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EAN : 9782020530606
404 pages
Seuil (19/03/2002)
3.58/5   39 notes
Résumé :

Ce livre explore un pan de l'imaginaire occidental. Le diable traditionnel n'en est pas le centre unique, car les métamorphoses de la figure du Mal indiquent aussi la façon dont les hommes conçoivent leur destin personnel et l'avenir de leur civilisation.

Étroitement imbriquées, l'histoire du corps, celle de la culture, celle du lien social, fournissent les lignes de force d'une enquête qui embrasse le deuxième millénaire de l'ère chrétienne.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le diable est-il encore à nos trousses ? Ce livre en raconte les allées et venues, des grotesques personnages que l'on moquait au Moyen-Âge, survivance de légendes anciennes, aux satanistes américains, pointe de l'iceberg d'une société encore fascinée par l'incarnation du mal, par la lutte, si photogénique, du bien et du mal. Retraçons quelques étapes. Tout se cristalise à la fin du seizième siècle pour faire du dix-septième le siècle du diable, d'un diable effrayant, partout rôdant, et auquel on croit dur comme fer, en ces temps sombres de guerres de religion, au point de brûler ses adeptes, les sorcières, dans de grandes cérémonies publiques. le corps, celui de la femme bien sûr, est le lieu par où le diable pénètre en nous, le lieu où il pervertit, le lieu de dégoût. Petit à petit pourtant, alors que déjà s'amorce le recul de la religion chrétienne, le diable se cache. Il devient toujours plus une force intérieure, un être en nous, une présence du mal en chacun. La figure extérieure se fait moins épouvantable, le diable est amoureux, il est à nouveau dupé, il est un beau jeune homme torturé, il est, au vingtième siècle, vendeur de bières et de savonnettes. A-t-il disparu ? Evidemment non, la ruse la plus maligne du diable est de nous faire croire qu'il n'existe pas. Il est passé de mode aujourd'hui en Europe, où ses avatars sont regardés avec distance, ironie ou humour, alors qu'il règne encore, serial killer ou alien, dans la pure Amérique qui, seule pour le monde entier, se bat contre les forces des ténèbres.
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Connu pour ses travaux sur les sorcières – comme historien, pas comme inquisiteur –, Robert Muchembled propose de retracer l'histoire du Diable et de ses représentations depuis le XIIe siècle.
Le bouquin est correct mais Bob nous a habitués à mieux. Ses recherches sur la violence, sur les sorcières, sur l'opposition entre culture des élites et culture populaire, oui, mais le Diable sur une échelle chronologique aussi ambitieuse, mouais… Peut-être s'agissait-il d'un ouvrage de commande pour surfer sur la vague millénariste annonçant l'apocalypse, la fin du monde, la libération de Satan, bref toutes les fariboles autour de l'an 2000, l'année du dépôt légal (“comme par hasard”, diraient nos chers amis complotistes). Voilà qui expliquerait certains défauts.


Jusqu'au Xe siècle, le Diable n'existe pas. Pas dans le livre en tout cas. le siècle suivant est expédié pour annoncer que la figure du Diable est floue, multiple parce que pas encore trop fixée, et concurrencée par une tripotée de bestioles du petit peuple (elfes, gobelins, kobolds).
Nous arrivons au XIIe siècle où la figure du Diable va commencer à prendre forme et se définir petit à petit autour de deux images concurrentes : la monastique, avec du péché et du Mal dedans, et la populaire, décontractée, pleine d'histoires mettant en scène un Malin pas très futé (un comble !), grotesque et rigolo.
Tout ça à vitesse grand V en un seul chapitre, avant d'embrayer sur le XVe siècle. Attends, on n'était pas au XIIe ? Les numéros XIII et XIV sont passés où ? À peine évoqués.
La tranche moderne XVe-XVIIIe est excellente quant à elle. Normal, il s'agit de LA période de Muchembled, on sent qu'elle l'intéresse (tout comme on sentait que la précédente ne l'intéressait pas). On voit à la fin du Moyen Âge le Diable se fixer pour de bon sur l'apparence qu'on lui connaît et, au plan des mentalités, devenir la figure du Mal absolu, soit un bon moyen de terrifier le pékin pour qu'il se tienne à carreau. Loin des angelots joufflus, des harpes et de la lumière, le christianisme de l'époque est une religion fondée sur la peur. En témoigne la chasse aux hérétiques et aux sorcières : si tu déconnes, tu finis en enfer… et on t'aide à t'y rendre sur l'air de Allumez le feu.
Le processus de starification de Satan atteint son apogée au XVIe siècle, qui marque aussi le pic des procès pour sorcellerie. On sait que les historiens pourraient donner des leçons de recyclage à tous les écologistes de la planète. Muchembled enfourche son cheval de bataille comme Carabosse son balai et offre à ses sorcières chéries un traitement de faveur avec un développement maousse.
On enchaîne sur la fracture amorcée au XVIIIe siècle avec les Lumières et poursuivie au XIXe avec le positivisme et le laïcisme. le Diable glisse de la sphère religieuse globale pour s'individualiser au cas par cas et devenir le démon intérieur.
Au XXe siècle, patatra, le bouquin part en vrille totale pour devenir un catalogue d'oeuvres, surtout axé sur les arts visuels populaires (en clair, un peu de BD et beaucoup de cinéma, ce dernier se taillant la part du lion). Un feu d'artifice de titres, de titres et encore de titres, pour ainsi pas d'analyse ou alors superficielle. À courir trop de lièvres à la fois, Bobby finit par n'en attraper aucun. Certaines pistes m'ont laissé dubitatif : je cherche encore le rapport entre le Diable et les légendes urbaines.


