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EAN : 9782253095200
264 pages
Le Livre de Poche (23/03/2016)
3.5/5   27 notes
Résumé :
Depuis qu’il s’est fait renvoyer de la maternelle, le petit Alper Kamu a du temps libre pour traîner dans son quartier d’Istanbul, comprendre pourquoi ses parents ont des rapports si névrotiques et, plus généralement, cogiter à cette énigme qu’est la vie. Justement, l’oncle d’Alper, Nebi Bey, a succombé à une attaque. Menant une vie de retraité modèle tout en brûlant d’amour pour son ex-femme, il laisse derrière lui quelques disques et des photos-souvenirs. En regar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Alper Kamu possède clairement quelques talents : une finesse d'analyse quasi-irréprochable, une sensibilité exacerbée et soulignons-le, la dose juste d'entêtement. Sa perspicacité et le regard naif qu'il porte sur le monde, attisent la curiosité innée qui l'habite et le meut, le menant au coeur d'un réseau d'enquêtes aux multiples mobiles, tous bien différents. Un oncle qui meurt et qui laisse derrière lui une énigme amoureuse à résoudre, un nouvel ami qui revendique l'assassinat de son jeune frère handicapé mais qu'Alper sait innocent et qui mérite que l'on se batte pour lui. Et enfin, les mystères de l'amour qui demeurent au coeur de toute existence et qui mérite amplement son enquête personnelle.

Alper Kamu est un être d'exception, ne mâchons pas nos mots, extraordinaire, oui, avec ce qu'il faut de bizarre. Alper Kamu est apprenti détective et il n'a que cinq ans. Il est un héros monstrueux, biologiquement parlant, tant son intelligence dépasse l'entendement. Il est aussi porteur d'absurde en son code génétique même. Alper emprunte également les sentiers de la découverte, celle des soubresauts générés par l'amour. Une sorte de monstre dans un corps d'enfant, qui se découvre et sort peu à peu de cet état égocentrique, en apprenant ce qu'est l'empathie et l'ouverture à l'Autre. Un puissant alliage d'absurde et d'authenticité, paradoxale alliance d'une redoutable efficacité.

Alper Canigüz nous laisse flirter avec le jeu des invisibles, donnant évidemment un second souffle au maître-gourou de l'Absurde qu'était Camus et son Meursault, être de pleine conscience difficilement « au monde ». le petit Alper est ce monstre-poète, mélancolique forcené, qui sonde l'agitation et la tristesse du monde du haut de ses cinq ans. Ce récit compose la mélodie spasmodique de ces existences absurdes qui errent et parfois se percutent. Alper est cet être démiurge qui se dissout dans la palette d'un monde monochrome.

Le bonheur avec un tel roman, c'est qu'il est bien possible de passer à côté de tout cela et de n'y voir qu'un gamin turque extrêmement futé pour son âge, un roman drôle et grotesque, une enquête policière décalée. Après tout, c'est le droit fondamental de tous lecteurs. Mais je ne peux que vivement vous recommander de gratter légèrement cette rugueuse surface afin de laisser Alper Canigüz vous attirer dans les méandres de la conscience et de la complexité que constitue l'Homme. Parce que cela est fait avec une telle virtuosité, que cela en devient absolument enivrant. Bien plus qu'un simple divertissement donc, un véritable coup de maître !
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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Que les éditions Miroboles et ses représentant(e)s soient ici remercié(e)s à leur juste valeur : une stèle le sera élevée. Virtuellement… Après avoir adoré les premières aventures d'Alper Kamu, 5 ans, philosophe alcoolique dépressif et libidineux, voici la suite (et si Dieu le veut pas la fin) de ses élucubrations.

On retrouve ici tous les ingrédients ayant favorisé le succès du précédent livre mais incorporé selon des mesures différentes pour un résultant aussi bon mais… différent (merci de bien vouloir suivre). Les différences se jouent à peu de choses : un peu moins de références philosophies, un peu plus de polar, autant d'humour et un style toujours à la hauteur du fond et de la forme font de cette « Fleur en enfer » un nouveau très bel objet mirobolien.

