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Johannes Honigmann (Éditeur scientifique)
EAN : 9782742795024
268 pages
Jacqueline Chambon (05/01/2011)
3.62/5   56 notes
Résumé :

Il a toujours vu la photo de son père sans jamais se poser de question. Et brusquement, l'adolescent de seize ans s'interroge sur ce père mort à sa naissance. C'était un suicide, il le sait, mais sa mère n'aime pas en parler. Sans avertir ses parents, ce garçon sage, qui n'a jamais fugué, décide d'aller à Paris interroger André, le meilleur ami de son père. Et en reconstituant l'histoire de cette vie ... >Voir plus
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Un ouvrage offert par une amie en septembre 2013...déjà !!

Je l'ai débuté à plusieurs reprises, abandonné de même, non pas par désintérêt, bien au contraire... mais à cause de ce défaut... de lire plusieurs livres en même temps, qui laisse parfois "des orphelins" sur le bord du chemin !!!

Je l'ai repris cette fois avec grande attention, pour réparer cette longue injustice involontaire.
Un très beau roman, prenant , qui parle avec beaucoup de justesse du "corset des conventions sociales", de la "Différence" qui dans d'autres temps [ pas si lointains !] était si tabou qu'on pensait la soigner des des instituts psychiatriques [ dont l'homosexualité, terrible "tare" aux yeux de la majorité ...]


"J'avais compris que mon père s'était suicidé, mais pas ce que cela signifiait. "(p. 31)

Un adolescent de seize ans commence à s'interroger sur cet homme, mort à sa naissance, son père, cet inconnu qui s'est suicidé ... en 1954. Il a toujours vu la photo de son père, dans sa maison mais il a senti que sa mère ne souhaitait pas parler de lui. de non-dits en questionnements de plus en plus lancinants, l'adolescent enquête, part à Paris, voir un ami de son père, André, pour percer le mystère qui entoure l'existence paternelle...

Ce père, Emil... était enseignant ; même s'il aimait son métier, il l'a choisi pour faire plaisir à ses parents, comme pour le reste de ses choix.Son rêve était d'être acteur...

Faire ce que l'on attend de lui, pour ne pas montrer qu'il "est différent", pour "faire comme si...", une attitude volontariste qui le minera et le détruira peu à peu....

" Combien d'années cette photo avait-elle été posée là sans que je lui jette le moindre coup d'oeil, combien de milliers de fois étais-je passé devant, depuis que j'occupais cette chambre, sans y prêter attention, de combien s'en était-il fallu que je la range quelque part avant de l'oublier ? Mais soudain, la photo de mon père échappait à cette indifférence qui frappait
l'ours en peluche lui aussi posé sur l'étagère et qui avait jadis bénéficié de toute mon affection et de toute mon attention. (...)

La photo était sans commencement et sans fin. Mais ce mercredi après-midi, elle me montrait quelque chose que je ne connaissais pas. Je ressentis la perte d'un homme que je n'avais jamais rencontré. (p. 14-15)

Un roman qui se transforme graduellement en un hommage bouleversant d'un fils à son père... Un absent si "présent"... dont le fils prend la mesure infinie du mal-être et des souffrances intimes...provoquées par une société qui juge, censure cruellement ceux qui ne rentrent pas suffisamment "dans le moule" !!!

Une très belle lecture et la découverte de cet auteur suisse....

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N°561 – Mars 2012

UNE AUTRE ÉPOQUEAlain-Claude Sulzer – Éditions Jacqueline Chambon.
Traduit de l'allemand par Johannes Honigmann.

Les photos sont sans doute les seules choses qu'on conserve des êtres chers qui ont disparu. le narrateur, un garçon suisse de dix sept ans, trouve un cliché de son père mort quelques semaines après sa naissance. Il est intrigué par cette photographie, s'interroge sur celui ou celle qui l'a prise, sur l'image de cet homme, sur la montre qu'il porte au poignet... Il plane sur cette disparition un épais mystère, comme un non-dit puisqu'il n'était pas malade et n'avait pas été victime d'un accident. Sa mère, remariée depuis, finit, un peu gênée, par lui avouer son suicide. Il prend donc à l'adolescent l'envie d'en savoir davantage sur cet homme, Emil, ce père absent. Entre l'explication et l'oubli, l'adolescent hésite.