Je ressors donc de cette lecture mi-figue mi-raisin, avec la sensation que le pacte n'a pas été respecté. En guise de XIIe-XXe, on se retrouve surtout avec du XVe-XVIIIe. Soit un ouvrage bancal, très dense, détaillé et pertinent sur la partie centrale, trop rapide sur l'amont et foutraque sur l'aval. Si prêcher pour sa paroisse est dans le ton pour une Histoire du Diable, il n'en reste pas moins dommage d'avoir sabré la période médiévale et de s'être égaré dans la contemporaine pour ne se concentrer que sur la moderne.
Après, vu le peu de titres sérieux sur le sujet où les productions de guignols sont légion, on se contentera de ceui-ci, stimulant, documenté et pourvu d'une abondante bibliographie pour compléter les lacunes qu'il affiche.
Lien : https://unkapart.fr/une-hist..
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Reprenant une partie de son travail sur les origines de la chasse aux sorcières, Robert Muchembled porte un regard original sur la question de la représentation du diable en étudiant l'évolution de l'histoire sociale, culturelle et intellectuelle de la société occidentale depuis le XIIe siècle jusqu'à nos jours.

C'est avec la prudence qu'il convient aux chercheurs que Robert Muchembled nous propose Une histoire du diable. Ainsi que l'historien l'explique dans son introduction, les références en la matière sont si nombreuses qu'il est impossible de proposer une étude exhaustive de toutes les représentations du diable qu'il nous est donné à lire. Argumentant son analyse autour des manifestations intellectuelles et culturelles qui ont durablement marqué le deuxième millénaire en Occident, l'auteur décortique au long de son étude, la littérature, la peinture, mais aussi le cinéma, la publicité et la BD.

Très dense, cette analyse de Robert Muchembled m'a semblé ambitieuse. Les références ne manquent pas. Pourtant, couvrir l'histoire du diable de la culture occidentale du XIIe siècle à nos jours est un difficile exercice lorsque l'analyse se fait en 400 pages. Jusqu'au XIXe siècle, j'ai trouvé l'argumentaire pertinent et précis. Par contre, le glissement de l'étude vers les médias contemporains ne m'a pas convaincue : il aurait fallu pour cela consacrer un livre entier à chacun des chapitres du livre. Les liens établis entre l'héritage culturel, historique, religieux, sociologique, politique des pays abordés sont extrêment complexes et je ne partage pas les idées de l'auteur, notamment en ce qui concerne les deux derniers chapitres. En fait, je me demande si l'engouement pour les romans noirs, les films fantastiques, la recrudescence les légendes urbaines, etc... ont réellement un rapport avec le diable. Les références sont citées tout azimut et le lien entre les différentes formes d'expression autour du thème n'est pas toujours évident. le monde occidental tel que nous le connaissons aujourd'hui est évidemment le résultat des constats fait par l'auteur, mais la fascination actuelle que connait la société occidentale pour les produits dérivés du diable ne semblent pas à mon sens forcément liés à l'inconscient collectif tel qu'il est abordé dans l'analyse. Bref, ce livre fourmille de références notables et d'anecdotes passionnantes mais le sujet ne se prête pas à un ouvrage si succinct.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Connu pour ses travaux sur les sorcières – comme historien, pas comme inquisiteur –, Robert Muchembled propose de retracer l'histoire du Diable et de ses représentations depuis le XIIe siècle.
Le bouquin est correct mais Bob nous a habitués à mieux. Ses recherches sur la violence, sur les sorcières, sur l'opposition entre culture des élites et culture populaire, oui, mais le Diable sur une échelle chronologique aussi ambitieuse, mouais… Peut-être s'agissait-il d'un ouvrage de commande pour surfer sur la vague millénariste annonçant l'apocalypse, la fin du monde, la libération de Satan, bref toutes les fariboles autour de l'an 2000, l'année du dépôt légal (“comme par hasard”, diraient nos chers amis complotistes). Voilà qui expliquerait certains défauts.