On retrouve ici deux fils conducteurs : l'un se rapportant directement à la vie d'Alper et de ses glorieux aînés à travers la mort suspecte de son oncle et l'autre ayant trait à une famille installée depuis peu dans le quartier et dont l'un des enfants s'accusent d'avoir assassiné son petit frère handicapé. Alper Kamu ne croit bien entendu ni à l'un ni à l'autre. Ajoutez à cela qu'il est éperdument amoureux de sa nounou, qu'il s'est fait viré de la maternelle, qu'il picole quand il peut (ça l'aide à mettre les causes en face des conséquences…), qu'il a des tendances suicidaires… Alper Kamu est un anti-héros comme la littérature en commet peu mais comme il est jouissif d'en rencontrer et de les côtoyer le temps d'un livre.

Alper Canigüz ajoute à tout cela une réflexion sur la nature de la justice : ce qui est juste pour les uns sera injuste pour les autres, vouloir rendre la justice peut aboutir à faire éclore une injustice ailleurs. Alper Kamu s'interroge en ces termes sur le choix cornélien qui lui échoit entre dire la vérité ou la taire, les conséquences de l'un comme de l'autre se révélant néfaste, et sur le rôle endossé par celui à qui échoit le choix : « Serai-je une canaille orgueilleuse ou une canaille conformiste ? ».

Cher lecteur, que tu sois intéressé ou non par le roman policier et le roman noir, il serait dommage de passer à côté des romans d'Alper Canigüz. Rue-toi donc en librairie, achète et savoure !

Le lien vers le billet de l'excellent Encore du Noir qui souligne (raison pour laquelle je ne l'ai pas fait) avec brio le décalage entre le personnage d'Alper Kamu (oui, oui, vous pouvez faire le lien avec Albert Camus) et ses 5 ans avec les situations qu'il rencontre, la vision de la société stambouliote et la vision du monde proposée par son anti-héros.

« L'humidité atteignait un niveau propre à expédier tout asthmatique « ad patres » en une seule inspiration ».
« Si ma tante n'avait pas parsemé de mines antipersonnel les lieux qu'il ne fallait pas piétiner [dans son appartement], ce n'était dû qu'à la grande difficulté d'éliminer les taches de sang ».
« Sur le petit guéridon juste à côté trônait une bouteille de vodka. Bien que je sois enclin à considérer la bouteille comme à moitié vide dans la plupart des cas, je ne peux m'empêcher de me concentrer sur l'autre moitié lorsqu'il s'agit d'alcool. J'ai donc dévissé le bouchon et avalé une grande rasade de vodka bon marché. J'ai eu la bouche et la langue en feu, mais, songeant qu'un clou chasse l'autre, j'en ai absorbé encore une gorgée – à force de l'envoyer en cachette les fonds de bière de mon père, j'avais sans doute commencé à développer une sérieuse addiction à l'alcool. »
« Si Aristote avait connu ma mère, il aurait écrit autrement les règles de la tragédie : d'ailleurs probablement qu'après quelques vaines tentatives, il aurait entièrement renoncé à cette entreprise. »