Il y a toute une allégorie du temps à travers la montre que son père portait à son poignet sur la photo et que l'adolescent récupère. Elle indique la durée mais aussi décompte à l'envers la recherche de ce père inconnu et mystérieux. C'est une sorte d'itinéraire balisé avec en arrière plan la figure tutélaire du géniteur, son histoire, ses amis et amants, les raison apparentes de sa disparition, la présence fuyante de la mère ...

Le narrateur découvre que celui qui a pris la photo est son parrain André, qu'il n'a jamais vu et qui n'a jamais cherché à prendre contact avec lui bien qu'il ait été un ami d'enfance de son père. Cela ressemble à un long parcours initiatique à travers Paris où habite ce parrain qu'il va rejoindre. Il fait connaissance avec son père par le truchement de clichés et de cartes postales qu'Emil a envoyées à André, il y a longtemps. L'adolescent pressent que son père était différent des autres enfants de son âge puisqu'il a été interné dans une clinique suisse quelques temps avant son baccalauréat. Était-il fou ou suicidaire ? Pourtant la correspondance que le narrateur découvre ne laisse rien transparaître de tel, bien au contraire. Dès lors il devient évident que ses parents étaient pour lui des étrangers à qui il ne cessait de s'opposer, surtout à son père qui le considérait comme inguérissable alors que les médecins de la clinique semblaient être d'un avis contraire. Pourtant ce séjour a été suivi de deux ou trois autres semblables et à cause de cela peut-être les relations entre Emil et André qui, après avoir été enflammées et secrètes se sont peu à peu distendues jusqu'à disparaître complètement. Les deux amis se ressemblaient pourtant beaucoup. Puis ce fut la rencontre avec Véronika, la secrétaire du docteur directeur de la clinique, leur mariage, amoureux pour elle qui désire un enfant, mais vécu par lui, devenu un peu malgré lui professeur, comme une sorte de refuge dans la normalité mais surtout pas dans la paternité. Il fait l'amour avec sa femme, mais c'est à d'autres qu'il pense, à des hommes, à André, à Sébastian, une jeune homme avec qui il vit une passade parallèle, enflammée et secrète... Il ne survivra cependant pas longtemps à cette hypocrisie organisée et trouvera dans la mort avec Sébastian, la seule issue possible.

Grâce à de nombreux analepses, l'auteur tisse les histoires entrecroisées d'Emil et de son fils, déroule cette quête, présente le personnage de la mère presque en contre-jour. Amoureuse d' Emil et dans l'attente inquiète de leur enfant, elle n'a rien vu de la passion de son mari pour ce jeune garçon ni de l'éventuel chantage exercé par la mère de ce dernier. Bien des années après, elle souhaite oublier cette épisode de sa vie.

L'écriture de Sulzer est agréable, juste dans le ton de ce roman feutré, sans emphase, tout en finesse . L'auteur nous décrit effectivement « une autre époque », bien différente de celle que nous pouvons connaître aujourd'hui où l'homosexualité d'un enfant pouvait signifier son exclusion définitive de la cellule familiale. Encore que... Les tabous ont la vie dure !

Après « Un garçon parfais »[Médicis étranger 2008] et « Leçons particulières », ce roman clôt une trilogie. Cela a été un bon moment le lecture, une occasion de réflexion aussi sur la détresse humaine, sur la relation entre les gens, l'acceptation de la différence, le souvenir qu'on laisse après sa mort.



© Hervé GAUTIER - Mars 2012.
http://hervegautier.e-monsite.com 
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Une autre époque.
Voilà un très beau roman qui se démarque de tant d'autres traitant de la quête du père, sujet ressassé, s'il en est, qui fait le miel du psychiatre,du « quelqu'un qu'on voit ».

Ce père-là est mort. Son fils de 16 ans ne l'a pas connu, qui vit avec sa mère et son secret.

Une recherche, une photographie, une montre sur un poignet et la métonymie est là, subtile, précieuse qui déroule l'en-quête sur l'homme qui la porta autrefois, à une autre époque, dans les années cinquante, quand la
« différence » (cf .la 4eme de C.) était passible d'amende ou de prison (l'homosexualité a été dépénalisée en France en 1981, avec l'abolition de la peine de mort) et quand la majorité était atteinte à 21 ans seulement (18 ans avec Giscard en 74). Pas si loin en fait.Non, pas si loin.

