer des bombardements à l'occasion d'une permission et quitte le front russe devant Stalingrad pour partir à la recherche de ses parents. Effrayante odyssée : il ne traverse que des villes en ruine et ne voit que des survivants affamés. La rencontre d'une am... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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L'auteur de "A l'ouest, rien de nouveau" fait paraître ce roman en 1954. Il y montre l'horreur sur le front russe lors de la seconde guerre mondiale mais aussi à l'arrière avec le bombardement des villes allemandes. Enfin, il décrit la guerre vue du côté des vaincus.

Le début voit Ernst Gräber, abruti comme une machine à tuer après deux ans passés au front russe, partir en permission. Il compte retrouver ses parents mais cela ne se passe pas comme prévu. Sa ville natale est bombardée depuis des semaines. Beaucoup de repères ont disparu: sa rue et ses habitants.
Il part à leur recherche. Au fil des rencontres, des problèmes de conscience resurgissent, comme après un réveil suite à un long sommeil, quand il rencontre un ancien professeur de lycée ou un camarade de lycée devenu officier SS. Cet aspect n'est hélas pas traité longuement mais j'ai trouvé que ces pages sauvaient le roman.
Lequel s'attarde donc un peu trop à mon goût sur une histoire d'amour naissante, le temps d'une permission de trois semaines avec une amie de lycée, Elisabeth Kruse.
Ce point m'a semblé trop développé par rapport au reste mais il permet de souligner après tout, avec cet "amour impossible", la déchéance d'un régime totalitaire qui ne sombrera que dans défaite la plus totale.
Une question me taraudait l'esprit: allait-on parler du sort des Juifs dans ce roman? La réponse est oui et heureusement. Remarque évoque aussi le sort des prisonniers politiques. Mais ce ne sont pas les sujets centraux du livre.
Il traite donc surtout de la guerre et de l'immense horreur qu'elle répand.
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L'écrivain allemand Erich Maria Remarque a été rendu célèbre par son premier roman, « A l'Ouest, rien de nouveau », paru en 1929, tiré à une vingtaine de millions d'exemplaires, qui a fait comprendre ce qu'était la souffrance des combattants de 1914-18.

On connaît moins « Un temps pour vivre, un temps pour mourir », paru en 1954, qui rend compte des souffrances de la seconde guerre mondiale, celles des combattants comme celles des civils de ce qu'on appelle improprement l'arrière.

Les premières scènes se déroulent sur le front russe, dans une unité qui recule. Autour du jeune Ernst Gräber, qui est directement passé du lycée à la guerre, l'auteur a reconstitué le microcosme des combattants, ceux qui pensent avec angoisse à leur foyer, ceux qui s'engagent dans le Parti nazi, ceux qui ne cachent pas leur ancien engagement à gauche, ceux qui survivent comme ils peuvent.

Après deux ans de front russe, Ernst bénéficie d'une permission ; il rejoint sa ville, pour retrouver ses parents. Elle vient d'être bombardée, et son ancienne adresse, le 18 rue Haken, n'est plus qu'un tas de ruines. Il cherche ses parents partout.

Il en résulte un ensemble de portraits de civils dans la guerre, victimes des bombes autant que du contrôle social nazi ; ainsi certains en viennent à dénoncer leurs voisins à la Gestapo pour bénéficier de leur appartement (comme d'ailleurs pendant les grandes purges staliniennes en URSS).

Cette oeuvre n'est pas seulement un roman de critique sociale, c'est aussi un roman d'amour, car la jeunesse reprend ses droits dans ce contexte infernal : Ernst retrouve Elizabeth, camarade de classe, et ils vont vivre comme un miracle les derniers jours de permission du soldat.

Enfin, ce livre aborde franchement le problème de la responsabilité du Peuple allemand dans la guerre et ses atrocités : Ernst n'ignore pas que ce sont les électeurs allemands qui ont, en mars 1933, porté Hitler et son gang au pouvoir, en élisant, à près de 44 %, un Reichstag nazi ; il s'interroge sur sa propre responsabilité, même s'il voit autour de lui, dans son unité comme dans sa ville, plus de victimes que de bourreaux.

