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EAN : 9782372250160
216 pages
Atria (15/01/2015)
4.2/5   10 notes
Résumé :
Abel, un jeune homme privé de mémoire, hérite d'une maison sur une île qui ne figure sur aucune carte et que Dieu et le temps ont désertée il y a très longtemps. Arpentant les sentiers de rocaille, il écoute et s'imprègne des histoires de l'Île, de ses habitants, personnages atypiques, attachants et singuliers. Petit à petit, il apprivoise cet espace hors-temps, et va redécouvrir sa propre histoire...
comme si, enfin, il rentrait chez lui après une très longu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une île qui n'a pas de nom et qui ne figure pas sur les cartes, des habitants avec des prénoms mythologiques. Abel, celui qui est revenu, ne se souvient pas.

Sur l'Île il y a la Ville sur le port, le Village et le Château. le temps s'est arrêté sur un été indien qui dure depuis très très longtemps ! Pandora raconte à Abel les histoires de l'île avec sa minuscule boîte en nacre pas plus grande qu'un dé à coudre. Les saisons et le temps reviendront quand Abel se souviendra.

Très beau roman poétique et mélancolique ! Un lieu à part dans lequel je me suis plongée et où j'aurais aimé rester.

Citations :
https://www.babelio.com/livres/Ristic-Une-ile-en-hiver/685031/critiques/2215680
https://www.babelio.com/auteur/Sonia-Ristic/66063/citations/2003869

CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020
CHALLENGE RIQUIQUI 2020
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Ne la cherchez pas sur la carte : elle n'y figure pas. Et surtout, elle n'a pas de nom. Comme dans les contes, c'est l'île, tout simplement, la ville s'appelle la ville, le village le village, et le château, le château. Quant à ses habitants, ils portent des noms mythologiques, avec le léger décalage d'une référence assumée. On y croise « Pandora comme la femme qui a la boîte », « Ulysse comme le voyageur », « Salomé comme celle qui dansait », « Abel comme le préféré de Dieu ». Alors on assume la fonction mythologique, mais toujours avec un léger décalage. Pandora sort de sa toute petite boîte les contes qui constituent la mémoire de l'île, Ulysse parcourt sans fin le chemin du village à la ville pour porter les prophétie d'une vieille gitane, et Abel…
Abel ne vient pas mourir, mais tuer. Orphelin et amnésique, innocent comme Abel, il débarque un beau jour pour prendre possession de la maison du docteur, qui lui a été léguée en héritage. Mais d'emblée, tout est à nouveau en décalage, au point que l'on peut se demander s'il ne rêve pas, ou s'il n'est pas mort et passager de Charon — car le batelier s'appelle tout simplement « le passeur »... Tout autour du bateau dansent les baleines, et personne ne s'en étonne. Il a l'impression de « passer dans un autre temps », de « traverser le miroir », de « venir d'un autre monde ». Il faut dire que ce « golden boy, l'enfant chéri du nouveau millénaire », prisonnier de la spirale du temps qui passe trop vite, pense tout savoir parce qu'il est au courant de tout ce qui survient et qu'on oublie le lendemain. le reste, la mémoire, est « le luxe de ceux qui n'ont que du temps ». Homme sans passé, mais à cause de cela, sans autre avenir que la course infinie après le présent, il entre dans un monde où le temps s'est arrêté, au sens propre : de même que l'île a rompu avec l'espace des hommes, le campanile a cessé d'égrener les heures, les hommes ont arrêté de mourir, l'automne s'est suspendu dans un été indien hors saison, la partie d'échec entamée entre le maire et l'apothicaire s'est interrompue sur un mouvement impossible à achever. On attend. Qui ? Abel. Quoi ? le retour du temps, l'arrivée, enfin, de l'hiver, la possibilité, enfin, de mourir.
« Ici, vous retrouverez beaucoup de choses qui ont disparu », dit simplement le passeur au voyageur stupéfait. Et d'abord, Abel retrouvera la mémoire, par de vagues réminiscences, par les histoires de Pandora, par les révélations de la Vieille, par les dessins abandonnés par le Docteur… Ce passé, se monde d'au-delà du miroir, il ne faut surtout pas le révéler. Il est fait de contes étranges et significatifs, comme la partie d'échecs entre le maire et l'apothicaire pour savoir lequel des deux épousera la comtesse, et qui reste en suspens parce que nul ne peut se décider à la victoire, ni à la défaite. À tel point que la comtesse en dépérit, puis en meurt… Une partie dont l'enjeu, comme dans le Septième sceau de Bergman, est l'autorisation, pour le gagnant, de mourir en premier... et donc de retrouver la comtesse dans la mort.
le passé est fait de symboles forts, comme les voiles de deuils enterrés pour qu'ils puissent refleurir. de prédictions qui attendent sans fin leur réalisation, comme la chute d'Ulysse, le passeur d'oracles courant sans fin du village à la ville, pour remettre en marche le temps. D'étranges pratiques, comme les soins paradoxaux administrés par le Docteur. de scènes inspirées, comme l'arrivée des gitans sur douze barques menées par la Vieille, juchée sur un piano à queue. de fatalité paisiblement acceptée, comme celle du jeune homme si timide qu'il n'a jamais levé les yeux et qui tombera incontinent amoureux du premier qu'il regardera. de moment forts et dignes, comme le renvoi de Dieu par un curé désespéré : « Va-t'en. C'est chez moi, ici. Cette île et cette église, c'est chez moi, et Tu n'es plus le bienvenu. » Et toutes ces histoires s'imbriquent les unes dans les autres avec la logique des contes. C'est cela qui fait la force de ce court roman, dont on ne peut perdre une ligne. Pour que la logique reprenne ses droits, il faut que « l'enfant chéri du nouveau millénaire » assume son nom d'Abel, « le préféré de Dieu », mais d'un Dieu qui a déserté l'île. Il faut que le « treizième mort », comme un messie inconscient de son rôle, vienne consoler la dernière mère, mater dolorosa qui s'ignore. Oui, il y a une dimension religieuse dans ce récit qui a mis Dieu à la porte, par des symboles plus ou moins apparents, et par la place donnée à la parole — la « Bonne Parole » — dans l'avènement du dernier jour : les récits de Pandora, mais aussi ceux qu'il faut apporter aux mères pour qu'elles puissent faire leur deuil, et ceux que chacun porte en lui sans savoir à qui il doit l'adresser. Si Abel, l'homme sans mémoire ni passé, délie le temps en souffrance, c'est aussi parce qu'il ignore tout et donne au récit la nécessité de se dérouler.
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Viens... je t'emmène hors-temps, sur une île en hiver.
C'est le récit d' un isolement mais aussi d'une immersion. Celle d'Abel, l'homme sans mémoire qui revient sur l'île, dans un temps suspendu, comme par enchantement puisque l'horloge du campanile semble arrêtée. Les éléments du paysage s'offrent comme des maux les plus déchirants de notre monde.
Dans un enchevêtrement mystérieux, Abel tisse la beauté fragile de la vie.
L'ambiance monte et vous emprisonne. Dans la bouche des personnages, des paroles de l'intimement proche à l'infiniment loin. La nature est omniprésente.
S'éloigne le monde urbain contemporain, son désordre, ses dissonances et les habitants de l'île, de Kaya au docteur, d'Abel à Pandora,de la voix des gitans sans doute aussi, s'immisce la lassitude, comme un désarroi plus intime et plus secret.
Abel anachorète, s'immerge dans la solitude de l'île dont le fil des jours estompe peu à peu les contours.
Un drap d'ombre s'abat sur lui et il chavire dans les paroles de Pandora qui lui conte, à sa manière d'équilibriste, le secret de sa naissance.
Vigueur impressionnante stylistique et poétique du processus invisible et inlassable de renaissance d'où procède la vie.

