Cette histoire de famille ( de belle-famille) est prétexte à nous faire voir les dessous des relations publiques, des tractations politiques pour un projet qui s'avère plus payant pour cette famille que pour la population. Avec son lot de chicanes internes familiales, d'adultères, de secrets .
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Si j’étais une femme portée sur l’optimisme ou sur le contentement, je me ferais croire que la clarté s’annonce, que le jour se lève, que cet abandon de ma profession est un acte d’affirmation, que nous partons en début d’après-midi pour Port-au-Persil, que les cauchemars, tôt ou tard, s’apaiseront, qu’il est inévitable que je me découvre une passion, mais le fait est que je suis autrement constituée et que de la façon dont je me sens prise au piège entre les quatre murs, les rideaux, la porte et la commode qui me sont le plus familiers au monde, il est juste et raisonnable d’envisager le reste de mon existence sous un angle vraiment très peu réjouissant.
Isabelle est connue pour sa capacité à contrôler les messages. Ce n’est pas pour rien qu’il l’a embauchée (et surtout pas juste parce qu’elle est sa belle-sœur). Ses « événements médiatiques » sont de véritables numéros de prestidigitation. Elle fait disparaître les éléphants au beau milieu du salon. Détourne l’attention du public des manigances, des pots-de-vin et des colonnes de chiffres qui ne balancent pas. Devant les questions trop fines mouches, elle est capable d’improviser un éternuement, de faire sonner son cellulaire, voire celui d’une journaliste de l’assistance éberluée, de débrancher la présentation virtuelle et de se mettre à commenter ce qui apparaît alors comme fond d’écran (généralement une photo de ses filles, Delphine et Marianne) avec sa gouaille naturelle. Tout pour détourner l’attention.
Je n’ai jamais cru le peu qu’on raconte au sujet des belles-familles, explique à son tour Nancy. On entend toujours parler de jalousie. De luttes de pouvoir. De frustration et d’amertume. Toutes sortes d’horreurs. Ma belle-famille à moi – la famille Gagnon –, c’est tout le contraire : nous nous traitons avec respect, nous sommes toujours heureux de nous retrouver, que ce soit dans le cadre de notre travail pour la compagnie, pour les fêtes des enfants ou à notre chalet de Charlevoix. Il y a une espèce d’équilibre entre nos personnalités.
Le sommeil n’est plus jamais qu’un combat. Chaque matin, je m’éveille en nage, abattue. Le jour se dresse devant moi, monceau d’heures minérales et froides à concasser. Je me figure l’énergie qu’il faudra déployer pour y arriver.
Ce n’est pas innocent, des courriels comme ceux-là. C’est fait pour perturber même ceux qui s’aiment depuis longtemps, pour qu’ils se contemplent d’une manière nouvelle, sous un éclairage cru.