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EAN : 9782072825620
192 pages
Verticales (03/01/2019)
2.59/5   11 notes
Résumé :
« Ce livre est comme un chien que j’ai rencontré une fois. Il y a des frissons, dedans c’est labyrinthique apparemment et infini comme dans un chien. Il y a des races chez ces animaux qui, de chiens de combat, évoluent vers chiens de compagnie. C’est un peu mon parcours. Mon livre ruminé, il a tout d’un cerveau. C’est une chose sérieuse et en même temps pas du tout. »

Gaëlle Obiégly nous immerge dans l’esprit chaotique d’un homme, Daniel, recueilli da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un récit court avec une grande ambition : alerter sur les dangers de l'homme augmenté. En d'autres temps, la mise en garde aurait porté sur la menace du surhomme. Dans les deux cas, on veut dénoncer les prémices du totalitarisme. Pour nous (r)éveiller, l'auteur nous expose aux cas de conscience du héros, le narrateur à qui on a implanté une puce que la maîtresse des lieux active selon son bon vouloir omnipotent. Ce qui fait l'originalité de ce livre, c'est bien le point de vue du narrateur. Malheureusement, Gaëlle Obiégly en fait plus qu'une créature, une caricature d'individu hybride et pervers, entre les genres, les sexes et les états biologiques, concentré de toutes les interrogations contemporaines. On s'y perd un peu. Autre faiblesse, cette catastrophe imminente, annoncée dès les premières pages, générant un gros suspense, finalement révélée page 135 (aux trois-quarts du livre) et qui laisse sur sa faim. Celles et ceux qui ont lu Barjavel, Philip K Dick et plus récemment Enki Bilal (Bug) seront forcément déçus. Il ne faut pas avoir de bagage en littérature d'anticipation pour être surpris ou séduit par ce roman. Il y a un autre thème sous-jacent, l'opposition nature-culture puisque ces cobayes ont été sélectionnés pour leur capacité à survivre dans un état de retour à la nature. En ces temps numériques, quelle est notre vraie nature ? Quelle culture construisons-nous ? Quel état sauvage ? le sujet est effleuré. Ce roman est entre la dystopie inaboutie et le thriller futuriste hésitant. Quelques bonnes idées donc, mais plutôt frustrant dans l'ensemble. Ce qui m'a intéressée le plus c'est qu'une auteure écrive au nom d'un homme homosexuel. Une réussite.
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« Une chose sérieuse » est un nouveau roman de Gaëlle Obiégly (2019, Verticales, 192 p.). Il change des précédents, qui étaient essentiellement d'inspiration autobiographique. Celui-ci est plutôt de tendance science-fiction, obédience sadienne.
Adolescente, elle était « la fille la plus silencieuse du lycée ». Née en 1971, Aujourd'hui, cette femme secrète et obstinée confirme dans son quatrième livre, « Faune » une parole authentique et sans concession. En effet, depuis l'âge de 15 ans, Gaëlle Obiégly écrit « sans rien montrer à personne ». le premier texte qu'elle a envoyé à un éditeur, en 1999, a aussitôt été accepté par Gallimard, dans la collection « L'Arpenteur » avec un très long titre « Petite figurine en biscuit qui tourne sur elle-même dans sa boîte à musique » (2000, Gallimard L'Arpenteur, 132 p.). La première phrase est assez accrocheuse. « Je suis partie un dimanche après-midi pour Saint-Pétersbourg voir mon père sur son lit de mort. Devant la porte du crématorium j'ai renoncé ». Un grand-père paternel venu de Pologne, une famille maternelle venue de l'« Ouest granitique », en fait des environs de Chartres. le tout est évoqué dans « Gens de Beauce » (2003, Gallimard L'Arpenteur, 208 p.) qui nous introduit et entraine dans sa région natale. Entre-temps, un autre livre, violent comme une venue au monde et à la parole, intitulé « le Vingt et Un Août » (2001, Gallimard L'Arpenteur, 180 p.), le jour de sa naissance. La narratrice se souvient d'avoir commencé à mentir vers quinze ans, alors que sa famille l'a placé en internat. Elle décide de tout avouer et elle parle.
