Cette BD met en scène le prince Bran, futur héritier du royaume de Forcelieu situé sur l'île d'Errance. C'est un jeune homme arrogant, désagréable et méchant qui profite de son statut social pour abuser des jeunes filles et qui n'a aucune pitié pour les Créatures, des êtres mi-humains, mi-animaux dotés de pouvoirs magiques.
Parce qu'il veut impressionner son père en rapportant un trophée exceptionnel, il entre dans la forêt interdite et tue une Créature, brisant la trêve avec ce peuple. La femme-biche le maudit avant de mourir et il est transformé en corbeau. Il peut parler le jour dans son corps d'oiseau et la nuit il se retransforme en homme mais ne peut que coasser.
Après avoir été chassé par les siens qui, dans un retournement de situation comique, le prennent pour une Créature, il trouve refuge dans la forêt interdite et rencontre Macha, jeune guérisseuse mi femme-mi renarde. Il décide de la suivre partout et de la soûler de paroles jusqu'à ce qu'elle le guérisse.
Cette dernière est appelée au chevet de Riahnon, femme du peuple Sylvain atteinte du « mal noir ». Pour la soigner, elle va devoir récupérer de la bruyère de brume dans le territoire extrêmement dangereux des Fomoires. Elle demande 5 ans d'énergie vitale au père de famille en échange.
Bran accompagne Macha parce qu'elle lui laisse entendre que cette plante pourra peut-être le guérir lui aussi. Sur le chemin, elle lui raconte son passé : elle a été trahie par un homme pour lequel elle a bravé la mort (p. 39) mais grâce au pouvoir du cristal qu'elle porte autour du cou, elle a obtenu sa revanche. En effet, pendant qu'elle est restée belle et forte, son ancien amant a décrépi et est mort.
En territoire Fomoires, Macha est blessée à cause de l'imprudence de Bran. Elle doit rapidement se faire soigner par une amie qui, sans penser à mal, explique à Bran que Macha ne pourra jamais le guérir de sa malédiction. Ce dernier, furieux, se bat avec elle avant de la laisser apporter l'herbe médicinale à Riahnon. Il décide de s'associer avec Macha à condition qu'elle trouve un moyen de le rétribuer.
L'intrigue de cette oeuvre est intéressante parce qu'elle tourne autour de la xénophobie dont Bran fait preuve à l'égard des Créatures à qui il reproche de ne pas être « normales ». Les discours qu'il tient ne sont pas si éloignés de ceux qu'on entend dans la bouche de certains politiciens sur les étrangers. Il est alors appréciable que le retournement de situation le place dans la délicate situation de ceux qu'il martyrisait jusqu'alors. La BD s'apparente à une sorte de récit d'apprentissage au cours duquel le jeune Bran va apprendre à connaître cette altérite qu'il exècre parce sa différence lui fait peur.
J'ai trouvé les dessins originaux et réussis, en particulier ceux dans lesquels
Maike Plenzke montre la transformation des Créatures: leur physionomie humaine a toujours un détail rappelant leur apparence animale.