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EAN : 9781093160390
Vanloo (01/08/2019)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Chaque matin, un garçon tient son journal. C'est un journal d'écriture, un journal impersonnel. Le garçon est sans titre, sans identité. Son désir : sortir du programme, se perdre dans les images, flotter dans un présent continu. Violente, l'écriture de ce journal retient mal les dates, et à peine les faits. Pas de dates, donc, mais des milieux (des bars, des forêts, des lacs) où se dissoudre. Pas d'impressions mais des scènes de rues, des scènes de chambres, aussit... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Original, bien loin de ce conventionnel qui frappe de plein fouet telle une vague pavlovienne les rochers endormis. Ce journal d'un hors temps dans cet espace-monde est une gageure absolue. Une mise à nue râclée au couteau des certitudes. Voici des écrits épurés qui bousculent les boucles faciles, les métaphores sages et le calme des phrases qui se veulent silencieuses. Ecrire sur le strict nécessaire, sur le réel qui enrobe la page sur cette contemporanéité exaltée est un pari réussi. « Un titre simple » est un drap de soie tendu sans plis. Une plongée dans cette littérature au plus juste du sens propre. Lire doucement cette montée de sève qui foudroie le conformisme. L'heure est habile, le rythme écartelé, le passage est un risque. Il faut apprendre cet alphabet atypique, formidable. Se tenir en assisse sur ce qui va advenir. Faire confiance à la modernité qui joue des coudes. Les scènes ne sont pas de théâtre. La réalité ici est un champ d'images vivifiantes et concrètes. Les symboles sont des appels d'air. Une plongée artistique dédiée aux évidences. Un cubisme littéraire, une prouesse hors norme. Lire et retenir. Recommencer et s'émanciper. « Un robinet. Un robinet de feu. Deux robinets face à face. Pour le feu personne n'existe. le feu ne parle pas. le feu ne joint pas. Il ne jouit pas de nouveaux rapports. le feu ne détruit pas les rapports existants. le feu ne sidère pas les termes. Il ne considère pas le rapport. Il indiffère. » Les paraboles sont des issues de secours. Elles sonnent la rigueur avérée. le draconien qui élève l'authenticité. Ces gammes littéraires sont des vérités qui n'ont plus aucune peur. Lire les messages entre les lignes et prendre la même direction qu' Arno Calleja. le poème se fait tout seul personne ne l'écrit il passe. » « Un titre simple » d'Arno Calleja est en lice pour le Prix Hors Concours 2020 et c'est une grande chance. Publié par les Editions Van-Loo.
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Une écriture qui aborde crûment de nombreux sujets, des interrogations, des divagations poétiques, cruelles et superbes. Il y a matière à sourire, à s'indigner, à se laisser emporter dans un ensemble qui paraît décousu mais forme, aux détours de mots, des thématiques universelles : désir, solitude, mort. Merci à Arno Calleja qui en plus est un artiste sensible et sympathique.
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« Je vais faire un poème qui tombe » : une malicieuse déclaration d'amour au langage qui invoque, crée, fait trembler et ravit. Sans adoucissants et en toute beauté cruelle et rêveuse.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/11/20/note-de-lecture-un-titre-simple-arno-calleja/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Inquiéter la Merveille
L'avant-dernière page nous rappelle notre venue. Nous étions trois : quelqu'un écrit, une personne lit, des scènes ont lieu. On peut les rassembler sous le nom du poème. le poème n'est plus cet îlot noir isolé au beau milieu d'une page blanche. C'est un aller-retour, "un titre simple" se lit aussi à rebours. En bref, un passage, des fragments de vie.
De toutes les catégories littéraires, la poésie française est aujourd'hui, celle qui est soumise au moins de contraintes formelles ou structurelles. En ce sens, la plus "libre" de nous perdre, de déplacer nos habitudes ou de les inquiéter. Sans doute aussi, car elle ne menace plus que la compréhension. Souvent inoffensive politiquement ou divertissante. Et pourtant.
"un titre simple" n'est pas cette chambre à coucher, d'où l'on prie à genoux pour un retour de la Poésie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je vais faire une page. Mais pas une vraie littérature. Juste un bruit sur ton crâne, sur ta foule. Un gros bruit de pluie, de salive, d’humeurs, tout ce qui coule.
Je vais faire une page sans ombre, qui coule. Ensuite il ne faut pas s’en approcher. Personne personne. À part toi. Je vais faire une page, que personne la boive. C’est ta rivière maintenant. Que personne y mette son bec, ses pattes.
Je vais faire une foule qui te fera un bruit au crâne, un gros boucan de tonnerre. Un grand moulin qui claque. Un réel qui tourne.
Je vais faire et ce sera réel.
Je vais faire une grosse douleur qui t’emplira le poumon. Une grosse douleur de gros bruit de page. Et pas le petit bruit d’une vraie littérature, non, juste le gros bruit de pluie d’une page sans rien.
Je vais faire une page comme on fait une montagne. Comme on perd son enfant dans le lac.
On ne fait pas une montagne, en vrai. Mais on perd son enfant dans le lac, en vrai.
Je vais faire la page comme montagne est sortie de terre. Comme elle s’est faite elle-même. très lentement. je vais faire une très lentement page.
Je vais étouffer la maladie parlante jusqu’à ce qu’elle démoule sa forme à la page. Lentement qu’elle éclose. Je vais appeler les morts et ils vont venir et ils vont refaire le sang humain à partir. Je ne vais rien dire. Je vais me déshabiller avec les morts et ils vont me refaire le sang à partir de ce qu’ils ont vu dans la mort. Et je nagerai.
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Puis je vais lire un livre mouillé et je ne sentirai rien du livre. Et je donnerai le livre à un mort. Et je prendrai un soleil à la place. Je vais ouvrir ma maison dans ma tête pour qu’un soleil entre. Et le soleil me refera le sang par le cul. Je serai neuf.
Je vais perdre ma maison. Et un soleil va me mettre le compte. Ce sera une super partie tragique. Et je dirai mesdames messieurs ma maison est à vous dans la tête. Et tout le monde m’entrera par le cul. Et dansera en soleil toute la nuit. Une super partie tragique.
Et quelqu’un m’oubliera son paquet de clopes au dedans et je ne dirai rien.
Les morts me referont le sang. Les morts sont des ouvriers très occupés. Des abeilles que je gobe bouche ouverte. Qui me refont tout l’intérieur.
Je vais être indifférent aux travaux.
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Je vais faire un poème qui tombe. Au début il tient. C’est à la fin qu’il tombe. C’est normal.
Au début le poème il a un renard dans la gorge. Ensuite le poème il a un loup dans le ventre. Des fourmis dans les couilles et des hirondelles dans les ovaires. Le poème. Il avance un moment avec toute sa faune. Puis il arrive face à la montagne. Les uns s’enfuient, les autres s’envolent. C’est là qu’il tombe, face à la montagne.
Maintenant, je vais dire le récit de la domestication.
Au début il n’y a que des loups. Ils se déplacent en meute. Il y a un chef de meute, il décide. Un jour arrivent les hommes. Les hommes encerclent la meute. Avec des pierres des bâtons les hommes tuent le chef de meute. Ils ne gardent que les petits. Les petits sont nourris au lait de femmes. En grandissant, les petits ne sont plus des loups, ils deviennent des chiens.
Voilà, c’était le récit de la domestication.
C’est un vrai récit qui n’est pas un poème. Je vous l’ai dit.
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