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Un roman métaphysique d'une saisissante beauté, une élégie sensuelle et inquiète – comme une fable irriguée, dans ses profondeurs intouchables, comme une méditation sur la place de l'homme.
" Comment fait-on pour vivre en se souvenant de tout, en ne se délestant de rien, en portant en soi, ce qui fut bien avant nous? Comment fait-on pour savoir qui l'on est, alors qu'on est tout cela, que c'est trop de bagages pour le bruit et la fureur des métropoles , pour l'urbain enragé d'un nouveau millénaire ?"
Une île en hiver, Sonia Ristic, le Ver à soie.
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En ces temps oppressants et profondément tristes, je vous propose un voyage onirique et humain, avec, pour guides, Sonia Ristic et les éditions le Ver à Soie, un voyage pour Une île en hiver.
Ce texte se trouve à la croisée de plusieurs chemins, ceux de la poésie, du roman, du conte philosophique, du conte merveilleux, de l'apologue. Comme Abel, l'un des personnages principaux, vous serez complètement envoûtés si vous parvenez à écouter « la musique de l'île ». Les phrases clés se répètent, comme des refrains, comme des formules magiques ; les événements eux-mêmes sont racontés parfois à deux reprises, comme pour nous permettre de nous en imprégner. J'ai vraiment eu le sentiment de faire une pause dans ma vie en lisant ces 160 pages : un autre temps, un autre lieu, un tout autre rythme. Que c'est apaisant parfois…
Le temps n'a plus de prise sur les habitants car le temps ne fonctionne plus comme ailleurs. D'ailleurs, l'horloge ne fonctionne plus depuis « très très longtemps », Dieu n'habite plus l'Eglise, car le curé a préféré l'amour, puis la mort. Les nouveaux sont accueillis avec bonté et bienveillance, et il y a toujours une place pour eux quelque part, parce que ça doit arriver comme ça.
Je ne peux pas vous en dire trop sur l'histoire car la magie de ce texte opère justement quand on ne sait pas ce qu'on cherche. Peut-être même le trouve-t-on uniquement si on ne l'a pas cherché. C'est un texte qui chante, un texte qui charme. Je me suis laissée porter et j'ai appris à aimer Kaya, Abel, La Vieille, Pandora, Ulysse, Salomé et les autres.
Cette île, je l'imagine posée sur une mer lointaine, et nimbée de brouillard, afin que seuls ceux qui cherchent vraiment la trouvent. Cette île est le passage nécessaire pour qu'Abel se retrouve, pour que l'île retrouve Abel, pour que le temps du continent retrouve le temps de l'île, pour que Salomé accepte de vieillir.
Ma chronique doit vous paraître un peu énigmatique, je sais, mais vraiment, il n'y a qu'en embarquant avec Sonia Ristic que vous comprendrez la magie de son roman. Embarquez-vous, c'est salutaire ! Surtout en ce moment…
Lien : https://livresque78.com/2020..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ulysse court, il dévale la montagne. On dirait que ses pieds ne touchent pas le sol, qu'ils glissent sur les rochers, qu'ils les effleurent à peine. Ulysse court, comme si non seulement sa vie mais la vie même en dépend. Il court tellement vite qu'on dirait qu'il vole.
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On les voit arriver de loin. Même avant de pouvoir faire le point sur leurs silhouettes, on sait qu’ils approchent. Quelques instants avant le premier coup de l’heure inconnue, au café comme au port, les regards se portent vers la porte Sud de la ville.

Tous les jours, lorsque le soleil glisse derrière la montagne, que ses derniers rayons font luire les croûtes de pain et que le café commence à se remplir, la Veuve fait un signe vers les jeunes. Et tant dis qu’ils installent les fauteuils et la table sous l’arbre, que la Veuve vérifie l’emplacement des pièces sur l’échiquier, tous les regards se dirigent vers la porte Sud. Au troisième ou quatrième coup de cloche, de l’autre côté du port, les deux silhouettes ont paru.

C’est pareil tous les jours.

Pages 23-24
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Videos de Sonia Ristic (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sonia Ristic
Tous les personnages de Sonia Ristic, autrice de Des fleurs dans le vent, lauréate du prix Hors Concours 2018, sont engagés. Tout comme son éditeur, Armand de Saint-Sauveur, qui revient pour nous sur les livres qu'ils publie.
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