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EAN : 9782709663953
256 pages
J.-C. Lattès (28/11/2018)
3.84/5   94 notes
Résumé :
Au retour d’une expédition de vol à l’étalage avec son fils, Osamu recueille dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même et qui lutte pour survivre dans le froid glacial. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu’elle comprend que ses parents la maltraitent.
Malgré leur pauvreté, les membres de cette famille semblent vivre heureux, jusqu’à ce qu’un événement inattendu ne révèle leurs secr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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C'est une petite maison entourée d'immeubles et qui résiste encore et toujours aux spéculations immobilières. C'est là que vit grand-mère Hatsue, entourée des siens : Osamu, sa femme Nobuyo, leur fils Shota et Aki, la demi-soeur de Nobuyo. La famille vit chichement, l'argent manque et c'est la pension d'Hatsue qui subvient aux besoins de tous. Si sa femme travaille dans un pressing, Osamu, lui, préfère voler à l'étalage. Avec Shota, ils écument les supérettes du quartier, experts pour repérer les vigiles et détourner leur attention.
Un soir, au retour d'une de leurs expéditions délictueuses, ils tombent sur une petite fille en détresse. Pendant que ses parents se disputent violemment dans leur appartement, l'enfant, couverte d'ecchymoses, est livrée à elle-même, dans le froid de la nuit. Osamu décide de la prendre avec eux. A la maison, on rechigne à accepter une bouche de plus à nourrir. Mais la petite reste et s'intègre très vite dans sa nouvelle famille. Jusqu'au jour où Shota se fait arrêter et, là, l'harmonie familiale vole en éclats.

A l'image de leur maison, cette famille est faite de bric et de broc. L'entente n'y est pas toujours parfaite mais une certaine solidarité unit ces êtres qui vivent en marge. La vieille femme touche une petite retraite, les deux plus jeunes travaillent et Osamu trimballe sa flemme. Il préfère voler, arguant que ce qui se trouve sur les étals n'appartient à personne. Son raisonnement est le même quand il recueille la petite fille. ‘'Si on n'exige pas de rançon, ce n'est pas un enlèvement''. Maltraitée, la fillette fait son nid dans cette famille qui lui offre un cocon d'amour.
Avec cette ode aux perdants, aux laissés-pour-compte, Hirokazu Kore-eda nous interroge sur les apparences et sur les liens familiaux. Que se cache-t-il derrière la façade de cette famille tranquille et discrète ? Qu'est-ce qu'une famille ? Des êtres unis par les liens du sang ou des personnes qui se sont choisies ?
Hatsue, Osamu, Nobuyo, Aki, Shota et la petite fille rebaptisée Rin forment une famille de coeur. Et même s'ils cachent de sombres secrets, leurs liens sont forts et vont au-delà de l'ADN ou du bureau d'état civil.
Un livre ou l'amour cohabite avec la misère, la cruauté et la mort. Court mais puissant.
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Une affaire de famille, c'est d'abord la Palme d'or du festival de Cannes 2018. J'avais prévu de voir le film, et j'étais pour le coup assez hésitant sur le livre, pensant qu'il se limiterait à la reprise, sans surprise et sans saveur propre, du scénario. Et puis je me suis décidé…livre entamé au tiers…visionnage du film…reprise et achèvement du livre, faute d'avoir décidé par lequel commencer, c'est l'éternel problème ! Bien m'en a pris. Si Kore-eda est un maître réalisateur, il s'avère aussi avoir d'authentiques talents d'écrivain. Les deux sont magnifiques, et constituent un couplage parfaitement complémentaire.

D'emblée, nous sommes immergés dans une petite maison où vivent cinq personnes un peu entassées. La maison appartient à Hatsue, une vieille dame aux allures de grand-mère. On dirait bien qu'elle héberge un fils en la personne d'Osamu, et sa femme Nobuyo. Et puis il y a Shôta l'enfant du couple, et Aki, qui pourrait être la jeune soeur de Nobuyo…Tout ce beau monde vit dans l'impécuniosité et une relative oisiveté (Nobuyo travaille comme ouvrière en blanchisserie, Osamu fait des petits boulots quand il en a le courage, Aki fait des heures en maison de plaisirs, et tous comptent sur la retraite de la vieille Hatsue). Bref, une famille unie, malgré quelques prises de bec finalement gentilles, inhérentes à la promiscuité sans doute…Leur spécialité, car il faut bien vivre, le vol dans les magasins. Osamu est un expert de la fauche, et a bien éduqué Shôta à ce « travail ». Ils forment une fine équipe. Comme dit Osamu, « Tant que les marchandises sont dans le magasin, ça n'appartient à personne ». Un soir de sortie, Nobuyo et Osamu trouvent une petite fille abandonnée à son sort devant chez elle…les parents se battent. Ils vont récupérer cette petite Yuri…Mais comme dit Nobuyo, « C'est pas un enlèvement, on n'a pas demandé de rançon ». Après quelques hésitations vite dissipées, Yuri va être intégrée dans cette curieuse famille et vivre quelques mois de bonheur…avant qu'un incident, survenu pas si innocemment que ça à Shôta au « travail », déjà accompagné de Yuri, ne mette au grand jour cette énorme mascarade familiale.

