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EAN : 9791027801244
304 pages
Le Castor Astral éditeur (15/09/2017)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Accablé par la ration quotidienne de nouvelles catastrophiques, tant sur papier journal, que petit écran, Jim Baltimore se réfugie dans l'indolorisme. Un écorché vif sous une armure médiévale. La tentation d'un ermitage contemplatif s'offre à Jim. Cette nouvelle existence cloîtrée consentira-elle à le dédommager de tout ce qu'elle lui doit ? Patrice Delbourg, poète, romancier et essayiste, est également chroniqueur sur France Culture. Lauréat des prix Max-Jacob et G... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Patrice Delbourg est un virtuose de la langue, un jongleur de mots, un champion de la réthorique. Il le prouve une fois de plus avec Une douceur de chloroforme, centré autour d'un personnage bien particulier, aigri, désabusé, désaffectivé, déployant toute son énergie pour se couper de toute relation qu'elle soit positive ou négative avec ses semblables.Le personnage ne suscite pas la compassion, bien entendu. Alors pourquoi persister et suivre l'inintéressant bonhomme et ses multiples griefs de récriminations? Eh bien juste pour voir comment l'auteur va, à défaut de développer l'intrigue, qui n'existe pratiquement pas, multiplier les figures de style pour parler du vide sidéral de l'insupportable Jim Baltimore, quand il n'est pas Anatole Glimpse. L'allitération orne d'innombrables paragraphes, la lecture à haute voix s'impose par moment, pour goûter au mieux à la musique des mots.
La formule n'est pas nécessairement distinguée, le parler de la rue n'est pas exclu :

« Rien à moudre de la bulle fine, vide et légère pour restaurants de prestige . Hé, il veut un godet de flotte, un bouillon de canard, un jus de grenouille, un sirop de pébroque. Pas la source auvergnate la plus chère du monde »

La litanie des phobies du bonhomme s'égraine chapitre après chapitre et la liste est longue. du tourisme :

«  L'engrenage infernal fonctionne à merveille, sitôt qu'un redoux s'annonce, les pays industrialisés s'empressent d'échanger leurs Bidochons respectifs par tous les moyens de locomotion existants »


aux tatouages :

« La couenne n'a pas à d'histoire à raconter sinon par le salon des rides et les taches de vieillesse »

et bien d'autres doléances diverses et variées.

Autrement dit, il faut aborder l'ouvrage avec un moral solide et un optimisme à tout épreuve ou faire une cure préventive d'antidépresseurs . Il y a peu de chance de bondir d'allégresse après la dernière page, si ce n'est parce qu'on quitte le rabat-joie de service.