L'histoire est belle de cet amour tout en douceur où la pornographie d'un index glissé sous le bracelet de cuir, là où la peau est cachée, plus tiède, plus humide, rappelle pour moi le livre éponyme de Gombrowicz où rien n'est forcé.

Dans les années 70 le fils en quête est encore mineur, et nous parle d'un Paris exactement comme je l'ai connu, avec les halles de Baltard, la brasserie Zimmer et la brasserie Mollard. Il faut beaucoup de délicatesse pour faire une aquarelle avec des mots. Alain Claude Sulzer est un auteur délicat dans le meilleur sens du terme. Il aime ses personnages. Il les respecte.

Il donne la parole au père qui , comment le dire, a « la chance » de pouvoir vivre une passion et d'en mourir. Non pas par peur de l'opprobre que cette passion pourrait entraîner mais tout simplement parce que les passions ne peuvent s'éterniser. Les amants meurent. Ceux de Shakespeare et de Choderlos de Laclos. Ceux de Sulzer.

Le fils porte à nouveau la montre dont le bracelet a retrouvé sa souplesse, son tic-tac , et le souvenir du sang rythmant la veine .
La mère parle.
Pourquoi l'avoir laissée en dehors de tout ça ? Emil l'aimait assez pour lui dire. A cette époque-là, tout comme aujourd'hui, un homme courageux aurait pu dire à son épouse qu'il se consumait pour un autre. Elle aurait trouvé les mots. Elle aurait dénoué le piège. Les femmes savent faire cela.

Il ne le fait pas et il meurt.

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Le narrateur a 17 ans quand il commence à se poser de sérieuses questions sur son père, décédé peu après sa naissance en 1954: en fait, Emil s'est suicidé. Mais la mère Veronika, remariée, ne veut pas revenir sur ce passé. le jeune garçon trouve, au dos de l'unique photo de son père, le nom du photographe (prénommé André); c'est en lui rendant visite qu'il commence son enquête, à la faveur d'une courte fugue à Paris. En allant toujours plus loin dans ses recherches, le narrateur reconstitue peu à peu le passé de son père, jusqu'ici complètement occulté. Emil a fait quelques séjours dans une clinique psychiatrique, il a été en forte opposition avec son père et sa mère, il a beaucoup renâclé avant de se lancer dans la carrière d'enseignant (voulue par ses parents). Mais surtout il a été confronté très tôt à son orientation homosexuelle; André a été son premier amant. Un moment tenté de prendre la voie "normale", il a épousé Veronika et il lui a même fait un enfant, qui va bientôt naître. Mais, au fond, cette existence trop conformiste n'est pas du tout compatible avec sa nature profonde. Il s'est épris de Sebastian, un professeur stagiaire. Indifférent à sa future paternité, il mène une double vie, compliquée et excitante. Mais le pire finit par arriver. La mère de Sebastian découvre cette liaison et fait du chantage à Emil, et ça finira par le suicide d'Emil et Sebastian.
Sulzer écrit simplement et prend beaucoup de temps pour faire avancer le récit. Il fait alterner le temps de l'enquête menée par le narrateur (vers 1971) et « l'autre époque », c'est-à-dire le temps où Emil était encore vivant, prisonnier de ses contradictions (jusqu'en 1954). J'ai trouvé inégale la première moitié du livre, avec de très beaux passages et d'autres plus faibles où je me déconcentrais un peu. Par contre, la seconde partie - qui décrit les péripéties tragiques qui conduiront Emil au suicide - est très intense et émouvante, sans aucun pathos.
Le livre aborde un thème délicat, il le traite simplement et gravement, il interroge le lecteur sur ce qu'est l'orientation sexuelle des individus. Au final, Sulzer a écrit un beau roman qui n'a peut-être pas reçu l'accueil qu'il méritait.
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Le narrateur de ce roman est fasciné par la photographie de son père, de ce père dont on lui dit qu'il s'est suicidé, à sa naissance. Pour en avoir le coeur net, il examine de plus près cette photographie et y découvre, mentionné sur le verso, une adresse : André Gros –Atelier de photographie .53 rue Blanche, Paris 9e
Intrigué , le narrateur mène sa propre investigation, retrouve cet André Gros ,qui lui dévoilera , très progressivement , très graduellement les liens qu'il a pu entretenir avec son père :des liens inavouables, frappés à l'époque de la honte sociale, de la stigmatisation la plus sévère : les liens de l'homosexualité .Dans les entretiens que le narrateur obtient avec André , ce dernier lui fait entrevoir toutes les souffrances qui ont alors meurtri son père Emil Hott : la honte , la nécessité de se cacher, les nombreux séjours en clinique pour corriger cette anomalie , cette maladie : l'amour d'un individu pour un être du même sexe que lui .
Le roman de Sulzer aborde ce thème, comme une sorte de mise au point très grossissante effectué par un zoom très puissant. On y découvre le sujet, Emil Hott, le père du narrateur, inclus dans la société de naguère, celle des années cinquante qui ne laissait guère de place, c'est le moins que l'on puisse dire, aux thèmes de société et à la libre exposition de ses orientations sexuelles.
Le roman est pudique, André Gros y suggère même un moyen de supporter le regard des autres : « Je n'étais pas un modèle pour ton père. Je ne crois pas aux modèles .Il ne pouvait pas croire que mon mode de vie était moins pénible que le sien .Moi, tout ce que je peux faire, c'est dire que ça va, je ne peux convaincre personne. On peut rester indifférent à beaucoup de choses, surtout au regard des autres .Il faut juste éviter de se faire pousser hors des rails .Moi, j'y suis parvenu. Je crois que j'y suis parvenu. Pas ton père. »