Dans « Une chose sérieuse », le narrateur est un homme, Daniel qui vit alors dans une communauté survivaliste qui se prépare à la fin du monde. Ils attendent donc la catastrophe, pour l'instant de nature indéterminée. Ces fantasmes autorisent tous les dérapages, y compris les plus sadiques. Daniel écrit donc le journal de cette expérience qui se penche et élucubre sur les façons de parer aux angoisses technologiques, industrielles, mais aussi climatiques. Il s'interroge aussi sur la mémoire et la transmission dans une vie et sans horizon, « vu que, bientôt, il n'y aura plus rien ».
« Je crois qu'une pause me serait bénéfique. Et comme on est dimanche, je me l'octroie. Demain, Je reprendrai mon labeur ». Voilà un roman qui commence bien. Par une pause du narrateur. Peut-être va-t-il se taire. Il écrit « un livre à la place de quelqu'un. Quelqu'un qui a une vie bien remplie ».
Cette personne c'est Donatienne Chambray, une femme, qui pousse les gens « à faire de ces trucs, tout ça dans le but de nous voir survivre à la catastrophe qu'elle a en tête. Bref une fois par semaine, nous sommes mis à l'épreuve d'une façon qui m'indispose particulièrement. On ne nous file rien à bouffer pendant vingt-quatre heures et on doit faire des entrainements physiques qui augmentent notre faim ». Il aurait pu se méfier, au vu du prénom de la charmante dame, et se souvenir de celui du divin marquis.
Il est astreint du lundi au samedi. Pas le dimanche, on l'a vu, qui est son jour de pause. Pour « raconter une vie qui n'est pas la mienne comme si je l'avais en moi, cette vie ». On lui a implanté une puce électronique, qui est activée ou désactivée pour lui donner des instructions et organiser son récit. Les changements « que je constate depuis que j'ai l'implant. Je suis moins passif que dans le passé » Tu m'étonnes. « Pour l'heure, je suis un passif actif, plein d'intérêt pour les actions ». A ne pas confondre avec un actif passif, plein d'intérêt pour ne rien faire. Un exemple de sa passivité active. « On me dit d'aller jeter des pierres en marchant à reculons. Je lance mes cailloux. Il m'est demandé de me couvrir la tête, je ne discute pas, j'ôte ma chemise et la noue autour de ma tête. Les pierres je dois les enterrer. Et, enfouies, elles perdent leur dureté. Elles s'amollissent peu à peu ». Par contre, il n'y a pas d'exemple de son activité passive, si ce n'est de ne rien faire, comme c'est expliqué pour les dimanches en début de roman.
Le tout avant la catastrophe, qui est prédite, mais pas datée. Il faut bien trouver un prétexte. « Puisque la révolution, ça ne marche plus, on a renoncé, la perspective à présent c'est la catastrophe ». Ceci dit, on ne sait pas trop en quoi elle consiste. « Mais la catastrophe, elle n'est pas devant nous, tu sais. On y est. Et c'est nous autres, la catastrophe. Ce qu'on est devenus, ce qu'on a laissé faire, par peur du lendemain et par vanité, pour être les derniers, les plus forts, les survivants ».
D'où la mouvance survivaliste. Et s'il n'en reste qu'un ou quelques-uns, Chambray en sera. « Chambray nous bassine avec la catastrophe, à laquelle il faudrait se préparer. Sans jamais rien dire de précis. Moi, ce que j'ai compris, c'est que la catastrophe ne sera causée ni par la collision de la Terre avec un astre mystérieux, ni par un bouleversement climatique, ni même par la pollution, les pluies acides, le trou d'ozone ou la couche atomique. Ce n'est pas la guerre atomique qui fera disparaître les civilisations humaines mais les machines, les humains-machines. Autrement dit, nous sommes précisément la catastrophe, nous autres, sujets de Chambray […]. Ça a commencé de façon imperceptible. Quoi donc ? le nouvel humain. Et ça a même commencé depuis pas mal d'années. Mollement. » Par contre, elle parait proche, du moins dans la tête de Chambray. « Cette catastrophe qu'elle nous annonce est déjà là. Ça a commencé de façon imperceptible. Quoi donc ? Ben, le nouvel humain. Et ça a même déjà commencé depuis pas mal d'années. »
En arrive t'on enfin à la catastrophe ? On se le demande. En tout cas ce n'est pas un dimanche. « Autrement dit, nous sommes précisément la catastrophe, nous autres, sujets de Chambray ». C'est rassurant de le savoir, car les lecteurs sont aussi exemptés de cette dite catastrophe.