Si l‘on en revient au roman, hormis les joutes littéraires et les figures de réthorique, il y a peu matière narrative. Il faut plutôt le prendre comme un exercice de style, permettant de faire passer quelques messages (autobiographiques?) bien sentis sur notre monde contemporain.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Faut-il renoncer à ses rêves pour plonger dans un laborieux marasme? un total dégoût du monde? une envie irrépressible de mourir pour disparaître de la surface de la terre? trouver le poison en imaginant un tampon imbibé de chloroforme coincé, maintenu de force en dessous le nez par le triste suicidaire; un doucereux embroglio déstabilisant totalement le pauvre individu. L'auteur de ce roman libére une écriture savante, mélangée des senteurs d'autrefois, belle et pompeuse, du vrai français hélas quelque peu délaissé par les ecrivains actuels. Un condensé désespéré dans un labyrinthe littéraire chatoyant, un vrai feu d'artifice. Un Versaille vidé de son dernier roi d'antan et ses courtisans, pour un autre roi des temps modernes en d'autres lieux.
La curiosité l'emporte jusqu'au bout, pourtant il n'est point besoin de tourner autour du pot pour deviner la fin du livre. L'écriture dite spontanée a ce qu'il apparaîtrait selon les critiques est une des clés qui ouvrirait le succès d'un auteur. Pas dans la construction de ce récit hors norme de la romance traditionnelle. Il s'agit bien la d'une agonie volontaire. Un long trépas, la ruine d'un esprit au bout du rouleau. Un corps usé. Un homme devenu suicidaire sans la volonté d'abréger sa morne existence, et sa seule volonté pousse le cynisme extrême, exacerbé, de se contempler dans une parfaite détérioration de lui-même parce que tel est son souhait. Un entrainement intensif infligé programmé et destructeur dont il est le maître. Quant on ne s'aime pas on ne peut pas aimer les autres. L'auteur invite le lecteur à vivre tous les maux de Jim Baltimore jusqu'à la fin. Ce livre est d'une insoutenable vérité et cruelle beauté.
Dépressifs s'abstenir.
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J'ai reçu ce livre grâce à la géniale opération Masse Critique et je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que l'éditeur le Castor Astral pour m'avoir fait découvrir ce livre.
J'étais très content de recevoir ce livre, toutefois mon enthousiasme s'est vite évanoui lors de ma plongée au coeur de l'ouvrage...
Pas du tout le genre auquel je m'attendais, et bien que je doive bien sûr reconnaître que la qualité littéraire de ce livre est exceptionnelle tant l'auteur nous expose une parfaite maîtrise de notre belle langue française, je suis toutefois très mitigé par rapport à ce livre... Dans la forme d'abord, un vocabulaire soutenu est agréable mais pas quand il est poussé à l'extrême et conduit le lecteur à une indigestion de phrases quasi incompréhensibles... Pour le fond, et bien ce déprimant Jim Baltimore est encore plus imbuvable que certains affreux mots que j'ai lu pour la première fois de ma vie et qui me semblent bien plus moches que le joli prénom Anatole que Jim renie et fustige comme tout le reste. Et là je comprends moins encore la volonté de l'auteur : je ne connais (heureusement) personne de suffisamment insensé pour s'attacher à un personnage comme ce pauvre type... Dans l'ensemble cela donne un livre pour lequel j'ai eu aussi peu d'intérêt que celui que Jim Baltimore en aurait lui-même, et c'est sur cette réflexion déstabilisante que j'ai clôturé ma lecture. Je conseillerais ce livre à tous les masochistes linguistiques qui aiment devoir relire plusieurs fois une même phrase avant de presque en saisir le sens, oui il y en a, mais pas vraiment aux lecteurs qui ont besoin de rentrer dans leurs lectures, de ressentir un intérêt envers les personnages et leurs histoires...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je suis un ancien artiste de la magie noire, voltigeur de la manipulation sous gobelet et de la cabriole visuelle, à ce titre je peux me prévaloir d’être un éveilleur de consciences, un rebouteux de l’âme, celui qui fait disparaître le temps d’une soirée les embarras, chicanes et autres tiraillements avec la belle-famille, voire les médecins ou les huissiers, ce qui est un peu la même chose. Bref, toutes ces scories malencontreuses qui se logent dans vos chaussures, et plombent au quotidien la vie des petits et des grands. Oui, cher pèlerin du bitume, je peux sans doute vous épauler pour dépêtrer quelques-uns de vos désagréments.