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Combien d'années cette photo avait-elle été posée là sans que je lui jette le moindre coup d'oeil, combien de milliers de fois étais-je passé devant, depuis que j'occupais cette chambre, sans y prêter attention, de combien s'en était-il fallu que je la range quelque part avant de l'oublier ? Mais soudain, la photo de mon père échappait à cette indifférence qui frappait
l'ours en peluche lui aussi posé sur l'étagère et qui avait jadis bénéficié de toute mon affection et de toute mon attention. (...)
La photo était sans commencement et sans fin. Mais ce mercredi après-midi, elle me montrait quelque chose que je ne connaissais pas. Je ressentis la perte d'un homme que je n'avais jamais rencontré. (p. 14-15)
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Il voulait changer de vie. Il voulait devenir acteur, puis il voulait de nouveau devenir enseignant, il voulait tirer un trait sur la vie qu'il avait menée jusque-là, puis il voulait de nouveau suivre les voies toutes tracées. Il voulait à la fois obéir et déplaire à ses parents. Il se sentait traqué par son propre regard et par celui des autres. (p. 161-162)
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Il ne croit pas qu'elle puisse découvrir un jour le pot aux roses. Entre eux s'ouvre une abîme infranchissable. L'objet qui semble les souder est en réalité la lame qui les sépare. Il n'est pas n'importe où en pensée, mais exactement là où il veut être. Il ne vagabonde pas, il est concentré sur quelque chose d'autre que sa femme.
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Il ne pouvait pas croire que mon mode de vie était moins pénible que le sien. Moi, tout ce que je peux faire, c'est dire que ça va, je ne peux convaincre personne. On peut rester indifférent a beaucoup de choses, surtout au regard des autres.Il faut juste éviter de se faire pousser hors des rails. Moi j'y suis parvenu. Je crois que j'y suis parvenu. Pas ton père.
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Sebastian va lui écrire. Il suffira de peu de mots. De sa plume en jailliront beaucoup. Il ne les retiendra pas. Les mots ne sont même pas utiles. Il suffira d'une feuille blanche, d'une ligne, d'un point. Il ne lui écrira pas comment passent les journées, mais qu'elles ne passent pas. (p. 207)
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Vidéo de Alain Claude Sulzer
Alain Claude Sulzer - Post-scriptum .Alain Claude Sulzer vous présente son ouvrage "Post-scriptum". Parution le 7 septembre aux éditions J. Chambon. Rentrée littéraire 2016. Traduit de l'allemand par Johannes Honigmann. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/sulzer-alain-claude-post-scriptum-9782330066567.html Notes de Musique : No Love Song by Berlinist. Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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