Lien : http://wp.me/p2X8E2-uT
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Un certain nombre d'aspects inscrivent ce deuxième roman policier de l'auteur turc Alper Canigüz dans la continuité avec le précédent, L'assassinat d'Hicabi Bey, avec cependant des éléments de complexification qui contribuent à me le faire juger plus mature et accompli.
Dans la continuité, nous retrouvons le héros, Alper Kamu (référence à Albert Camus, suggérée pas assonance), qui a toujours cinq ans, les mêmes caractéristiques intellectuelles et caractérielles, les mêmes moments de spleen et questionnements adultes notamment sur ses rapports à l'autre sexe... Les petits chenapans du quartier populaire continuent d'avoir une part importante dans le récits, de par leurs relations avec Alper et leur « guerre des boutons » entre eux. Les deux représentants de la justice, le commissaire adjoint Onur Çalışkan et le procureur Metin Bilgin ont aussi un rôle (encore plus) fondamental dans la fabula. Enfin, l'on retrouve aussi une histoire dans l'histoire, de nature fantastique et métaphysique encore, écrite et italiques, sous la forme, cette fois, non d'une hallucination par auto-intoxication mais d'une fable contée par le père du petit garçon.
Parmi les éléments de complexification, nous sommes confrontés dès le début du récit à deux décès : celui, pour cause naturelle, de l'oncle paternel d'Alper, et celui, par meurtre – en fait, un assassinat – d'un enfant du voisinage de notre petit détective. le meurtrier avoué, frère de la victime et environ du même âge qu'Alper, s'avérera ne pas l'être, grâce à l'enquête de celui-ci qui, cependant, pour avoir révélé sa découverte à l'assassin avant qu'à la police, se mettra en danger de vie, d'où un long chapitre trépidant de suspense... qui n'est pas la chute du roman, laquelle, beaucoup plus intimiste et psychologique, concernera l'autre décès.
Outre l'imbrication de ces deux histoires de mort, le lien de parenté du défunt adulte avec le petit détective affecte beaucoup ses parents, et lui permet de voir clair dans les causes de leurs rapports si tendus, déprimés et névrotiques – que nous n'avions qu'aperçus avec le sourire dans l'opus précédent. Dans ce roman-ci, les parents sont donc des personnages d'une épaisseur psychologique significative, grâce à leur passé et aux secrets de famille, et Alper est confronté aux relations conjugales adultes dans le plus cru et douloureux questionnement sur ses propres origines et sa place auprès du couple parental. Par conséquent, le personnage d'Alper gagne aussi en profondeur, et ses comportements dépressifs ne sont plus qu'uniquement anecdotiques.
Le style est sensiblement identique à celui que nous connaissons déjà, alternant les registres de langue et jouant constamment sur le décalage entre l'âge mental d'Alper et son quotidien ainsi que son imagination foisonnante de petit garçon.
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Une fleur en enfer marque le retour d'Alper Kamu, cinq ans, lecteur de philosophe, cynique, désespéré par la vie (« Je comprends la vie, seulement, je ne parviens pas à m'y résigner ») et enquêteur hors pair. Ici, Alper se trouve confronté à deux mystères. D'abord la mort de son oncle qui semble avoir vécu un amour déçu et/ou impossible, ce qui ne peut que toucher l'enfant qui tend à tomber amoureux de toutes les femmes qu'il croise. Ensuite celle du fils handicapé d'une drôle de famille qui vient de s'installer dans son quartier décrépit d'Istanbul. Et puis il y a bien sûr les tensions diplomatiques qui règnent entre les enfants du pâté de maison et ceux du quartier voisin qui pourraient tourner à la guerre ouverte…
On a déjà dit ici le plaisir que l'on avait eu à découvrir Alper Kamu avec L'assassinat d'Hicabi Bey. Il en va de même avec Une fleur en enfer dans lequel on retrouve les séduisants ingrédients du premier roman d'Alper Canigüz : un regard mordant sur la société turque, un sens aigu du décalage, de et une atmosphère oscillant entre la fable humoristique et le conte pessimiste.
Et si l'on peut toujours rester de prime abord circonspect face à ce narrateur de cinq ans à l'éloquence d'adulte, Canigüz parvient néanmoins à le rendre presque crédible en l'affligeant plus encore que dans son précédent roman de caractéristiques propres aux enfants de cet âge. Ainsi le voit-on s'endormir en pleine enquête à l'heure de la sieste, avoir le béguin pour toute les jeunes adultes qui lui portent de l'attention et, surtout, se prendre à rêver entre deux investigations, sur une magnifique voiture à pédales. Ce sont ce décalage constant, cette capacité à enchaîner les situations cocasses et les aphorismes cyniques de son personnage et ce portrait ciselé de la société stambouliote qui, une fois encore, permettent à Alper Canigüz d'attraper le lecteur pour ne plus le lâcher.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Après avoir découvert Alper Kamu dans "L'Assassinat d'Hicabi Bey", je le retrouve dans une nouvelle enquête avec "Une fleur en enfer". Même si ces deux intrigues sont indépendantes, il est préférable d’avoir fait connaissance avec le jeune enquêteur dans le premier tome pour pouvoir pleinement apprécier l’originalité du personnage. L’enfant est toujours aussi attachant, étonnamment mûr pour ses cinq ans, et le décalage entre son âge et ses comportements est particulièrement amusant.