Mais il reste cette phrase définitive : « le cheveu est une conversion du poil. Cheveu qui, d'après ce que j'entends ici, ne sera pas affecté par les métamorphoses à venir. le cheveu sera conservé à l'identique ». Tout est bien qui finit bien, sauf pour les chauves.
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Un livre décevant, qui aborde des sujets intéressants, en effleure d'autres tout aussi passionnants, mais qui finalement m'a laissée frustrée. le narrateur a dans le cerveau une puce qu'on lui a implanté et qui le transforme en une sorte de créature hybride manipulable. Une bonne idée pour une dystopie mais là ça fait flop. Autre bonne idée : les hybrides ont été sélectionnés au départ sur leur capacité inhabituelle à survivre dans la nature. Mais là aussi ça fait flop. Quel dommage alors qu'il y avait de la matière. Autre chose : le livre est court, mais on finit par s'y perdre tellement c'est embrouillé.
J'ai failli oublier : le point de vue choisi pour la narration est très original et intéressant. Je n'en dis pas plus vu que c'est la seule chose qui soit une bonne surprise.
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Un livre qui se voudrait audacieux et amusant. Je n'y ai guère adhéré.
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J'ai lu cette chose sérieuse presque d'une traite, avec avidité, néanmoins je garde la désagréable sensation de m'y être un peu embourbée. Sans doute la narration brillante mais cousue de fil blanc m'a-t-elle perdue par moments, au fil des digressions et des répétitions de Daniel dont je n'ai pu entièrement saisir la complexité et les motifs – quelle frustration !!!
Lien : https://horizondesmots.wordp..
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critiques presse (2)
LeMonde
28 janvier 2019
Plongée dans l’esprit du « scribe » d’une communauté survivaliste à l’étrange mécène, le dixième livre de Gaëlle Obiégly brille par son anticonformisme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
18 janvier 2019
Gaëlle Obiégly se glisse dans la peau d’un homme « augmenté », cobaye dans un camp de survivalistes. La science-fiction pour approcher ce qu’est, peut-être, la véritable humanité. Dystopie ? Roman de science-fiction alertant sur les dangers de l’intelligence artificielle ? Trompeur comme son titre, Une chose sérieuse échappe aux catégories comme à la morale.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Les capacités rédactionnelles dont je suis censé disposer servent à imiter des livres qui ont bien marché. Je dois faire en sorte que les gens reconnaissent, de manière à ce qu’ils soient reconnaissants. Il faut que ce soit doux à leur âme comme le Nutella. J’ai obtenu le poste, on se demande comment. Il me revient souvent un rêve atroce que j’ai fait il y a longtemps. Je n’ai jamais pu m’ôter cet affreux rêve de l’esprit. Il a pris place dans ma vie comme s’il était réel. C’est le cas de beaucoup de gens, la plupart du temps j’oublie mes rêves dans les heures qui suivent le réveil. Alors là, je vivais la situation suivante : on me coupait les deux bras avec une tronçonneuse. Je souffrais certes mais moins au moment où on me les ôtait qu’après, quand je prenais conscience que je ne les aurais plus jamais, ces bras. Analyser pourquoi j’associe ce rêve à ma réalité actuelle serait peut-être intéressant, surtout pour moi. On ne va pas s’engager là-dedans.
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Comme jadis mon ambition scolaire avait été pervertie par la fréquentation de certains esprits et de certains corps, je suis redevable à Jenny de m’avoir fait dévier. Elle a réveillé une pulsion que j’hésite à qualifier de pulsion érotique puisque je n’ai pas vraiment envie de coucher banalement avec Jenny, une pulsion qui n’est pas non plus la pulsion d’échec, tout ça est tellement relatif, tellement personnel. Mais quelqu’un qui vous enchante intérieurement, et qui s’invite dans votre esprit et vous donne envie de vous branler, on peut sans abus le classer objet érotique, il me semble. Mais ce point de vue personnel, si ça se trouve, il ne vaut rien. C’est bien ce qui me plaît pourtant. Profitons, ça ne durera pas. Chambray a missionné des scientifiques éminents pour réhabiliter l’universalisme, et si les plans fonctionnent demain ou après-demain, hommes et femmes seront adéquats, calibrés, cohérents, programmés, réalisant un projet, ils seront conformes à une idée.  Des livres et quelques amis doivent être tenus responsables de mon éveil et de mes addictions. Je serais sans doute un des cadors de Chambray si mon éducation n’avait été euphorisée, va savoir au service de qui je serais aujourd’hui.