Un livre à lire, dans ces temps où il est si important de bien comprendre notre partenaire allemand.
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Erich Maria Remarque est surtout connu en France pour son roman A l'ouest rien de nouveau, qui est LE grand roman allemand sur la première guerre mondiale. Il est cependant dommage de réduire ce grand auteur à cette seule oeuvre, et Un temps pour vivre, un temps pour mourir est un autre exemple de grand roman.
L'action se déroule ici durant la seconde guerre mondiale et suit un jeune soldate allemande sur le front russe, qui reçoit sa première permission en deux ans. Vite, vite, partir avant qu'elle risque d'être annulée, se dit notre bonhomme. Et le voici en route avec un convoi de blessés, ne rêvant que de revoir ses parents, sa ville natale, de se goinfrer de tartes aux pommes et d'échapper à l'enfer du front. Une fois que la morale a été faite aux permissionnaires, sur le mode ne racontez rien de ce que vous avez vu sur le front", il est lâché dans la ville... une ville allemande comme tant d'autres, bombardée par les alliées, ce dont les soldates ne savent rien à cause de la censure du courrier. Commencent alors quinze jours de permission à tenter de comprendre. C'est l'occasion pour le jeune homme de tant de questionnement, sur le devoir, sur la conscience, sur l'humanité. Responsabilité de ceux qui exécutent les ordres car désobéir condamneraient leurs proches, petits arrangements avec la conscience, cruauté gratuite, mais aussi amour, espoir, désir de vivre, il y a tout dans ce roman, et il mérite vraiment d'être aussi connu que A l'ouest rien de nouveau.
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Paru en 1954, soit 9 ans après la fin de la guerre et la chute du pouvoir nazi, ce livre de Remarque partage plusieurs points communs avec son célèbre «A l'ouest, rien de nouveau», lui aussi paru de nombreuses années après la guerre de 14-18. Il y a cependant un point essentiel qui les différencie : ici, l'auteur fait une oeuvre de pure fiction, n'ayant vécu ni le front russe ni les bombardements des villes allemandes de la période concernée, 1944, la débâcle d'Hitler. Déchu de sa nationalité en 1938, il émigre aux Etats-Unis où il va avoir une activité importante comme scénariste à Hollywood tout en continuant sa production littéraire.
La trame générale du roman reproduit celle d' « A l'Ouest » : le front, l'arrière, le front à nouveau, la mort absurde. Mais ici, c'est bel et bien l'horreur des bombardements civils qui est au premier plan : on sait que plusieurs villes françaises ou allemandes ont été détruites par l'aviation alliée (principalement anglaise et américaine) avec nombre de victimes civiles – à 90% Le Havre, quasi entièrement et 30 000 morts à Dresde. La situation dans ce contexte est très variable suivant les individus et si la majorité de la population civile se trouve coincé entre les massacres de l'aviation alliée et la terreur exercée par des nazis aux abois, certains apparatchiks vivent jusqu'au bout dans l'opulence et les festivités.
Le roman est intéressant car il aborde – toujours sur la base des idées pacifistes de l'auteur - un point rarement développé dans les livres de guerre. Il est écrit dans un style très simple et facile à suivre mais pas vraiment flamboyant ; l'idylle d'Ernst avec Elisabeth m'a paru un peu longuet et affaiblissant le propos et, dans l'ensemble, je n'ai pas ressenti une véritable empathie ni un grand intérêt pour les personnages. Seul Alfons, camarade d'enfance et passé aux SS, à la fois écoeurant par ses amitiés avec des tortionnaires SS, et généreux à son échelle avec les gens qui l'entourent, présente une ambiguïté qui mérite le détour.
L'ensemble est donc un moment de lecture intéressant mais assez convenu et m'a nettement moins intéressé qu "A l'ouest...".
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C'est le roman du début de la fin du Troisième Reich ; et surtout de la grande désillusion des populations de l'arrière.

Les civils sont pris entre l'étau des bombardements anglais et de la surveillance des SS. Tout le monde se méfie de ce qui n'est pas patriotiquement correct ; c'est la loi du fanatisme qui règne. La vie de chacun est régie par l'instinct de survie, et par la volonté de faire profil bas.
Comme la guerre — l'état de siège — se concrétise pour les populations, et que la défaite approche, la mort est envisagée à chaque instants. Tous les excès deviennent permis ; le chaos n'est régi que par la peur. Des vies basculent en quelques instants.
Deux profils de citoyens se distinguent : ceux qui profitent de la décadence du régime pour s'adonner à tous les excès, et d'autres — ceux qui ont tout perdu —, se donnent corps et âme pour soutenir ce qu'il reste de la nation. Chaque instant de bonheur est perçu comme une anomalie, et attise les jalousies et la méfiance ; on ne conçoit pas une vie sans une entière dévotion au Führer.