L'auteur fait basculer l'histoire dans le tragique, lorsqu'il apparaît que tout ce que nous avions lu, et vu, était factice, les membres de cette « famille » (les guillemets sont à dessein) cachant de terribles secrets…Si dans le film, c'est la surprise totale, les clés de l'histoire étant livrées après le basculement dans le tragique, le romancier distille des signes avant-coureurs. En effet, Kore-eda réalisateur ne propose pas de flash-backs ou de plans révélant la vie intérieure des personnages, alors que Kore-eda le romancier, s'il laisse la place principale aux dialogues, s'intercale avec discrétion comme narrateur, sans excès, pour distiller avec finesse leurs sentiments. le livre éclaire ainsi certaines facettes de l'intrigue restées plus obscures dans le film, proposé en version originale sous-titrée et mené tambour battant. D'un autre côté, la diffusion progressive dans le roman de certains éléments de réponse à l'énigme, avant même que le drame n'éclate véritablement, amoindrit un peu le bel effet de surprise qui intervient à l'écran.

Une oeuvre d'une grande sensibilité, émouvante mais subtile, d'une rare intelligence, qui fait réfléchir sur de multiples questions existentielles universelles, comme la frontière parfois fort ténue et subjective entre le bien et le mal, sur ce qui construit une famille, sur l'incarnation du sentiment maternel, sur la difficulté d'être parent, sur la responsabilité, la culpabilité…La psychologie des personnages est plus fouillée qu'il n'y paraît. Si criminels soient-ils, ils pensent oeuvrer pour le bien, et on se surprend dans l'indulgence et la compassion, tellement ils sont d'un naturel confondant, simples, pudiques, et surtout, remplis de blessures internes. Ils veulent croire en leur rêve malgré leurs faiblesses et leur pauvreté, et si le besoin d'argent est leur moteur, finalement le rire et la joie maladroitement exprimée d'être ensemble leur suffit pour être heureux. Bref, ils me sont apparus étonnamment sympathiques, alors que leur histoire pourrait les faire passer pour machiavéliques. Car on sourit beaucoup aussi au fil de ces pages, comme devant le film, tellement les acteurs sont rayonnants. Il faudrait parler des acteurs, de Osamu alias Lily Franky, parfait dans le rôle du père immature et flemmard, de Nobuyo alias Sakura Andô, qui accumule les récompenses d'actrice et crève l'écran en femme qui croit jusqu'au bout en son rêve de mère, ou de la vieille Hatsue, alias Kiki Kirin, décédée d'un très long cancer en septembre 2018, très aimée au Japon et particulièrement appréciée du réalisateur qui l'avait déjà fait tourner dans Still walking.

Cette oeuvre illustre aussi ce qui ne tourne pas très rond dans la société japonaise, cette solitude intérieure vertigineuse qui touche tant de monde dans les univers ultra-urbains, et une précarisation, une pauvreté longtemps cachée mais malheureusement de plus en plus problématique au pays du soleil levant.