Jusqu'au Xe siècle, le Diable n'existe pas. Pas dans le livre en tout cas. le siècle suivant est expédié pour annoncer que la figure du Diable est floue, multiple parce que pas encore trop fixée, et concurrencée par une tripotée de bestioles du petit peuple (elfes, gobelins, kobolds).
Nous arrivons au XIIe siècle où la figure du Diable va commencer à prendre forme et se définir petit à petit autour de deux images concurrentes : la monastique, avec du péché et du Mal dedans, et la populaire, décontractée, pleine d'histoires mettant en scène un Malin pas très futé (un comble !), grotesque et rigolo.
Tout ça à vitesse grand V en un seul chapitre, avant d'embrayer sur le XVe siècle. Attends, on n'était pas au XIIe ? Les numéros XIII et XIV sont passés où ? À peine évoqués.
La tranche moderne XVe-XVIIIe est excellente quant à elle. Normal, il s'agit de LA période de Muchembled, on sent qu'elle l'intéresse (tout comme on sentait que la précédente ne l'intéressait pas). On voit à la fin du Moyen Âge le Diable se fixer pour de bon sur l'apparence qu'on lui connaît et, au plan des mentalités, devenir la figure du Mal absolu, soit un bon moyen de terrifier le pékin pour qu'il se tienne à carreau. Loin des angelots joufflus, des harpes et de la lumière, le christianisme de l'époque est une religion fondée sur la peur. En témoigne la chasse aux hérétiques et aux sorcières : si tu déconnes, tu finis en enfer… et on t'aide à t'y rendre sur l'air de Allumez le feu.
Le processus de starification de Satan atteint son apogée au XVIe siècle, qui marque aussi le pic des procès pour sorcellerie. On sait que les historiens pourraient donner des leçons de recyclage à tous les écologistes de la planète. Muchembled enfourche son cheval de bataille comme Carabosse son balai et offre à ses sorcières chéries un traitement de faveur avec un développement maousse.
On enchaîne sur la fracture amorcée au XVIIIe siècle avec les Lumières et poursuivie au XIXe avec le positivisme et le laïcisme. le Diable glisse de la sphère religieuse globale pour s'individualiser au cas par cas et devenir le démon intérieur.
Au XXe siècle, patatra, le bouquin part en vrille totale pour devenir un catalogue d'oeuvres, surtout axé sur les arts visuels populaires (en clair, un peu de BD et beaucoup de cinéma, ce dernier se taillant la part du lion). Un feu d'artifice de titres, de titres et encore de titres, pour ainsi pas d'analyse ou alors superficielle. À courir trop de lièvres à la fois, Bobby finit par n'en attraper aucun. Certaines pistes m'ont laissé dubitatif : je cherche encore le rapport entre le Diable et les légendes urbaines.


Je ressors donc de cette lecture mi-figue mi-raisin, avec la sensation que le pacte n'a pas été respecté. En guise de XIIe-XXe, on se retrouve surtout avec du XVe-XVIIIe. Soit un ouvrage bancal, très dense, détaillé et pertinent sur la partie centrale, trop rapide sur l'amont et foutraque sur l'aval. Si prêcher pour sa paroisse est dans le ton pour une Histoire du Diable, il n'en reste pas moins dommage d'avoir sabré la période médiévale et de s'être égaré dans la contemporaine pour ne se concentrer que sur la moderne.
Après, vu le peu de titres sérieux sur le sujet où les productions de guignols sont légion, on se contentera de ceui-ci, stimulant, documenté et pourvu d'une abondante bibliographie pour compléter les lacunes qu'il affiche.
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Qui s'intéresse aux littératures policières, aux thrillers et au fantastique ne peut manquer de lire cet ouvrage très instructif.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Sur une échelle émotive, c'est aux États-Unis que se conserve le mieux une intense peur du Mauvais fourchu, capable d'envahir tout corps pécheur pour le dénaturer [...] À l'autre extrême, la France fait figure d'univers précocement vacciné contre les menées sataniques, à la suite des Lumières et d'un romantisme qui a contribué à brouiller l'image de l'Ange déchu, en lui donnant la sauvage beauté d'un champion de la liberté.
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Le diable serait-il en train d'abandonner l'Occident à la fin du deuxième millénaire de l'ère chrétienne ?
"Ce siècle peut passer pour celui de la disparition, au moins pour celui de l'éclipse ou de la métamorphose de l'Enfer" affirmait déjà Roger Caillois en 1974.
Satan paraissait alors être rangé au rayon des accessoires de Théâtre pour la majorité des européens, y compris pour beaucoup de catholiques croyants et pratiquants qui préféraient le christianisme modernisé, ouvert sur le monde et plus confiant de Vatican II, aux fulgurances tragiques du concile de Trente ...

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L'image surhumaine de Satan est avant tout une propagande, produite par des savants, propagée par des créatueurs, des écrivains, des ecclésiastiques dans leurs sermons ou leurs contacts avec les fidèles.
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Video de Robert Muchembled (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Muchembled
Robert Muchembled, professeur honoraire des universités de Paris, nous présente son nouvel ouvrage, "La séduction. Une passion française", en librairie le 3 février 2023.
Utilisant des productions marquantes – oeuvres littéraires, films, bandes dessinées –, pour repérer les théories et les pratiques, Robert Muchembled convie lectrices/lecteurs à une délectable plongée dans le passé, à la découverte des extraordinaires métamorphoses de la séduction amoureuse : une grande passion française constitutive de l'identité nationale, engagée depuis les années 1970 dans une nouvelle mutation décisive sous le souffle des aspirations libératrices de la féminité.
+ Lire la suite
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