E.M Remarque avait déjà décrit ce cynisme social dans son roman sur la crise économique de l'entre-deux-guerres, « l'obélisque noir ». Ces deux romans sont comparables dans l'intensité, car toutes les couches sociales sont éclaboussées par la frénésie des instants de crise.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il pleuvait depuis plusieurs jours. La neige fondait en boue. Un mois auparavant, il y avait eu un mètre d'épaisseur. Le village en ruine qui se réduisait au début à quelques toits calcinés émergeait un peu plus chaque nuit de la neige qui fondait. Le haut des fenêtres étaient apparus les premiers; quelques nuits plus tard on avait vu surgir l'arc des portes; puis les marches étaient sorties une à une de la blancheur pourrie. La neige fondant toujours, les morts avaient surgis à leur tour.
C'étaient des morts anciens. Le village avait plusieurs fois changé de mains - en novembre, en décembre, en janvier, enfin tout récemment en avril. Il avait été pris, puis abandonné, puis repris encore, et les chutes de neige s'étaient succédé et avaient recouvert les cadavres d'un tapis souvent si épais en l'espace de quelques heures que les infirmiers avaient perdu leur trace. Chaque jour avait étendu une nouvelle couche blanche sur le paysage de ruines, comme une infirmière jette un drap immaculé sur un lit sanglant et boueux.
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Il leva la main vers l'horizon assombri.
-Nous ne sommes pas de ceux avec qui on traite. Nous avons semé la terreur et la haine, comme Attila ou Gengis Khan. Nous avons violé tous nos engagements et piétiné la loi humaine...
-Pas nous, les SS, objecta Gräber avec désespoir.
Il était parti à la recherche de Fresenburg pour échapper à Immermann, Sauer et Steinbrenner. Il voulait évoquer avec lui avec lui leur vieille ville paisible et son fleuve, l'allée de tilleuls, leur jeunesse - et voici qu'il retombait de plus belle dans ce présent d'épouvante et de révolte. Il n'attendait une aide de personne, si ce n'est précisément de Fresenburg qu'il avait perdu de vue depuis quelques temps dans le grand désordre de la retraite. Et il fallait que ce fût justement Fresenburg qui lui jetât au visage les vérités qu'il redoutait le plus d'entendre et dont il n'aurait jamais voulu s'approcher que lentement dans le calme et la solitude de sa permission.
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Un grand tilleul se dressait devant la maison effondrée. Ses branches s' écarquillaient vers le ciel comme les doigts d'une main gigantesque. Quelques nuages blancs flottaient dans un ciel très bleu. Tout brillait d"'un éclat neuf comme après une ondée. C’était la vie puissante et sure d'elle même, sans question, sans tristesse, sans désespoir. Graber l'accueillait en lui comme une réponse ineffable, plus profonde que toutes les questions et tous les mots, celle là même qu'il avait entendue maintes fois déjà lorsque la mort l'avait effleuré, lorsque l'espoir avait afflué en lui, chassant la peur, l'attente et l'abandon, noyant toutes les raisons, toutes les pensées, sous une vague irrésistible.
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Il connaissait toute une gamme de peurs, les peurs aiguës, les peurs obscures, celles qui coupent le souffle et paralysent les muscles, et aussi la grande peur suprême de la créature vivante devant la mort; mais celle qu'il éprouvait maintenant était différente de touts les autres, c’était une peur rampante, une menace imprécise, une étreinte poisseuse, comme celle d'une glaire invisible et dissolvante, la peur de l'impuissance et du désespoir, la peur corruptrice qui engendrent les dangers subis par d'autres, otages innocents ou persécutés sans défense, la peur en face de l'arbitraire, de la violence et de l’inhumanité systématique. La grande peur de notre temps.
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- Je n'ai rien voulu vous dire, parce que je ne voulais pas vous payer d'une de ces innombrables réponses qui sont autant de dérobades. Il n'en manque pas. Elles sont toutes péremptoires et convaincantes, mais elles ne persuadent que les lâches.
- Même celles de l’Église ?
Pohlmann hésita un instant.
- Même celles de l’Église, dit-il ensuite. Mais l’Église a de la chance. A coté du commandement Tu aimeras ton prochain comme toi même et Tu ne tueras point, elle a mis cet autre commandement Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Ça lui donne une certaine liberté de manœuvre.
Graber sourit. Il retrouvait le ton sarcastique de l'ancien Pohlmann. Pohlmann s'en aperçut.
- Vous souriez, lui dit-il. Pourquoi ne criez vous pas?
- Je crie, répondit Graber, mais personne ne m'entend.
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Vidéo de Erich Maria Remarque
Extrait du livre audio "À l'Ouest, rien de nouveau" d'Erich Maria Remarque lu par Julien Frison. Parution CD et numérique le 11 août 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/louest-rien-de-nouveau-9791035405885/
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
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