Croyez-moi, ça vaut vraiment la peine de découvrir une affaire de famille. de le lire pour toutes les raisons évoquées, et pour la traduction qu'on devine remarquable puisqu'elle est signée de l'experte Corinne Atlan, et de le voir pour apprécier l'incarnation fantastique de ces beaux acteurs (en VOST, pour ne rien perdre de l'atmosphère japonaise). Il m'étonnerait fort que vous soyez déçus !
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J'ai dévoré Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, reçu via net galley par J.C. Lattès. Je n'ai pas eu l'occasion de voir le film, alors je me suis rabattue avec plaisir sur le roman :)
Au retour d'une expédition de vol à l'étalage avec son fils, Osamu recueille dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même et qui lutte pour survivre dans le froid glacial. D'abord réticente à l'idée d'abriter l'enfant, la femme d'Osamu accepte de s'occuper d'elle lorsqu'elle comprend que ses parents la maltraitent. Malgré leur pauvreté, les membres de cette famille semblent vivre heureux, jusqu'à ce qu'un événement inattendu ne révèle leurs secrets les plus terribles...
Une affaire de famille est un roman qui nous emmène à Tokyo. J'ai apprécié de lire un roman s'y déroulant car je pars en famille à Tokyo courant mars, et je commence à avoir hâte, je l'avoue :)
La famille que nous découvrons dans ce roman est tout à fait ordinaire au premier abord. Classique, une famille parmi tant d'autres... Et pourtant, s'ils sont une famille, on se rend compte au fur et à mesure de notre lecture qu'ils n'ont pas de liens de sang.. Ils s'apprécient, ils forment une famille, mais tout est bien plus complexe qu'en apparence...
L'histoire est extrêmement bien ficelée. Il y a certains liens, révélés à la fin, que je n'avais absolument pas vu venir ! On va de surprises en surprises. C'est simple en apparence, mais les apparences peuvent être trompeuses...
Les différents personnages sont très intéressants. Ils ne sont pas lisses, au contraire certains sont assez complexes. Une affaire de famille est un court roman qui m'a captivé de la première à la dernière page et qui m'a surpris à plusieurs reprises.
Quel bon moment de lecture :)
Je préfère les romans aux films mais là, j'avoue que je serais curieuse de voir le film.
Ma note : 5 étoiles, évidemment ;)
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Je viens de finir ce livre et je suis tellement émue par ce roman qu'il faut que je vous en parle tout de suite..... Ma façon à moi de mettre sur le clavier toute l'émotion que je ressens en éteignant ma liseuse.

Choisi parce qu'il sort très prochainement sur les écrans (palme d'or au Festival de Cannes 2018 et maintenant je sais pourquoi) et que j'avais entendu à cette époque que la palme était grandement méritée, il était dans la liste des films que je voulais voir.

Je ne peux rien vous dévoiler sur l'histoire car il s'agit d'un très court roman et le résumer c'est en dévoiler très vite l'intrigue. Chers lecteurs, chères lectrices, il va falloir vous contenter du résumé.....

Il y est question d'amour, de beaucoup d'amour, de solidarité, d'entraide, de famille, de générations, de folie mais aussi de souffrances, de violence, d'abandon, de fratrie, de parents.

Comme souvent dans ce type de récit, comme souvent dans la littérature japonaise, voire asiatique, cela commence doucement, d'une situation banale, parfois un peu ubuesque, on se demande où l'on a mis les pieds, qui est cette famille qui vit en marge de la société, qui vit de rapines, vols mais toujours sans violence. Leur "petite entreprise" est bien rodée et ils sont unis comme les doigts de la main. Comme l'indique le résumé, ils recueillent un oiseau tombé du nid, allège ses souffrances et lui font une place au milieu de leur humble maison. Et puis......

J'ai fini ma lecture complètement bouleversée, touchée avec dans la tête beaucoup de d'interrogations sur le thème de la famille, l'amour familial, sur l'humanité qui transpirent de ce récit.

Oui je sais je vous mets l'eau à la bouche mais je ne peux pas en dire plus. je n'ai pas facilement des coups de coeur mais là, en une centaine de pages, l'auteur nous embarque dans une histoire incroyable dont j'ai hâte de découvrir l'adaptation cinématographique et de découvrir le traitement qu'en a fait le réalisateur.

L'écriture est fluide, simple, cela se lit très facilement, on plonge très rapidement dans le quotidien de cette famille, on partage leurs repas, leur philosophie et puis brusquement mais à petites doses, on comprend que les apparences (encore une fois) sont trompeuses.

Pas de grandes envolées poétiques, non simplement le récit de vies de notre époque, c'est habilement construit, distillé,  tout tient dans la manipulation dont fait preuve l'auteur pour se jouer de son lecteur.

Mais où ai-je mis les yeux, bien sûr il y a des petits détails troublants, ce n'est pas du tout ce que je pensais, imaginais, mais bien plus, plus fort.... On passe d'une narration d'une vie loufoque, border line mais douce, faite de pleins de petits moments de bonheur, d'espièglerie qui va se révéler une vie où les règles ne sont plus ce qu'elles doivent être, à ce que l'on a l'habitude de voir mais où chacun a sa vraie place et reçoit ce qu'il est en droit de recevoir, d'attendre et de donner.