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Comment veux-tu que j’écrive comme il faut avec ce genre de partenaires. D’une part, Chambray qui est maligne, salace, je sais que ce sont des termes négatifs qu’il vaudrait mieux remplacer par des mots plus suaves, mais je me coltine toute la semaine des diktats lexicaux, de la syntaxe fliquée, je te dis que d’un côté il y a Chambray et ses mains glissantes, toujours à essayer de m’attraper par la queue et, d’autre part, il y a Jenny qui est tout à fait l’inverse, fuyante. Extrêmement belle, pourtant elle incline son visage vers le sol. Son point de vue est probablement celui des mammifères.
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Grâce à ma douceur d’amant, j’aurais pu me débrouiller pour me faire entretenir. Le problème, c’est que je connaissais surtout des pauvres ou des prostitués qui avaient du mal à se nourrir eux-mêmes. Enfin, non, se nourrir, ça allait. C’est se loger qui était difficile. Quelquefois des messieurs m’ont pris, mais avec de telles exigences quant à la propreté, de tels rythmes sexuels que j’ai dû démissionner. Ces messieurs se fréquentaient, donc je passais de l’un à l’autre, d’un intérieur à l’autre. On m’enfermait à clé, on m’apprêtait, on me sortait, on m’exhibait. Et après tout ça, il fallait encore qu’on me baise. Il y en a eu un, le dernier, qui s’est emparé de mon meilleur traité où, de manière claire, j’expose ma phénoménologie du toucher, il l’a volé dans mes affaires, sur mon lit, pendant que je prenais ma douche. Et il l’a recopié, arrangé et il l’a publié sous son nom. Il est allé plusieurs fois en discuter à la télévision parce qu’il aime le succès et la publicité. C’est vraiment ça qui le booste. Il était en toute situation, ce type, particulièrement excité par les regards et les applaudissements qu’il pouvait susciter.
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En général, je voyage sans billet, je lui ai dit au contrôleur pour expliquer mon incapacité à effectuer le compostage. Il vaut mieux passer pour un resquilleur que de dévoiler mes faiblesses. Oh, tu le sais bien, la posture révèle un manque de courage. Je voyageais, c’est vrai, sans billet, soit parce que je n’ai pas de quoi le payer, soit parce que je rechigne à ces démarches-là aussi. Quand on m’arrête, je prétends ne pas avoir mes papiers d’identité et je donne l’adresse de mon père. Qui est mort. Donc le courrier retourne à l’envoyeur.
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Lecture par l'autrice
Gaëlle Obiégly, qui a l'art de poser sur le monde un regard joyeusement décalé, s'intéresse dans ce texte à ce qu'elle « trimballe » avec elle. Que ce soit dans un sac à dos ou à bandoulière, dans ses bibliothèques, dans ses lieux de vie, dans sa tête ou dans son corps, quelle valeur donner à ce qui la constitue, intérieurement et extérieurement ? Et que faire lorsqu'elle croise sur sa route un « petit tas d'ordures » qui lui semble posséder une richesse sans nom ? le « sauver » déjà, de sa condition de déchets, l'analyser ensuite, comme un objet protéiforme, plein d'histoires et de symboles. L'incarner, en somme, et tâcher de le comprendre en s'adressant à ce qu'il renvoie – : « Qui es-tu, petit tas d'ordures ? »
Dans le cadre des Nuits de la lecture.
« Triant laborieusement, j'ai passé plusieurs mois à discriminer ce qui a de la valeur et ce qui ne vaut rien. D'un côté ce qui est destiné au paradis des archives ; de l'autre ce qui est voué à disparaître dans le néant des ordures. » Gaëlle Obiégly, Sans valeur.
À lire – Gaëlle Obiégly, Sans valeur, éd. Bayard, 2024.
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