Ici Alper met en cause la culpabilité d’un jeune voisin accusé du meurtre de son frère. Il s’interroge aussi sur le passé de son oncle récemment décédé en laissant des photos intrigantes. Ces deux affaires ne semblent a priori pas liées. Elles présentent en tout cas au moins un point commun : plonger Alper et le lecteur dans de sombres histoires de familles. Pendant longtemps, je me suis demandé si les recherches d'Alper permettraient de mettre en évidence des vérités cachées ou s’il s’agissait simplement d’élucubrations d’un enfant imaginatif en manque d’activité intellectuelle. Comme dans le premier tome, l’intrigue en elle-même est assez secondaire, même si elle a contribué à l’intérêt des cinquante dernières pages.

Si vous avez apprécié "L’assassinat d’Hicabi Bey", vous devriez aimer aussi ce second tome. Je mets cette fois seulement 3 étoiles, en raison de l’absence d’effet de surprise et non pas parce que cet opus m'a paru moins bon que le premier.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Comme un chat je me suis faufilé doucement jusqu’au salon. Mon père ne s’est même pas aperçu que j’étais auprès de lui. Assis là, son verre de raki à la main, il avait le regard figé sur des lieux très anciens. A la lueur de la lune, ses yeux bleus brillaient plus que jamais. L’eau reflète la lumière, en effet. Jusqu’à ce jour, jamais je n’avais vu un tel chagrin sur le visage d’une personne. »
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Si j'étais le héros d'un film d'action suisse, peut-être aurais-je pu passer par la bande d'arrêt d'urgence, mais dans notre beau pays, tous nos concitoyens sans exception sont tellement pressés de réaliser la fusion froide, de trouver une thérapie contre le cancer, de parfaire le projet architectural de la version définitive de la Sagrada Familia et autres affaires d'une telle extrême urgence, que personne n'a ni le temps ni la patience de laisser ainsi de futiles espaces vides sur la chaussée.
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« Lorsque mon père a eu terminé son histoire bizarre et qu’il m’a laissé en tête à tête avec ma propre obscurité, j’ai songé qu’à un autre moment j’aurais pu en pleurer. Dans ce monde merdique où chacun portait le poids de tout un monde sur ses épaules, je me comportais avec trop peu d’empathie, voire trop de cruauté avec les gens. Surtout avec ma mère. Pourtant, la raison pour laquelle j’avais enfoncé ma tête sous l’édredon et mordu l’intérieur de mes joues ne relevait pas du chagrin, mais d’un sentiment qui ressemblait à l’allégresse. C’était une douce euphorie, provoquée par la disparition miraculeuse du voile devant mes yeux et donc par ma résolution du crime. »
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Mon oncle Nébi , eu égard au fait qu'à chacune des rares visites qu'il nous rendait il me donnait en étrennes le plus gros billet en circulation, avait plus ou moins gagné ma sympathie; et c'est ainsi que j'appris la nouvelle de sa mort . Qui sait ? S'il n'avait pas fallu , dès l'instant où il quittait notre appartement , que je remette à maman le billet de banque en question , peut être me serais-je attaché à lui d'un amour d'autant plus profond.
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Je comprends la vie, seulement, je ne parviens pas à m’y résigner.
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Video de Alper Canigüz (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alper Canigüz
L'Assassinat d'Hicabi Bay de Alper Caniguz éd:Mirobole
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