Cette lecture me confirme qu'il n'est pas nécessaire d'en faire trop, que tout tient dans la façon de porter un regard autour de soi, d'imaginer au-delà des apparences, de combattre certaines idées reçues, que l'humanité peut être là où on ne l'attend pas. La construction est parfaite, l'histoire nous prend au coeur, aux tripes, je vais la garder longtemps en mémoire.

Je ne vous en dis pas plus, je vous conseille comme toujours de lire avant de voir l'adaptation au cinéma (il sort le 12 décembre), bien sûr l'intrigue vous sera connue mais je pense que la magie opérera une deuxième fois avec moi et je fais confiance au cinéma japonais pour m'émouvoir.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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***

Dans un quartier de Tokyo, dans une maison minuscule entourée d'immeubles, vit une famille qu'on peut qualifiée de bancale ! Un couple, une demi-soeur et un jeune frère se serrent autour de la grand-mère. Quand ils viennent en aide à une petite fille maltraitée, c'est avec générosité et amour qu'ils partagent le peu qu'ils possèdent. Mais combien de temps tiendront-ils ?

A l'image de l'écriture pudique de l'auteur, je ne dévoilerai que peu de détails sur l'histoire de ce roman et sur les personnages attachants. Cela ne ferait qu'enlever le charme de ce petit livre...

Tout en images et en senteurs, le quotidien de cette famille est constitué de peu. Mais l'amour, qui est souvent là pour panser des plaies encore à vif, est d'une profonde richesse.

J'ai aimé la sincérité qui se dégage des mots de l'auteur, pesés et posés précisément, avec minutie. J'ai aimé l'image forte de la famille qui se dessine au fil des pages, dans son courage comme dans ses fragilités.

Merci à NetGalley et aux Éditions JC Lattès pour leur confiance.

Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Sur un présentoir placé sur le trottoir à l'entrée du magasin d'articles ménagers, Nobuyo attrapa une paire de baguettes destinées aux enfants. Elle avait l'intention d'en acheter pour Rin.
- Le vol à l'étalage, t'en penses quoi ? demanda Shôta, qui attendait depuis longtemps l'occasion d'être seul avec Nobuyo pour lui poser la question.
- Qu'est-ce que papa en dit ?
Sans savoir d'où elle tirait cela, Nobuyo avait recours à une technique éprouvée, consistant à se reposer sur l'autre parent pour éviter de répondre à une question gênante.
- Il dit que ce qui est sur un étalage n'appartient encore à personne, donc c'est pas du vol...
Elle eut un demi-sourire. Cette profession de foi ressemblait bien à Osamu. Il devait en être persuadé, et tenait sans doute cette idée de ses propres parents.
- Bah, tant qu'on ne cause pas la faillite du magasin, ce n'est pas grave, n'est-ce pas ? répliqua-t-elle d'un air évasif, tout en saisissant une autre paire de baguettes pour enfants, jaune vif celle-ci, avant de disparaître au fond de la boutique.
Shôta n'était pas satisfait de la réponse, mais il comprit que Nobuyo n'avait pas envie de s'attarder là-dessus.
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Aki et Rin étaient maintenant à côté de Shôta et Osamu, et tous les quatre, main dans la main, s'amusaient à sauter par-dessus les vagues.
- J'avais raison, non ? déclara Nobuyo sans regarder Hatsue.
Les liens choisis étaient les plus forts. Elle en était vraiment persuadée.
Hatsue comprit tout de suite qu'elle parlait là de sa décision de garder Rin avec eux et de l'élever comme sa propre fille.
- ça ne durera pas, dit la vieille dame.
Hatsue se disait que les moments de bonheur ne pouvait durer éternellement.
- Oui, peut-être...Mais quand même...C'est pas mieux quand il n'y a pas de lien de sang ?
Nobuyo s'accrochait à cette idée. "Elle n'a plus de lien de sang avec personne, de toute façon, se dit Hatsue, alors elle préfère croire ça."
La vieille dame s'abstint de dénigrer davantage l'espoir ténu auquel Nobuyo se rattachait.
- Il ne faut pas avoir d'attente trop démesurée...
Quand les êtres sont unis par les liens du sang, à l'inverse, on se rend compte parfois que des sentiments que l'on croyait disparus depuis longtemps ont en fait seulement été enfouis au plus profond de soi. Hatsue le savait bien : la jalousie qu'elle ressentait envers la famille de son ex-mari le lui avait appris. "Oui, les liens du sang, c'est compliqué", se disait Hatsue.
Après l'avoir écoutée, Nobuyo eut un petit rire triste.
"Moi, j'aimerais bien que Rin, en tant que fille, attende quelque chose de moi", songeait-elle au fond d'elle-même.
Hatsue fixa le visage souriant de Nobuyo.
- T'es jolie, quand on te regarde bien.
Surprise, Nobuyo la regarda à son tour.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je parle de ton visage.
La vieille dame souriait en plissant les paupières. Quand Nobuyo parlait de cette famille, son visage ressemblait à celui d'un bodhisattva.
- Allez, j'y vais aussi.
Peut-être par pudeur, Nobuyo détourna les yeux avant de rejoindre les autres au bord de l'eau.
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La semaine précédente, Osamu et Nobuyo avaient quitté la maison où Hatsue et Shôta dormaient paisiblement, pour boire un verre seuls tous les deux. C'est Nobuyo qui lui avait proposé d'y aller. "Il a dû y avoir un incident désagréable au travail", avait-il pensé.
Quand elle proposait d'aller boire un verre, Nobuyo paraissait souvent soucieuse. Mais ensuite elle avait toujours l'air de bien s'amuser.
- Dis, dis, si on faisait démolir la maison pour construire un immeuble de location à la place ? avait-elle suggéré ce soir-là.
- Idiote, la vieille n'acceptera jamais, répondit Osamu après avoir demandé à la patronne un deuxième verre d'alcool de patate à la liqueur de prune.
- Si on lui disait que si elle refuse, on s'en va ?
- Elle serait capable de nous prendre au mot. Vaut mieux faire attention.
Loin de chercher à s'élever, Nobuyo veillait surtout à ce qu'Osamu ne tombe pas plus bas.
- Si c'était un immeuble, on pourrait occuper le dernier étage, et vivre des loyers des appartements en dessous. Qu'est-ce que t'en dis ?
- Ce serait pas mal...
Un panneau entier de mur était décoré de photos du feu d'artifice d'été sur la rivière Sumida, que l'on pouvait autrefois regarder depuis le toit terrasse. Les photos avaient jauni au soleil, et on ne distinguait même plus de quelles couleurs elles avaient été à l'origine. Maintenant, depuis le toit, on ne voyait plus rien à part les murs de l'immeuble voisin.
- On construirait l'immeuble le plus haut du pâté de maisons...Comme ça, on aurait une vue dégagée sur tous les autres en contre-bas...On pourrait regarder le feu d'artifice sur la Sumida depuis la galerie extérieure. Des places de première classe !
Osamu fermait à demi les yeux, faisant éclater des feux d'artifice en imagination.
- Ce serait le rêve, dit Nobuyo.
- Oui, le rêve.
Un rêve qui ne se réaliserait jamais, ils le savaient tous deux.
Mais personne ne pouvait leur enlever le droit de formuler ce rêve bon marché, qu'ils pouvaient s'offrir pour le prix de deux verres d'alcool de patate.
Ce soir-là, ils avaient bu ensemble jusqu'à la fermeture du bar, et étaient rentrés chez eux en chancelant, sous le regard de la patronne et de son assistante, debout sur le pas de la porte.
Osamu avait posé une main sur l'épaule de sa femme et s'appuyait dessus de tout son poids.
- Dis donc, marche un peu tout seul.
- Idiote. Tu es mon bâton de vieillesse, non ?
- Mais je pousserai pas ta chaise roulante.
- Je sais bien.
"C'est donc ça, être un couple, s'était dit Osamu en passant le bras autour de la taille de Nobuyo. C'est bien, alors, le mariage", songeait-il avec attendrissement.
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Ils étaient allés ensemble à la mer. Ils avaient vu, ou plutôt entendu, un feu d'artifice. Ils avaient fait un bonhomme de neige. Cela suffisait. Il ne pouvait espérer plus, ou alors, le ciel le punirait. C'est ce qu'Osamu se disait. (p123)
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La policière avait une aversion particulière pour les criminels comme Nobuyo qui n'avaient pas conscience de la gravité de leurs actes. Et Nobuyo détestait les gens comme Miyabe, qui prétendaient détenir le monopole de la justice et avaient des idées toutes faites sur le bien et le mal.
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Vidéo de Hirokazu Kore-eda
D'un côté "L'Innocence" de Hirokazu Kore-Eda, de l'autre "Dream Scenario" de Kristoffer Börgli avec Nicolas Cage. Ces deux films font à chaque fois écran à une réalité toujours plus complexe. Qu'en ont pensé nos critiques ?
Avec : Adrien Dénouette, critique de cinéma et enseignant Thierry Chèze, journaliste, critique de cinéma, directeur de la rédaction du magazine Première, animateur de télévision et de radio
#cinema #critique #films __________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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