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De nos jours, on répugne à vous apporter ce qui est offert. C’est humiliant pour le serveur. Pas la peine de faire un effort physique qui ne vous rapportera rien. Des clous, des nèfles. Hein, les gougnafiers gominés en tablier de chevalier de la rosette ! Pourtant le petit coup de pluie gratos au comptoir, c’est obligatoire. C’est dans le code du zinc. C’est dans la loi de la sciure. Sinon, non-assistance à personne à danger.
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Toutes ces nuisances sonores, celle d’une chasse d’eau bancale, ce gargouillis propagé par la tuyauterie brinquebalante d’un robinet récalcitrant auxquels se greffait un concert de piailleries matinales, jappements forcenés, toux persistantes, informations radiophoniques à tue-tête, funeste micmac sur le ruban adhésif des jours gris.
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La vie était donc ce brouillard gris, léger et filandreux, cette litanie maussade en viager. La pratique de la solitude faisait fondre l’ourlet de ses lèvres.
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Le présent de Baltimore n'était plus que mirage répété : une suspension du temps dans l'aboulie, le rien vorace propagé bolide, dans une multitude de faux-semblants. Ombre dévoyée, figurant laissé pour compte, du berceau au cercueil.
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Videos de Patrice Delbourg (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrice Delbourg
« Cette compilation qui se voudrait anthologie complète […] a pour but de proposer aux lecteurs de revisiter l'oeuvre de l'auteur par la lorgnette des aphorismes, des fragments, des éblouissantes et percutantes réflexions qui ont traversé son esprit entre 1943 et 1987 […]. » (Préalable & remerciements)
« […] La meilleure histoire belge, je vais te la dire, c'est la plus terrifiante de toutes : « Il est une fois Scutenaire et les Belges n'en savent rien ». Et les Français non plus. (...) Il dit tout, mais par brèves giclées, Scut. Il sait la vie, la mort, l'avant, l'après (...), l'amère patrie, le surréalisme, les frites, les cons, les moeurs, les larmes et la façon dont, chez lui, il doit éteindre au rez-de-chaussée avant d'éclairer au premier pour ne pas faire sauter le compteur électrique. » (Frédéric Dard)
« le texte lapidaire est une spécialité belge. […] […] cet orpailleur de l'apophtegme reste merveilleusement méconnu […]. « J'écris, dit Scutenaire, pour des raisons qui poussent les autres à dévaliser un bureau de poste, abattre un gendarme ou son maître, détruire un ordre social. Parce que me gêne quelque chose : un dégoût ou un désir. » […] Scut le météorite a tout lu, tout vu, tout englouti et tout restitué dans un habit neuf. « J'ai quelque chose à dire et c'est très court. » Maximes en percussions et sentences en saccades sont étrillées, débarbouillés au gant de crin. Sa façon de dire merde alentour est à nulle autre pareille. […] […] Réfractaire, récalcitrant, insoumis sous toutes les latitudes, Scutenaire n'est point de ceux qu'on puisse congédier en ambassade. Dans les poussées d'angoisse, il usait, comme d'un remède à toute épreuve, des aspirines de l'humour. Elles ne le guérissaient pas mais l'apaisaient. […] » (Patrice Delbourg, les désemparés, Éditions le Castor Astral, 1996)
« Mes inscriptions sont une rivière de Californie, il faut tamiser des tonnes de sable et de gravier pour trouver quelques pépites, voire des paillettes. Remarquez, sable et gravier ne sont pas matières inutiles. » (Louis Scutenaire)
0:00 - 1ère inscription 0:09 - 2e inscription 0:22 - 3e inscription 0:35 - 4e inscription 0:43 - 5e inscription 0:57 - 6e inscription 1:09 - 7e inscription 1:20 - 8e inscription 1:32 - 9e inscription 1:44 - 10e inscription 2:14 - 11e inscription 2:24 - 12e inscription 2:32 - 13e inscription 2:47 - 14e inscription 2:56 - 15e inscription 3:07 - 16e inscription 3:26 - 17e inscription 3:37 - 18e inscription 3:48 - 19e inscription 4:05 - 20e inscription 4:23 - Générique
Référence bibliographique : Louis Scutenaire, J'ai quelque chose à dire. Et c'est très court., Collection d'Inscriptions, évocations et autres textes rassemblés par Jean-Philippe Querton, Cactus Inébranlable éditions, 2021. https://cactusinebranlableeditions.com/produit/jai-quelque-chose-a-dire-et-cest-tres-court/
Image d'illustration : https://www.kobo.com/us/en/ebook/louis-scutenaire-1
Bande sonore originale : Crowander - Don't You Leave Don't You Leave by Crowander is licensed under an Attribution-NonCommercial 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/crowander/from-the-piano-solo-piano/dont-you-leave
#LouisScutenaire #JAiQuelqueChoseÀDireEtCEstTrèsCourt #LittératureBelge
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